"Deux cafés, l'addition" de Peyraud

 

Deux cafés, l’addition
Auteur : Peyraud
Éditions : Jarjille (21 Décembre 2022)
ISBN : 9782493649041
20 pages

Quatrième de couverture

Sous bock est une collection des éditions Jarjille.
L’instant Thé est le numéro 22 de la collection.

Mon avis

« Deux cafés, l’addition », petite phrase entendue, criée, murmurée, prononcée…. Classique…

Dans son sous bock, Jean-Philippe Peyraud revisite des « moments » café, certains très connus, déjà observés ou même vécus, d’autres moins. Avec beaucoup d’humour, quatre dessins en noir et blanc sur une page nous campent une situation ou en peu de mots, tout est dit, tout est compris.

On sourit, on revit certaines scènes vues ou observées.

Le trait est un peu anguleux, les tracés représentatifs. Tout nous prouve que l’auteur a bien regardé la vie autour de lui pour partager tout cela avec nous.

À glisser sous un mug ou une tasse …. de café bien sûr !


"L'instant Thé" de Léah Touitou

 

L’instant Thé
Auteur : Léah Touito
Éditions : Jarjille (15 Mars 2023)
ISBN : 9782493649058
20 pages

Quatrième de couverture

Sous bock est une collection des éditions Jarjille.
L’instant Thé est le numéro 23 de la collection.

Mon avis

Dans cette collection « Sous bock », le thème imposé est en lien avec le style de l’objet livre donc c’est « boisson ».

Dans ce numéro 23, Léah Touito parle du rituel thé fin de repas avec sa Maman. Cette « pause » a donné lieu à des discussions et les voilà parties toutes les deux, en Afrique, au Sénégal où elles ont dégusté du thé à la menthe. Un thé qui se boit en trois fois, qui est préparé par un jeune garçon selon une méthode bien précise. Tout un programme !

Prendre le thé, c’est prendre le temps au Sénégal, attendre, profiter des gens qui sont là, être ensemble tout simplement.

C’est avec des dessins crayonnés, au contour noir comme à l’encre de Chine, que Léah partage cet instant avec le lecteur. Les scènes sont précises, le trait est arrondi, doux, il y a ambiance délicate dans cette min bande dessinée. On y rentre sur la pointe des pieds et on ressort apaisé.

J’ai beaucoup aimé !


"Le silence et la colère" de Pierre Lemaitre

 

Les Années glorieuses – Tome 2 : Le Silence et la colère
Auteur : Pierre Lemaitre
Éditions : Calmann Levy (10 janvier 2023)
ISBN : 9782702183854
594 pages

Quatrième de couverture

Un ogre de béton, une vilaine chute dans l’escalier, le Salon des arts ménagers, une grossesse problématique, la miraculée du Charleville-Paris, la propreté des Françaises, « Savons du  Levant, Savons des Gagnants », les lapins du laboratoire Delaveau, vingt mille francs de la main à la main, une affaire judiciaire relancée, la mort d’un village, le mystérieux professeur Keller, un boxeur amoureux, les nécessités du progrès, le chat Joseph, l’inexorable montée des eaux, une vendeuse aux yeux gris, la confession de l’ingénieur Destouches, un accident de voiture.

Mon avis

On est au début des années 50, la famille Pelletier continue d’avancer malgré le décès d’un des fils. Les parents habitent toujours Beyrouth, près de la savonnerie familiale. En France, on retrouve les enfants : Jean et sa peste d’épouse. Il semble toujours coincé, soumis mais parfois ça explose. Il a pour projet d’ouvrir un magasin où tout sera moins cher, en vrac….Il y a aussi François, journaliste, amoureux de la secrète Nine qui souffre de surdité et a une personnalité complexe. Et puis Hélène, célibataire, embauchée comme photographe dans le même journal que son frangin. Elle part en reportage pour évoquer les derniers jours d’un village qui va être englouti suite à la construction d’un barrage. Elle parle aussi de l’hygiène féminine (rappel des enquêtes de Françoise Giroud).

Pierre Lemaitre ancre son histoire dans l’époque évoquée, il s’est documenté et les thèmes qu’il exploite sont bien amenés à travers le quotidien des protagonistes. Il y a ses femmes qui souhaitent avorter mais n’en ont pas le droit, ces médecins qui les aident au risque d’être poursuivis. On rencontre aussi les ouvrières exploitées qui dénoncent les conditions de travail scandaleuses. C’est le début d’une volonté d’émancipation mais il faudra encore beaucoup d’énergie et de nombreuses luttes pour avoir un résultat.

La grande force de l’auteur est de mêler avec habileté une vraie peinture sociale des années 50 aux devenirs de ses personnages. Pour ceux-ci, les portraits sont précis, jubilatoires pour quelques-uns (j’ai porté Angèle aux nues dans sa relation avec Geneviève, elle est tellement astucieuse). Ils évoluent sous nos yeux avec les inévitables questions qu’ils se posent les uns sur les autres, les trahisons, les mensonges, les suppositions (un grain de beauté peut changer un regard), les non-dits ….

C’est bien construit, prenant, agréable à lire, avec suffisamment d’éléments nouveaux pour maintenir l’intérêt, de rappels discrets sur le passé pour comprendre pourquoi on en est là maintenant.

J’ai apprécié cette lecture même si je l’ai trouvée moins « profonde » que le tome précédent, presque un peu prévisible.


"Bien sous tous rapports" de Louise Candlish (Those People)

 

Bien sous tous rapports (Those People)
Auteur : Louise Candlish
Traduit de l’anglais par Caroline Nicolas
Éditions : Sonatine (8 juin 2023)
ISBN : 978-2355849879
422 pages

Quatrième de couverture

Lowland Way est un quartier chic où le prix du mètre carré constitue un crime parfait pour garantir la tranquillité de ses habitants. Jusqu'à ce que l'adorable grand-mère du quartier décède en laissant pour seul héritier son neveu qui s'empresse d'investir la maison inoccupée avec sa compagne. Le couple s'avère très vite infréquentable. Alors, quand un crime horrible ébranle le quartier, les coupables semblent tout désignés... Mais est-ce pour autant la vérité ?

Mon avis

Londres, un quartier tranquille où tous les habitants sont des gens bien sous tous rapports. Entraide, écoute, bonne ambiance, tout y est. Certains sont plus riches que d’autres mais ils n’en rajoutent pas, du moins pas en apparence. Parce que Naomi est parfois un tout petit peu méprisante avec sa belle-sœur Tess. Sous le prétexte qu’elle, elle travaille, elle demande beaucoup de service à Tess, mère au foyer. Sortir les chiens, garder les gosses et autres tâches peu reluisantes c’est Tess. Animer des rencontres entre voisins, créer le « Dimanche on joue dehors » où la rue du lotissement est fermé à la circulation, et les voitures garées à l’extérieur pour que les enfants s’amusent en toute sécurité, c’est pour Naomi, celle qui brille par ses bonnes initiatives et idées.

Tout se passe bien, les maisons sont bien cotés, le coin est connu, tout roule. Jusqu’au jour où l’habitante du numéro 1 décède. Son neveu et sa compagne s’installent dans la villa et font commerce de voitures, écoutent de la musique Heavy Métal jusqu’à tard, font des travaux bruyants et dangereux etc. Bref, c’est l’apocalypse et la fin du calme. Pour celle qui loue des chambres d’hôte en face du numéro 1, c’est carrément la catastrophe, c’en est fini des évaluations positives. Elle a beau être charmante, le contexte sonore et visuel ne donne pas envie de revenir ni d’encenser son logement.

Les relations se tendent avec ce couple qui vient d’arriver. Ils ne sont pas coopératifs, gênent tout le monde avec leurs nombreux véhicules disséminés ici ou là, ne baissent pas le volume sonore malgré la présence d’enfants, voire même de bébé de l’autre côté du mur. La coopération, c’est non, et ils vont jusqu’à insulter ceux qui les interpellent. Alors, c’est l’escalade. Personne ne veut céder entre les anciens « on est chez nous » et les deux nouveaux « on a le droit de … »

Le lecteur assiste à ces « enchères » et sent que ça va déraper malgré Naomi qui essaie de maîtriser les différentes situations difficiles. Et forcément, les drames s’enchaînent, ça part dans tous les sens, plus personne ne sait comment agir, chacun y allant de son idée, de ses conseils. Parfois ils oublient de se concerter, de s’écouter, de se mettre d’accord….

Alternant les points de vue des habitants du quartier avec des entretiens de ceux-ci faits par la police, l’intrigue avance assez lentement au départ, le temps de mettre en place tous les personnages, les liens qui les unissent plus ou moins sincères, avec leur lot de faux semblants, de mensonges, de non-dits, de rancœur cachée …. Dans la seconde moitié, les choses s’accélèrent avec plusieurs faits capables de déstabiliser le peu d’équilibre restant.

La grande force de Louise Candlish c’est de balayer chaque certitude établie. On pense avoir cerné tout ce qui se passe et hop, elle nous renvoie un petit truc et tout repart de zéro. J’aime beaucoup sa façon de faire parce que même à la dernière ligne, tout peut être retourné. L’auteur nous rappelle que tout finit par se savoir, qu’être témoin et transformer un peu la vérité s’avère parfois dangereux, que choisir qui on côtoie, où on habite pour ne pas se mêler aux autres n’est pas toujours une réussite …. Il suffit d’un grain de sable…. Et tout bascule …..

Un thriller domestique où on se méfie de ses voisins et même de ses amis…. Un livre prenant, à l’écriture plaisante (merci à la traductrice). 


