"Les sept sœurs -Tome 4 : La sœur à la perle" de Lucinda Riley (The Pearl Sister)

 

Les sept sœurs -Tome 4 : La sœur à la perle (The Pearl Sister)
Auteur : Lucinda Riley
Traduit de l’anglais (Irlande) par Marie-Axelle de La Rochefoucauld
Éditions : Charleston (18 Février 2020)
ISBN : 978-2368125151
600 pages

Quatrième de couverture

À la mort de leur père, énigmatique milliardaire qui les a adoptées aux quatre coins du monde lorsqu'elles étaient bébés, CeCe d'Aplièse et ses soeurs se retrouvent dans la maison de leur enfance, Atlantis, un magnifique château sur les bords du lac de Genève.
CeCe, la quatrième soeur, ne s'est jamais vraiment sentie à sa place, et au décès de son père, elle se retrouve complètement perdue. N'ayant que les quelques indices que ce dernier lui a laissés, elle part à la recherche de ses origines jusque dans la chaleur et la poussière du centre rouge de l'Australie. Alors qu'elle découvre des secrets enfouis depuis bien longtemps, elle commence à penser que ce vaste et sauvage continent pourrait lui offrir quelque chose qu'elle a toujours cru impossible : un sentiment d'appartenance et un foyer...

Mon avis

CeCe, la quatrième sœur, qui était très fusionnelle avec Star (la nuémro 3), se retrouve seule car sa frangine a pris son envol. Elle est dyslexique, mal dans sa peau. Après avoir étudié les indices laissés par son père adoptif pour retrouver ses origines, elle part pour l’Australie. C’est un challenge énorme pour elle qui n’a pas fait grand-chose toute seule.

Le lecteur va, une fois encore, se retrouver entre passé et présent. L’histoire alterne entre Cece qui apprend à mieux se connaître et Kitty McBride, la fille d'un pasteur écossais, qui, plus de cent ans plus tôt, s'est retrouvée en Australie.

On peut faire un petit reproche à Lucinda Riley, ce qui se passe dans le passé correspond le plus souvent à un amour contrarié. Mais ce n’est pas bien important si on ne lit pas tout à la suite pour éviter un sentiment de « déjà vu ».

J’ai eu beaucoup de plaisir à voyager dans ces contrées lointaines et à connaître certains aspects de l’histoire de ce pays. C’est cela qui maintient mon intérêt. J’ai également apprécié la personnalité de Kitty, une femme forte, qui sait ce qu’elle veut et qui ose parler alors qu’à l’époque…

Une lecture plaisir sans prise de tête.


"L’étoile du désert" de Michael Connelly (Desert Star)

 

L’étoile du désert (Desert Star)
Auteur : Michael Connelly
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Robert Pépin
Éditions : Calmann Levy (6 Septembre 2023)
ISBN : 978-2702166352
400 pages

Quatrième de couverture

Après avoir quitté le LAPD rongé par la misogynie, le défaitisme et la bureaucratie, Renée Ballard revient prendre la direction de l’unité des Affaires non résolues récemment reformée. Elle y recrute des stars de la police et demande à Harry Bosch, maintenant à la retraite, de l’aider à résoudre l’affaire de deux jeunes femmes tuées de la même façon à dix ans d’intervalle.

Mon avis

Revoilà du très bon Connelly, pas excellentissime mais vraiment à lire.

Harry Bosh est retraité, vous vous souvenez ? Rangé des voitures, comme on dit. Renée Ballard (nouveau personnage récurrent de l’auteur) est maintenant à la direction des Affaires non résolues, une unité qui vient d’être remise en place. Financée par un conseiller municipal dont la petite sœur a été assassinée il y a très longtemps. L’occasion pour lui de demander à ce que les recherches reprennent afin de coincer le meurtrier. Ballard a quelques personnes pour l’aider, dont certaines sont plutôt imposées … Elle décide de proposer à Harry de venir investiguer avec elle. Il hésite mais finit par dire oui car il pense qu’il pourra remettre son nez dans une enquête qui lui est restée en travers de la gorge. Quatre membres d’une même famille (parents et enfants) tués avec sang-froid et des méthodes horribles.

