"Inspecteur Livia Lone - Tome 3 : Le pacte des tueurs" de Barry Eisler (The Killer Collective)

 

Inspecteur Livia Lone - Tome 3 : Le pacte des tueurs (The Killer Collective)
Auteur : Barry Eisler
Traduit de l’anglais par Marie Chabin
Éditions : Thomas & Mercer (24 novembre 2020)
ISBN : 978-2496701081
530 pages

Quatrième de couverture

Dans le cadre d’une enquête sur un réseau de pédopornographie international, la détective Livia Lone est visée par un complot qui vire au fiasco. Soupçonnant le FBI d’être derrière l'attaque, Livia fait appel à l'ancien sniper des Marines, Dox. Ensemble, ils mettent sur pied un groupe spécial, dont fait partie John Rain, expert en « morts naturelles » à la retraite, pour identifier et neutraliser la menace qui pèse sur eux.

Mon avis

Dans ce roman, l’auteur fait rejoindre plusieurs « séries » qu’il écrit. Celle de Livia Lone (qui apparaît pour la troisième fois), celle de Ben Treven et celle de John Train (quatrième livre), un tueur à gages dont c’est la dixième apparition. Mais ne pas les connaître ne gêne en rien la lecture.

Livia Lone est une enquêtrice torturée, à l’hsitoire personnelle lourde et difficile. Elle traque ceux qui commettent des crimes sexuels, les violeurs ou ceux qui prennent les enfants comme esclaves sexuels, en montrant des vidéos et des photos, notamment sur le dark web. Elle est prête à tout pour les coincer et se donne à fond, il faut juste qu’elle arrive à filtrer ses émotions, à cloisonner pour ne pas se laisser envahir par son ressenti personnel. Elle est sans cesse à fleur de peau, sur ses gardes, son intuition lui permet souvent de sentir le danger et de prendre des précautions.

Dans ce récit, Livia se bat contre un réseau de pédopornographie circulant sur le web. Elle veut arrêter les hommes qui agissent dans l’ombre. Rapidement elle apprend que des membres du « Secret Service » sont concernés et il lui est demandé de cesser ses investigations. Elle ne peut laisser les choses en l’état et elle va se battre pour les démasquer. En parallèle, un complot visant à la faire disparaître est mis en place. Comment va-t-elle pouvoir s’en sortir ?

Dans cette intrigue, il y a beaucoup d’actions, de nombreux personnages et divers points de vue (certains présentés par un narrateur, d’autres où le personnage dit « je »). Au départ, on passe de l’un à l’autre avant que les connexions s’établissent.

L’auteur a travaillé au sein de la CIA et il est avocat, son écriture est précise, pointue, ses dialogues vifs. On sent qu’il connaît les rouages des services secrets et que ce qu’il évoque peut exister. Il y a du rythme, des rebondissements, presque trop parfois mais au moins on ne s’ennuie pas !

Livia Lone est une policière atypique, son caractère m’a bien plu et je la retrouverai avec plaisir !


"Zoartoïste et autres textes" de Catherine Gil Alcala

 

Zoartoïste et autres textes
Auteur : Catherine Gil Alcala
Éditions : La Maison Brûlée (28 novembre 2016)
ISBN : 979-10-93209-02-9
136 pages

Quatrième de couverture

Un rite des morts et des renaissances. Le flot des vies jaillit du corps morcelé, ensorcelé de Zoartoïste dans les éclats des miroirs. « Zoartoïste… prononce une voix de noyé dans un rêve, c’est le nom d’une divinité animale du monde archaïque ou d’un démiurge industrieux dans la dent creuse d’une caverne tellurique. Les esprits s’agitent et vitupèrent autour des dormeurs dans le vacarme de la mort.

Mon avis

« J’écris le poème des destinées…. » *

Ce recueil est constitué de deux parties. La première comporte quinze « miroirs ». Ce sont des textes de théâtre mis en scène comme celui-ci.

Miroir 10

Chaque miroir est une création artistique à part entière, contemporaine et moderne. Il faut se délecter des mots, les laisser monter en soi et si possible, voir les images qui sont liées à ces écrits pour les sublimer. L’auteur joue avec les mots, se joue des mots, les faisant exprimer de nombreuses émotions. Ils peuvent cracher la colère, susurrer la folie, crier la peur de la vie, dire l’indicible, l’inconcevable et bien d’autres choses encore. Chacun a son charme, son ou ses personnages, dont certains très originaux avec des noms qui sortent de l’ordinaire. Ils sont très différents. Ils sont reliés par l’écriture de l’auteur, qui m’a fait penser par quelques phrasés au mouvement surréaliste. J’ai lu tous ces textes avec plaisir mais le miroir 7 est indéniablement celui qui vibre en moi, car sa poésie me parle au cœur. En voici un très court extrait:

"Je te regarde de l'autre côté de la vie, mon visage apparaît derrière tes paupières closes quand ton attention se disperse.
J'avance vers toi, proche et lointaine car je me tiens dans une nuit sans espace où le temps s'est arrêté."

Dans la seconde partie, on trouve « des contes défaits en forme de liste de courses ». Rien que ce titre donne envie de découvrir le contenu et sa présentation. On revisite des classiques, ou pas, à demi-mots ou en passant, on effleure l’histoire, on l’effeuille, on la survole ou on pénètre au cœur, on passe, une fois, deux fois, plus parce qu’on se dit que si on a repéré « Peau d’âme », d’autres doivent nous attendre, plus ou moins cachés, exposés de près ou de loin. Dans cette partie, le phrasé est plus rythmé par les termes, éventuellement les rimes, s’approchant d’une certaine musicalité.

L’ensemble s’équilibre parfaitement. Bien sûr, un petit côté ésotérique fera que certains lecteurs auront du mal ou passeront à côté de ce livre. Les nombreux thèmes abordés comme l’amour et le partage, sont intéressants car l’approche sort des sentiers battus. L’auteur a plusieurs cordes à son arc puisqu’elle est également metteur en scène, performeuse. Je pense qu’elle aime à lier plusieurs arts, offrant ainsi des images à ses mots lorsqu’elle les joue accompagnée d’autres artistes au théâtre.

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"Le clocher de Noël et autres crimes impossibles" présenté par Roland Lacourbe

Le clocher de Noël et autres crimes impossibles
Auteurs : Collectif
Présenté par Roland Lacourbe
Éditions : L’Archipel (19 novembre 2020)
ISBN : 978-2809839685
382 pages

Quatrième de couverture

Les meilleurs crimes impossibles, de Conan Doyle à Maurice Leblanc, en passant par Chesterton et Melville Davisson Post, sélectionnés par Roland Lacourbe, spécialiste du roman d'énigme. Un ministre britannique foudroyé alors qu'il était sous la surveillance de trois gardes du corps dans les sous-sols de la banque d'Angleterre...

Mon avis

Ce recueil de nouvelles fait la part belle aux crimes commis dans un endroit (apparemment) clos où personne n’a pu intervenir pour tuer la victime. Le format de treize récits sans point commun (si ce n’est le thème du lieu fermé) permet au lecteur de lire à son rythme avec des pauses éventuelles. Ce livre a également le mérite de mettre au jour des auteurs plus ou moins connus. Cette anthologie offre des textes divers et variés, sélectionnés avec soin par Roland Lacourbe, qui cite ses sources en fin d’ouvrage. Il a passé énormément de temps à choisir ce qu’il allait nous présenter. Quel travail de fond !

Les mystères sont présentés par ordre chronologique de parution du plus ancien (1897) au plus récent (1977). Chacun est introduit par Roland Lacourbe qui présente l’auteur, le contexte d’écriture, parfois un personnage, et quelques autres petites choses très intéressantes. Il fait cela en dix à quinze lignes, restant ainsi succinct mais complet. J’ai trouvé que ces « entrées » apportaient un plus à la lecture qui suivait, donnant des informations qui éclairent la lecture.

Certaines personnes n’aiment pas ce format, pensant que le contenu va être bâclé et vu trop vite sans avoir suffisamment d’explications, de détails. Je n’ai absolument pas eu ce sentiment en lisant. Chaque fiction est écrite avec assez d’informations pour qu’on soit tout de suite dans l’ambiance et « ferré » par ce qui risque de se passer ou ce qui a déjà eu lieu et que personne ne comprend. On a le cerveau qui mouline en se demandant quels indices nous ont échappé, ce qu’on n’a pas cerné dans le double jeu de l’un ou de l’autre. J’ai essayé de trouver mais cela n’avait rien d’évident pour quelques récits. Si pour la disparition des bijoux, j’avais une idée bien ciblée et qui s’est avérée correcte, pour la feuille de thé ou l’homme volatilisé, je n’ai rien vu venir et j’ai été totalement bluffée ! J’ai donc beaucoup apprécié de faire travailler mes neurones et de découvrir divers univers. En outre, comme ce sont des écrivains différents (je n’ose pas chanter « où sont les femmes ? » mais aucune ne pouvait intégrer ce groupe ? ;-( , les styles, le phrasé sont source de découverte et de diversité. Dans la résolution de chaque énigme, il y a souvent une solution évidente dont on s’aperçoit vite qu’elle contient une faille. Il est alors nécessaire de creuser pour connaître la vérité. Les raisonnements des « enquêteurs » sont bien menés, décortiquant les faits, observant tout ce qui peut apporter un éclairage supplémentaire. Et c’est stupéfiant de voir que ce sont parfois d’infimes indications, qui pourraient passer inaperçues, qui permettent de résoudre l’affaire.

Auteurs et époques sont variés, cela offre aussi un vocabulaire, un phrasé, des lieux, des situations, des contextes historiques qui n’ont rien à voir entre eux et qui sont un bonus pour éviter toute lassitude.

