"Un coeur sombre" de R. J. Ellory (A dark and broken heart)


Un coeur sombre (A dark and broken heart)
Auteur: R.J. Ellory
Traduit de l’anglais par Fabrice Pointeau
Éditions : Sonatine (1 er Octobre 2016)
ISBN : 9782355843129
496 pages

Quatrième de couverture

Sous sa façade respectable, Vincent Madigan, mauvais mari et mauvais père, est un homme que ses démons ont entraîné dans une spirale infernale. Aujourd'hui, il a touché le fond, et la grosse somme d'argent qu'il doit à Sandià, le roi de la pègre d'East Harlem, risque de compromettre toute son existence, voire de lui coûter la vie. Il n'a plus le choix, il doit cette fois franchir la ligne jaune pour pouvoir prendre un nouveau départ. Il décide donc de braquer 400 000 dollars dans une des planques de Sandià. Mais les choses tournent mal : il doit se débarrasser de ses complices, et une petite fille est blessée lors d'échanges de tirs. Rongé par l'angoisse et la culpabilité, Madigan va s'engager sur la dernière voie qu'il lui reste : celle d'une impossible rédemption.

Mon avis

Il y a un inconnu dans mon cœur

Il ferme les yeux et il essaie d’oublier qui il est…. Mais Vincent Madigan ne peut pas occulter ce qu’il est, ce qu’il sait, ce qu’il a fait, ce qu’il a vu ou entendu ….
« Maintenant, tout ce qu’il voyait, c’était son autre facette, la facette la plus sombre, celle qu’il cachait au monde . »
Bon ou mauvais, compatissant ou indifférent, il n’en demeure pas moins un homme corrompu, enfoncé dans ses erreurs, ses errances…. Mais c’est trop tard, à force d’aller tout droit, vite, trop vite, sans réfléchir ou en réfléchissant mal, il n’a rien anticipé …. Alors Vincent se retrouve dans une situation inextricable. Chaque fois qu’il trouve un palliatif pour repousser le danger, le filet se resserre à nouveau … Pourtant, il essaie de s’en sortir, d’aller vers l’improbable rédemption mais … sans cesse, un nouvel élément se met en travers.

On dit que pour aimer les autres, il faut d’abord s’aimer soi-même. En est-il de même pour le pardon ? Est-ce que Vincent doit d’abord faire la paix avec lui-même, avec ses démons, avant de vouloir faire régner la paix autour de lui ? Il a un cœur, mais un cœur sombre, envahi par l’obscurité créée de toutes pièces par ses propres  travers (il boit trop, il fume trop, il se détruit lui-même, il joue avec le feu, flirte avec l’illégalité, frôle la bande jaune…) Il oscille sans arrêt entre deux aspects : celui d’un homme qui peut se pencher sur les autres, s’intéresser à eux, faire le bien et celui d’un homme qui ne peut pas vivre sans des « béquilles » dangereuses que sont : la drogue, le mensonge, la corruption…..

C’est dans une Amérique où la pègre règne, en lien avec la police, jouant au poker menteur, que nous entraîne l’auteur. Le personnage principal est torturé, blessé, perdu mais il n’est pas le seul. Le roi des malfrats, tout désabusé qu’il est, avec des morts sur la conscience, n’est-il pas lui aussi un homme tourmenté ?

Madigan arrivera-t-il à se libérer des chaînes qu’il s’est lui-même installé ? Sous la carapace d’un homme dur, qui ne sait pas aimer, qui est « presque » pourri jusqu’à l’os, trouvera-t-on la faille, celle qui pourrait mener vers un cœur tendre capable de vivre en harmonie avec lui-même, sa famille, ses collègues, la société ?

Avec une écriture puissante, parfaitement traduite par Fabrice Pointeau,  l’auteur nous décrit toute cette noirceur, tous ces malheurs, toutes ces horreurs. On voit des protagonistes qui souffrent, tombent, se relèvent, repartent pour tenter de retrouver une paix intérieure qui les fuit. Le style vous happe, vous tient dans ses rets …. Parfois une éclaircie, fugace, vous laisse entrevoir une lueur d’espérance mais tout cela reste éphémère.

Le style reste posé, offrant une atmosphère lourde, empreinte de cris ou de silence (et ce n’est pas contradictoire) où chacun s’efforce de rester en vie tout simplement ….On peut se demander comment l’auteur installe dans ses livres, tous ces individus qui ont chaque fois une part d’ombre importante. Il excelle à décrire ces  vies brisées et on se demande chaque fois, s’il va réussir à se renouveler, nous intéresser encore. . Ne peut-il bien (d)écrire que des situations difficiles, des êtres qui portent une croix ?

Même, si pour moi, cet opus a été moins « fort » que d’autres de R.J. Ellory (sans doute parce que j’ai été moins bouleversée, moins touchée par les personnes rencontrées dans le récit), il n’en reste pas moins vrai que cette lecture laissera une trace durable en moi et que je ne l’oublierai pas.

"Les invités" de Pierre Assouline


Les invités
Auteur : Pierre Assouline
Éditions : Gallimard (19 Février 2009)
ISBN : 978-2070784257
230 pages

Quatrième de couverture

Un dîner, de nos jours, dans la grande bourgeoisie parisienne. Afin de séduire son invité d'honneur - un puissant homme d'affaires étranger - la maîtresse de maison a convié ses amis les plus remarquables. Mais à la dernière minute, l'un d'entre eux se décommande : il n'y a plus que treize convives... Comme le dîner doit commencer à tout prix, la nouvelle «invitée» est choisie au mépris de la bienséance. Une véritable transgression. La quatorzième convive devient alors le grain de sable qui fait déraper la soirée. Pour l'émerveillement des uns, pour le désespoir des autres. Tout dîner est une aventure.

Mon avis 

« Les invités » est un livre qui est à prendre au second degré. Il ne faut pas se fier au style « haute bourgeoisie » que l’auteur emploie. Avec un autre regard, du recul, on découvre un petit opuscule plein d’humour, de finesse et de réflexion.

"Starting blocks ;: appareil fixé au sol des salles à manger françaises, dans lequel les femmes calent leurs pieds afin de s’élancer avant les autres vers les dégâts domestiques. "

"Un temps, mais un temps épais, poisseux, lourd, à l’issue duquel on eût espéré la contradiction pourquoi pas, le débat d’idées, sait-on jamais…"

Nous sommes le regard extérieur d’un dîner qui au départ se veut banal entre gens de la haute bourgeoisie, chaque type de personne va être représenté …. On s’aperçoit malgré tout que Madamedu ne laisse rien au hasard : classeur pour l’archivage des plans de table, invités triés en fonction du but de la soirée… Au service de Madamedu, un couple …
Ce soir là, Sonia sera le grain de sable …Sonia qui dit « Le passage de la ligne c’est le plus dur. Qu’on décide de partir ou de rester »
Ce à quoi un invité répond « Quand on décide de partir, il faut n’emporter que soi-même. »
Sonia, ce soir là est de l’autre côté, avec les invités. Jusqu’où peut-elle aller dans la conversation, comment va se passer le lendemain le retour à la "normalité " (la scène où Sonia ramasse les cendriers et où Madamedu échappe « Laissez la bonne s’en chargera… » est un régal…à ce moment là, c’est Madamedu qui ne sait plus où elle en est.
Le compagnon de Sonia est perdu lui aussi devant cette situation, il a l’impression que Sonia lui échappe…. Il se rejoue la scène du dîner dans la cuisine….
Mais la soirée e Sonia n’est qu’une parenthèse, d’ailleurs « le propre d’une parenthèse n’est-il pas de se refermer ? » (page 189…) Les invités au fil de la soirée, l’alcool aidant, se dévoilent tels qu’ils sont … sans masque ou presque ….