Renée, qui est quand même sa chef, aimerait qu’il se consacre à la jeune femme morte et après à l’autre événement si c’est possible. Elle est agacée quand il fait ce qu’il veut, parfois même sans la tenir au courant. Mais Bosh est un électron libre, il aime bien faire cavalier seul et il déteste qu’on lui donne des ordres. Il essaie de tout mener de front. Malgré tout, dans le récit, pas de risque de se mélanger, tout est bien distinct et on suit les deux intrigues sans aucun problème.

Bosh vieillit avec nous, il se fatigue, il n’est pas très en forme (il a bien bu et fumé, trop sans doute) mais, même bougon, grognon, il est toujours attachant. C’est comme un vieil ami qu’on voit évoluer au fil des histoires. On suit les recherches des uns et des autres, c’est fluide, facile à comprendre et le vieux policier a plus d’un tour dans son sac pour arriver à ses fins (j’aime bien l’idée de rester sur le perron, l’ai r de rien après avoir quitté une maison pour tendre l’oreille au cas où). Les situations, au bureau, avec les autres enquêteurs, sont amusantes, par contre, les rangées de classeurs de cold case font froid dans le dos….

L’écriture est très plaisante. Robert Pépin connaît l’auteur par cœur et ses traductions sont parfaites. Elles collent aux lieux, aux individus, à l’atmosphère, on est au cœur du texte, on croirait presque voir un film. Il y a juste ce qu’il faut de suspense, de rebondissements pour que notre intérêt soit maintenu et qu’on ait envie de savoir la suite au plus vite.

L’ambiance est moins sombre que dans les premiers livres de Michael Connelly. Je me suis même interrogée : est-ce que Bosh est blasé et de ce fait il déteint sur les propos de l’écrivain ? Évidemment, je sais que ce n’est pas possible mais …

 Le côté psychologique est moins approfondi également mais ça reste une lecture prenante et très appréciée.

NB : si en plus, vous lisez le roman en écoutant les mêmes musiques qu’Harry (qui est un fin mélomane), ce ne sera que du bonheur.



"Heureux les fêlés car ils laissent passer la lumière" de Raphaëlle Giordano

 

Heureux les fêlés car ils laissent passer la lumière
Auteur : Raphaëlle Giordano
Éditions : Récamier (19 octobre 2023)
ISBN : 978-2385770297
314 pages

Quatrième de couverture

Henriette n'a pas que son prénom de décalé. Elle a aussi un look original bien à elle et un vrai talent créatif d'architecte d'intérieur, qu'elle ne mesure pas vraiment, trop souvent occupée à douter d'elle-même. Car derrière la façade de jeune professionnelle douée, elle cache une peur inavouable... Jusqu'au jour où un projet l'oblige à collaborer avec un bureau d'études dirigé par un architecte paysagiste ambitieux, charismatique... et à première vue imbuvable.

Mon avis

Henriette est architecte d’intérieur. Elle ne paie pas de mine, elle est jeune et a un look un peu décalé. Elle est excellente dans son domaine et ses aménagements sont une réussite. C’est là qu’elle s’épanouit car le reste du temps, c’est plutôt quelqu’un qui a du mal à maîtriser ses émotions. Elle s’angoisse et a vite peur. Monsieur et Madame de Mondhéry lui ont fait confiance pour leur magnifique demeure et ils sont enchantés du résultat. Surtout elle, Claire, elle ne tarit pas d’éloges sur Henriette.

Après l’intérieur, le mari de Madame décide de lui offrir un bel extérieur. Pour cela c’est l’agence « Eden Garden » qui devrait avoir le marché, et c’est Auguste qui en prendra la responsabilité à la demande de son patron. Auguste, c’est un jeune loup aux dents longues qui se verrait bien passer du statut d’employé à celui d’associé. C’est pratiquement dans la poche si ce n’est que la cliente demande à Arthur de collaborer avec Henriette, sans doute parce qu’elle a tellement bien réussi sa mission « maison » qu’elle n’envisage pas un seul instant qu’elle ne donne pas son avis pour le jardin….