Ce livre m’a comblée, détente, réflexion, découverte, plaisir, pas de crimes sanglants, des atmosphères de temps à autre désuètes, ou confinées, inquiétantes mais pas angoissantes, et des personnages hauts en couleurs.

Un opus à offrir ou à lire pour qui aimerait connaître des « petits meurtres en chambre close »….

 

 

 

"La montagne en sucre" de Wallace Stegner (The Big Rock Candy Mountain)

 

La montagne en sucre (The Big Rock Candy Mountain)
Auteur : Wallace Stegner
Traduit  de l’américain par Éric Chédaille
Éditions : Gallmeister (1er Avril 2016)
Première édition en 1943
ISBN : 978-2-35178-562-1
850 pages

Quelques mots sur l’auteur

Wallace Stegner est né en 1909 dans l’Iowa et a grandi dans divers États de l’Ouest américain : Washington, Montana, Idaho, Utah. Enseignant à Stanford puis à Harvard, il a compté parmi ses étudiants des auteurs tels que Thomas McGuane, Raymond Carver ou Edward Abbey… Il est mort en 1993, laissant derrière lui une œuvre vaste composée d’une soixantaine de romans et d’essais sur la défense des espaces sauvages.

Quatrième de couverture

Dakota, 1905. La jeune Elsa a fui les plaines du Minnesota dans l’espoir de fonder un foyer. Lorsqu’elle rencontre Bo Mason, bourlingueur en quête d’aventures et de fortune, elle voit en lui la promesse d’un monde nouveau. Elle n’imagine pas la vie à laquelle les désirs de grandeur de Bo les destinent. Saloons clandestins, conquête de la terre, mine d’or, trafic d’alcool... Bo Mason, héros américain par excellence, se réinvente au fil des opportunités qui se présentent à lui, entraînant les siens dans sa poursuite effrénée d’un horizon qui semble se dérober au fur et à mesure qu’il s’en approche. Et pendant ce temps-là, l’Amérique continue à se construire et à charrier des mythes.

Mon avis

Monument de la littérature américaine, La Montagne en sucre est considéré comme le chef-d'oeuvre - en partie autobiographique - du grand Wallace Stegner, l'un des plus grands écrivains du XXe siècle.

Et au loin l’horizon…. Si loin…..

Harry Mason, appelez le Bo, a tout pour lui : une carrure impressionnante, un sourire éclatant, un bon coup de fusil et une ambition démesurée. Il est prêt à conquérir le monde, à aller toujours plus loin, vers cet horizon qui semble plus ensoleillé, plus beau mais qui se dérobera chaque fois qu’il s’en rapprochera. C’est un homme qui voudrait réussir, mais qui a du mal à se stabiliser, il a besoin de nouveaux projets, d’aiguillons permanents pour avancer…. Est-ce qu’il n’est pas né à la bonne époque, est-ce qu’il en « veut trop » ? Toujours est-il que lorsqu’il croit « être arrivé », un grain de sable s’installe dans les rouages et tout est à recommencer…. Il n’aime ni les défaites, ni les échecs, Bo, cela le rend hargneux, injuste avec les autres car il n’aime pas se sentir en position de faiblesse. Il veut donner, sans cesse, l’image d’un Homme, avec un grand H, qui maîtrise tout (situations et personnes), qui fait face…. Mais trop souvent, il se précipite, soit dans des mauvais coups, flirtant avec l’illégalité, soit dans des prises de risques mal mesurées et il se retrouve avec un fiasco de plus sur les bras…. Avant d’essayer de rebondir avec un autre plan, un autre défi. Mais si seulement il réfléchissait et anticipait avant de prendre des décisions …..

Il est chanceux, Bo, il a épousé, Elsa, une femme, exceptionnelle, qui passera toujours au second plan pour lui offrir, à lui, le meilleur, malgré son caractère dur qu’elle n’apprécie pas lorsqu’il dépasse les limites…. Elle reste droite, suit sa ligne de conduite et si besoin lui tient tête, l’obligeant à prendre conscience de ses manques. « Elle fait le deuil de ses aspirations, mais jamais d’elle-même. »

C’est elle qui tient tout à bout de bras, agissant dans l’ombre, affichant sans cesse son sourire rassurant pour les enfants, un calme olympien face aux crises de son époux et réussissant à créer un foyer dans des conditions de vie précaires dont elle s’accommode avec sagesse.

Le problème, avec Bo, c’est qu’il oublie vite. Les leçons de la vie ne lui servent que peu car il les occulte et passe à autre chose…. Il retombe régulièrement dans ses travers et il gâche souvent des occasions de mener une vie heureuse, rangée….  Comme si la simplicité lui faisait peur, il faut qu’il bouge, qu’il reparte toujours plus loin…. Pourtant, on le sait tous, l’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs….  Et le temps passe inexorablement.…

Ce roman se décline en dix parties, permettant, si nécessaire, de faire un bond plus ou moins important dans le temps.  On y voit les choix de Bo mais aussi la façon dont Elsa maintient l’idée d’une famille unie pour leurs deux fils…. Ecrit en style narratif à la troisième personne du singulier, il arrive que quelques pages s’adresse à l’un ou l’autre, employant le « Tu » d’une lettre ou d’un monologue. On ressent alors la présence du « vagabond de la mémoire », de celui qui porte « l’histoire familiale » comme un étendard. « Il était un chasseur d’enfance, un explorateur des événements oubliés et des épreuves d’autrefois, un vagabond de la mémoire. »

Le style est beau, lyrique et épuré, le vocabulaire soigné. Le tout empreint de poésie. C’est une façon d’écrire qui me ravit et j’adore (merci au traducteur)  ! Je ne me suis pas ennuyée une seconde à suivre pendant des décennies, Bo, sa femme et leurs enfants.

 Cette fresque familiale avec, en toile de fond, l’Amérique sur des dizaines d’années, est magnifique. On y voit la corruption, la vente illégale de l’alcool, les salons de jeux, l’exploitation des mines qui s’avère être tout sauf des revenus en or, des hommes toujours plus impatients de réussir,  qui n’attendent pas que les choses se mettent en place, qui fuient pour aller découvrir d’autres filons, plus ou moins honnêtes…. Il y également les conditions climatiques, les maladies qui régentent le quotidien sans qu’on puisse intervenir… Les protagonistes sont « vivants », terriblement présents dans les pages, apportant leur regard acéré mais toujours réaliste sur les événements douloureux, joyeux, surprenants qui emplissent les pages.

C’est avec une profonde mélancolie que j’ai refermé ce livre, je n’avais pas envie de quitter les individus que j’avais si longuement côtoyés parce qu’ils étaient devenus, au fil des pages, de vrais intimes….. 

« A la toute fin, il avait dû embrasser du regard le bout de sa route et n’y rien voir, pas plus de bonne grosse montagne en sucre que de fontaine de limonade, d’arbres à cigarettes, de ruisselets de whisky ou de buissons chargés d’aumônes. »

 



"Le cauchemar de Spinoza" de Jacques Teissier

 

Le cauchemar de Spinoza
Auteur : Jacques Teissier
Éditions : Le Manuscrit (24 Septembre 2010)
ISBN : 978-2304033144
375 pages

Quatrième de couverture

Depuis des années, un terrible cauchemar hante les nuits de David Kellerman, professeur de philosophie spécialiste de Spinoza. Le corps d’une jeune femme est découpé en pièces et les morceaux toujours disposés dans le même ordre. Après le suicide d’une élève avec qui il entretenait une liaison, David décide d’entrer dans la police. Chargé d’une enquête difficile sur le meurtre d’un chef d’entreprise influent, le jeune flic découvre un cadavre dans son appartement. La scène du crime est la copie conforme de son cauchemar… Rythmé par les pulsions de l’inconscient, Le cauchemar de Spinoza fait de la philosophie une force obscure qui plonge un homme dans les zones d’ombre de sa mémoire.

Mon avis

C’est dans la région de Montpellier, bien décrite, que Jacques Teissier va nous emmener à la suite de David Kellerman, ex professeur de philosophie, entré dans la police après avoir vécu un drame personnel. 

David Kellerman, Spinoza pour les collègues, tout en menant l’enquête sur le meurtre d’un PDG, vit avec ses souffrances, ses démons, ses hantises, son cauchemar ….

Ce cauchemar récurrent, qui « pourrit » ses nuits, dont il n’arrive pas à parler, comme une tumeur cachée qui le détruirait petit à petit.

Il y a près de lui, sa collègue, Agnès, surnommée Diva, qui, elle aussi, traîne une blessure secrète …

« La tombée de la nuit était sa hantise, le moment où la sensation d’isolement extrême, qui l’habitait en permanence, se trouvait exacerbée et lui collait à l’âme comme une glu. »

Ces deux policiers vont de conserve, démêler les écheveaux d’une situation à multiples rebondissements.

Ce roman va « crescendo », on s’intéresse au début puis on s’accroche et on ne le lâche plus.

Pourquoi ? Tout simplement parce que bien documenté, (je n’ai malgré tout pas trouvé de trace de la conférence de Toronto en 2003 sur les lacaniens ;-), l’auteur va plus loin que la simple enquête. On retrouve les tourments du passé, que Spinoza sent vivre en lui, sans pouvoir les analyser, les relations difficiles suite à un traumatisme, l’impact du vécu de chacun dans le présent, les difficultés à communiquer, le poids de la culpabilité …

Parallèlement à l’enquête pour retrouver le meurtrier et les raisons profondes du meurtre, il y a

« l’énigme Spinoza ». Qu’a-t-il vécu ? Pourquoi vit-il seul ? Qu’en est-il de sa famille ?

