L’amie prodigieuse (L’amica geniale)
Tome 1 : Enfance, adolescence
Auteur : Elena Ferrante
Traduit de l’italien par Elsa Damien
Éditions : Gallimard (Janvier 2017)
ISBN : 9782070138623
400 pages
Quatrième de couverture
Elena et Lila vivent dans un quartier pauvre de Naples à la
fin des années cinquante. Bien qu'elles soient douées pour les études, ce n'est
pas la voie qui leur est promise. Lila abandonne l'école pour travailler dans
l'échoppe de cordonnier de son père. Elena, soutenue par son institutrice, ira
au collège puis au lycée. Les chemins des deux amies se croisent et
s'éloignent, avec pour toile de fond une Naples sombre, en ébullition.
Mon avis
Un perpétuel jeu d’échanges
et de renversements
Sur la couverture de ce roman, deux petites filles qui
jouent, souriantes. La première semble chercher le regard de l’autre, la deuxième
a un dos un peu bossu, comme déjà abimé par la vie mais ses yeux sont dirigés
ailleurs, vers l’horizon, les rêves, comme si, déjà, elle avait besoin d’autre
chose ….
Cette photo me paraît une bonne approche de la relation qui
va se créer entre les deux amies, puisqu’il faut les appeler ainsi. Une espèce
de rapport de force fait d’un mélange d’admiration, de fascination, d’effroi,
le tout mêlé dans une enfance et une adolescence très agitées. Où est l’équilibre
entre Elena et Lila ? Laquelle a le plus besoin du regard de l’autre pour
exister ? Ne sont-elles pas, sans cesse, même parfois sans s’en rendre
compte, en compétition ? Ce lien qui les unit, les sépare également,
est-il « sain » ou toxique ?
« Un perpétuel
jeu d’échanges et de renversements qui, parfois dans la joie, parfois dans la
souffrance, nous rendait indispensables l’une à l’autre. »
Elles se cherchent, se détestent, s’aiment tout autant. Que
veulent-elles se prouver ? J’ai eu l’impression qu’elles ne savaient pas
trouver leur place, ni l’une, ni l’autre. Il y a le poids de la famille, des
traditions italiennes, de la société dans laquelle elles évoluent (lorsqu’on
est d’un milieu simple, a-t-on le droit à de longues études ?) mais surtout,
sans cesse, ce besoin de justifier ses actes … Je me pose une question :
Lila est-elle d’une jalousie maladive ou orgueilleuse au point de toujours
vouloir être mieux que les autres ? On dirait parfois qu’elle « joue »
et lorsqu’elle a obtenu le jouet, elle le casse, ou le jette car il ne l’intéresse
plus. Que le jouet soit un objet, une activité ou une personne d’ailleurs….
C’est Elena qui raconte. Est-ce que cela peut fausser le
point de vue, n’offrir qu’une vision des événements ? Pas forcément, car
dans le récit, elle semble s’en tenir aux faits en retranscrivant les
sentiments et émotions de chacun. L’atmosphère
de l’époque est bien retranscrite et apporte une toile de fond intéressante. C’est
une lecture agréable, fluide (bien traduite) qui m’a captivée car l’auteur a un
style et une écriture qui accrochent le lecteur.
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