Ce livre gagnerait à être présenté en pièce de théâtre, c’est un livre qui se « regarde » plus qu’il ne se lit. De plus tout se passe au même endroit ou presque et il y a pas mal de dialogues.

"Le mystère du petit manteau bleu" de Maroushka Dobelé


Le mystère du petit manteau bleu
Auteur : Maroushka Dobelé
Éditions Du Volcan (19 Décembre 2018)
ISBN : 9791097339098
266 pages

Quatrième de couverture

Est-ce vraiment le hasard ? C’est la question que se posent Ludo, ses deux sœurs Lou et Léa, et leur cousin d’Afrique Noé, quand ils se retrouvent tous les quatre, accompagnés de leur bon chien Totom, en vacances chez leur grand-mère dans le village de Châtel-Censoir. Dans ce vieux village, victime sans doute d’un maléfice, chaque rue abrite un mystère. On y voit rôder de drôles de personnages. Des fantômes peut-être ? Aussi énigmatiques que le secret qui hante certaines ruines.

Mon avis

Les vacances ne seront pas celles qui étaient prévues. Voilà ce qu’annoncent les parents de Ludo et de ses deux sœurs, Lou et Léa.  Au lieu de partir à la mer, les voici en route, avec leur chien Totom et leur cousin Noé pour retrouver leur grand-mère dans le village où elle habite. Que vont pouvoir faire ses quatre jeunes pour ne pas s’ennuyer ? Heureusement, ils vont rencontrer Lévanah, la petite fille d’un voisin, et devenir inséparables tous les cinq avec leur chien (non, on n’est pas dans la bibliothèque rose avec le club des cinq !)

Des événements surprenants vont se produire et les enfants vivront un séjour mouvementé, plein de rebondissements. Ils seront confrontés à des événements du passé et n’obtiendront pas toujours de réponse. Est-ce que leur mamie leur cache quelque chose ? Qui était « le petit manteau bleu » dont ils découvrent la vie par bribes ? Il va être nécessaire de remonter dans le temps pour comprendre tout cela et il leur faudra agir seuls car les adultes ne se montrent guère coopératifs avec ces gamins qui paraissent trop curieux.

L’auteur a une écriture très agréable, vivante et fluide. Elle installe l’atmosphère et les faits en quelques mots bien choisis et on se retrouve rapidement au cœur de l’action. De plus, elle campe son intrigue dans le passé d’un village où des choses bizarres se déroulent, ce qui « accroche » le lecteur. On sent qu’elle s’est documentée pour que tout soit cohérent et c’est un travail remarquable.

C’est un très bon roman qui peut être lu dès la fin de primaire et en collège par des lecteurs réguliers. Il faut un bon niveau de mémorisation pour bien situer les différents lieux et personnages mais comme le récit est captivant et le contexte intéressant, les jeunes n’auront aucune difficulté à rester dans l’histoire.

"Jeu de massacres" de James Patterson & Howard Roughan (Murder Games) ou (Instinct)


Jeu de massacres (Murder Games) ou (Instinct)
Auteurs : James Patterson & Howard Roughan
Traduit de l’américain par Philippine Voltarino
Éditions : L’Archipel (2 Janvier 2019)
ISBN : 9782809825855
330 pages

Quatrième de couverture

Le professeur Dylan Reinhart est l’auteur d’un ouvrage de référence sur les « comportements déviants ». Lorsque Elizabeth Needham, du NYPD, en reçoit un exemplaire accompagné d’une carte à jouer tachée de sang, tout porte à croire qu’un tueur s’intéresse à l’éminent docteur en psychologie…

Mon avis

Attention, c’est un livre qui entraîne le lecteur et il vaut mieux avoir un peu de temps pour le lire ! En effet, l’écriture de l’auteur (James Patterson est écrit en plus gros sur la couverture, on va considérer qu’il est l’auteur principal ;-)  est fluide, accrocheuse, vive, et le lecteur est très vite scotché au récit. La traduction est excellente. Les chapitres sont courts (seulement quelques pages), plein de rebondissements.

Dylan Reinhart est professeur de faculté, il a également écrit un ouvrage très fouillé sur les comportements de ceux qui agissent en marge de la société, le plus souvent pour semer le mal. Elizabeth Needham, inspecteur de police à New-York, le contacte car un chroniqueur du New-York Gazette a reçu son livre dans lequel était glissée une carte à jouer en guise de marque page. Elle est tâchée de sang et correspond à un meurtre récent avec un groupe sanguin très rare.  Quel rapport entre le livre, les cartes et l’assassinat ? La policière espère l’aide de l’éminent universitaire pour comprendre le fonctionnement du tueur et peut-être anticiper d’autres décès. Rien ne va être facile, les cartes sont semées tels les cailloux du petit poucet. Il leur faudra raisonner avec beaucoup de justesse pour avancer pas à pas et essayer de sauver ce qui peut l’être…..

Ce qui m’a le plus intéressée dans ce recueil, c’est la méthode qu’utilise Dylan pour « pénétrer » dans la tête du « Dealer » (nom donné à l’assassin). Il met tout en œuvre pour cerner ses pensées, ses idées, déchiffrer ses raisons d’agir de telle ou telle façon. C’est un jeu de chat et de souris, un jeu de qui perd gagne, car finalement, contrairement à ce que certains pourraient penser, rien n’est laissé au hasard ni pour l’un, ni pour l’autre. C’est astucieusement mis en place dans le roman, pas comme un puzzle, plutôt comme un immense échiquier où chacun déplace une ou deux pièces, attend la réaction de l’autre pour intervenir, rebondir, et agir. Aucun des protagonistes (que ce soit du côté de l’enquête ou du côté de la « mort ») n’abandonne, n’abdique. Chacun veut être fort, chacun veut prouver qu’il n’est pas là pour s’en laisser conter, chacun veut le « respect » de l’autre…. On s’attache à Dylan, d’autant plus que son histoire personnelle n’est pas évidente, ni facile. Cela donne un côté très humain à son personnage. En toile de fond du récit, il y a également les relations politiques, notamment pour le maire, qui n’est pas toujours très clair dans ses agissements, ses choix, ses relations. Jusqu’où les hommes de pouvoir peuvent-ils aller pour maintenir leur emprise ? La corruption est-elle nécessaire pour qu’ils arrivent à leurs fins ? Même si la recherche concernant le Dealer est le sujet principal de ce roman, d’autres thèmes sont abordés. Cela complète l’intrigue et donne un « fond » à l’ensemble de la lecture, rendant tout cela moins superficiel. Bien sûr, on n’est pas dans un contexte où l’approche psychologique est très approfondie mais je ne pense pas que ce soit le but de l’écrivain. C’est malgré tout, assez complet.