Un prologue en italiques nous met directement dans l’ambiance. Un être tourmenté par des maux de tête, qui semble avoir une personnalité complexe, est là …

L’essentiel du livre est écrit soit à la première personne (Spinoza raconte et dit « je ») soit à la troisième personne incluant ainsi Spinoza dans les personnages à travers un regard extérieur.

Cette alternance apporte un plus au roman et est bien menée, ce qui n’a pas dû être un « exercice » facile.

Les personnages sont « bien campés », chacun avec des caractéristiques nettes et des caractères déterminés. Tous très humains, ayant des « failles » que l’on découvre ou pas.

Ils arrivent au fur et à mesure des événements et leur entrée dans le roman entraînent d’autres éléments pour l’enquête.

Je devrais écrire « les enquêtes », celle que mène la police pour le meurtre, mais aussi celle qui nous emmène à la suite de Spinoza sur les traces de son passé.

C’est ce qui démarque ce roman du « polar ordinaire », non seulement, on a le besoin de connaître le meurtrier et les raisons qui l’ont poussé à agir ainsi mais on s’attache aussi à David Kellerman et, à ses côtés, on a le souhait de comprendre, de l’aider à se débarrasser de ce cauchemar qui le hante.

L’écriture est alerte, de qualité, le vocabulaire bien dosé (dans le sens où il n’est ni trop banal, ni trop ampoulé, donc parfaitement adapté au contexte).

Un premier roman pour Jacques Teissier, un essai réussi … à renouveler ….


"Le tribunal des âmes" de Donato Carrisi (Il tribunale delle anime)

 

Le Tribunal des âmes (Il tribunale delle anime)
Traduit de l’italien par Anaïs Bokobza
Auteur : Donato Carrisi
Éditions : Calmann-Lévy (29 février 2012)
ISBN : 978-2702142967
440 pages

Quatrième de couverture

Rome. Sa dolce vita, son Capitole, ses foules de pèlerins, ses hordes de touristes. Sa pluie battante, ses sombres ruelles, ses labyrinthes souterrains et ses meurtriers insaisissables. Marcus est un homme sans passé. Sa spécialité : analyser les scènes de crime pour déceler le mal partout où il se terre. Il y a un an, il a été grièvement blessé et a perdu la mémoire. Aujourd’hui, il est le seul à pouvoir élucider la disparition d’une jeune étudiante kidnappée.

Mon avis

« Il n’y a pas de hasards » est un livre que j’ai lu récemment.

L’auteur (Robert Hopcke) y développe ce que l’on peut appeler « La théorie de la synchronicité.» et la place des coïncidences dans notre vie.

En choisissant de me plonger dans « Le tribunal des âmes », je ne savais pas que j’allais retrouver quelques unes des idées évoquées dans cet opus entre autres sur la façon dont les événements peuvent de temps en temps s’enchaîner, se relier, se trouver en concordance et modifier le cours de certaines existences qui semblaient pourtant bien tracées.

« Celles qui ne nous touchent pas, nous les balayons comme de « simples coïncidences». D’autres, en revanche, semblent destinées à marquer notre vie.Alors nous les rebaptisons « signes ». Ces signes nous laissent penser que nous sommes les destinataires d’un message exclusif, comme si le cosmos ou une entité supérieure nous avait choisis. En d’autres termes, ils nous permettent de nous sentir uniques. »

Le mari de Sandra, grand reporter, est décédé en chutant d’un immeuble. Suicide, accident, meurtre ? Elle décide d’essayer de comprendre, sans doute pour faire le deuil, et continuer sa route. Sa prospection va l’emmener dans les secrets du Vatican, dans Rome et auprès de diverses personnes. Elle est experte en photos de scène de crimes et va utiliser cette approche pour avancer dans ses recherches.

D’un autre côté une jeune femme médecin, Monica sauve un homme dont tout porte à croire qu’il est un tueur en série. Il est tombé dans le coma donc pour l’instant il ne peut pas parler …

Un troisième personnage important est Marcus. C’est un pénitencier qui a perdu la mémoire. Il sait analyser à merveille une scène d’enquête, il sait observer et voir au-delà de ce qu’il a sous les yeux. Il ressent des émotions, des « vibrations » pouvant éclairer les faits tout en restant dans le réel (pas de paranormal là-dedans). Il est en lien avec le Vatican où se trouve les archives des criminels ayant confessé leurs fautes (si le péché est trop important un simple prêtre ne peut pas absoudre, il faut passer par les pénitenciers du Vatican nous explique Donato Carrisi). Il ne se connaît plus et souffre de cauchemars qui lui apportent de légers éclaircissements sur son passé. Il apparaît, disparaît entre ombre et lumière… 

« Il existe un lieu où le monde de la lumière rencontre celui des ténèbres. C’est là que tout se produit : dans la terre des ombres, où tout est rare, confus, incertain. » 

Et puis, il y a le « chasseur ». Qui est-il, qui « chasse » t-il ? Que veut-il ? Comment son esprit torturé fonctionne-t-il, quel est son but ?

A travers des bonds dans le présent et le passé, des journées découpées parfois par un horaire, l’auteur va nous emmener de l’un à l’autre, d’un lieu à l’autre (Rome, Milan…)

La frontière entre le bien et le mal, entre justice et justicier est fragile. Certains passages nous renvoient à nos propres peurs, à nos décisions, à ces questions si douloureuses parfois face à un choix… 

C’est un gigantesque puzzle où les pièces finissent par s’emboîter parfaitement les unes dans les autres. Comme dans une œuvre d’art, par petites touches, le roman se construit sous nos yeux. On pourrait trouver que l’approche est complexe, compliquée mais lorsque les choses s’éclairent, tout semble parfaitement évident et simple à comprendre.

J’ai beaucoup aimé la présentation de ce livre, la construction du roman, l’alternance dans l’espace temps des chapitres, la place de la photographie et de l’art (surtout la peinture) dans l’intrigue. J’ai apprécié de me promener dans Rome la secrète ou dans Rome la touristique.

Les protagonistes, chacun avec une part d’ombre, des difficultés de communication, des tourments, m’ont semblé très humains et la façon dont leur vie ont été reliées particulièrement originale.

L’écriture de Carrisi m’a plu, pas de fioriture inutile, des faits exposés avec précision et un vocabulaire de qualité (bravo au traducteur !). Des subdivisions bien pensées dans les différentes parties permettent de ne pas s’appesantir et d’éviter les temps morts. On est sans cesse dans l’action ou dans la réflexion.

Certains ne manqueront pas d’apporter un bémol en soulignant que tout cela est alambiqué, parfois un peu difficile à suivre et « tiré par les cheveux ».

Ce n’est pas ce que j’ai ressenti.

Personnellement, tout m’a semblé parfaitement bien agencé, s’emboîtant au gré des pages jusqu’à la touche finale.

Un excellent roman !


"Le jour où le canal devint rouge" de Nicolas Gorodetzky

 

Le jour où le canal devint rouge
Auteur : Nicolas Gorodetzky
Éditions : Yanat (11 Novembre 2020)
ISBN :9782955071236
186 pages

Quatrième de couverture

« Le Jour où le Canal devint rouge » est un premier recueil de nouvelles étranges, inspirées de faits réels ou de légendes populaires ancrées dans l’inconscient collectif et dont la part de mystère peut être interprétée au bon gré de l’imagination de chaque lecteur.

Mon avis

Sept nouvelles composent ce recueil. Ce sont des histoires qui se passent dans notre réalité mais avec un élément ésotérique, un petit quelque chose de mystérieux qui donne du piment, qui interroge, qui déstabilise juste ce qu’il faut, sans faire peur. Ce sont des événements ou des rencontres comme on pourrait en faire dans la vie de tous les jours.

Parfois, une vengeance, à d’autres moments une histoire d’amour (ma préférée avec les militaires) mais toujours des situations qui interrogent, qui poussent le lecteur à la réflexion. La construction d’un barrage qui va détruire un village, la guerre et le sabotage d’un pont, une maison qui rend malade ses habitants et d’autres choses encore…

Nicolas Gorodetzky est un homme aux multiples facettes, médecin, musicien, écrivain…. Tout cela en totale discrétion (c’est en cherchant pour mieux le connaître que j’ai découvert tout ce qu’il sait faire). Pour ce nouveau livre, il a situé ses petits récits en Occitanie dans une région qu’il affectionne particulièrement.  

Il met en scène des personnages ordinaires qui vivent une vie ordinaire jusqu’au jour où un grain de sable, une pointe de folie se glisse dans un quotidien bien rodé. En quelques lignes, le décor et le contexte sont plantés et le lecteur est ferré. La forme courte permet d’aller à l’essentiel et l’auteur a maintenu un bon rythme avec une aura étrange mais pas effrayante ni poisseuse. Les protagonistes sont souvent attachants, humains et cela aide à entrer dans chaque fiction. Certaines sont issues de légendes populaires et je trouve que c’est intéressant de faire vivre ainsi l’inconscient collectif.

J’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir ce recueil, c’est un format intéressant qui offre une grande variété. De plus, chaque histoire, d’une façon ou d’une autre, m’a touchée.


"Rosine une criminelle ordinaire" de Sandrine Cohen

 

Rosine une criminelle ordinaire
Auteur : Sandrine Cohen
Éditions : du Caïman (27 Octobre 2020)
ISBN : 9782919066865
244 pages

Quatrième de couverture

Un jour, Rosine Delsaux, une femme, une mère, une amie parfaite, tue ses deux filles. Elle les noie. Elle ne sait pas ce qui s’est passé, comment a-t-elle pu faire ça. Il y a forcément quelque chose dans la vie de Rosine qui a « permis » ce crime. Avec l’aide de Rosine, Clélia, enquêtrice de personnalité auprès des tribunaux, va rechercher quoi.

Mon avis

Juger c’est comprendre.