Évidemment, cela ne convient pas à Arthur, il préfère bosser tranquille dans son coin et cette obligation de discuter, d’être deux, de se mettre d’accord avant de proposer un projet, ne le fait pas rêver, on peut même dire que ça l’exaspère. Mais ce que femme veut….

De son côté Henriette n’est pas plus emballée…. Alors deux solutions, ou ils s’opposent, se font la guerre, ou chacun fait des concessions… Finalement même ça, c’est un raccourci, on est bien d’accord ? Les relations humaines sont beaucoup plus complexes que ça surtout lorsqu’on affiche un air sûr de soi qu’on ne ressent pas tout le temps…

On va donc suivre ce que ces deux là mettront en place pour ne pas se dévoiler, en restant sur leurs gardes. Mais il faudra bien finir par dialoguer, échanger et certaines scènes seront assez cocasses.

Les esprits chagrins ne manqueront pas de dire que des récits comme celui-ci on en a déjà lu. C’est vrai et alors ? Raphaëlle Giordano a situé son histoire dans le milieu des paysagistes et son texte est agrémenté de nombreuses références intéressantes, tant sur les jardins connus (j’ai admiré sur internet les photos des parcs brésiliens, Palacio Capanema , Aterro Do Flamengo qu’elle évoque), que sur les plantes et essences d’arbres. Elle s’est renseignée pour donner du « fond » à ces propos et c’est bien.

Dans ce recueil, comme dans la vraie vie, tout le monde a des faiblesses (d’ailleurs dans les dernières pages, il y a des témoignages réels recueillis avant la rédaction de cet opus). Chacun doit vivre avec, s’en accommoder et avancer le mieux possible. Quelques conseils sont glissés ça et là et peuvent aider le lecteur à mieux appréhender les difficultés et à apprivoiser ses angoisses, sans forcément les enfouir.

 Même si ce roman a parfois des côtés prévisibles, il est agréable à lire. J’ai aimé accompagner les différents personnages, découvrir leurs failles, leurs forces, leur façon d’entrer en contact avec les autres souvent avec maladresse. L’auteur nous rappelle que chacun d’entre nous a la liberté d’être soi, qu’il faut s’aimer, se comprendre et s’accorder le droit de dire trop c’est trop ou stop sans peur du regard de l’autre. Est-ce qu’il vaut mieux cacher ses peurs ou en parler ? La parole libère et répare, permet de mettre des mots sur les maux, de dire et de partager.  Ça fait du bien, non ?


"Aloysius Pendergast - Tome 21 : Le Cabinet du Dr Leng" de Douglas Preston & Lincoln Child (The Cabinet of Dr Leng)

 

Aloysius Pendergast - Tome 21 : Le Cabinet du Dr Leng (The Cabinet of Dr Leng)
Auteurs : Douglas Preston & Lincoln Child
Traduit de l’américain par Sebastian Danchin
Éditions : L’Archipel (19 Octobre 2023)
ISBN : 978-2809847581
520 pages

Quatrième de couverture

L'inspecteur Pendergast est désemparé. Sa pupille Constance Greene est parvenue à retourner dans le New York des années 1880 pour sauver sa sœur avant qu'elle serve de cobaye au sinistre Dr Leng, l'ancêtre de Pendergast devenu son pire ennemi. Mais la machine qui a permis à Constance de remonter le cours du temps est hors d'usage. Comment Pendergast peut-il dès lors l'aider à déjouer les plans du premier tueur en série ayant sévi à Manhattan ?

Mon avis

Petit conseil, il est préférable d’avoir lu le tome précédent avant de commencer celui-ci. Mais si on vous l’offre, lisez-le, il y a suffisamment de rappels pour que vous compreniez l’essentiel.

Revoilà l’inspecteur Pendergast. Pour ceux qui ne le connaissent pas, il est ténébreux, très blanc de peau et taiseux. Il s’habille toujours en noir et pose un regard acéré sur tout ce qui l’entoure. En ce moment, il ne va pas très bien car sa pupille, Constance a disparu. Enfin pas vraiment, elle est partie dans le passé, à New-York en décembre 1880 pour sauver sa sœur et son frère.