Sans conteste, il souhaite nous captiver, nous offrir un excellent moment de lecture et c’est tout à fait réussi !

"Agent double, au service surnaturel de sa majesté (2)" de Daniel O'Malley (Stiletto)


Au service surnaturel de sa majesté 2 : agent double (The Checky files. Vol. 2, Stiletto)
 Auteur : Daniel O'Malley      
Traduit par Valérie Le Plouhinec
Éditions :  Super 8 éditions (1 juin 2017)
ISBN : 978-2370560810
816 pages

Quatrième de couverture

Quand, après des années de combats acharnés, deux organisations secrètes et rivales sont contraintes d'allier leurs forces, une seule personne semble en mesure de les aider à conclure cette paix nécessaire : Myfanwy Thomas. D'un côté, la Checquy, organisation secrète chargée de combattre les forces surnaturelles qui menacent la Couronne britannique. De l'autre, les Greffeurs, une société de peu recommandables alchimistes belges. 

L’avis de Franck

Suite des aventures de Myfanwy Thomas. Attention toutefois, ce n’est pas elle l’héroïne principale de ce roman…
Nous suivons le parcours de deux personnages : Felicity (pion de la Checquy) et Odette (membre des greffeurs) qui vont vite devoir se supporter au quotidien puisque l’une va être le garde du corps de l’autre. Du coup, la tour Thomas passe au second plan.

L’ambiance du roman est la même que dans le premier tome : du surnaturel, des pouvoirs rigolos ou effrayants, des dialogues percutants, des retournements de situation et de l’humour.
J’ai préféré cet ouvrage au premier. Ici, pas de retour en arrière à base de lettres explicatives mais une aventure qui se suit au fil des pages. Le texte est facile à lire, les descriptions sont claires sans être ampoulées et l’action se suit au fur et à mesure des rebondissements.
L’histoire se tient et on s’attache très vite à Felicity et à Odette.

Petit reproche sur le titre. On apprend la supposée existence d’un agent double qu’aux deux-tiers du roman. Un titre moins précis mais plus axé sur l’ambiance générale de l’œuvre aurait peut-être été plus judicieux.

"Parce qu'il fallait t'oublier un peu" de Eza Paventi


Parce qu’il fallait t’oublier un peu
Auteur : Eza Paventi
Éditions : Kennes Editions (28 Novembre 2018)
ISBN : 978-2875805966
432 pages

Quatrième de couverture

La vie de Fleur Fontaine s’effondre le jour où Grégory, l’homme de sa vie, la quitte. En plein désarroi, elle ne voit d’autre issue que de fuir ce passé qui l’obsède. Son choix se fixe rapidement : ce sera l’Afrique du Sud, le journalisme et l’humanitaire. Partie pour oublier, elle va se trouver face à une réalité qui va l’obliger à affronter ses propres fantômes.

Mon avis

Agrémenté de notes et de dessins dans les marges ou le texte, ce roman est une très belle découverte. Lorsqu’on lit la quatrième de couverture, on peut s’attendre à l’histoire d’une jeune femme qui fuit un chagrin d’amour en allant en Afrique du Sud et qui va essayer de « survivre » et d’aller de l’avant. C’est beaucoup plus riche que cela. C’est un voyage où Fleur va aller à la rencontre des autres, d’un pays, d’elle-même et de la vie. Un long cheminement vers l’acceptation., vers la découverte d’une contrée inconnue, tant dans ses coutumes que dans son passé, un lieu qu’il faut adopter petit à petit pour le comprendre et peut-être commencer une histoire d’amour entre les habitants et Fleur……. C’est souvent dans les épreuves qu’on se connaît le mieux….

Ce récit est magnifique. Il est porté par une écriture délicate, ciselée, poétique, pleine de sens. On découvre l’Afrique du Sud par les yeux de Fleur, c’est beau, c’est touchant… C’est rempli de vie, d’instants fugaces, de respect… 

J’ai énormément apprécié ce livre, tant par la forme que par le fond. J’ai marché au côté de Fleur, l’écoutant me conter ce qu’elle ressentait et qu’elle partageait avec finesse, pudeur et intelligence. Fleur est une jeune femme de notre temps avec ses défauts, ses qualités mais surtout elle est capable d’ouvrir les yeux, d’écouter et de laisser la place à l’imprévu ….

"Tata la Panda et le diamant bleu" de Jean-Marie Palach et Patrice Morange


Tata la Panda
Volume 2 : Tata la Panda et le diamant bleu
Auteurs : Patrice Morange (illustration) , Jean-Marie Palach (texte)
Les éditions du Volcan (19 Novembre 2018)
ISBN : 979-1097339128
40 pages

Quatrième de couverture

Tata la Panda et le diamant bleu est le tome 2 des aventures de Tata la Panda. À Paris, près de la Tour Eiffel, un petit garçon est très malade, veillé par sa maman et son papa. Il est atteint d’une maladie incurable. Ses parents sont désespérés. Mais, au pays des pandas, à Pandaville, un chat extraordinaire va conjurer le mauvais sort.

Mon avis

Quel plaisir de retrouver Tata la panda ! Avec ses couleurs vives mais pas agressives, ses dessins tout en « rondeur », épurés mais complets, Patrice Morange illustre magnifiquement le texte de Jean-Marie Palach. Tata a des expressions « humaines », on comprend ce qu’elle ressent et pour un jeune public, c’est très « parlant ».

Pour ce deuxième récit, Tata est seule à la maison et un chat magique va la contacter pour sauver un petit garçon.  Il est malade et ce thème (dont la détresse de la famille) est évoqué avec délicatesse par l’auteur. Mais il ne s’attarde pas et développe plus ce que fait la panda ainsi que l’histoire du diamant bleu. Comme dans l’album précédent, le vocabulaire est de qualité, le texte complet et recherché. J’apprécie particulièrement le fait de s’adresser dans notre belle langue sans la simplifier outre mesure à des enfants. C’est important et essentiel pour qu’ils en apprécient la richesse. C’est à lire ou à faire lire à des enfants de primaire. Les images permettent de ne pas se lasser de l’écriture pour ceux que la longueur rebute.

Il y a un soupçon de magie, des personnages qui essaient d’aider les autres. Cela peut offrir des perspectives de discussion avec des élèves ou des jeunes ayant lu (ou écouté) ce livre. Il est rare de trouver des albums avec de longs textes et des illustrations et c’est vraiment un beau recueil que nous offrent les éditions du Volcan.  