Rosine est divorcée, elle vit avec ses deux filles et son nouveau compagnon, plus jeune qu’elle. Un jour, l’indicible, l’inacceptable se produit, le trou noir : elle noie les fillettes dans leur bain. Comment a-t-elle pu agir ainsi, qu’est-ce qui peut expliquer un tel geste ? Est-il nécessaire de chercher à comprendre l’horreur ? Clélia Rivoire est enquêtrice de personnalité, elle va interroger famille, amis pour essayer de cerner Rosine, décrypter ce qu’elle est pour que le jugement soit le plus juste possible. Oui, Rosine est coupable mais quelle peine lui infliger ? La justice ne prend pas en compte le mécanisme du déni, du black-out, pourtant déchiffrer ce qui est invisible aux yeux, lever le voile sur ce qui a pu provoquer cet acte est important.

Rosine a tout de la mère parfaite, donc personne ne sait pourquoi elle en est arrivée à tuer ses enfants. Clélia est persuadée qu’il faut aider Rosine à extraire du plus profond ce qu’elle ne sait pas d’elle. Ce qu’elle a peut-être enfoui, oublié ou effacé. Pour arriver à ses fins, l’enquêtrice peut aller loin, trop loin parfois, mais elle est entière, elle ne peut pas lâcher. Bien sûr, elle prend les choses trop à cœur, ça l’envahit, il lui est difficile de mettre de la distance. C’est une femme volontaire, engagée, borderline mais terriblement efficace, « une justicière de la justice ». Forte et fragile à la fois, secrète, farouche, à fleur de peau, « elle a la force des êtres en détresse ». Elle pousse chacun dans ses retranchements, elle ne s’épargne rien, quitte à se mettre en danger, en oubliant les règles.

Ce roman a été pour moi une véritable claque. Je n’aurais jamais pensé à analyser un fait divers aussi affreux avec les yeux de Clélia. On a tous une idée de la justice, qu’y-a -t-il de plus terrible que la mort d’un enfant, de surcroît tué par sa génitrice ? On ne peut pas excuser. Et là, on nous propose de faire le point sur le passé, de l’explorer afin de libérer la parole…

L’écriture de l’auteur est puissante, profonde, elle fouille les âmes (y compris celle du lecteur qui se sent interpellé). Le récit vous hante, votre cœur balance entre l’envie de châtier celle qui a osé donner la mort et le besoin transmis par Clélia de déchiffrer le pourquoi. Cette ambivalence est très intéressante, elle est même le nœud gordien (bien qu’il n’y ait pas d’action radicale). Les phrases sont courtes, elles frappent à la tête et au cœur, elles font mal mais tout ce qu’elles transmettent apporte un éclairage nouveau, donnant du sens à tout ce qui s’est passé.

Cette lecture m’a bouleversée, Sandrine Cohen dissèque, observe, gratte où ça fait mal. Elle présente une interprétation de la situation de départ qui est impressionnante de finesse. Comédienne, réalisatrice de documentaires et de fictions, photographe, doubleuse de films, chroniqueuse, elle signe là, un premier roman noir abouti, totalement bluffant.


 Mieux connaître l'auteur

"La concierge est dans le hall " d'Isabel Keats (Un cambio d'aria)

 

La concierge est dans le hall (Un cambio d'aria)
Auteur : Isabel Keats
Traduit de l’espagnol par Maud Hillard
Éditions : Independently published (24 août 2020)
ISBN : 979-8678216335
354 pages

Quatrième de couverture

Détruite après avoir découvert que son mari et fiancé depuis l’enfance lui était infidèle, Inès Santaolalla divorce et décide de faire un virage à 180° dans sa vie. Alors que sa sœur et sa mère pensent qu’elle travaille dans une agence de sa banque à New York, à l’instar de l’héroïne du roman de Muriel Barbery qu’elle admire, elle accepte l’emploi de concierge dans un immeuble de la rue Lagasca à Madrid, une sorte de monde parallèle peuplé d’êtres tous plus extravagants les uns que les autres.

Mon avis

En ces temps moroses de pandémie, quel bonheur de lire un roman rafraichissant, gai et léger !
Inès vient de divorcer. Son mari, celui qu’elle connaît depuis des années et avec qui elle pensait vivre longtemps, l’a trompée. C’est une séparation douloureuse, perturbante pour la jeune femme. Elle n’arrive pas à s’en sortir et se laisse couler. Et puis, un jour, elle décide de retrouver un caractère de battante et d’avancer. Mais comment faire ? Elle décide d’abandonner un emploi très bien rémunéré, un bel appartement pour s’installer dans la loge d’une concierge et de s’occuper ainsi d’un immeuble et de ses habitants. Bien entendu, sa famille n’est pas au courant.

Pour se mettre parfaitement dans la peau de la gardienne, Inès va jouer un vrai rôle de composition. Vêtements, maquillage, posture, vocabulaire, langage et expressions sont en lien avec le personnage qu’elle veut incarner. C’est désopilant et on sourit beaucoup. Il faut qu’elle règle les problèmes de poubelles, de courrier, de voisinage etc…. Pas aussi simple qu’on l’imagine. De plus, sa sœur et sa mère ne cessent de lui envoyer des mails qui la mettent dans l’embarras.

Pourra-t-elle garder son secret ? Aura-t-elle suffisamment de ressources pour tenir bon pour cette nouvelle expérience ? Et surtout, est-ce que cela va l’aider à repartir de l’avant, à passer à autre chose et à oublier son ex ?

C’est avec une écriture plaisante (merci à la traductrice), accompagnée de pointes d’humour que l’auteur nous raconte les aventures d’Inès. Cette dernière est volontaire, entêtée, mais elle n’avait sans doute pas imaginé que le métier provisoire qu’elle avait choisi pouvait poser quelques difficultés. Un immeuble est un microcosme, on y trouve de tout. C’est une galerie de portraits que nous offre Isabel Keats. Les relations entre les uns et les autres sont bien présentées et les dialogues sont savoureux.

Je me suis beaucoup amusée avec ce roman. Quelques esprits chagrins diront que ce n’est pas forcément réaliste mais qu’importe. Le récit est fluide, bien « enlevé ». Il y a des surprises, les protagonistes sont un bon panel des personnes que l’on peut rencontrer et on ne s’ennuie pas une seconde. Et puis, une histoire qui fait du bien, sans prise de tête, c’est excellent pour le moral !


"Traité du zen et de l’art de la pêche à la mouche" de John Gierach (Trout Bum)

 

Traité du zen et de l’art de la pêche à la mouche (Trout Bum)
Auteur : John Gierach
Traduit de l’américain par Jacques Mailhos
Éditions : Gallmeister (4 Juin 2009)
Écrit en 1986
ISBN : 978-2351780268
270 pages 

Quatrième de couverture

Les récits qui composent ce “Traité” parlent de pêche à la mouche, d'amitié et de tout ce qui fait une vie de pêcheur – du café de bivouac aux voitures en passant par les cannes à mouche et autres équipements. Ni traité philosophique, ni récit d'aventures, ni manuel de pêche, ce livre combine des éléments de ces trois veines, avec en prime une bonne dose d'humour et d'esprit.

Mon avis

Apaisement…. 

La nature est un lieu, si on est dans un coin préservé, où l’on se sent bien, presque en communion avec les éléments. En toute simplicité, avec un vocabulaire abordable (en ce qui concerne la pêche malgré des termes techniques), l’auteur de ce recueil nous offre une visite animée des parties de pêche.

Ce n’est pas une activité à laquelle je me consacre et je me demandais réellement ce que ce livre allait m’apporter. J’imaginais des hommes assis sur leur petit siège, surveillant leur ligne mais pas du tout…. L’écriture m’a dévoilé une vraie philosophie de vie, des amitiés indestructibles, des pans de vie heureuse avec presque rien. Le bonheur d’attraper une belle truite mais aussi de la relâcher….

"En un sens, les truites sont des organes fonctionnels du courant; elles servent à transformer l'eau, le soleil, l'oxygène et les protéines en conscience."

Lorsque l’auteur explique l’achat du matériel, alors qu’il n’y connaissait rien, ou pas grand chose, son écriture teintée d’un humour fin, est un régal.

« La version épurée de mon attirail tient confortablement dans les deux poches de torse de ma chemise de pêche, ce qui laisse les deux poches du bas (et le « gros sac » dorsal) vides. Je ne vous cacherai pas que ces espaces non utilisés me causent parfois des petites attaques de vidophobie, mais je crois que j’arriverai à surmonter avec le temps. »

J’avais un peu d’appréhension : ce livre n’allait-il pas être un exposé de sorties entre hommes, avec des explications réservées aux initiés ? Et bien, non, lorsque John Gierach explique le montage des « mouches », on croirait lire un joaillier présentant ses œuvres. J’ai constaté en lisant, que le mot « art » n’était pas usurpé. L’organisation avoisine celle de l’artiste qui met en scène tout un tas d’éléments pour un résultat final qui lui convient. Là, c’est un peu la même chose et finalement, on se rend compte que le score (le nombre de poissons pris) n’est pas essentiel. C’est tout le reste qui l’est. Au mot « art » on peut ajouter celui de « passion », celle qui transparaît dans chaque chapitre.

Chaque partie de pêche est une vraie aventure…

« Partir est une aventure, et lors d’une aventure on devrait laisser les choses se dérouler à leur gré. »

Vous me direz : d’accord pour la pêche mais « traité du zen » ? Les deux sont intimement liés et l’un ne va pas sans l’autre. Lire cet opus m’a permis de me « poser », m’a apaisée, un peu comme lorsqu’on découvre les textes de ces auteurs américains qui vous offrent la nature comme seule toile de fond ou ces films comme : « Et au milieu coule une rivière ». Et au milieu du tumulte quotidien, une pause est toujours un cadeau…..