"Article 353 du code pénal" de Tanguy Viel

 

Article 355 du code pénal
Auteur : Tanguy Viel
Éditions de Minuit (3 Janvier 2017)
ISBN : 978-2707343079
182 pages

Quatrième de couverture

Pour avoir jeté à la mer le promoteur immobilier Antoine Lazenec, Martial Kermeur vient d'être arrêté par la police. Au juge devant lequel il a été déféré, il retrace le cours des événements qui l'ont mené là : son divorce, la garde de son fils Erwan, son licenciement et puis surtout, les miroitants projets de Lazenec. Il faut dire que la tentation est grande d'investir toute sa prime de licenciement dans un bel appartement avec vue sur la mer. Encore faut-il qu'il soit construit.

Mon avis

Martial Kermeur a été licencié de l’arsenal de Brest où il travaillait depuis de nombreuses années. Il a touché une prime de licenciement qu’il a soigneusement mis de côté, éventuellement pour acheter un bateau, lui qui est passionné de pêche. Divorcé, il vit dans une petite maison à l’entrée d’un immense terrain où se trouve une grande maison bourgeoise, non habitée, appelée « le château » par les gens du coin.

Mais alors, qu’est-ce qui a pu pousser cet homme à jeter par-dessus bord Antoine Lazenec, un prometteur immobilier qui avait un beau projet pour la bourgade ? Le maire était pourtant tellement fier de cette idée qui allait donner un nouvel élan à son agglomération…

Après avoir été arrêté, c’est devant le juge que Martial Kermeur se confie, explique, développe ce qui l’a amené à un tel geste. Le juge écoute, pose peu de questions, essayant de comprendre. Parfois un regard échangé entre les deux hommes laisse supposer qu’ils se sont compris.

C’est dans un long monologue, avec des phrases étirées parfois, que l’homme vide son sac. Il s’attache aux faits, uniquement, sans omission pour dresser un tableau complet. Il reprend l’histoire, la sienne, celle de son couple, son quotidien avec son fils, Erwan, qui a observé les événements un à un, s’interrogeant, questionnant son père pour cerner les intentions, les choix…. Nous, on l’écoute, on ressent tout ce qu’il ressenti, l’espoir, la colère, le doute, la peur, la lassitude en se disant que plus rien n’est possible… Il a lancé ses dernières forces dans la bataille, il a tout tenté. Il est usé, vieilli avant l’heure, il parle, il parle. On sent que ça lui fait du bien parce qu’en face de lui, le juge tend l’oreille, et fait preuve d’attention. Cet homme seul, bien souvent isolé a enfin un interlocuteur. On sait qu’il a mal agi mais comme il le dit lui-même, tout est question de point de vue, tout aurait pu être différent …. Il a eu le temps de réfléchir et il analyse finement tout ce qu’il s’est passé.

J’ai trouvé ce roman original, bien pensé, réfléchi, super intéressant. Il entraîne plein de réflexions sur la culpabilité, les liens entre amis et dans la famille, la force du « baratin », les décisions et leurs conséquences, l’effet domino, etc.

L’écriture m’a beaucoup plu, c’est profond et puissant et la fin est exceptionnelle.


"La guerre d'Alan" d'Emmanuel Guibert

 

La guerre d’Alan 3
D’après les souvenirs d’Alan Ingram Cope
Auteur : Emmanuel Guibert (Dessins et textes)
Éditions : L'Association (5 Mars 2008)
ISBN : 978-2844142610
130 pages

Quatrième de couverture

Aux souvenirs du soldat américain Cope des années de l’après-guerre, mis en forme de façon plus époustouflante que jamais, s’articule une enquête que Guibert est allé faire en Allemagne sur les traces de son ami disparu.

Mon avis

Troisième et dernier tome de cette bande dessinée biographique. C’est la deuxième fois que je la lis et c’est seulement maintenant que je rédige mon avis.

On retrouve le soldat américain Alan Ingram Cope. La guerre se termine, il reste encore un peu en Europe avant de regagner les Etats-Unis. Il ne se sent pas bien là-bas et finit par revenir en France. Il explique ses rencontres, ses erreurs, ses joies, ses peines, ses coups de sang. C’est intéressant car on le voit vraiment évoluer jusqu’au moment où il décide d’assumer ses choix, d’être ce qu’il veut et mieux vaut tard que jamais !

« Je n’avais pas vécu la vie de la personne que je suis. J’avais vécu la vie de la personne qu’on voulait que je sois, c’est différent. »

Ce qui est impressionnant c’est qu’il a eu le désir de retrouver ceux qui ont croisé sa vie de soldat, de faire amende honorable lorsqu’il avait agi trop vite pour ne pas vivre avec des regrets, de revoir d’autres pour savoir ce qu’ils étaient devenus, en toute simplicité.

Dans ce numéro, il y a plus de texte que dans les deux autres, mais c’est tellement intéressant qu’on ne ressent aucune longueur. J’ai particulièrement apprécié ses réflexions sur l’amitié, la religion, la vie, les relations aux autres.

Les dessins sont en nuance de gris, certains dignes des meilleures photographies, ils servent de support au texte, parfois il n’y a pas de « fond », seulement les personnages. Quelques photos authentiques illustrent les propos d’Alan

C’est un roman graphique historique empli d’humanité, de délicatesse, comme Alan, comme l’auteur, comme la personne qui me l’a offert. On ressent de la sagesse à cette lecture et on voudrait que cette rencontre ne s’arrête pas. On pourrait écouter Alan pendant des heures et je comprends qu’ Emmanuel Guibert est tissé avec lui une amitié exceptionnelle avant de raconter son parcours.


"Le sang des immortels" d'Éric et Richard Le Boloc’h

 

Le sang des immortels
Auteurs : Éric et Richard Le Boloc’h
Éditions : Michel Lafon (24 Septembre 2009)
ISBN : ‎ 978-2749910826
277 pages

Quatrième de couverture 

Le jour de la rentrée de l’Académie française, l’écrivain François Plantin se donne la mort dans son bel habit vert. Pour le premier suicide sous la Coupole depuis 1635, le quai des Orfèvres dépêche sur place le commandant de police Hippolyte Marie-Rose. Les lambris de l’Institut, les conversations de gens de lettres, les ouvrages poussiéreux : voilà qui le change de sa Guadeloupe natale, des frasques judiciaires du braqueur Ferracci, et du tueur des Batignolles…
Mais contre toute attente, le commandant Marie-Rose se retrouve à mener la plus surprenante affaire de sa carrière. Des mœurs étranges ont cours dans cette vénérable institution : menaces, trahison, trafic, chantages… Après tout, depuis Richelieu, nul n’a jamais quitté vivant la vieille dame du quai Conti.
Et si le suicide de Plantin n’en était pas un ?

Quelques renseignements en plus 

Eric & Richard Le Boloc'h sont deux frères d’une quarantaine d’années. Le premier a une formation de comédien, le second a fait des études de droit. Ils fondent en 2001 une société audiovisuelle spécialisée dans la création d’interfaces DVD. Ensuite, ils concrétisent une envie qui les tenaille depuis longtemps : l’écriture.

Mon avis 

Je viens de terminer « Le sang des immortels ». Un roman de très bonne facture au vocabulaire soigné avec de jolis mots, pour en citer quelques uns : cacique, apostille etc…, aux phrases de qualité, bien construites. Un livre où tout est soigneusement dosé : une partie historique assez documentée, pas trop « lourde » pour ne pas lasser mais très intéressante et qui donne envie d’aller flâner sous la Coupole. Les frères Le Boloc’h disent s’être beaucoup renseignés avant d’écrire. D’ailleurs ce lieu a la part belle dans leur roman. On retrouve ainsi la bibliothèque Mazarine aux murs couverts d'ouvrages anciens, le long corridor des bustes...

Une enquête principale (le suicide de l’académicien) accompagnée d’autres recherches dans les bas fonds parisiens ce qui permet de « visiter » deux univers opposés (et à ce moment là, le langage s’adapte aux protagonistes rencontrés), des personnages hauts en couleurs avec des caractères bien déterminés, un rebondissement final surprenant (si on n’a pas lu la fin avant le début…) même s’il peut sembler un peu exagéré…. et en filigrane une petite histoire sentimentale. Au début du livre, la liste des personnages principaux et leur métier permet de reprendre pied si on s’égare.

Ce livre a un bon rythme, ni trop lent, ni trop rapide. On se prend à accompagner l’enquêteur principal dans Paris. On sent que les auteurs se sont appliqués et n’ont pas bâclé.

Ce n’est pas un thriller psychologique mais c’est malgré tout prenant sans pour autant parler d’une « ambiance ». C’est une bonne enquête, très « visuelle ».

Pour découvrir un peu de la mythique « Académie » », ce policier vaut le détour même s’il reste un livre que l’on peut qualifier de « grand public » (ce n’est pas si facile de se mettre à la portée de tous). Il pourrait aussi, être adapté en téléfilm.

À découvrir….


"Tu mens comme tu respires" d'Harriet Tyce (The Lies You Told)

 

Tu mens comme tu respires (The Lies You Told)
Auteur : Harriet Tyce
Traduit de l’anglais par Johan-Frédérik Hel Guedj
Éditions : Robert Laffont (9 novembre 2023)
ISBN : 978-2221218563
pages

Quatrième de couverture

Sadie aime sa fille et fera tout pour la protéger. Elle ne peut pas lui dire pourquoi ils ont dû quitter leur maison si rapidement, ou pourquoi le père de Robin ne les accompagnera pas à Londres. Elle ne peut pas lui dire pourquoi elle déteste être de retour dans la maison de sa mère décédée, avec ses murs couverts de lierre et ses souvenirs empoisonnés. Sadie veut juste remettre leur vie sur les rails. Mais même les mensonges avec les meilleures intentions peuvent avoir des conséquences mortelles...