"Les dix femmes de l'industriel Rauno Rämekorpi" de Arto Paasilinna (Kymmenen riivinrautaa)


Les dix femmes de l'industriel Rauno Rämekorpi (Kymmenen riivinrautaa)
Auteur : Arto Paasilinna
Traduit du finnois par Anne Colin du Terrail
Éditions : Denoël  (7 Mai 2009)
ISBN : 978-2070420179
260 pages

Quatrième de couverture

Rauno Rämekorpi, un riche industriel finlandais, fête ses soixante ans. Comme le veut la coutume, les invités ont afflué chez le héros du jour les bras chargés de cadeaux et de fleurs. Mais Mme Rämekorpi est allergique au pollen et Rauno se voit donc prié, à peine le dernier convive parti, de convoyer les fleurs à la décharge sans même prendre la peine d'ôter sa queue-de-pie.

Mon avis

L'écriture jubilatoire d'Arto Paasilinna me fait rire ou sourire, parfois même exploser et rire aux éclats, c'est selon...

En lisant ce livre, j'ai ri quelquefois, souri assez souvent mais pas ri aux éclats.
Le côté amusant de l'écriture de l'auteur m'a apporté un bon moment de lecture mais le contenu en lui-même ne m'a pas emballée outre mesure...

"C'était une jeune fille venue livrer des fleurs. Elle jaugea d'un regard expert le vieux monsieur dévêtu. Le spectacle n'était pas déplaisant: une haute silhouette musclée, des mollets et des cuisses solides, le sexe posé sur un épais paillasson de poils, une respectable bedaine, une poitrine velue, une nuque robuste et un visage typiquement finlandais, avec un front haut et large couronné d'une tignasse rêche encore humide."

"Le trépas n'était pas un ami libérateur mais un intrus malvenu, un sinistre huissier de justice dont personne ne pouvait contester les saisies."

On peut dire qu'Arto Paasilinna se renouvelle car son histoire ne ressemble en rien à celles qu'il a déjà écrites si ce n'est que ....
comme les autres fois ....
les événements sont loufoques et cocasses ...
les personnages se mettent dans des situations où ils rencontreront des soucis supplémentaires ....
à travers son humour, il glisse quelques éléments de réflexion sur des sujets importants, à savoir pour ce roman: la place du Patron face à ses employés (sont-ils "transparents", les voit-il?), la place de la femme dans un couple où l'homme a un travail à haute responsabilité, l'amitié, la société finlandaise, la solitude etc ...

En résumé, pas le meilleur opus de l'auteur, mais une lecture qui détend ...

"La mélopée du Mojo" de Vincent Laurent


La mélopée du Mojo
Auteur : Vincent Laurent
Éditions : LBS Sélection (16 Octobre 2018)
ISBN : 9782378370411
290 pages

Quatrième de couverture

Et si vous aviez le pouvoir de réaliser tous vos rêves ? Iago, modeste employé de développement informatique, n’a d’autre ambition que dévorer des livres ou des films, et plaire à la blonde du service marketing. En pleine remise en question, il sauve un homme de la noyade qui lui offre un talisman magique.

Mon avis

Le faste n’était-il pas en train de devenir fade ?

Iago Carré est le genre d’homme qu’on ne remarque pas, il travaille comme il peut dans l’informatique, il ne plaît pas trop aux filles (il faut dire que ses vêtements ne font pas trop envie…), sa famille est quelconque (une mère qui boit, une sœur avec qui la communication n’est pas facile …), donc pas grand-chose de positif….  Heureusement, il y a Steph, Stéphane, son meilleur ami et collègue, fidèle, sympathique et compréhensif ….  Bien sûr, Iago (il vous expliquera lui-même pourquoi sa maman a choisi ce prénom ^^) pourrait se prendre en mains. A défaut de relooking ou de visagiste, faire un peu de sport, s’habiller moderne et avoir une attitude (et une conversation) en phase avec les autres, lui donnerait une « présence » différente dans le service où il travaille et auprès des quelques copains qu’ils fréquentent (voire même dans le milieu familial). Mais Iago subit plus qu’il n’agit et la situation stagne…Jusqu’au jour où……

Une rencontre surprenante, bizarre mais envoûtante va modifier profondément son quotidien. Un homme lui offre un talisman qui lui permettra d’agir et de transformer sa vie. Plus de facilité au boulot, plus de succès auprès des filles, plus de tout, plus et encore plus…. Lorsque Iago commence à goûter à la richesse facile, au train de vie somptueux, à une certaine forme de volupté, à la réussite professionnelle, le regard des autres sur lui change. Et lui ? Est-ce que tout cela en fait un être profondément différent ? Peut-on s'habituer à tout obtenir sans forcer?
L’auteur s’attache à montrer la « mutation » d’un homme ordinaire chamboulé par un pouvoir extraordinaire. Sans trop en faire, il analyse la montée en puissance de Iago, les rapports humains qui changent.

L’écriture est fluide, le style vif, incisif. Pas de temps mort, des faits intéressants, parfaitement  dosés jusqu’à une fin bluffante, bien pensée. Vincent Laurent nous fait pénétrer dans l’univers de Iago et on s’y installe avec facilité tant son histoire est prenante.

J’ai beaucoup aimé ce récit. En commençant ce recueil, je ne m’attendais pas à un tel plaisir de lecture !

"Ma bête" de Jean-François Régnier


Ma bête
Auteur : Jean-François Régnier
Éditions : Librinova (25 Mai 2018)
ISBN : 979-1026219590
180 pages

Quatrième de couverture

Ma Bête, c'est ainsi que Weston Forrester surnomme Duncan Smith qu'il capture à Boston, sur le parking d'une station-service. Le ravisseur veut faire de sa victime le meurtrier qu'il n'a pas le courage de devenir. Weston Forrester a tous les atouts pour mener le jeu et faire de Duncan Smith un criminel.

Mon avis

C’est un livre court, et de fait percutant, tant dans le style que dans le contenu.
Deux hommes prennent la parole, tour à tour, puis un troisième intervient également.
Chacun essaie d’obtenir ce qu’il veut de l’autre. Qui manipule le plus, pourquoi ? Les deux ont un passé trouble, une vie peu ordinaire.
Tout y passe, les humiliations présentes ou passées, les manœuvres et les mensonges pour toucher au but secret, inavouable … Mais la violence n’appelle-t-elle pas la violence, toujours plus et encore ?