"Mortelle hôtesse" de Bernard Pasobrola

 

Titre : Mortelle hôtesse
Auteur : Bernard Pasobrola
Éditions : La Vie du Rail (31 mars 2011)
ISBN-13 : 978-2918758273
 320 pages

Quatrième de couverture  

Des passagers décèdent de mort pas tout à fait « naturelle » à bord du TGV Paris-Londres. Un homme est kidnappé dans une clinique de thérapie génique près de Genève. Un virus inconnu cause une épidémie de cécité à Anvers. Les militantes d'une ONG lancent une campagne de presse qui s'achève par une sanglante tuerie dans un hôtel de Londres.

Mon avis

Et si…..  

«L’effet de surprise ne peut venir que de celui qui dicte sa loi à l’autre ; et la loi est dictée par celui qui agit de la bonne manière. » Clausewitz

Une couverture sobre, un titre qui n’attire pas forcément le lecteur de polars mais un livre au papier agréable qu’on tient bien en mains et qu’on ne pose plus une fois commencé …

Roman, vous avez dit roman ? Nous sommes bien d’accord … Donc œuvre de fiction ….

A l’époque de cet avis (Juin 2011) où l’on nous parle de concombre fou et de bactérie cachée dans des graines de soja ou du chou fleur, d’ONG, du FMI (que nous retrouvons dans les dernières pages du livre) ainsi que de thérapie génique, nous nous apercevons que la fiction peut être très (trop ?) proche de la réalité et que tout cela peut faire froid dans le dos ….

De Londres à Anvers en passant par Bruxelles, Genève et d’autres lieux, nous allons flirter avec les diamantaires plus ou moins véreux, les biologistes plus ou moins honnêtes, les journalistes plus ou moins corrompus et bien d’autres personnages plus ou moins attachants.  

L’intrigue se déroule entre le 5 et le 18 Mars, agrémentée d’un épilogue sous forme de lettre (très belle d’ailleurs) écrite en Octobre. Chacun des quinze chapitres est « préfacé » par une courte phrase en italique provenant des pages qui le composent.

Il y a plusieurs pistes, plusieurs « chasseurs », plusieurs « chassés », tout cela relié par un seul et même homme : Richard Meyer.

Meyer qui travaille pour une agence sanitaire privée doit retrouver un homme disparu deux ans plus tôt. Ce serait simple de s’arrêter à cette enquête et de faire partir Meyer sur différentes pistes avant de retrouver ou pas ce brave homme.

Simple mais nettement moins intéressant pour le lecteur …

Les événements ne vont donc pas suivre une linéarité qui pourrait lasser mais nous entraîner dans différentes ramifications. Trahison, complot, hypocrisie, mensonge, méfiance, amitié, etc … sentiments mêlés dans des lieux bien distincts avec des composantes spécifiques, permettant de visualiser les différents protagonistes et les péripéties reliées à chacun sans aucune gêne à la lecture.

Il y a de l’action, des rebondissements, des liens entre les personnages, tout cela admirablement bien ficelé car on ne voit pas « venir » la suite. On est sans arrêt à se demander qui est sincère ou pas et quel va être le prochain épisode, nous emmenant sur une vraie ou fausse piste …

Une écriture de qualité, (émaillée de citations du fin stratège militaire prussien Clausewitz, surtout dans la première partie), mais non dépourvue d’humour à ses heures.

« Le coupable n’échappe pas au jugement des autres, même s’il conserve la liberté et que le souvenir de ses actes s’est estompé, et la peine à purger, c’est la trivialité des mots d’autrui confrontés à l’ensemble vaste et tortueux de ses propres sentiments. »

« Abdomen plat, épaules carrées aux deltoïdes bien dessinés, doigts souples et calleux endurcis au dressage des haubans et au frottement des crosses de golf, dents blanchies aux résines … manager d’âge mûr abrasé au dérideur électronique et assujetti aux crèmes de nuit. »

Bernard Pasobrola sait distiller ses phrases humoristiques, dédramatisant ainsi certaines situations, avec finesse et sobriété. Il n’en fait jamais trop.

Ce roman, car je le rappelle, il s’agit d’un roman, nous renvoie en pleine face des questions que l’on refuse parfois de se poser: la propagation des virus, le rôle des multinationales, la gestion des conférences de presse avec la manipulation de l’information etc …..

Puisse-t-il, tout en permettant de s’évader par la lecture, nous remettre la puce à l’oreille afin de rester vigilant ….

En tout cas, deux choses sont certaines : je ne boirai plus les boissons que l’on peut acheter dans les trains ;-), et je suivrai cet auteur de près …

PS1 : Une question: pour être publié aux Editions « la vie du rail », faut-il qu’une partie de l’intrigue soit en lien avec un train ? 

PS2 : Et pour « l’écolo »que je suis, un livre imprimé sur du papier bouffant, provenant de la gestion durable des forêts. Que demander de plus? ….  Euh …. C’est bientôt le prochain livre du même auteur ?


"Dragon bleu, tigre blanc" de Xiaolong Qiu (Shanghai Redemption)

 

Dragon bleu, tigre blanc
Auteur : Xiaolong Qiu
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Adélaïde Pralon
Éditions : Lina Levi (6 mars 2014)
ISBN : 978-2-86746-717-2
304 pages

Quatrième de couverture :

Stupeur à la brigade des affaires spéciales de la police de Shanghai. Sous couvert d’une promotion ronflante, l’inspecteur Chen est démis de ses fonctions. Après tant d’enquêtes menées contre les intérêts du pouvoir, pas étonnant qu’on veuille sa peau. Forcé d’agir à distance, inquiet pour sa vie, Chen affronte l’affaire la plus délicate de sa carrière tandis qu’à la tête de la ville, un ambitieux prince rouge et son épouse incarnent le renouveau communiste.

Mon avis 

« Le système n’a pas de place pour un flic qui place la justice au-dessus des intérêts du Parti. »

On peut sans doute écrire qu’il en est de même pour les écrivains…

Xiaolong Qiu est installé aux Etats-Unis et cela lui permet probablement une « liberté de parole » dans ses romans, lui dont le père a été victime des gardes rouges.

Son héros récurrent, l’Inspecteur Chen, vient d’être nommé à un poste plus élevé mais en Chine nouvelle nomination ne rime pas forcément avec bonne promotion.

De ses fonctions de vice-secrétaire du Parti et d’inspecteur principal, il n’en est plus question, il vient d’être appelé au poste de directeur de la Commission de réforme juridique de Shanghai. Un titre long et ronflant pour un travail pas clairement défini… Une chose est certaine, il ne pourra plus questionner, « fouiner » en toute discrétion et interroger pour ses enquêtes et ce qu’il vit s’assimile à une « mise au placard » en toute légalité….

« Revenez dans quelques jours récupérer vos affaires, il n’y a pas urgence. » lui dit-on le jour où on lui annonce son nouveau poste. Il aurait dû se méfier…

Il décide de prendre quelques jours pour s’occuper de la sépulture de son père, comme un bon fils qu’il est. Sans doute pour prendre le temps de s’habituer à ce qu’il va devoir faire, prendre du recul et attendre ainsi les instructions. Son court voyage au cimetière va entraîner une rencontre qui va provoquer beaucoup d’événements qu’il ne maitrisera pas….

Chen est un vieux loup solitaire, sérieux, pointilleux, obstiné et qui veut la vérité. Il sait pourtant qu’en Chine, ce n’est pas toujours facile. Sa mise à l’écart n’est pas sans but, il comprend qu’il a creusé trop loin dans les dernières affaires dont il s’est occupé. Il reste tranquille mais se fait « avoir » et échappe de peu à une situation qui aurait pu être dramatique. Fort de ça, il se méfiera mais ce sera très difficile tant le contexte est « tordu » : manœuvres, corruptions, manipulations, disparitions d’indices, transformations de preuves…

Ses supérieurs ne le soutiennent pas et Chen a besoin de tous ses amis, qui doivent eux aussi agir en toute discrétion, obtenant les informations nécessaires pour démêler le nœud gordien dans lequel il est coincé.

En Chine, « ce qui paraît juste un jour se révèle faux le lendemain ». Le cheminement de Chen, dans ce roman, est comme cette phrase, tout en clair obscur, en nuances. On passe des Gros Sous hypocrites avec leurs maîtresses, les « ernais », dont ils usent, abusent avant de les remercier à l’Opéra et à la poésie dans une atmosphère feutrée. L’écriture suit ce rythme particulier : de la nostalgie pour les mets raffinés, les vers poétiques, les traditions à un certain dégoût pour ceux, corrompus, qui ne pensent qu’à l’argent, aux plaisirs et sont « oublieux » et irrespectueux des valeurs de ce pays. J’ai beaucoup aimé les passages ou les événements vécus sont comparés à des scènes d’Opéra et analysés avec un regard « artiste » (la stratégie de Chen est comparée à « La romance des trois royaumes ».)

Omniprésent dans ce livre, «le Parti » qui est un presque un personnage à part entière. On ne peut pas mettre en doute la bonne foi du Parti, on doit tout faire pour le Parti …. il est là, enveloppant tout et chacun dans ses tentacules, essayant de modeler les pensées, imposant les chants « rouges », se glissant partout afin de tenir les rênes ….

J’ai beaucoup apprécié ce roman pour son ambiance, son climat, ses personnages mais également pour la découverte de cette Chine ambivalente, partagée, tiraillée et où il est si difficile d’exprimer ses ressentis, ses émotions tant il faut être dans la norme choisie par le Parti. Chen est un homme attachant, intéressant dans sa façon d’approcher les gens, les faits, mais aussi pour son analyse du vécu chinois. Je crois que Xiaolong Qiu se sert de cet homme pour nous transmettre l’amour de son pays mais également sa peur que celui-ci ne se perde….