Mon avis

Sadie a dû fuir son mari et les Etats-Unis avec sa fille, Robin. Elle s’est installée à Londres dans la maison de sa mère décédée où elle a elle-même habité. C’est une condition si elle veut hériter … Ce n’est pas la seule, Robin doit aller dans l’école où a été scolarisée sa maman. Ce n’est pas un lieu qui lui a laissé de bons souvenirs mais pas le choix…. D’autant plus qu’elle n’a pas de travail, donc pas de revenus.

Leur vie s’organise mais elles sont toutes les deux mal accueillies par les parents et les élèves. Que de sarcasmes, de moqueries, de souffrance… Elles s’accrochent et essaient de faire face. On sent une ambiance de compétition, de jalousie…. En parallèle, Sadie récupère un emploi d’avocate junior, pas toujours compatible avec les horaires de sortie de classe. Comment s’organiser et équilibrer l’emploi du temps ? Le procès qui s’annonce est-il la bonne solution pour se refaire connaître dans le milieu et repartir d’un bon pied ?

Tout au long du récit, le lecteur s’interroge sur les personnages. Certains semblent fourbes, ils n’ont pas toujours la même attitude par rapport aux autres. C’est assez déstabilisant. On ne sait pas qui croire, que croire….

J’ai lu ce roman en me demandant vraiment où l’auteur allait m’emmener. La fin aurait pu être plus développer mais globalement c’est bien ficelé, bien pensé. L’écriture (merci au traducteur) est assez fluide. Il y a des rebondissements pour maintenir notre intérêt.

Une lecture plaisante mais pas exceptionnelle.


"Une belle vie" de Virginie Grimaldi

 

Une belle vie
Auteur : Virginie Grimaldi
Éditions : Flammarion (3 Mai 2023)
ISBN :978 2080423719
386 pages

Quatrième de couverture

Agathe et Emma Delorme sont soeurs. Elles ont grandi l’une contre l’autre, mais sont pourtant très différentes. Depuis le jour de sa naissance, Agathe, la plus jeune, bordélique et ardente, prend toute la place dans le bain, dans la chambre et dans le coeur d’Emma. Après cinq ans d’un silence inexpliqué, Emma donne rendez-vous à Agathe dans la maison de vacances : Mima, leur grand-mère adorée, n’est plus, il faut vider les lieux et faire le tri dans les souvenirs. Les sœurs Delorme ont une semaine pour tout se dire et rattraper le manque de l’autre, avant l’arrivée des nouveaux propriétaires. Parviendront-elles à réparer le passé ?

Mon avis

C’est parce que leur grand-mère adorée est décédée qu’Emma et Agathe se retrouvent. Les deux sœurs n’ont pas eu de contact pendant cinq ans. Sur l’invitation de l’une d’elle, elles se rendent dans la maison de leur mamie qui va être vendue. Un séjour d’une semaine. Vont-elles renouer des liens, se parler, se taire, rire et pleurer ensemble malgré ces années de silence ? Est-ce qu’on peut tout gommer ? Repartir à zéro en faisant comme si ?

Avec une plume agréable et fluide, l’auteur nous permet de faire connaissance avec les deux frangines, de mieux comprendre leur cheminement, de cerner pourquoi elles en sont là aujourd’hui. La place de chaque membre de la famille, les relations tissées sont soigneusement exploitées et présentées. Certains personnages s’oublient pour mieux protéger ceux ou celles qu’ils aiment. On voudrait leur crier de se préserver….

On alterne les points de vue d’Emma et d’Agathe dans le passé et le présent. Cela fait « quatre narrateurs », deux jeunes à différents âges et les mêmes dans le présent. J’ai trouvé que cela donnait moins de linéarité au récit, il faut toujours regarder la date et qui parle, ça coupe un peu. Et de ce fait, j’ai eu le sentiment de lire quelque chose d’un peu haché.

Cela reste un roman plaisant mais la construction ne m’a pas totalement convaincue.


"Le prix de la peur" de Chris Carter (The Executioner)

 

Le prix de la peur (The Executioner)
Auteur : Chris Carter
Traduit de l’anglais par Bernard Clément
Éditions Les Escales (8 Mars 2012)
ISBN : 978-2365690164
441 pages

Quatrième de couverture

Quelques jours avant Noël, clans une église de Los Angeles, le cadavre d'un prêtre est retrouvé sur les marches de l'autel. Sa tête a été remplacée par celle d'un chien. En charge de l'enquête, le détective Rob Hunter découvre qu'un cauchemar récurrent hantait le religieux : qu'on le décapite... Bientôt, les cadavres s'accumulent. Noyée ou brûlée vive, chaque victime meurt de la façon qu'elle redoutait le plus. Comment le tueur pouvait-il connaître leur pire angoisse ? Quel lien unit ses proies ? De qui le serial killer cherche-t-il à se venger ? Pour Rob, c'est le début d'une traque infernale au cœur de la jungle urbaine de la Cité des Anges, à la poursuite d'un tueur déterminé à faire payer le prix fort à ses victimes, le prix de la peur.

Biographie de l'auteur
 

Né au Brésil, d'origine italienne, Chris Carter a travaillé au bureau du procureur du Michigan comme psychologue criminologue. C'est là qu'il a pu étudier de nombreux serial killers. Il vit aujourd'hui à Londres, où il se consacre à l'écriture. Après La Marque du tueur, Le Prix de la peur est son deuxième roman publié en France.

Mon avis 

Peur : nom commun, féminin … La peur est-elle si « commune » ?

« Tout le monde a peur de quelque chose. Pas forcément une peur panique, mais si on creuse assez profond on découvre que chacun de nous redoute viscéralement quelque chose…. »

Vous, c’est quoi ?
Rien ? Pas grand chose ? Bien sûr, il est plus aisé de faire « comme si… », comme si rien ne nous touchait, comme si rien ne pouvait nous briser, nous anéantir par la peur ….
On a tous, tapies au fond de soi, une peur, des peurs, des angoisses … On s’applique à les oublier, à les éviter, à les dominer, à les esquiver pour que jamais elles ne nous rattrapent …

Le tueur de l’ombre, dans ce roman, a décidé, de faire vivre à chacune de ses victimes, leur peur jusqu’au bout. Repoussant les limites du supportable, tant pour les personnes qu’il prend pour cibles que pour nous, pauvres lecteurs, les poils hérissés de tant d’horreur et résignés à tourner les pages de plus en plus vite, ventre noué, en espérant un mieux …. En souhaitant que les policiers comprennent au plus vite le mécanisme particulier de l’esprit tourmenté de celui qui ne tue pas au hasard, qui semble connaître parfaitement ses proies, choisies avec soin ….

Je ne sais pas si c’est lorsqu’il a travaillé au bureau du procureur du Michigan comme psychologue criminologue, que Chris Carter est allé chercher l’inspiration, mais son intrigue est diablement bien ficelée. Les terreurs des souffre douleurs sont exploitées sous différentes formes et vous entraînent au plus profond de la souffrance. Il a eu l’intelligence de ne pas tomber dans le « gore » pour les différentes scènes de crime. Les faits, horribles, terribles, sont là et la description au scalpel suffit à vous donner la chair de poule. Et cela rajoute à la force du roman, car l’imaginaire prend le relais, fait le reste et tout cela vous hante.
Les livres, qui continuent à vivre en vous lorsque vous les posez, sont rares. Celui-ci en est un. Comme Hunter et Garcia, les policiers menant l’enquête, j’ai gardé chaque détail, chaque indice en mémoire, cherchant, avec eux, à exploiter chaque piste, ne voulant rien abandonner sans aller jusqu’au bout. Ces deux hommes, n’obéissent pas toujours aux codes dictés par leurs supérieurs. Parfois, ils laissent leur instinct, leur intuition, prendre le dessus mais aussi, ils réfléchissent, auscultent minutieusement chaque indication, en se disant que, peut-être, quelque chose va surgir, les menant sur une voie à laquelle ils n’ont pas pensé.

La traduction de Bernard Clément est de très bonne qualité, on pourrait sans peine croire que le français est la langue dans laquelle a été écrite ce polar. Félicitations à lui car l’exercice ne doit pas être facile.

L’écriture est fluide, pesée avec sobriété, je dis bien « pesée », en ce sens où chaque mot est à sa place, sobrement, mais tout à fait percutant pour le lecteur.
Au-delà de l’analyse des faits, des actes que les enquêteurs dissèquent, il y a la recherche des raisons profondes qui peuvent pousser un homme à agir ainsi, à chercher le mal pour le mal, comme s’il n’avait plus rien à perdre.

L’auteur nous emmène habilement de ci delà, à la suite des uns ou des autres.
Monica/ Mollie, qui va se retrouver, bien malgré elle, mêlée à tout cela, est « un plus » dans une histoire qui aurait pu sembler « linéaire ». Elle apporte une touche de surnaturel assez légère et permet de faire évoluer la situation l’air de rien.
Hunter, un des hommes qui mène l’enquête, a un caractère intéressant, son personnage pourra être creusé un peu plus au fil des romans s’il devient récurrent.
Quant aux autres protagonistes, ils sont tous très bien décrits mais cela je vous le laisse découvrir !

NB : Amateurs de bons romans policiers, foncez !!!