Jean-François Régnier décortique l’âme humaine, les esprits retors et perturbés. Il pousse ses personnages dans leurs retranchements et les met à nu. Les esprits chagrins pourront reprocher un manque d’approfondissement de l’aspect psychologique mais cela aurait peut-être alourdi le propos. L’intérêt repose dans la relation entre les deux hommes, l’espèce de jeu (qui n’en est pas un) de chat et de souris où chacun essaie de bluffer l’autre, d’être celui qui dictera les règles …

Les phrases sont courtes, les actions s’enchaînent, l’écriture est fluide et rapide, on sent le tempo qui nous entraîne dans l’horreur, rythmant chaque événement ……

La fin est surprenante et moi qui préfère, le plus souvent savoir où je vais, elle m’a emballée !! J’ai trouvé qu’elle donnait un autre éclairage à l’ensemble du récit. Et si, finalement, le lecteur s’était fait avoir ? Peut-on croire un homme sur parole ?

Je vous laisse seul juge…….

"Les cosmonautes ne font que passer" d' Elitza Gueorguieva


Les cosmonautes ne font que passer
Auteur : Elitza Gueorguieva
Éditions : Verticales (25 Août 2016)
ISBN : 978-2070187096
185 pages

Quatrième de couverture

«Ton grand-père est communiste. Un vrai, te dit-on plusieurs fois et tu comprends qu’il y en a aussi des faux. C’est comme avec les Barbie et les baskets Nike, qu’on peut trouver en vrai uniquement si on possède des relations de très haut niveau. Les tiennes sont fausses…» Ce premier roman a trouvé le ton elliptique et malicieux pour conjuguer l’univers intérieur de l’enfance avec les bouleversements de la grande Histoire.

 Mon avis

Désopilant

Le ton est donné dès les premières lignes, une narration originale, inhabituelle à travers le regard d’une petite fille qui va revisiter huit années de l’histoire de son pays. Son grand-père est communiste, un de ceux qui y croient dur comme fer…. Elle, elle rêve d’être cosmonaute comme Iouri Gagarine. Et puis, elle va voir ses rêves qui s’effondrent, comme l’empire soviétique. Son école sera débaptisée, la famille n’est plus d’accord (rester communiste ou pas), son amie lui semble différente …..


Avec une écriture mutine, emplie d’humour et de finesse, Elitza Gueorguieva nous fait pénétrer dans le monde et dans l’esprit de cette petite fille. On découvre l’évolution du pays, l’apparition du Coca Cola, l’apprentissage d’une nouvelle forme de vie.

C’est fin, c’est drôle, c’est tendre. C’est surprenant, intéressant, décalé par rapport à ce qu’on lit habituellement et c’est une réussite. Il ne faut pas se laisser déstabiliser par le style particulier pour profiter pleinement de cette lecture.



"Transparence - Tome 2 : La manipulation des esprits" de Camille Lonfure


Transparence  / Tome 2 : La manipulation des esprits 
Auteur : Camille Lonfure
Éditions :  Paulo Ramand (31 Mai 2018)
ISBN :  9782754307222
420 pages

Quatrième de couverture

Quatre mois après l'implosion de la ville, Maya doit affronter les tensions qui y règnent. Soupçonnant l'existence de Jane, sa mère biologique, elle va partir, avec Blake et ses amis, à sa recherche hors des limites de la ville. Elle découvrira rapidement qu'elle n'est pas la seule à posséder des capacités surnaturelles et que des individus malintentionnés veulent s'en emparer.

L'avis de Franck

Avant toute chose, il me faut préciser que je n’ai pas lu le premier tome. Je découvre donc l’univers et ses personnages sans à priori, ni influence.

Le style de l’auteur est agréable à lire, sans fioriture ni description alambiquée, ce qui sera aussi un petit défaut (voir plus loin). L’histoire fait suite  au premier tome et de subtils rappels à celui-ci sont faits tout au long du récit. Le personnage principal, Maya possède un pouvoir, la Transparence, qu’elle apprend à maîtriser.

Je trouve que ce roman d’anticipation s’adresse plutôt à un public adolescent. On a beaucoup d’amourettes contrariées, de preux chevalier (Blake) au secours de la belle (Maya), d’histoires amoureuses en parallèle que l’on découvre au fur et à mesure. Cela peut être agréable selon le public lecteur. Pour moi, qui ait fini mon adolescence depuis un certain temps, cela ne m’a déclenché aucune compassion ni émoi trouble.

L’histoire se tient et est très logique dans son développement. L’univers est cohérent et on peut envisager d’autres tomes puisque d’autres pouvoirs surnaturels sont découverts et qu’une explication logique est donnée pour l’apparition de ceux-ci.

Le principal "bémol" que je signalerai est le suivant : l’auteur ne se perd pas dans des descriptions et cette volonté d’aller vite crée des blancs dans l’action ou dans les explications. Deux exemples :
Maya rencontre d’autres personnes ayant un pouvoir. Ses personnes lui enseignent comment maîtriser la Transparence mais nulle part, on a un chapitre consacré à cet enseignement. En quelques lignes, on apprend que Maya maîtrise mieux son pouvoir et c’est tout. Frustrant…
Maya est prisonnière dans un endroit inconnu. Ses amis partent à sa recherche et arrive à proximité du lieu de détention. La tension est à son comble : vont-ils arriver à temps ? Chapitre suivant, Blake (le preux chevalier) libère déjà la belle...  Je suis revenu en arrière pour voir si je n’avais pas sauté un chapitre ! Comment sont-ils entrés ? Comment se sont-ils débarrassés des gardes ?

Cette envie d’aller de l’avant donne l’impression que l’auteur voulait vite terminer la deuxième partie du roman pour passer à autre chose. Avec plus de descriptions, de profondeur dans les personnages, l’histoire aurait été plus étoffée et la deuxième partie aurait pu être un troisième tome. C’est dommage.

En conclusion, Transparence est agréable à lire et se trouve dans la lignée de Hunger Game sans toutefois en être une pâle copie.


"Mystérieuse Préludine" de Catherine Rousset


Mystérieuse Préludine
Auteur : Catherine Rousset
Éditions : Passion du livre ( Juin 2018)
ISBN : 979-10-97531-19-5
150 pages

Quatrième de couverture

« Pas une larme mais les mains figées sur ses yeux comme si elle ne voulait rien voir, étaient les seuls signes donnés par la fillette avant qu’elle ne tombe dans un état inconscient préoccupant ». Mais quel mystère cache cette jolie petite fille retrouvée seule un beau matin d’hiver recroquevillée dans l’atelier d’artistes du château de Fontenay ? Qui est-elle ? D’où vient-elle ? Une enquête que la capitaine Bourdin va devoir résoudre.

Mon avis

Ce court roman met en lumière le très beau château de Fontenay (en photo sur la couverture). Entouré de vignobles, près de Chenonceaux, il est habité par un couple sans enfant qui, revenant de croisière, découvre une petite fille, dans une de leurs dépendances. Aucune trace à l’extérieur et impossible d’échanger, car la fillette ne parle pas.  Le mystère est donc complet d’autant plus que personne n’a signalé de disparition. Les propriétaires ne seraient-ils pas dans le coup, cachant des informations importantes ? A moins que leur employé un peu sauvage, un peu taiseux ne soit mêlé à tout ça ? Il faudra toute l’énergie du capitaine Bourdin et de ses collègues, la délicatesse d’une infirmière, et une enquête discrète menée de main de maître pour comprendre les événements.  