"Tombes oubliées" de Douglas Preston & Lincoln Child (Old Bones)

 

Tombes oubliées (Old Bones)
Auteurs : Douglas Preston & Lincoln Child
Traduit de l’américain par Sebastian Danchin
Éditions : L’Archipel (5 Novembre 2020)
ISBN : 978-2809839647
360 pages

Quatrième de couverture

Nora Kelly, de l'Institut archéologique de Santa Fe, est approchée par l'historien Clive Benton pour localiser le Campement perdu de l'expédition Donner, introuvable depuis 1847, afin d'y effectuer des recherches historiques... et mettre la main sur un trésor.

Mon avis

Avec ce nouvel opus, les deux auteurs prolixes commencent une nouvelle série mettant en scène Nora Kelly. C’est une jeune veuve au caractère bien trempé, solitaire, passionnée. Elle dépend d’un institut d’archéologie et participe des recherches et des fouilles. Un historien, Clive Benton, la contacte pour localiser un campement en lien avec l’expédition Donner.

Cette expédition a réellement existé. Elle était composée de quatre-vingt-sept pionniers, en route pour la Californie. Le groupe a été scindé en deux et certains ont pris un raccourci avec à sa tête, George Donner. Ils ont été bloqués par la neige et pour survivre, certains ont eu recours au cannibalisme. Au terme de cette terrible aventure, peu d’entre eux sont restés en vie. C’est à partir de là que les auteurs ont tissé la trame de leur récit.

Clive Benton veut retrouver le camp perdu qu’ont quitté les survivants une fois les conditions climatiques meilleures. L’hypothèse étant que, sur place, ils ont abandonné un trésor qu’ils n’ont jamais pu retrouver. Pour arriver à ses fins, il a besoin de fouilles officielles et se fait aider de Nora Kelly. Ils seront accompagnés de plusieurs personnes, une cantinière, un homme qui possède un ranch, des aides de camp, etc….En parallèle, on découvre Corrie Swanson, jeune recrue du FBI. Elle enquête sur des tombes profanées. Il semblerait que les corps exhumés appartiennent tous à la même famille à des dates pourtant très différentes, les uns étant les ancêtres des autres. Pourquoi de tels actes ? Que recherchent ceux qui agissent ainsi ?

Du côté des prospections, nous avons des gens avertis, qui connaissent leur métier. Ils cohabitent sur le camp tant bien que mal, avec leur caractère différent, leurs peurs, leur enthousiasme, leur envie de comprendre et de réussir.
De l’autre côté, nous avons une très jeune enquêtrice, fougueuse, impulsive, qui n’a pas la langue dans sa poche, qui souhaite tout cerner rapidement. Elle a parfois le souhait de se lancer sur une piste et son patron la freine. On sent qu’elle en a sous le pied et que son intuition est un bon atout pour elle. Elle veut surtout prouver qu’elle a sa place au sein du FBI et qu’il faut la prendre au sérieux.

Lorsque les auteurs parlent des recherches, c’est très intéressant. Sans trop en rajouter dans des détails techniques, assortis d’un vocabulaire imbuvable, ils arrivent malgré tout, à nous apprendre des choses, notamment sur les outils plus modernes et la place de l’intelligence artificielle pour analyser les découvertes. On voit que le domaine archéologique a beaucoup évolué même s’il faut toujours autant de précautions sur les sites lorsqu’on sort de la terre des os et des objets. Les auteurs soulignent également combien la recherche de l’or peut transformer les gens….

Fouilles et enquête du FBI finiront par se rejoindre et tout va parfaitement s’imbriquer. Je suis admirative de la façon de faire de Preston et Child, ils retombent toujours sur leurs pieds et tout se tient ! L’écriture est fluide (on ne sent pas que c’est écrit à quatre mains) et Sebastian Danchin fait de l’excellent boulot. Lorsque je lis un roman qu’il a traduit, je sais que le texte sera cohérent, le vocabulaire adapté et les tournures de phrases correctes et ça, c’est énorme pour le plaisir de lecture ! Il y a du rythme, des rebondissements, les personnages sont présentés en quelques mots qui suffisent à cerner leur personnalité. On ne s’ennuie pas une seconde et ça se lit bien.

Une belle découverte avec une femme en exergue que je retrouverai très vite avec beaucoup de bonheur.

 


"Némésis" de Xavier Massé

 

Némésis
Auteur : Xavier Massé
Éditions : Taurnada (5 Novembre 2020)
ISBN : 978-2372580762
320 pages

Quatrième de couverture

« David… ? C'est moi, c'est Vincent ! Il faut que tu viennes ! Il faut que tu me rejoignes dans notre village d'enfance… il s'est passé quelque chose… c'est horrible, je n'ai jamais vu ça !… » Une disparition anormale, un meurtre sans précédent, un village divisé entre croyances et superstitions, une atmosphère étouffante…

Mon avis

Némésis est un ROMAN, ouf !

Némésis est la déesse de la juste vengeance. Celle qui trie le bien du mal, et agit pour que tout aille mieux.  Voici un titre parfaitement choisi pour le dernier récit de Xavier Massé qui a mis la barre très haut. Mais autant le signaler d’entrée : âmes sensibles, passez votre chemin.

David est policier, il a quitté son village il y a longtemps. Son père est décédé, il voit sa mère de temps à autre. Il n’a pas gardé de liens avec le lieu où il passé sa jeunesse et lorsque Vincent, son pote de toujours l’appelle pour lui dire de revenir à Assieu où ils ont grandi ensemble, il est étonné. Pourquoi le choisir, lui, pour résoudre une affaire qui dès le début, apparaît comme sordide et nauséabonde ? A-t-il tous les éléments en mains ?

Vincent et David font équipe. Ils connaissent les villageois, le passé de la plupart d’entre eux, les lieux. Les gens seront plus à même de se confier à des personnes du cru qu’à des inconnus. Les deux amis doivent interroger, observer et mettre en place de quoi protéger les habitants et leurs enfants. Il se passe des choses vraiment horribles, mais heureusement l’auteur ne s’appesantit pas et n’en rajoute pas. Ce qu’il explique est nécessaire pour faire le lien et comprendre, c’est tout, et c’est bien suffisant parce que brrrrr……

Au-delà des investigations menées par les deux hommes, il est intéressant de regarder le décalage entre celui qui est resté et celui qui a fait sa vie ailleurs. David ne reconnaît rien. Le maire a mis en place trop d’industrialisation dans ce coin de nature, les relations sont parfois tendues avec les administrés. Certains semblent jouer sur tous les tableaux, mener des actions dans l’ombre. Le prêtre lui-même interroge, quel rôle a cet homme de Dieu qui a la confiance de tous ?

Xavier Massé maîtrise parfaitement son récit. L’atmosphère est lourde, puis poisseuse de suspicion, avant de devenir carrément étouffante. L’angoisse monte de pages en pages, on croit qu’on va souffler mais pas du tout, il trouve encore le moyen de nous serrer le ventre, de rendre nos mains moites, d’apeurer notre regard….. Chaque nouveau chapitre apporte son lot de surprises, et pas forcément des bonnes. Les relations entre les deux copains sont compliquées, ils ne raisonnent pas toujours de la même façon, les veilles éprouvent leurs nerfs et les rendent fragiles. Finalement ce ne sont pas des surhommes et ils ont leur lot de difficultés. Pourtant, on attend tout d’eux : qu’ils rassurent, qu’ils protègent, qu’ils trouvent qui agit dans l’ombre et qu’ils rétablissent le calme…. Ce n’est pas facile !

L’intrigue est bien construite, on sent qu’il y a quelque chose de louche, des doutes effleurent notre esprit mais on n’a pas le temps de creuser car le rythme soutenu des événements nous entraîne. Dès les premières phrases, on est dedans, l’horreur, la douleur, nous rattrape et nous cloue au canapé, on est ferré, on ne lâche plus le livre, espérant une éclaircie.  Xavier Massé a été très fort pour ce recueil car les explications dans les derniers chapitres et l’épilogue ne sont pas tronquées et apportent un réel éclairage sur les faits. Ça fait peur (et c’est le but), ça questionne, et quand arrive la fin, à la limite de l’ésotérisme, on se rend compte que

Némésis est un ROMAN, ouf !


"Une enquête du vénérable juge Ti" de Xiaolong Qiu (The Shadow of the Empire)

 

Une enquête du vénérable juge Ti (The Shadow of the Empire)
Attribuée à l’inspecteur Chen Cao
Auteur : Xiaolong Qiu ( 裘小)
Traduit de l’anglais (Etats-Unis par Adélaïde Pralon)
Éditions : Liana Levi (5 Novembre 2020)
ISBN : 979-1034903344
144 pages

Quatrième de couverture

En un temps d'âpres luttes pour le pouvoir, dans la Chine du IX  ème un messager impérial vient demander au célèbre juge Ti d'enquêter sur un meurtre dont est soupçonnée la poétesse- courtisane Xuanji. Alors que la belle et talentueuse jeune femme croupit dans une geôle en attente de la sentence, l'enquête du juge le mènera à des secrets qu'il est préférable d'ignorer.

Mon avis

Plusieurs romanciers ont parlé du juge Ti, mais dans cette intrigue, inspirée d’un fait divers réel, c’est Xiaolong  Qiu qui lui prête vie et le met en scène. Nous sommes au neuvième siècle, en Chine, l’impératrice doit choisir son successeur : elle hésite entre son neveu, le ministre Wu et son fils, le prince Li. Le juge Ti qui trouve irrecevable de ne pas prendre un membre de la famille Li, a porté une pétition abondant en ce sens à la souveraine. Il a sans doute déplu aux autorités en agissant ainsi….. En effet, il vient d’être nommé sur un nouveau poste qui l’éloigne de la cour. Il s’apprête à partir avec Yang Rong, son fidèle « lieutenant ».