"Au loin, quelques chevaux, deux plumes…" de Jean-Louis Milesi

 

Au loin, quelques chevaux, deux plumes…
Auteur : Jean-Louis Milesi
Éditions : Presses de la Cité (12 Janvier 2023)
ISBN : 978-2258204324
482 pages

Quatrième de couverture

Juillet 1900. Le bourgeois Edward Sheriff Curtis quitte sa famille et son studio de Seattle pour une expédition dans le Nebraska, rêvant de la photographie qui le rendrait mondialement célèbre. Au milieu de nulle part, il est attaqué et dépouillé par des bandits. Étrangement, à cause d'une image échappée de son portefeuille, Curtis a la vie sauve. Encore plus étrange, le bandit qui l'a épargné l'entraîne avec lui dans un long et dangereux périple.

Mon avis

« Une photographie […] C’est redonner naissance. »

Jean-Louis Milesi est un excellent scénariste. Le film d’animation Josep, les collaborations avec Robert Guédiguian (Marius et Jeannette, Marie-Jo et ses deux amours etc), c’est lui. Egalement écrivain, « Au loin, quelques chevaux, deux plumes… » est son deuxième roman.

Dans ce récit, mêlant avec intelligence réalité et fiction, il revient sur l’histoire d’Edward Sheriff Curtis (1868-1952), l’homme qui a photographié des centaines d’indiens en leur donnant vie et leur rendant hommage. Il a montré très tôt que les appareils photos, qui commençaient à être utilisés, l’intéressaient. Il voulait faire de beaux clichés, expressifs, réalistes, et c’est vrai qu’ils sont magnifiques.



Le livre commence avec des indiens en 1862, on fait connaissance avec l’un d’eux. Puis on bascule dans une famille de « blancs » où un jeune garçon se prend d’intérêt pour la photo. Lorsqu’il devient adulte, il est plutôt connu. Un jour, il décide de s’éloigner de sa femme et de ses enfants pour aller faire des clichés d’étourneaux et d’indiens pour la danse du soleil. Les indiens commencent à être parqués dans des réserves, les traditions vont se perdre et en agissant ainsi, il pense laisser une trace de leur histoire. Un petit mois d’absence, ça devrait vite passer… Mais rien ne se déroule comme prévu. Il est dépouillé, blessé et ne doit son salut qu’à un drôle de cow-boy taiseux qui s’occupe de lui. Pas vraiment libre de ses mouvements, il est obligé de le suivre… Une amitié improbable se noue entre ces deux hommes qui n’auraient jamais dû se rencontrer. Quand on fait preuve d’humanité, on finit toujours par se comprendre.

Le texte est réparti en quatre parties d’inégale longueur, dans lesquels des faits sont présentés. Les dates ne sont pas toujours linéaires et elles sont chaque fois précisées ainsi que le lieu. Le lecteur se repère sans problème.

Quelques événements historiques sont introduits dans l’intrigue. Et d’autres sont inspirés de situations réelles. L’auteur s'est énormément documenté, renseigné, il revient sur certains massacres injustes, sur les filles indiennes arrachées à leur famille, pour devenir de bonnes chrétiennes dans des conditions déplorables. Il imagine que le voyage qu’il décrit a donné naissance à la vocation de Curtis. 

Les extraits de poèmes de Mary Gates sont superbes!

Cette lecture a été très agréable. J’aime les indiens, j’aime découvrir de nouveaux opus parlant d’eux. L’écriture est fluide, prenante. Il se passe toujours quelque chose. Le temps passe et le regard de Curtis évolue. Il sent et comprend mieux les choses. On peut alors imaginer que son approche de ces ethnies, qu’il voulait figer dans le temps avec son matériel, n’est plus celle des premiers jours. Il observe, enregistre, agit et devient un autre homme.

Même si Jean-Louis Milesi n’a pas écrit une biographie, il fait revivre Edward Sheriff Curtis et nous rappelle ses expositions, sa passion qui ont permis à des tribus malmenées de rester vivantes en photos, des années après.


"Il était une fois un clap" de Michel Wyn

 

Il était une fois un clap
Auteur : Michel Wyn
Éditions : Kyklos (2 Décembre 2013)
ISBN : 978-2918406334
230 pages

Quatrième de couverture


Le clap du tonton machiniste est à l'origine des Chocolats de Novossibirsk, un film que deux fondus de cinéma veulent essayer de faire vivre en dépit des multiples pièges posés par « les professionnels de la profession ». Une épopée hilarante qui, de clap en clap, va peut-être les conduire à l'aboutissement de leur rêve...

Mon avis

CLAP !
Un clapiste doit être rapide et économe. Il ne doit pas « claper » trop fort car il déconcentre le comédien. S’il est trop mou, ce n’est pas mieux, l’acteur ne sera pas prêt car le signal manquera de clarté…
Vu de loin, on s’imagine que clapiste, c’est facile « clap de début, clap de fin »…Mais pas du tout, clapiste c’est tout un art (normal on est déjà au septième), tout un rythme à trouver…. C’est comme ça qu’on rentre dans le livre, par le clap …comme dans un film mais…..

SILENCE !

Chut, plus un mot, plus un commentaire… Regardez les images défiler sous vos yeux car c’est de cela qu’il s’agit : une écriture visuelle qui vous entraîne dans le monde du cinéma. Dans celui des hommes férus de bobines, de films, de personnages, d’acteurs, d’actrices…. L’univers des amitiés improbables qui donnent le sourire, des personnages attachants parce que volontaires, toujours heureux même quand ça ne va pas trop bien….

MOTEUR !
Les chapitres s’enchaînent sans temps mort, ça se déroule là sous vos yeux, comme si vous y étiez. C’est vivant. L’auteur, lettré, glisse des connaissances sans en rajouter et vous, vous apprenez….. Deux hommes, qui n’auraient jamais dû faire connaissance se retrouvent sur le même plateau de jeu avec des questions sur le cinéma… L’un gagne, l’autre perd… L’histoire aurait pu s’arrêter là mais les voilà qui mettent en commun leur argent, leurs idées, leur envie, leur enthousiasme pour réaliser un court ou un long métrage, le projet de toute une vie…. Facile ? …..Non, pas tant que ça…..

ACTION !
Oui, il y a de l’action, des rebondissements, des obstacles et on ne s’ennuie pas à suivre notre groupe de protagonistes. Ils ont le caractère trempé de ceux à « qui on la fait pas », qui ont souffert parfois mais gardé la tête droite, la passion chevillée au corps. Celle qui fait dire que, tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir et que « pourquoi pas ? »….. Alors, nous spectateurs des premiers jours, on les suit, on ne les lâche pas, on les accompagne dans chaque démarche, dans chaque rencontre. On espère avec eux, on proteste avec eux, on « vibre » avec eux…
Leur belle dynamique nous fait rêver….

COUPEZ !!

Le mot « Fin » est là, la dernière page est tournée mais arrivera un jour où Michel Wyn reviendra …. Et là….CLAP …. TOURNEZ…….


"L'énigme d'Isolabona" de Maroushka Dobelé

 

L’énigme d’Isolabona
Auteur : Maroushka Dobelé
Éditions : du Volcan (8 Décembre 2022)
ISBN : 9791097339180
212 pages

Quatrième de couverture

Trois adolescents, Lou, Ludo et Léa Bienaymé, arrivés dans un village de montagne, ils pénètrent dans une curieuse maison, s’y perdent et par le plus grand des hasards franchissent le seuil d’un autre monde où, certaines nuits de pleine lune, s’élève au pied d’une tour la mélodie envoûtante d’une harpe...La sublime Paolina et son frère, l’énigmatique Gianni, les accompagneront dans cette nouvelle aventure.

Mon avis

Les parents de Lou, Ludo et Léa, trois adolescents d’une même fratrie, les envoient en Italie sans trop d’explications. Ils savent qu’ils seront accueillis par des amis de la famille, avec qui ils vont faire connaissance. C’est en Ligurie qu’ils arrivent et personne ne les attend….C’est assez déstabilisant et surtout guère rassurant. D’autant plus que le village semble un peu désert, mal éclairé…les jeunes ne sont pas très à l’aise.

Ils finissent par rencontrer quelqu’un qui les emmène dans une maison où ils s’installent. Ce n’est pas l’idéal mais c’est mieux que rien. Dès les premiers instants dans cette habitation, particulièrement biscornue et originale, d’étranges événements se produisent. Ludo a parfois un comportement surprenant et ses sœurs ne comprennent pas pourquoi, en plus il n’explique rien. Les gens qui les croisent ont des attitudes marginales.

Que se passe-t-il ? Les amis ne disent rien mais semblent avoir quelques éléments en main. La collaboration entre italiens et français n’est pas fluide et on a le sentiment que tous sont sans cesse en alerte, se méfiant de tout le monde. La demeure où ils se sont posés paraît hantée. Un monde parallèle s’ouvre à eux. Rêve, cauchemar ou réalité ?

Le lecteur suit avec intérêt les péripéties de cette aventure, en se demandant bien comment tout cela va évoluer. L’atmosphère est parfaitement retranscrite ainsi que les lieux évoqués. C’est prenant et bien adapté pour des collégiens qui auront du plaisir à accompagner les personnages.


"Un plat qui se mange froid" de Catherine Aubry

 

Un plat qui se mange froid
Auteur : Catherine Aubry
Éditions : Paulo-Ramand (11 Septembre 2015)
ISBN : 978-2754304412
190 pages

Quatrième de couverture

Quand les femmes maltraitées se rebiffent, cela peut devenir sanglant ! Ou comment une veuve de fraîche date vient en aide à sa voisine en butte à l'agressivité de son compagnon violent avant de rencontrer celle qui deviendra son mentor et qui n'en est pas à son coup d'essai !