Dans ce récit, l ’auteur aborde avec doigté des sujets importants : l’illettrisme, le travail du deuil, la violence dans la famille, le poids du passé ….  Elle ne juge pas, elle ne fait pas dans le pathos, elle pose des faits et nous permet de suivre les différents protagonistes ….. Tout se déroule sur quelques jours et dans un périmètre restreint. Les dates et les lieux sont indiqués, les scènes décrites en quelques phrases pertinentes et ainsi le lecteur est au cœur de l’histoire. On s’attache très vite à l’enfant et à tous ceux dont on sent qu’ils lui veulent du bien.

J’ai beaucoup apprécié le policier, il est extrêmement « pointu » dans ses raisonnements, il utilise la parole à bon escient et ne s’embarque pas avec tout un tas d’outils sophistiqués. Il examine, observe, réfléchit, prend de la hauteur et agit.

Je conseillerai ce recueil aux personnes qui veulent découvrir le genre policier. Il n’est pas trop long, bien écrit, avec un style vivant et agréable et peut permettre une belle découverte de ce type de textes.

"Le Turquetto" de Metin Arditi


Le Turquetto
Auteur : Metin Arditi
Actes Sud ( 12 août 2011)
ISBN : 978-2-7427-9919-0
290 pages

Quatrième de couverture

Se pourrait-il qu'un tableau célèbre - dont la signature présente une anomalie chromatique - soit l'unique oeuvre qui nous reste d'un des plus grands peintres de la Renaissance vénitienne : un élève prodige de Titien, que lui-même appelait "le Turquetto" (le petit Turc) ?


Mon avis

Le format Actes Sud et la couleur un peu jaune des pages conviennent très bien à cet opus atypique qui a su me séduire du début à la fin.
Le tableau dont on voit une partie sur la page de couverture, va apparaître dans ce roman et sera magnifiquement intégré au déroulement de l’histoire.

L’écriture est agréable, rythmée, appliquée par petites touches de couleurs, comme autant d’aplats sur une toile pour offrir au lecteur un superbe « rendu ».

Le « Maître » parlant d’un tableau : « Les émotions, ce sont des vagues qui te balaient sans que tu puisses comprendre ce qui t’arrive. »

L’élève parlant du maître : « Le maître savait décrire les passions et les émotions comme personne. Il ne les apaisait pas. Il les exacerbait. C’était la peinture des passions faite par un homme capable de les dominer. »

« Elie cherchait autre chose. Une peinture qui accueille et rassure.»

Les faits sont décrits nettement et les ressentis des uns et des autres esquissés avec délicatesse.
Quatre parties, deux se déroulant à Constantinople, deux à Venise, quatre mois, quatre années, le tout étendu sur quarante cinq ans à l’époque de la Renaissance.
Quatre « flashes » sur la vie d’Elie, le Turquetto. On quitte un enfant, on retrouve un homme … Quatre moments clés de sa vie, des tournants, des choix à faire et à …. assumer….

Metin Arditi donne une interprétation d’un fait reconnu (Le Titien a-t-il peint ou pas ce tableau ?) en orchestrant magistralement les événements imagés dont il parle.
De plus, parallèlement au récit nous permettant de « suivre » « Le Turquetto », il offre une véritable réflexion sur la vie et les mœurs de l’époque, la place et le pouvoir de la religion, les relations parents/ enfants, le rôle de l’art et la place que lui donne les différentes religions (peut-on tuer au nom de l’art ?), Refuser aux artistes le droit de peindre le « vivant » ? ….
Beaucoup de questions se bousculent, se choquent et s’entrechoquent à travers les différentes situations qui sont évoquées.

Plusieurs choses m’ont interpellée :
La peinture qui divise, qui crée des conflits face aux différentes interprétations des uns et des autres et parfois la peinture qui rassemble …..
Le comportement du Turquetto devant une œuvre terminée, un tableau qui aurait pu être considéré comme l’aboutissement de son art. Il a une attitude détachée alors que c’est « son jour de gloire. » Est-ce ainsi pour les artistes ? Donnent-ils tant et tant qu’une fois l’ouvrage terminé, il ne leur appartient plus ? Ou choisissent-ils de s’en détacher parce qu’ils ne peuvent pas le garder, parce que l’affectif ne doit pas intervenir, parce que c’est un « travail » ?

J’ai apprécié ce roman, non seulement pour la forme mais aussi pour le fond. Il donne la possibilité d’aller plus loin que la lecture en nous ouvrant à des interrogations intéressantes auxquelles il appartient à chacun de trouver ou pas des réponses ….



"Styx Station" de John C. Patrick


Styx Station
Auteur : John C. Patrick
Éditions : Kyklos (10 Août 2018)
ISBN : 978-2-918406-38-9
416 pages

Quatrième de couverture

1er mai 1962. Dans le massif du Hoggar, François Alessandro et un guide targui sont victimes de retombées radioactives accidentelles. Ils ne savent pas qu'un cauchemar les attend.
5 juillet 1962. Oran. Guy Chaussade s'apprête à participer à la manifestation organisée pour fêter la proclamation de l'indépendance algérienne. Il ne sait pas qu'un long calvaire commence. John C. Patrick poursuit, après le premier volet Moïra, sa relecture des événements qui ont marqué la fin des années 60.

Mon avis

John C. Patrick est un de ces écrivains dont on se demande pourquoi il n’est pas plus connu…
Heureusement que quelques éditeurs sont encore à la recherche de pépites littéraires sans chercher à faire du chiffre à tout prix. Cela nous permet de belles et enrichissantes découvertes.

Ce roman est le deuxième d’une série de quatre (ils peuvent se lire indépendamment) qui revisite l’Histoire de 1954 à 1974. Pour ce recueil, ce sont les événements des années 1962 et suivantes qui seront évoqués.  On pourrait croire, à lire la quatrième de couverture, qu’on va se trouver avec un cours d’histoire rébarbatif à la manière de ces professeurs qui débitent ce qu’ils ont à transmettre en oubliant de le faire vivre pour le rendre intéressant…. A lire l’auteur, je suis certaine d’une chose, ses élèves ont dû être captivés par ses interventions.