Mais alors qu’il est sur le départ, il reçoit une mission du ministre Wu. Il doit enquêter sur un meurtre dont est soupçonnée la poétesse- courtisane Xuanji. Elle aurait tué et enterré sa fidèle servante.  Résoudre cette affaire permettrait de préserver la stabilité politique. Malgré son étonnement (Wu est plutôt son ennemi), le juge Ti accepte de retarder son départ et de faire des recherches sur quelques jours à titre privé. Il rendra ensuite son rapport et gagnera son nouveau poste.

L’accusée est une poétesse qui était très courtisée. Elle est maintenant en prison après avoir été fouettée violemment et elle est hébergée dans des conditions très difficiles. Avant de la rencontrer, le Juge va interroger tous ceux qui l’ont côtoyée, une marchande de fleurs, un imprimeur etc …. Il relève les incohérences, les moindres détails qui l’aideront à avancer dans la compréhension des événements. En parallèle, il confie d’autres missions à Yang. Ils prennent ensuite du temps tous les deux pour échanger, bien que le juge ne dise pas grand-chose….gardant pour lui ce qu’il a découvert. Ils sont bien conscients, tous les deux, qu’il faut voir plus loin que le superficiel, qu’il est nécessaire de creuser…

« Si nous ne parvenons pas à voir au-delà des apparences, c’est parce que nous nous plaçons au milieu d’elles. »

Ce livre est très intéressant pour de nombreuses raisons.
On pénètre dans une atmosphère d’époque bien retranscrite, dans le monde particulier des dynasties chinoises avec les courtisanes, les concubines, les croyances des gens qui ont peur, les « codes » et les « rôles » de chacun auprès des monarques et la lutte pour le pouvoir.
Le récit fait la part belle à la poésie (ce sont des textes ou des extrait magnifiques et parfaitement introduits dans le texte).
Le juge Ti est astucieux, il louvoie habilement au milieu des gens qu’il côtoie. Il a un esprit de déduction affuté qui lui permet d’interpréter ce qu’il voit et de deviner ce qu’on essaie de lui cacher. Il fait preuve de doigté et de finesse lorsqu’il mène des entretiens et forme un binôme de choc avec Yang.

L’écriture est vivante, fluide et agréable (merci pour la traduction). Il y a du rythme. Ce n’est pas long, cent quarante-quatre pages mais ici, c’est suffisant pour que le lecteur pénètre dans cet univers et y reste. Je peux même dire que le destin de cette poétesse, ses réactions, ses choix, m’ont émue.

 

PS : mention spéciale pour le « Un livre a le même prix partout » au dos du livre.


"Nuit sans lune au Waziristân" de Saqib Mausoof (The Warehouse)

 

Nuit sans lune au Waziristân
Auteur : Saqib Mausoof
Traduit de l'anglais par Benoîte Dauvergne
Éditions de l’Aube (2 Mars 2017)
ISBN : 9782815915120
330 pages

Quatrième de couverture

Sayyid Qais Ali Qureshi, dit Cash, est un agent d’assurances pakistanais installé à Karachi. Veuf, il a pour ­objectif principal d’offrir à sa fille un avenir décent et libre. C’est pourquoi il accepte d’aller constater un sinistre dans une des zones les plus dangereuses au monde, le ­Waziristan, région montagneuse au nord-ouest du Pakistan – ce qui pourrait lui ­rapporter beaucoup d’argent, à condition d’en réchapper !

Mon avis 

Avant de s’installer à San Francisco où il est écrivain et cinéaste, l’auteur pakistanais Saqib Mausoof a passé du temps comme humanitaire au Waziristân, ce lieu situé entre l’Afghanistan et le Pakistan.  Peu de personnes y vont tant c’est reculé et dangereux, les talibans y sont installés en maîtres. Autant dire que ce qu’il évoque dans son roman est inspiré de ce qu’il sait de source sûre.

L’agent d’assurance Sayyid Qais Ali Qureshi, dit Cash, un homme veuf, accepte une mission périlleuse dans ce coin car il sera bien payé et il pourra ainsi faire soigner sa mère malade et offrir à sa fille des études et un avenir un peu plus radieux. Il sait pourtant que là où on l’envoie rien ne sera simple mais il a quelques contacts qui devraient l’aider et il pense qu’en quelques jours, tout sera réglé. Bien sûr, il aurait pu refuser mais celle qui lui demande, et pour qui il a un petit faible, lui fait miroiter tous les avantages à accepter alors il dit oui….

Malheureusement, rien ne va se passer comme prévu et il va être entraîné dans une spirale infernale de violence, mensonges, peur, corruption ….
C’est un roman noir, triste tant ce qu’on découvre par les yeux de Cash nous insurge, nous révolte. Personne n’est net, pas même lui, l’agent d’assurance, et on aperçoit  de pages en pages toute l’horreur du quotidien : les gens se battent, se surveillent, se tuent (que de morts !!), les femmes sont méprisées, mal traitées, soumises pour la plupart … Le propos est dur et c’est encore plus terrible lorsqu’on sait que c’est un reflet de la vérité…. Et ça fait mal….

Dans ce coin du monde, tout semble fragile, les relations politiques sont tronquées , les rapports humains déformés par un quotidien instable où rien n’est acquis. L’auteur le montre bien à travers son personnage : faire confiance d’une façon saine, sans arrière pensée et sans en avoir d’incertitude est impossible.

L’écriture est sèche, sans fioriture, précise (bravo à la traductrice) adaptée au contenu.  Le style percutant ne laisse pas le lecteur souffler, les faits s’enchaînent et parfois on voudrait dire stop devant tant de cruauté.  J’avais de la peine pour Cash, en suivant ses aventures, parce que je pensais qu’il ne pourrait pas en sortir  indemne, que son esprit serait marqué à jamais par ce qu’il vivait (et moi par ce que je lisais)….

Cela n’a pas été une lecture facile, les noms des protagonistes m’ont semblé difficiles à retenir et le contenu ne me laissait entrevoir aucune lueur d’espoir et j’avais beau me dire que c’était un livre, pas un reportage, je savais très bien qu’il ne fallait pas que je fasse comme si cela n’existait pas….. Finalement , ça secoue, mais ça ouvre aussi les yeux …  Saqib Mausoof a le courage d’écrire, de parler et chapeau bas monsieur !

 


"La croisière d'ultime espérance" d'Alain Keralenn

 

La croisière d'ultime espérance
Auteur: Alain Keralenn
Éditions: France-Empire (16 Février 2012)
ISBN : 978-2704811236
165 pages

Quatrième de couverture

Marie Morvan, consultante française, se rend au Japon peu après le grand séisme qui vient de frapper ce pays. Chargée de préparer la certification d'une cargaison de matières nucléaires originaires du Japon et retraitées en Europe, elle y rencontre Kenji Hosoda, un jeune ingénieur japonais. Entre eux, une relation sentimentale naissante s'établit. Or, Kenji est lié par amitié à Samir, un chrétien d'Iraq qui l'a sauvé lors d'un séjour à Bagdad.
Tous trois se trouvent engagés dans un complot qui les mène de Tokyo à Paris, de Dubaï à Valparaiso, autour de l'itinéraire du navire transportant ces matières nucléaires.

Mon avis

« L’espérance est un emprunt fait au bonheur…. » Joseph Joubert

Dès les premières pages, deux choses m’ont agréablement surprise.

La première est le vocabulaire soigné, précis, de qualité, employé par Alain Keralenn. Cela a ravi l’amoureuse des mots que je suis.

La seconde, c’est l’érudition de l’auteur. On sent l’homme qui a voyagé, qui a une culture multiple et qui glisse ça et là des références intéressantes sans jamais le faire de manière ostentatoire.

Des haïkus aux habitudes de Pablo Neruda en passant pas les yakusas et les minorités religieuses, il est indéniable, que toutes ces connaissances complètent parfaitement l’intrigue pour qui a envie d’en savoir un peu plus. Je dirai même que cela ouvre des portes vers d’autres souhaits de découvertes, l’envie d’aller plus loin et de comprendre, pouvant tenailler le lecteur. De plus, les lieux géographiques évoqués le sont avec une acuité aiguisée. On a l’impression d’y être tant, en quelques phrases nettes, le décor est planté.

Donc, après une belle photo de couverture, nous trouvons des pages au contenu de qualité qui s’enchaînent sans difficulté et avec un réel plaisir. L’écriture est claire, les phrases assez courtes la plupart du temps. La concordance des temps utilisée à bon escient. Tout cela pourrait donner une impression de « dissertation » bien appliquée (trop ?). Je l’ai craint au début tant tout ceci me semblait presque trop « lisse », studieux.

C’était sans compter sur l’histoire elle-même et les protagonistes qui la composent. Même s’ils ne sont qu’esquissés (et c’est peut-être dommage, l’écrivain à la belle plume aurait pu creuser les personnalités des principaux personnages), les individus que l’on croise dans cet opus sont attirants. Ils ont tous une part d’ombre, une faille, et sont de ce fait, très humains.

Marie, jeune femme dynamique, se consacre à son travail mais elle va s’attacher (un peu trop vite ? mais le livre est court…) à Kenji et évoluera dans ses choix et ses pensées.

Kenji, partagé entre deux cultures (japonaise et américaine) qui a vécu à Nagasaki, est ambivalent, sans cesse tiraillé (en apparence) entre deux mondes. Samir, Chrétien d’Iraq, blessé dans ses convictions sera le troisième.

Qu’est ce qui peut relier trois personnes aussi différentes dans leur culture, leur approche de l’homme et leurs croyances ? Le retraitement des déchets nucléaires que chacun aborde d’une façon différente en fonction du but recherché (professionnel ou personnel).