Mon avis

Un plat délicieux….

Dès les premières lignes, j’ai été conquise par le style et l’expression de l’auteur. Désuète, raffinée et pleine d’humour,  son écriture est un régal.
- Mon cher Maître, l’interrompit Edith d’un ton patelin, […..]
- Madame, s’exclama-t-il, comment pouvez-vous ajouter foi à de telles billevesées  [….]

Elle est corrélation profonde avec le personnage principal, cette femme, appelée Marie, qui après avoir subi trop pendant de très nombreuses années, décide de prendre sa vie en main avec maestria, tout en restant égale à elle-même : discrète, élégante, à l’écoute des autres.

Cette histoire est originale tant par le contenu (qui, avec du recul, pourrait sembler peu moral, mais présenté ainsi paraît être, bien entendu, la seule et véritable solution)  que par la présentation des faits et le vocabulaire employé. Légèrement suranné mais manié avec une maîtrise parfaite, il enchante le lecteur.

De plus, aborder de cette façon le grave sujet des femmes maltraitées relève d’un défi qu’il n’était pas facile de réussir sans tomber dans des excès plus ou moins lourds. Or, il n’en est rien. Que ce soit lorsque la  narratrice « parle », ou lorsqu’on lit des extraits du blog qui est cité dans le roman (et dont je ne dirai rien), le phrasé est particulièrement en phase avec ce qui est présenté.

L’auteur manie donc la langue française avec doigté, intelligence et finesse.
L’illustration de la première de couverture qui lors d’un premier regard m’a donné une impression vieillotte, établit un clin d’œil avec un moment précis de l’intrigue et de ce fait, est parfaitement adaptée.

C’est donc un opus que j’ai beaucoup apprécié et qui m’a agréablement surprise. Un auteur à suivre….


"Personne" de Gwenaëlle Aubry

 

Personne
Auteur : Gwenaëlle Aubry
Éditions : Mercure de France (27 Août 2009)
IBN : 9782715229297
172 pages

Quatrième de couverture


Personne est le portrait, en vingt-six angles et au centre absent, en vingt-six autres et au moi échappé, d'un mélancolique. Lettre après lettre, ce roman-abécédaire recompose la figure d'un disparu qui, de son vivant déjà, était étranger au monde et à lui-même. De " A " comme " Antonin Artaud " à " Z " comme " Zelig " en passant par " B " comme " Bond (James Bond) " ou " S " comme " SDF ", défilent les doubles qu'il abritait, les rôles dans lesquels il se projetait. Personne, comme le nom de l'absence, personne comme l'identité d'un homme qui, pour n'avoir jamais fait bloc avec lui-même, a laissé place à tous les autres en lui, personne comme le masque, aussi, persona, que portent les vivants quand ils prêtent voix aux morts et la littérature quand elle prend le visage de la folie.

Mon avis

J'ai beaucoup aimé ce livre. Gwenaëlle Aubry par des chapitres sous forme d'abécédaire nous entraîne avec elle pour comprendre comment la psychose maniaco dépressive de son père l'a fait sombrer vers la schizophrénie et l'a emmené vers d'autres rivages, ceux de la folie. Sans doute, par cet exercice d'écriture est-elle partie à la recherche de son père, d'explications. Les chapitres où se mêlent ses remarques personnelles et les écrits de son père, lui ont peut-être servi de thérapie. C'est émouvant, bien, écrit, pas trop long, pas larmoyant. C'est une sorte de portrait de cette part d'ombre que portait son père et qu'elle n'a pas toujours compris. À travers cet abécédaire, elle essaie de comprendre comment cet homme, son père, a pu renoncer à une brillante réussite sociale pour devenir...personne....


"Talk Talk" de T. C. Boyle (Talk Talk)

 

Talk Talk (Talk Talk)
Auteur : T. C. Boyle
Traduit de l’anglais par Bernard Turle
Éditions : Grasset (5 Septembre 2007)
ISBN : 978-2246702719
450 pages

Quatrième de couverture

Chacun d’entre nous est sommé, tous les jours et à tout propos, de décliner son identité. Et comment prouver sa bonne foi, quand personne ne vous croit, quand personne ne comprend ce que vous dites et quand tout le monde vous prend pour un redoutable escroc recherché aux quatre coins de l’Amérique ? Tel est le cauchemar dans lequel est plongée Dana, victime d’un crime aussi violent que sournois : le vol d’identité.

Mon avis

Prouver son identité, c’est facile lorsqu’on a ses papiers et que l’on peut dialoguer avec la personne qui nous interroge, n’est-ce pas ?

Dana est une jeune femme qui vit en couple, enseignante auprès d’élèves malentendants car elle-même est sourde. Un jour, elle fait une erreur de conduite et la police l’interpelle. Le cauchemar commence. Elle n’entend pas les demandes des hommes qui l’ont arrêtée. Ils s’imaginent qu’elle veut se rebeller…. Il faudra attendre longuement avant de pouvoir être comprise. Quant à avoir un ou une interprète…. Ce n’est pas immédiat.

Une fois la communication établie, Dana apprend qu’elle est recherchée pour de nombreux délits. Elle comprend alors que quelqu’un a volé son identité. Elle peut rentrer chez elle mais avec son compagnon, ils réalisent que c’est à eux d’agir car les enquêteurs sont débordés.

Une course poursuite à travers le pays commence avec toutes les difficultés qu’ils peuvent rencontrer.

J’ai lu ce roman car Dana est sourde et je voulais voir comment serait abordé ce handicap. Dana ne se sent pas différente, comme beaucoup de personnes sourdes, elle considère qu’elle appartient à une communauté. Est-ce que c’est l’attitude de ceux qu’elle rencontre qui la met à part ?

L’intrigue en elle-même est moins intéressante car elle aurait pu être plus courte ou plus longue (en rajoutant des obstacles). Ce n’est pas captivant.

Par contre, je reconnais que l’auteur a bien « étudié » et réfléchi sur la condition des sourds et que son propos est bien pensé.

L’écriture ne m’a pas paru fluide, est-ce dû à la traduction ? L’idée de départ est bonne mais ce récit manque de profondeur, dommage.


"Mauvaise foi" de Maurice Gouiran

 

Mauvaise foi
Auteur : Maurice Gouiran
Éditions : M + (15 juin 2023)
ISBN : 978-2382111581
300 pages

Quatrième de couverture

Rien ne va plus pour Clovis Narigou, mis en examen pour le meurtre d’un certain Sócrates. Et ce n’est guère mieux pour Emma, à la poursuite du fantomatique tueur de prostituées qui ne laisse ni trace ni dépouille sur son passage.

Mon avis

Dans ce nouveau roman de Maurice Gouiran, on retrouve Clovis Narigou, un personnage récurrent. Il est journaliste à ses heures, enquêteur parfois et il a un troupeau de chèvres. Il habite une belle bâtisse dans la garrigue et va au village voisin retrouver régulièrement ses amis. Il aime son quotidien calme pimenté par les visites de sa chérie. Son amoureuse régulière est Emma, capitaine de gendarmerie, un brin punkette, pas du tout d’un style classique, ce qui est surprenant pour un tel métier. Ces deux-là aiment les causeries et plus si affinités (et surtout plus d’ailleurs) au coin du feu, devant la cheminée de Clovis. Ils collaborent lorsque l’un (plutôt l’une) ou l’autre est confronté à une situation qui pose question.

Un jour où Clovis retrouve ses potes à l’apéro au café du bourg, un homme, Sócrates, demande à lui parler. Il est un peu bizarre mais comme ils finissent par discuter foot, Clovis l’écoute. Rendez-vous est pris pour se voir sans témoin chez Sócrates qui veut expliquer le pourquoi de la rencontre. Lorsque Clovis y va, il est face à un cadavre. Il lui sera nécessaire de se dépatouiller (il est soupçonné de meurtre) afin de partir à Rome pour un article qu’il doit écrire. Il veut également se renseigner sur le macchabé car il se demande bien pourquoi celui-ci l’a interpelé.

Pendant ce temps, Emma mène l’enquête. Des prostituées disparaissent et ne donnent plus de nouvelles. La plupart ont dit aux copines avoir été approchées par un client qui paie bien. Emma doit obtenir des résultats au plus vite pour stopper l’hécatombe, elle a la pression. Alors forcément, pas bien le temps de traîner avec Clovis, et puis basta, il est parti en Italie.

Ces deux-là, chacun de leur côté font au mieux pour décrypter les situations qui leur posent problème. Ils restent en contact, quand cela est possible, surtout pour Emma, bien débordée. Elle avance, l’étau se resserre autour de plusieurs coupables éventuels mais les preuves manquent ainsi que le motif. Petit à petit les choses se décantent, Clovis peut lui filer un coup de main. Leur binôme est discret et assez efficace.

Les protagonistes sont plutôt bien décortiqués. On comprend la complexité de leur caractère. Mais rien n’excuse l’attitude répugnante de certains d’eux.

J’ai vraiment apprécié cette nouvelle aventure, bien ficelée, avec deux intrigues qui se croisent. De nombreux thèmes sont abordés, notamment le rôle obscur qu’ont pu jouer certains prélats des églises. L’omerta était de mise et difficile de les confondre….

L’écriture vive de Maurice Gouiran est plaisante. Il a toujours un peu d’humour et n’hésite pas de temps en temps à apostropher le lecteur. On se sent concerné, comme si on était au cœur du livre. Les rebondissements, les indices, arrivent au bon moment. Ils relancent notre intérêt (mais le mien n’avait pas baissé, j’avais envie de comprendre, de savoir).