Le récit est complet, mais pas complexe, car les nombreux personnages, lieux, intervalles de temps sont parfaitement « balisés ».  On sait toujours de qui on parle, ce qui se passe et pourquoi. Les personnages, réels ou imaginaires sont, pour la plupart, des hommes. Espions, militaires, policiers, membres du gouvernement, etc, tous sont parfaitement intégrés au récit, vivants, palpables.  Ce n’est pas pour autant un livre de « mecs », le contenu présenté parlera autant aux hommes qu’aux femmes….
On passe de la France (sur plusieurs régions) à l’Algérie, sur une période allant de 1962 à 1967. On côtoie des hommes de l’ombre, d’autres plus en vue. Chacun se bat, soit pour ses convictions, ce en quoi il croit ou pour des causes plus obscures. Certains sont détestables, d’autres plus attachants (je ne dirai pas quel est mon préféré ;-)

L’écriture est dépouillée, presque « documentaire », l’essentiel pour visualiser une scène, les faits puis les acteurs.  J’aime beaucoup la façon dont l’auteur décrypte ce qui se déroule sous nos yeux, c’est presque « chirurgical », à la fois sobre et d’une précision infinie. Il est documenté et lorsqu’il parle d’actions  dont on n’a jamais entendu parler, on a le souhait de « creuser » encore plus les informations qu’il communique (notamment sur l'accident de Béryl (du nom de code de l'essai), un accident nucléaire qui s'est produit le 1er mai 1962 en Algérie). Si déjà, à l’époque, certaines choses étaient tenues secrètes ou minimisées, qu’en est-il maintenant ? Est-ce qu’on nous leurre encore quelques fois ?

Je trouve courageux de s’attaquer à une telle transmission à travers un roman.  Je trouve merveilleux d’être capable d’employer des termes de qualité, d’écrire un texte abouti au vocabulaire riche mais abordable,  d’être captivant, en  mêlant histoire, espionnage, suspense sans lasser ni perdre le lecteur. Je trouve que John C. Patrick a tout d’un grand et que ça ne se sait pas assez (mais peut-être qu’il ne recherche pas la « gloire »). Je trouve que Kyklos, la voix dissonante de l’édition a  une fois encore tout compris, offrant à ceux qu’elle publie une liberté d’expression bienvenue et à ceux qui lisent leurs publications une ouverture sur le monde, sur la vie, sur l’Histoire, sur l’homme …..

"Une vie plus belle que mes rêves" de Marilyse Trécourt


Une vie plus belle que mes rêves
Auteur : Marilyse Trécourt
Éditions : Librinova (30 Novembre 2018)
ISBN : 9791026226482
188 pages

Quatrième de couverture

Lorsque Louise perd son emploi, elle ne peut compter ni sur le soutien de son compagnon, ni sur ses parents et encore moins sur son chat qui empeste la crevette.
Sa confiance en elle, déjà fragile, s’étiole un peu plus.
Seule son amie Claire se réjouit de cette opportunité qui devrait lui permettre de trouver enfin sa voie.

Mon avis

« Nous sommes tous reliés les uns aux autres et partageons parfois les mêmes inspirations, les mêmes messages de l’univers, même si l’explication nous échappe. » (page 133)

Dans son dernier roman, Marilyse Trécourt met une nouvelle fois e scène des personnages auxquels on peut facilement s’identifier. Cela permet de se plonger dans le récit dès les premières pages et de ne plus le lâcher une fois qu’on l’a commencé.

Marie-Louise, Louise, Marie, c’est selon, elle adapte son prénom à sa vie en quelque sorte. Elle a trente sept ans et vient d’être licenciée, la faute à pas de chance. Elle n’a pas osé se battre pour garder cet emploi qui, de toute façon, ne correspond pas vraiment à ses aspirations. Mais sait-elle vraiment ce qu’elle souhaite ? Son amie Claire lui dit pourtant « de prendre de la hauteur » pour avoir suffisamment de recul sur sa vie mais ce n’est pas si facile…. Ses parents l’ont choyée car elle est presque un miracle de la vie après dix ans d’essais pour le couple et de ce fait, ils continuent d’avoir une attitude ultra protectrice avec elle ce qui ne l’aide pas vraiment (ah, le chantage affectif …).

Elle est en couple avec Sam qui aime agir en protecteur et rêve d’une vie stable, d’un emploi qualifié etc pour sa belle. Mais elle cache une faille… dont elle ne parle pas, jamais et qu’elle a enfoui au fond d’elle-même. Guérit-on un jour de son passé ? A quel prix ? Quel chemin vers la résilience, l’acceptation de soi ? Et comment ressort-on d’un traumatisme vécu à l’adolescence ? Est-ce facile de se construire, d’exister pour soi et non pas à travers ce que l’on pense que les autres projettent pour nous ? Comment être soi sans avoir l’impression de décevoir ceux qui nous aiment ?

Dans ce roman, l’auteur reprend des thèmes chers à son cœur, à savoir le développement personnel, l’estime de soi, le pardon …. Elle développe également une réflexion intéressante sur l’art et le phénomène de création.

Son écriture est toujours aussi agréable, fluide. Elle pose des mots sur les maux et à travers ses protagonistes, elle peut aider chacun de nous à aller mieux.

Feel  Good  Book ? Oui, et alors ? Vous n’aviez pas, vous, une grand-mère qui vous disait « Il n’y a pas de mal à se faire du bien ? »

"Le bonheur au bout du chemin" de Christelle Magnan


Le bonheur au bout du chemin
Auteur : Christelle Magnan
Éditions : Libréditions (3 juillet 2016)
ISBN : 978-2822100199
420 pages

Quatrième de couverture

Booneville, ancienne ville minière du Kentucky, est rongée par la violence et la pauvreté. Une mère et ses deux filles tentent d'y survivre à force de volonté, de courage et en utilisant... certains de leurs charmes. Elles vont connaître les épreuves les plus douloureuses comme les plus exaltantes.
Mon avis

Ne vous fiez pas à la photo de couverture pour vous faire une opinion de ce roman ! *

Nous sommes dans le Kentucky (Etats-Unis), à Booneville, une ancienne cité minière. Après des heures de gloire, cette ville est maintenant la proie de la pauvreté et de la violence. Le quotidien des habitants est difficile d’autant plus qu’il semblerait qu’une mafia bien organisée fasse régner la terreur chez les commerçants en les rackettant. Cette organisation donne l’impression d’être soutenue par certains hommes de pouvoir, politiciens ou policiers…. Que ne feraient pas certains pour un peu d’argent facile…. Alors comment lutter contre un tel fléau ?

 Jenny, Amber et leur mère Rita vivent dans une caravane. La plus âgée n’est pas vraiment un modèle pour ses deux filles et elle ne montre de l’affection qu’à Amber qui est belle, douée au lycée et malheureusement très manipulatrice… D’ailleurs, elle méprise sa sœur et ne lui montre aucun amour. C’est dans ce contexte douloureux que nous allons suivre le chemin de chacune d’elle, les choix qu’elles font, qui ne sont pas toujours les bons, et qui parfois, les projettent dans la souffrance….

Si les personnages ont parfois un aspect un peu caricatural (attention, même avec trois femmes, on n’est pas dans Cendrillon ;-) , il n’en reste pas moins qu’ils sont très intéressants à découvrir dans leur évolution. L’auteur a bien réussi à expliquer les raisons qui peuvent pousser les êtres humains à agir d’une certaine façon puis à changer. Des thèmes graves sont abordés, outre les relations familiales, il y a la dépendance à l’argent, au luxe, les ravages de la drogue, le chômage, la maladie, la corruption …..