Le sujet est soulevé avec délicatesse, sans jugement et sans fioritures inutiles.

L’auteur s’attache à présenter en quelques phrases les lieux et les situations puis les personnages prennent la parole. Les dialogues sont concis, limpides. Le tout émaillé quelquefois de leurs pensées ou ressentis mais sans jamais s’appesantir. C’est simple, direct et efficace mais aussi de très bonne qualité.

L’écriture « au cordeau » n’est pas dénuée de poésie dans certains paragraphes.

« La route serpentait le long d’une côte découpée, de promontoires en anses paisibles. Ici et là, de petites plages se frayaient un espace dans la végétation luxuriante. »

Le fond de l’histoire est, en gros, vraisemblable. Certains ne manqueront pas d’apporter un bémol en disant que les événements s’enchaînent un peu trop vite mais difficile de faire d’une autre façon en cent soixante-deux pages. Alain Keralenn a le mérite de nous éviter des longueurs et du délayage.

On peut aussi souligner la naïveté de nos « héros ». Lorsqu’on se dit des secrets, on ne laisse pas un chien, fusse-t-il très gentil, se poser à côté de sa table. Méfiez-vous des micros !!

Mais ne boudons pas notre plaisir !

C’est un premier roman et il a tout pour vous faire passer un agréable moment de lecture !


"Dans le pire des cas" de James Patterson & Michael Ledwidge (Worst Case)

Dans le pire des cas (Worst Case)
Auteurs: James Patterson & Michael Ledwidge
Traduit par Sébastian Danchin
Éditions : L’ Archipel (3 avril 2013)
ISBN: 978-2809810400
320 pages

Quatrième de couverture

New York. Le fils d'une des familles les plus aisées de la ville se fait kidnapper. Étrangement, aucune demande de rançon ne parvient à la famille ou à la police. Par quoi le tueur peut-il donc être intéressé ? Si ce n'est pas l'argent, quelles peuvent être ses motivations ? L'inspecteur Bennett est chargé de l'enquête.

Mon avis

Michael Bennett est un héros récurrent de James Patterson. Pour moi, c’était une première rencontre, je ne l’avais pas encore croisé bien qu’ayant lu des romans de son « papa ».

Dix enfants adoptés (tous adorables, il en a de la chance !), veuf (finalement il n’a pas de chance…élever dix frères et sœurs sans mère….pas évident…), une aide-ménagère serviable, formidable, discrète, efficace (il a de nouveau de la chance: il a trouvé la perle rare…) qui, à mon avis, est amoureuse de lui (mais les hommes ne voient rien, c’est bien connu…), un grand-père curé sympathique et rempli d’humour et le tableau est presque complet…. En effet, vous pouvez ajouter Emilie, du FBI, qu’on lui adjoint comme partenaire (elle a l’air célibataire, à mon avis, ces deux-là…. mais bon, moi, ce que j’en dis…)

Tous ces personnages gravitent avec plus ou moins d’importance autour d’une enquête pour le moins délicate. De jeunes gens, plutôt d’excellente famille, donc avec des parents riches qui ont de quoi négocier financièrement, sont pris en otage. Leur ravisseur leur pose des questions et s’ils répondent faux… et bien, « errare humanum est » n’est pas connu de notre kidnappeur et je vous laisse imaginer comment peut réagir un homme à fleur de peau, qui en veut à la terre entière et que personne ne semble comprendre (c’est ainsi qu’il perçoit les choses….) Bref, tout ceci est bien délicat, Michael et Emilie auront besoin de tous leurs neurones, leur courage, leur sagacité pour mener à bien leurs investigations et arriver à trouver ce qu’il faut faire pour arrêter tout ça …

Les chapitres sont très courts, maintenant un rythme alerte et rapide.

Quelquefois une pointe d’humour, on ne va pas s’ennuyer une seconde en lisant ce roman.

Malgré le côté noir de certaines scènes (mais l’auteur ne s’appesantit pas donc on passe vite à autre chose), c’est un opus léger, qui se lit très vite et qui détend sans pour autant être mièvre.

Il n’y a pas de profil psychologique très détaillé pour les protagonistes, ni une intrigue très profonde. Bien entendu, de temps à autre, on voit venir les futures situations mais les ficelles ne sont pas énormes non plus, et pour peu qu’on ait l’esprit fatigué, on se retrouve tout à fait dans ce style d’opus. Forcément, les esprits chagrins diront que ce roman n’a pas assez de consistance, mais est-on obligé de toujours lire des lectures dites sérieuses ?

L’écriture est fluide, entrecoupée de nombreux dialogues, contenant quelquefois une pointe de dérision, les interlocuteurs discutant sur le ton de la plaisanterie, c’est donc tout à fait distrayant à lire.

Michael Bennett est un homme divertissant, ses relations avec Emilie, sa collègue, avec son aide-ménagère, ses enfants, son grand-père sont amusantes et mériteraient d’être creusées, mais peut-être que l’auteur en « garde sous le pied » pour un prochain manuscrit ? D’ailleurs, je m’interroge: pourquoi dans ses derniers romans, y-a-t-il toujours un nom associé à celui de James Patterson ? Ils travaillent à quatre mains ? Il met le « pied à l’étrier » à de jeunes auteurs ? Il a un « nègre » presque officiel (enfin plusieurs, vu que le second nom n’est pas toujours le même…)

Pour conclure, une mention « bien » au traducteur !

"Vengeance à froid" de Douglas Preston & Lincoln Child (Cold Vengeance)

 

Vengeance à froid
Auteurs : Douglas Preston & Lincoln Child
Traduit de l’américain par Sebastian Danchin
Éditions : Archipel (9 mai 2012)
ISBN: 978-2809807080
350 pages

Quatrième de couverture

Une partie de chasse dans les Highlands écossaises tourne au règlement de comptes entre l'inspecteur Aloysius Pendergast du FBI et son beau-frère Judson Esterhazy. Au terme d'une lutte acharnée, Esterhazy laisse Pendergast pour mort... après lui avoir révélé que sa soeur Hélène - la femme de Pendergast - n'est pas décédée dix ans plus tôt dans un accident de chasse en Afrique ! Elle vit toujours...

Mon avis

Pas évident de lire un roman dans le cadre d’une série sans avoir lu les recueils précédents. Non pas que ce soit difficile à suivre (chaque livre reste indépendant avec son histoire propre) mais c’est parfois un peu frustrant  car il y a des personnages récurrents (suivis d’astérisques lorsqu’un sous-entendu est lié à une histoire précédente) et on ne connaît pas tout d’eux. Quelquefois, ce n’est pas gênant (exemple : savoir que Judson a une cicatrice parce qu’il a eu un accident de chasse dans un autre opus n’apporte rien de plus à la lecture), d’autres fois, c’est plus ennuyeux, parce qu’il y a des allusions aux relations entre les différents protagonistes, avec l’évocation de faits passés, et dans ces cas-là, le lecteur aurait besoin d’un éclairage plus complet. En effet, avoir connaissance de ce qui s’est déroulé en amont et comment les gens ont réagi peut aider pour la présente lecture.

Ceci dit, je n’ai pas été beaucoup gênée par cet état de faits.

L’histoire commence dans le brouillard des landes écossaises où deux beaux-frères chassent le cerf malgré l’interdiction qui leur a été faite. Accident ou meurtre déguisé, les armes ne sont pas utilisées pour tuer la proie…. Ces deux hommes qui me semblaient amis, se retrouvent ainsi ennemis  et même plus si cela est possible…

Bien malgré moi, je me suis retrouvée entraînée à la suite des uns et des autres passant de l’Ecosse à New York sans oublier la Georgie, le Misssissipi et même le Guatémala; découvrant partiellement des secrets (que n’avais-je pas lu les aventures précédentes de Pendergast !!!) ; rencontrant des tueurs, des membres du FBI etc…

L’intrigue est haletante, sans temps mort, le sang coule, les événements se succèdent à une allure folle, c’est parfois un peu « trop », le trait est forcé, exagéré, il y a quelques invraisemblances et quelques ficelles un peu grosses (je pense entre autres aux différentes scènes sur le yacht) mais l’écriture est plaisante, bien rythmé et fluide, facile d’accès.

Peut-être aurait-on pu mettre le nom des personnages et leur fonction dans les premières pages pour ceux qui, comme moi, découvrent les protagonistes sans rien savoir d’eux avant d’ouvrir le livre.

Les individus de premier plan sont donc les beaux frères. Dire que l’un est tout blanc et l’autre tout noir serait un très mauvais raccourci car ce n’est pas si simple. J’aurais presque envie de dire qu’ils ne sont « pas nets », ni l’un ni l’autre, même si mon cœur penche plus d’un côté…. Leurs caractères sont différents par certains aspects mais on peut reconnaître qu’ils ont en commun d’être très coriaces au mal et très opiniâtres, persévérants pour atteindre le ou les buts qu’ils se sont fixés.

Ceux de second plan sont tout aussi torturés et intéressants. J’aurais souhaité que certains, comme Constance, soit plus développé mais sans doute aurais-je dû lire les tomes précédents (on en revient toujours à ça, je suis curieuse et je veux tout savoir…) pour mieux les appréhender….

La plupart sont définis en quelques mots sans grosse étude psychologique pour les décrire, tout cela restant bien accessible.

Chaque chapitre a pour en tête le lieu où se déroulent les pages suivantes et ceci est bien utile pour se situer dans l’espace car le nombre de personnages auraient pu embrouiller tant les ramifications sont nombreuses. Heureusement certains individus ne voyagent pas et on les trouve toujours au même endroit !!!

La fin est ouverte et donnera le souhait à plus d’un de guetter la suite des aventures de nos héros…. Ce que je ferai aussi sans aucun doute