Ce récit amène plusieurs interrogations sur le poids et l’influence du passé, la place de la religion, la puissance de ceux qui gouvernent les congrégations, etc.  Dans certains cas, c’est toujours d’actualité et bien sûr, c’est révoltant.

Si vous ne connaissez pas cet auteur, n’hésitez pas. Chaque recueil peut être lu indépendamment même s’il est toujours intéressant de voir l’évolution des individus au fil du temps.


"L’homme qui m’aimait tout bas" d'Éric Fottorino

 

L’homme qui m’aimait tout bas
Auteur : Éric Fottorino
Éditions : Gallimard (17 avril 2009)
ISBN : 978-2070124633
170 pages

Quatrième de couverture

"Mon père s'est tué d'une balle dans la bouche le 11 mars 2008. Il avait soixante-dix ans passés. J'ai calculé qu'il m'avait adopté trente-huit ans plus tôt, un jour enneigé de février 1970. Toutes ces années, nous nous sommes aimés jusque dans nos différences. Il m'a donné son nom, m'a transmis sa joie de vivre, ses histoires de soleil, beaucoup de sa force et aussi une longue nostalgie de sa Tunisie natale. En exerçant son métier de kinésithérapeute, il travaillait "à l'ancienne", ne s'exprimait qu'avec les mains, au besoin par le regard. Il était courageux, volontaire, mais secret : il préféra toujours le silence aux paroles, y compris à l'instant ultime où s'affirma sa liberté, sans explication. "Ce sont les mots qu'ils n'ont pas dits qui font les morts si lourds dans leur cercueil", écrivit un jour Montherlant. Mais il me laissa quand même mes mots à moi, son fils vivant, et ces quelques pages pour lui dire combien je reste encore avec lui."

Mon avis

« Il est d’autant mieux devenu mon père que, de toutes mes forces et de toutes mes peurs, j’ai voulu devenir son fils. » « Il m’a appris la vie.»

Ce livre a été écrit par Éric Fottorino, en hommage au père qui l’a élevé. Il vient d’ailleurs de publier

« Questions à mon père » où il parle de son père biologique. (

D’ailleurs peut-on dire « en hommage » ? Je n’en suis pas si sûre …

En effet, ce livre ressemble plus au questionnement personnel d’Éric Fottorino et aux différentes étapes que ce décès implique :
-accepter la mort
-regarder le mort
-aller chez le mort
-parler au passé alors que dans le présent, tout nous parle de celui qui n’est plus là…

Les questions lancinantes, se bousculent de chapitres en chapitres : pourquoi, qu’a-t-il fait juste avant, a-t-il pensé à moi, pourquoi n’ai-je rien vu rien senti, etc … et la plus douloureuse : aurais-je pu empêcher cela ?

À travers tous ces chapitres qui vont de la taille d’une page à plusieurs pages, on peut sentir qu’Éric Fottorino se demande si son père n’a pas choisi son « dernier acte d’homme libre ».

Diminué par une attaque cérébrale, presque ruiné, il ne voulait peut-être pas laisser la vieillesse l’approcher.

Éric Fottorino regrette d’avoir oublié de parler, d’être resté, par facilité, « en surface » … Après, c’est trop tard, il nous reste les questions … et les questions, il faut vivre avec ….

L’écriture est pudique, tendre, toute en retenue (voulue ou pas ?), quelques clins d’œil à leur histoire personnelle (Éric avait pensé, un temps, être kiné, comme son père adoptif mais finalement il parle souvent de lui dans ses livres à travers ses personnages masculins ….), quelques souvenirs … Cela reste assez léger.

C’est facile à lire bien qu’il n’y ait pas de dialogues.

Finalement Éric Fottorino a écrit pour laisser une trace de son père, pour essayer de comprendre, pour descendre au fond du gouffre mais, comme il le dit, rien n’est éludé, rien élucidé … Son père gardera à jamais sa part obscure et lui gardera ses questions …

NB : en bas de la page 90, l’évocation du titre, magnifique de poésie.

"Tu m'aimais tout bas, sans effusion, comme on murmure pour ne pas troubler l'ordre des choses. Tu m'aimais tout bas, sans le dire, sans éprouver le besoin d'élever la voix. C'était si fort- la force de l'évidence- que tu ne l'aurais pas crié sur les toits."

"Vingt -cinq depuis Monogaga" d'Yves Raffin

 

Vingt -cinq depuis Monogaga
Auteurs : Yves Raffin & Marie-Françoise Zou-Raffin
Éditions : au Pluriel (29 Juin 2023)
ISBN : 978-2-492598-11-1
128 pages

Quatrième de couverture

Monogaga, une plage de la Côte d’Ivoire, est le témoin d’un amour avec un grand A, premier amour pour Yves Raffin. Entre roman et réalité́, Yves et Marie-Françoise se dévoilent avec finesse, douceur et bienveillance.

Mon avis

Un premier amour, c’est inoubliable. C’est celui qui vous construit, qui vous donne des ailes, vous porte et vous emporte…. Yves Raffin partage le sien avec nous. Coopérant en Côte d’Ivoire, son regard a croisé celui de Marie-Françoise. Il a tout de suite su, compris que c’était elle et que les sentiments étaient réciproques.

Premiers émois, premiers balbutiements, suivis d’une première séparation et d’échanges de lettres (et télégrammes, à l’époque, les téléphones portables n’existaient pas) que l’auteur nous offre. On sent leur relation qui s’installe, qui grandit… Le chemin est tout dessiné. Mais dans la vie, tout ne se déroule pas toujours comme prévu…. Yves se confie à nous, pour laisser une trace, et permettre à sa famille d’en savoir plus sur leur couple.

Ce récit, mélange de fiction et de roman, est une ouverture sur la vie. Celle qu’on souhaite, celle qu’on a. Elle est faite de rencontres, d’aléas, de tous un tas d’émotions, de sentiments. On ne maîtrise pas tout, on souffre parfois et il faut se relever et avancer. Beaucoup d’événements se succèdent et se sont eux qui forgent le destin.

Avec beaucoup de délicatesse, une écriture toute en douceur, l’auteur fait vivre Marie-Françoise sous nos yeux. Le quotidien, les pensées, tout est présenté avec réalisme. Il rend hommage vibrant à cette femme et on comprend qu’elle l’accompagne tout le temps. Elle est présente en lui.

"Seul le silence" de R. J. Ellory (A Quiet Belief in Angels)

 

Seul le silence (A Quiet Belief in Angels)
Auteur : R. J. Ellory
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Fabrice Pointeau
Éditions : Sonatine (21 Août 2008)
ISBN : ‎ 978-2355840135
510 pages

Quatrième de couverture

Joseph Vaughan, écrivain à succès, tient en joue un tueur en série, dans l'ombre duquel il vit depuis bientôt trente ans. Joseph a douze ans lorsqu'il découvre dans son village de Géorgie le corps horriblement mutilé d'une fillette assassinée. La première victime d'une longue série qui laissera longtemps la police impuissante. Des années plus tard, lorsque l'affaire semble enfin élucidée, Joseph décide de changer de vie et de s'installer à New York pour oublier les séquelles de cette histoire qui l'a touché de trop près. Lorsqu'il comprend que le tueur est toujours à l'œuvre, il n'a d'autre solution pour échapper à ses démons, alors que les cadavres d'enfants se multiplient, que de reprendre une enquête qui le hante afin de démasquer le vrai coupable

Mon avis

Lorsqu’on tourne la dernière page de ce livre, on reste assis un long moment, comme hébété, habité par le contenu saisissant de ce roman, l’écriture « coup de poing » de son auteur.

Tout au long des pages on voit grandir un enfant, il se pose des questions, il est tourmenté, il est tellement mal parce que son vécu va « au-delà du malheur » ... on voudrait pouvoir l'aider, lui dire: "laisse toi aller, dis ce qui ne va pas …" mais on ne peut pas...Alors on l'accompagne dans sa quête folle, dans ses démarches qui se retournent parfois contre lui ... Je crois pouvoir écrire que l'on souffre avec lui ... et de ce fait ... on ne ressort pas tout à fait indemne de cette lecture ... ou du moins pas indifférent.....

Bien sûr, parfois, on trouve que c’est « un peu trop », qu’il est difficilement envisageable que tant d’horreurs s’abattent sur une même et seule personne … Pourtant lorsqu’on se penche un tant soit peu sur l’histoire personnelle de R.J.Ellory, on s’aperçoit que pour lui « la vie n’est pas un long fleuve tranquille ». Cet homme a une importante « part d’ombre », une approche particulière de la solitude (orphelinat, prison), des expériences qui l’ont marqué au « fer rouge ». Il cite d’ailleurs avant de commencer son livre, Cynthia Ozick « Ce que nous nous rappelons de notre enfance nous nous le rappelons pour toujours-fantômes permanents, estampés, écrits, imprimés, éternellement vus. »
Il est hanté par son passé et écrire doit l’aider à éliminer ses fantômes personnels ….
« Alors écris le livre »
« Le livre ? »
« Celui que les gens comme toi ont toujours en eux »

Cet échange (page 252), montre, à mon avis, combien, R.J.Ellory porte « l’écriture » en lui.