L’écriture de Christelle Magnan est fluide, agréable et portée par une orthographe irréprochable. Elle dose bien la part de rebondissements pour ne pas trop en rajouter. L’approche psychologique des protagonistes est légère mais suffisante car le contexte quotidien est chargé. Elle présente avec doigté les difficultés des familles, la peur lorsqu’on n’a plus de travail, plus suffisamment de revenus pour se nourrir, se chauffer, et qu’on est prêts à tout pour un peu de ce qu’on croit être le bonheur…..

C’est un récit qui se lit avec facilité, on est rapidement emporté par le style vif, très visuel (on pourrait faire une adaptation en film) qui permet de se représenter chaque scène. On s’attache à Jenny qui pense toujours aux autre et qui « s’oublie » en voulant semer le bonheur autour d’elle. J’ai passé un bon moment avec ce recueil.


* NB : Peut-être un petit regret (mais ce n’est que mon ressenti) : je trouve que la photo de couverture n’est pas tout à fait en phase avec le contenu. Elle laisse imaginer une romance légère (alors que des sujets sérieux sont abordés), elle ne montre pas non plus qu’il s’agit d’un récit contemporain.

"Chanson douce" de Leïla Slimani


Chanson douce
Auteur : Leïla Slimani
Éditions : Gallimard (18 Août 2016)
ISBN : 978-2070196678
240 pages

Quatrième de couverture

Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame.

Mon avis

L’écriture précise, au scalpel, de Leila Slimani, m’a tout de suite conquise.

Elle décrypte, elle analyse sans laisser aucune place aux sentiments du lecteur. C’est froid, glacial comme une autopsie. On assiste aux événements. On voit la toile se tisser, la folie s’installer et on reste sur le bord sans pouvoir agir … On peut se dire que certaines choses auraient (ont ?) dû mettre la puce à l’oreille des parents et qu’ils ont laissé couler, se raccrochant à leur confort, à la facilité…. Mais, on le sait bien, quand on est le nez dans le guidon, on ne voit pas ce qui nous crève les yeux….

C’est terrible parce qu’on connaît l’issue et pourtant on prend « plaisir » à la lecture, s’attachant à l’ aspect psychologique des personnages et à la façon dont tout s’est mis en place jusqu’au drame. Et on se demande si tout aurait pu être différent…. Ah le conditionnel et les si…..

"Un jeu trop mortel" de Gaylord Kemp


Un jeu trop mortel
Auteur : Gaylord Kemp
Éditions : Aconitum (16 Octobre 2018)
ISBN : 978-2-37837-044-2
160 pages

Quatrième de couverture

Nino, 14 ans, et son ami Ugo animent une chaîne YouTube consacrée aux jeux vidéo. Un jour, Charon les invite dans une maison réputée hantée pour leur faire découvrir une console révolutionnaire et son premier jeu, Daemonium. Ils sont alors confrontés à une partie à l'enjeu crucial.

Mon avis

Nino et Ugo sont de jeunes adolescents, plus préoccupés de jeux vidéo et de la chaîne YouTube qu’ils ont créée que de leur quotidien au collège. Des ados normaux en quelque sorte et c’est rassurant ;-) Il y a bien aussi les filles qui les attirent et les professeurs qu’ils aiment plus ou moins… Un quotidien bien dans la norme avec quelques veillées tardives en cachette pour jouer en ligne…

Jusqu’au jour où les deux comparses se voient proposer de tester une console révolutionnaire, exceptionnelle de réalité virtuelle…. Alors, même s’il faut faire le mur, se cacher des parents, être endormis en cours le lendemain, et vivre cette rencontre dans un lieu peu rassurant, il leur semble impossible de laisser passer une telle occasion. Equipés d’une caméra afin de faire un reportage pour leur chaîne YouTube, les deux amis partent à la découverte de ce matériel  nouveau sans savoir vraiment ce qu’ils vont trouver….. Rien ne va vraiment se dérouler comme ils le pensaient et ils vont vivre une aventure qu’ils auront des difficultés à partager car leurs camarades risquent fort de ne pas les croire.

C’est un roman tout à fait en phase par le contenu et l’écriture avec un public d’adolescents (tant filles que garçons). En outre, il va peut-être en réconcilier certains avec la lecture…. L’auteur sait adapter son vocabulaire, ses dialogues pour être agréable à lire sans pour autant gâcher son style. Il y a de l’ambiance, des rebondissements, tout ce qu’il faut pour maintenir l’attention et en plus ce n’est pas trop long !

Le fond, la forme, tout est réuni pour une lecture qui vous entraînera dans les arcanes d’un jeu trop mortel !


"Toi, lui, l’autre et moi" de Angélique Auguri


Toi, lui, l’autre et moi
Auteur : Angélique Auguri
Éditions : Les Bas-Bleus (15 Novembre 2018)
ISBN : 9782930996240
125 pages

Quatrième de couverture

Gwendoline va divorcer. C'est certain à présent. Elle a raté sa vie de couple et sa vie de famille. Il ne lui reste plus qu'à réussir sa séparation, ne serait-ce que pour ses enfants. Et tant pis si son futur-ex-mari ne l'entend pas de cette oreille. Dans cette phase instable, elle peut compter sur ses amies, mais elle a aussi besoin de se rassurer en tant que femme.

Mon avis

Il est bon de temps en temps de s’allonger sur son canapé ou de se glisser sous la couette avec une comédie « psycho-romantique » , c’est-à-dire un livre où vous aurez une bonne dose de romantisme pour vous remonter le moral et un peu de psychologie pour ne pas dire que vous lisez une bluette…. Un juste équilibre pour passer un bon moment.

Dans ce recueil, on trouve des personnages comme on peut en croiser chaque jour, certains qui nous ressemblent un peu, d’autres pas du tout. Des copines qui parlent de leurs histoires, des hommes qui vont trop vite, d’autres qui font des erreurs. Des émotions, des sentiments bien connus de tout un chacun … Le tout raconté par Gwen, Gwendoline, qui est en instance de divorce et qui doit gérer au mieux le quotidien. Elles nous démontre combien les choix  qu’elle a pu faire (choisir un métier peu en adéquation avec ses envies par exemple) peuvent laisser des traces dans le présent surtout quand on a épousé un avocat brillant….

Gwen va divorcer et il faut qu’elle se réconcilie avec elle-même, avec son statut de femme. Cela paraît simple, comme ça, sur la papier, mais lorsqu’on a des jumeaux virevoltants, un presque ex mari peu présent, c’est plutôt difficile. Nous allons suivre son organisation, sa façon d’appréhender les événements, ses peurs, ses attentes ….

D’une plume légère, avec un humour sous jacent, Angélique Auguri nous offre une tranche de vie lyonnaise animée et agréable à lire. En quelques phrases, elle campe un décor, une situation et on s’attache à Gwen en espérant le meilleur pour elle. Pour savoir comment elle va s’en sortir, une seule solution : lire le roman !