Joseph Vaughan, son héros, est hanté par son enfance, par un premier meurtre resté sans réponse, par ce passé qui lui colle à la peau même lorsqu’il essaie de s’éloigner.
Trente-quatre chapitres se succèdent, où Joseph s’exprime, raconte ce qu’il vit. Parfois quelques pages en italiques, une voix off qui reprend des événements évoqués ou pas par Joseph, qui décortique les pensées, qui analyse, qui nous chuchote à l’oreille.
Cette voix off, nous permet de pénétrer dans l’intimité de Joseph, de fouiller avec lui son âme, on est silencieux, immobile pour mieux l’écouter.
J’ai (forcément) apprécié son institutrice qui lui dit : « Écrire est un don, monsieur Vaughan, et nier son importance, ou faire autre chose qu’utiliser ses capacités, serait une erreur grave et lourde de sens. »
Elle est peut-être une des rares personnes à avoir compris Joseph, à lui permettre de ne pas sombrer. Joseph qui veut « récupérer » sa vie, qui ne sait plus où, comment, pour quoi (en deux mots) vivre, Joseph qui voudrait se soulager du fardeau du chagrin et pouvoir continuer la route, libéré, mais qui ne peut pas, tant le passé le poursuit ….

L’écriture nous happe, nous englobe, comme des serres d’angoisse qui se mettent à nous retenir fermement. On a du mal à s’échapper pour faire autre chose et lorsqu’on pose ce livre, en cours de lecture, Joseph est encore « présent » en nous.

R.J.Ellory réussit à nous « faire toucher du doigt » le mal-être de son personnage principal. Cela va presque plus loin que de l’empathie, l’écriture est telle que ce Joseph est « en nous ».
C’est douloureux. Parfois, on voudrait avoir le courage de lui dire : «Lâche-moi, prends ta vie en mains, je ne veux plus t’écouter, te lire…» mais ce n’est pas possible, une fois commencé, ce livre s’impose à vous et vous n’avez plus envie de le poser, à part pour « souffler » de temps en temps avant de mieux reprendre la route aux côté de Joseph ….


"Retour à la nuit" d'Eric Maneval

Retour à la nuit
Auteur: Éric Maneval
Éditions: Écorce (26 novembre 2009)
ISBN: 978-2953541700
120 pages

Quatrième de couverture

– Écoute-moi bien, Antoine. Tu as eu de la chance que je sois là. Tu comprends ? Ne parle pas, fais-moi oui ou non de la tête.
Oui.
– Je t’ai sauvé la vie. Regarde-moi dans les yeux : je t’ai sauvé la vie, Antoine. Mais si tu veux te faire du mal, je peux te faire du mal. Je peux le faire à ta place. Tu comprends ?
Non.
– Tu as peur ?
Oui.
– Tu as peur de moi, mais tu n’as pas peur de plonger dans une rivière en crue ? T’es un drôle de numéro toi. Tu vois la bouteille que j’ai dans la main ? C’est de l’alcool à 90°. Je vais en mettre sur tes blessures. Ça va faire très mal. Ça va te brûler et tu vas hurler. C’est moi qui vais te faire mal. N’oublie pas ça : moi je peux te faire du mal. Tu t'en souviendras la prochaine fois que tu voudras mourir.
Vingt-cinq ans plus tard, Antoine est veilleur de nuit dans un foyer à caractère social, près de Limoges. Il revient sur son histoire. Depuis cette cascade située près de Treignac, jusqu’à l’affaire du Découpeur. Une nuit, dans le foyer, il montrera ses cicatrices à Ouria, fascinée, qui voudra les revoir ensuite. Et les toucher .La nuit, tournée vers la forêt, l’adolescente parle toute seule à sa fenêtre.


Mon avis


« La nuit je ferme les yeux et je laisse commencer la vraie vie. » 
(Etienne Guillory)

Pas besoin d’être une maison d’éditions renommée pour avoir des auteurs qui valent le détour…
Déjà, une couverture discrète mais parlante, un beau marque-page assorti et un livre qui tient bien en main …. ce ne sont pas des détails, cela donne envie de lire…

Ensuite le contenu: cent vingt pages, c’est peu pour un roman mais je peux affirmer que celui-ci est sobre et terriblement efficace.

L’auteur, veilleur de nuit comme son personnage principal, connaît bien le milieu des enfants en foyer, cabossés de la vie dans leur corps ou dans leur tête. Gardien de ces jeunes aux âmes tourmentées, Antoine, le fil conducteur de ce récit, écrit: J’ai besoin de la nuit…
Beaucoup de choses se déroulent la nuit dans cet opus, Antoine l’habite, elle l’habille… Sa relation à la nuit est différente, il y vit puisqu’il doit rester éveillé. De plus, à ce moment de la journée, les « codes » ne sont plus les mêmes, les rapports avec les autres également. La « teneur » de la nuit est variable, il y en a qui sont lourdes, d’autres plus légères…. Tout cela tient beaucoup de place dans le livre et c’est comme si la nuit devenait un personnage à part entière, mouvante, fuyante, ensorcelante…
Éric Maneval sait décrire en mots choisis une atmosphère, des doutes, des hypothèses, il sait disséminer dans l’esprit du lecteur le trouble, des éléments que chacun peut interpréter à sa manière, comme cette fin ouverte qui dérangera certains… S’il n’y avait que la fin qui pose question… Une des richesses de ce roman a été pour moi de ne pas toujours être certaine que ce que me dévoilait le texte était la vérité de l’intrigue…Après tout, certaines situations pourraient avoir été suggérées par hypnose, rêvées par les protagonistes et transmises comme réalité car ils y croient…

Peu importe, ce qui fait la force de ce livre, c’est qu’il vous prend aux tripes, qu’en peu de pages, vous « sentez » la nuit et les individus qui s’y meuvent. Tous différents mais tous avec une part d’ombre … Que ce soit le veilleur ou les adolescents de l’institut, tous ont vécu un événement grave qui change leur perception du quotidien. Ils sont à fleur de peau, à fleur de mots … Les interactions entre les uns et les autres sont parfois confuses, à la limite de la normalité…comme toujours sur le fil, au bord du précipice, chacun avançant comme il le peut cahin caha, un pied après l’autre…. Il y aussi le regard que portent les « gens du jour » sur ceux qu’ils côtoient entre chiens et loups, au moment des échanges de service le soir, au petit matin lorsqu’Antoine rentre chez lui… C’est ambigu juste ce qu’il faut …

Antoine, la sentinelle, dit de sa tâche qu’elle le structure, comme si en dehors de son boulot, il avait dû mal à se fixer. Il est seul lorsqu’il est de garde, ne se confie pas, vit sa vie et doit rester vigilant car tout pourrait basculer très vite. La nuit, les sens sont exacerbés, les sentiments aussi, Antoine trouve-t-il dans ses échanges avec les jeunes une forme d’équilibre, même s’il est souvent sur le tranchant du rasoir ? A-t-il besoin de ce fonctionnement pour se sentir exister ?

C’est avec une écriture incisive, fine et concise qu’Éric Maneval nous emmène à sa suite. Son style est très puissant et procure les effets recherchés: installer l’angoisse, semer le doute, et nous faire ressentir malgré tout une certaine empathie pour les personnages. Les phrases sont courtes, les dialogues percutants. On peut dire que ce livre sort des sentiers battus et ne s’apparente pas aux polars habituels. 

"Ce pays où dansent les licornes" de Noël Sisinni

 

Ce pays où dansent les licornes
Auteur : Noël Sisinni
Éditions : Les éditions au Pluriel (7 Juin 2023)
ISBN : 978-2492598104
170 pages

Quatrième de couverture

J’ai tué un homme quand j’avais treize ans ! Voilà ce que vient de déclarer Joseph Lantier à sa famille. Il séjourne dans un Ehpad. Il a des problèmes cardiaques et un début de la maladie d’Alzheimer. Personne ne le croit, sauf sa petite fille de 18 ans, Justine qui l’emmène sur les lieux du drame et il va raconter... À cette époque, en 1940, comme beaucoup d’enfants en temps de guerre, Joseph est envoyé à la campagne dans une ferme isolée en Haute Loire.

Mon avis

Joseph, le grand-père de la narratrice (Justine, 18 ans), est en Ehpad. Il se mélange un peu, perd le sens des réalités et s’évade dans le pays où dansent les licornes, les yeux dans le vague, déconnecté du présent. Les médecins sont pessimistes et pensent qu’avec ces problèmes cardiaques et sa fatigue générale, l’avenir est bien compromis.

Sa fille et son gendre, les parents de Justine, n’ont pas beaucoup de temps à lui consacrer, même si dans deux jours, c’est son anniversaire. Pourtant, dans un instant de lucidité, il a demandé à se rendre à la Canardière, sa maison dans le marais poitevin. Pas le temps, d’autres choses plus urgentes à faire…Alors Justine se décide, elle trouve une vieille voiture, et embarque Papy avec elle.

Peut-être l’occasion de mieux le connaître, le comprendre ? Ce qu’elle sait de lui, ce n’est pas grand-chose, il a gardé les vaches en Haute Loire dans une ferme où on l’avait envoyé quand il avait treize ans. Et puis, cette phrase bizarre qu’il n’explique pas mais qui a intrigué Justine : J’ai tué un homme quand j’avais treize ans ! D’accord, il n’a pas toute sa tête mais c’est quand même étrange de déclarer ça, non ?

Les voilà tous les deux sur la route, direction la Canardière. L’ancien est fatigué, mais ils avancent au rythme poussif du véhicule plus tout neuf, et c’est la panne. Évidemment, au milieu de nulle part, avec pas de réseau et pas une bâtisse ou une personne à l’horizon…. Les deux voyageurs partent à pied …. Et finissent par trouver du monde…. Ce sera l’occasion pour Joseph de retrouver un peu d’énergie, de mémoire, et de raconter son enfance à la ferme (le récit se fait alors avec un narrateur extérieur).

On arrive à pas feutrés en 1940, on découvre les fermiers (un frère et une sœur) qui accueillent Joseph. Il ne connaît rien à cet univers, il doit apprendre et vite s’il veut manger…. Le quotidien est difficile au départ puis petit à petit, il trouve sa place, se fait apprécier…

Ce roman, empli d’humanité, m’a énormément plu. Justine un peu sauvage, rebelle, est attachante (je crois que l’auteur aime bien les filles comme elle, je l’avais constaté dans ces écrits précédents), même si elle ne rentre pas dans la « norme » souhaitée par ses parents. L’histoire du grand-père qui se dévoile petit à petit est très représentative d’une époque, d’une façon d’être avec les gens de la campagne. Les hommes un peu bourrus, les femmes effacées, c’est réaliste …

J’ai déjà lu deux livres de Noël Sisinni et j’apprécie qu’il se renouvelle à chaque fois. Quand on commence la lecture, on a le sentiment que ça va être un peu brut de décoffrage et puis les personnages s’installent et leur sensibilité, parfois cachée, leurs failles, nous bouleversent….

Ce sont des personnes ordinaires mais l’auteur leur donne vie et on s’intéresse à leur parcours. On a envie de savoir ce qu’ils vont devenir ou comment ils en sont arrivés là.

L’écriture et le style sont parfaitement adaptés que ce soit pour Justine ou pour le narrateur extérieur.  J’ai lu ce roman d’une traite et c’était un plaisir !


"Le miroir des anges MS 408" d'Isabelle Beaujean

 

Le miroir des Anges MS 408
Auteur : Isabelle Beaujean
Éditions : BOD (19 Juin 2023)
ISBN : 9782322483822
218 pages

Quatrième de couverture

Une libraire dont l'enfance va ressurgir malgré elle. Une série de victimes énigmatiques. Deux policiers qui vont devoir apprendre à travailler ensemble. Un manuscrit étrange qui a traversé les siècles sans qu'aucun scientifique n'ait pu en décrypter l'écriture... Et un chat...

Mon avis

Ce livre est un très bel « objet » avec un papier glacé, des illustrations de qualité donnant envie de le feuilleter et un titre énigmatique. Après, il y a l’histoire. La vie tranquille d’une libraire, Anaëll Marci, est bouleversée. Une femme qui lui a fait une demande bizarre est retrouvée décédée dans d’étranges circonstances. La police se rapproche d’elle. Elle est interrogée, elle cherche à comprendre car tout cela lé déstabilise fortement, l’angoisse. D’autres femmes sont retrouvées mortes. Y-a-t-il un lien entre elles et un avec sa boutique ? Si oui lequel ? Et pourquoi elle ?

Un ouvrage mystérieux semble mêlé à tout cela. Il s’agit du manuscrit de Voynich MS 408 (livre découvert en 1972, illustré, rédigé dans une écriture à ce jour non déchiffrée et dans une langue non identifiée, il n’a pas d’auteur. Il aurait été fabriqué entre 1404 et 1438.). Je n’avais jamais entendu parler de ce recueil et j’ai été fascinée par ce que j’ai appris. Et bien entendu, ça me donne envie d’en savoir plus. J’aime les romans qui m’entraînent plus loin qu’une première lecture.  L’intégrer à cette fiction est une excellente idée, il sert de fil conducteur et c’est bien pensé.

Les personnages sont intéressants, bien décrits. En dehors de la responsable de la librairie, deux policiers sont obligés de collaborer. Ils sont très différents et ils « s’apprivoisent » au fil du temps. J’ai apprécié l’évolution des relations entre les uns et les autres ainsi que le cheminement d’Anaëll pour mieux comprendre son passé.

Isabelle Beaujean nous emmène dans un univers qui semble classique au début et puis petit à petit, avec le manuscrit évoqué, une part de rêves arrive, tout doucement. C’est comme une plume d’ange (comme celle de Nougaro dans sa belle chanson) qui se pose sur le roman, dévoilant un autre monde, un tantinet onirique. Nos yeux pétillent et on est embarqué.

À partir de ce moment-là, les émotions se succèdent. On peut être attendri et quelques pages plus loin, avoir peur ou être en colère. L’autrice maîtrise bien son intrigue. Son style délicat, son écriture douce en font une lecture agréable, plaisante, pas mièvre, enrichissante (la partie « en savoir plus » est un atout non négligeable).


"Mon premier meurtre" de Leena Lehtolainen (Ensimmäinen murhani)

 

Mon premier meurtre (Ensimmäinen murhani)
Une enquête de Maria Kallio
Auteur : Leena Lehtolainen
Traduit du finlandais par Véronique Minde
Éditions : Gaïa (1 septembre 2004)
ISBN : 978-2847200409
230 pages

Quelques mots sur l’auteur

Leena Lehtolainen est née en 1964 dans le centre de la Finlande. Passionnée de musique, elle pratique le chant, la guitare et le piano. Précoce, elle publie à 12 ans son premier roman pour la jeunesse, à 17 ans le suivant. C'est en 1993 que parait " Mon premier meurtre ", le premier épisode des aventures de l'inspectrice de police Maria Kallio. Il sera suivi de sept autres. Lauréate de plusieurs prix littéraires finlandais, elle est traduite en de nombreuses langues. Certains de ses romans ont été adaptés à la télévision.

Quatrième de couverture

Après quelques années à la police nationale où la routine des procès-verbaux et interrogatoires de petits délinquants l'ennuie, Maria Kallio reprend ses études à la fac de droit. Mais l'action lui manque et elle accepte un remplacement. Ce sera l'occasion de sa première enquête criminelle : un jeune homme est retrouvé assassiné, noyé et blessé à la tète, lors d'un week-end passé dans la villa de ses parents avec sept autres membres d'une chorale. Un parmi eux est forcément coupable. Mais lequel ? Maria commence son enquête, les interroge les uns après les autres. Sa tâche est ardue : elle-même a connu la victime et certains des suspects lorsqu'elle était étudiante. Elle a sensiblement le même âge qu'eux, ce qui ne la rend guère crédible comme inspecteur de police. De plus, tous avaient de bonnes raisons d'en vouloir à la victime, un jeune homme riche, talentueux, au succès facile et aux nombreuses conquêtes féminines...

Mon avis

« Mon premier meurtre » est le premier roman policier de Leena Lehtolainen. Il a été suivi depuis de sept autres livres où l’on retrouvera le personnage récurrent de Maria Kallio.

Comme souvent pour une première œuvre, il manque un peu de « consistance », de profondeur, mais cet auteur est assurément quelqu’un « à suivre ».

Je conseillerai ce livre à qui voudrait (pour une première expérience), « tenter » de lire un roman policier, pas trop compliqué, sans trop de sang, ni de situations ou émotions « prises de tête ». Un style simple, fluide, une écriture « féminine » (qui n’a pas été sans me rappeler Sandra Scoppettone), beaucoup de dialogues dans un langage courant, parfois familier, donnent une certaine légèreté à ce livre. Les descriptions sont nettes et l’étude psychologique des personnages ne nous entraîne pas trop loin dans les méandres du cerveau de chacun. Tout ceci est assez reposant.

L’histoire se déroule sous nos yeux, facilement, sans trop d’actions si ce n’est sur la fin où les événements s’accélèrent au fur et à mesure que les « nœuds » se dénouent et que l’intrigue s’éclaircit. La seule difficulté peut être de retenir les prénoms et noms finlandais des différents personnages aux consonances peu habituelles !

Maria Kallio, notre inspecteur principal (emploi du masculin dans le livre alors que c’est une femme) va se retrouver à mener l’enquête dans un groupe de jeunes appartenant à une chorale.

L’originalité étant qu’elle connaît certains de ses membres et qu’il lui faudra ne pas mettre trop « d’affectif » dans ses relations face à ses « suspects potentiels ».

Elle se doit de les interroger, en restant à sa place d’enquêtrice.

D’autre part, elle va voir comment ils ont évolué, quels choix ils ont fait, ce qu’ils sont devenus, ce qui lui renverra les mêmes questions en ce qui la concerne.

A-t-elle fait les bons choix, elle « le garçon » tant attendu par ses parents et qui s’est révélée être une fille ? Est-ce que cette « déception » parentale explique ses difficultés à avoir une relation amoureuse stable, à être féminine ? … Est-ce pour cela qu’elle choisit des métiers d’homme ? Autant de points concernant une jeune femme attachante, indépendante (Je voulais pouvoir mariner dans ma baignoire à deux heures du matin en mangeant du chocolat ou en buvant du whisky si l'envie m'en prenait.) au caractère bien trempé et qui auraient, sans doute, mérités d’être approfondis (mais ce sera probablement le cas dans les romans suivants …)

Une chanson va servir de « fil conducteur ». On la retrouve nommée dans l’intrigue, elle est écrite au début du roman et une de ses lignes (différente à chaque fois) sert d’introduction à chaque chapitre (les chapitres étant encadrés d’un prélude et d’une finale comme un concert). Le milieu musical est bien évoqué et on voit qu’il est familier à l’auteur (il y a d’ailleurs quelques belles références).

Il ne faut pas attendre trop de l’enquête, Leena Lehtolainen s’est plutôt attardée sur les relations entre les uns et les autres et leurs évolutions au fil des ans. L’inspecteur se trouve dans ce groupe assez fermé que constitue la chorale où se jouent beaucoup de choses en « coulisses » (drague, alcool, trahison, mensonge …) On s’apercevra vite que le mort ne disait pas tout et n’était pas aussi « propre sur lui » qu’on pourrait le croire.

Les langues vont-elles se délier ? Ou l’enquêtrice hors pair découvrira-t-elle toute seule ?