En parallèle, Mai 2023, au même endroit, un meurtre a été commis dans un musée en lien avec les amérindiens et c’est le détective D'Agosta qui mène l’enquête. Il y a aussi l’agent Coldmoon qui lui, suit une autre affaire, mais comme c’est un vrai Lakota, il pourra aider son collègue. Pendergast est là aussi, mais très préoccupé par d’autres choses, il est bien moins présent sur le terrain et dans le livre, mais il se confie à D’Agosta.

Alternant passé et présent, nous suivons tous les protagonistes dans leurs déboires. Personnellement, j’ai préféré ce qui se déroulait dans le passé. Il y avait plus de rebondissements, d’actions, mon intérêt était au maximum. J’ai eu plus de mal avec le présent, je n’ai pas toujours vu le but de ces enquêtes et comment les relier à l’histoire de Constance.

Le New-York ancien est remarquablement bien décrit, les décors, l’ambiance, tout y est. Constance agit avec beaucoup d’adresse mais elle ne maîtrise pas tout et peut-être que, malgré sa grande intelligence, il y aura un retour de bâton…  J’ai apprécié d’apprendre plus de choses sur elle, sur son enfance. Elle est plus présente et c’est une excellente idée. La petite part de surnaturel n’est absolument pas gênante, ni exagérée, c’est parfaitement dosé.

Un point fort également, c’est que les réactions et les interactions des différents individus sont amenées avec doigté. Tout se met en place, certains sont détestables, d’autres attachants. Le lecteur passe par des tas d’émotions et de ressentis. Parfois, on espère une issue qui ne se vérifie pas et les événements s’enchaînent dans une autre voie. C’est une bonne chose car tout n’est pas lisse et prévisible.

Traduit par le fidèle Sebastian Danchin (merci à lui), les deux auteurs ont un style et une écriture très fluides. C’est vif, énergique, bien pensé. Ils ont de solides connaissances sur divers sujets qu’ils évoquent au cours de leur récit. Je ne sais pas comment ils construisent leur intrigue mais il faut reconnaître que c’est diablement efficace. Je suppose que tout est très réfléchi en amont et sous des dehors assez simples, il y a sans doute beaucoup de travail. On voit bien que les auteurs ont en tête un gigantesque puzzle et qu’ils ne donnent des « morceaux » que petit à petit. D’ailleurs, on ne saura pas tout puisque la fin nous laisse sur notre faim… et il va falloir attendre la suite et ça, snif !

"Jérôme K. Jérôme Bloche - Tome 25: Aïna" d'Alain Dodier

 

Aïna
Jérôme K. Jérôme Bloche Tome 25
Dessin : Alain Dodier
Scénario : Dodier
Couleur : Cerise
Éditions : Dupuis (25 Mars 2016)
ISBN : 978-2800164687
56 pages

Quatrième de couverture

Parfois, de grands drames se nouent sous nos yeux, au détour d'une rue. Mais parfois, avec un peu de chance, ils se déroulent sous ceux de Jérôme K. Jérôme Bloche, le célèbre détective privé. C'est le cas de celui de la jeune Aïna, poursuivie par un impressionnant colosse dans les rues de Paris. Le hasard l'entraîne d'abord dans l'épicerie de Burhan, qui alerte son ami Jérôme. Puis elle trouve refuge dans l'église du père Arthur, qui s'interpose entre elle et son agresseur et qui lui offre gîte et couvert. Mais la jeune femme ne parle que swahili, et en dehors de son air effrayé, difficile d'en savoir plus...

Mon avis

Dans cette bande dessinée, j’ai retrouvé Jérôme et sa compagne Babette. Cette fois-ci, Jérôme veut venir en aide à une jeune femme, Aïna, qui a trouvé refuge chez son ami épicier puis chez le curé du coin, également très copain avec lui.

Elle semble effrayée, poursuivie, et ne parle pas un mot de français, ce qui limite les échanges.

Avec des dessins très réalistes, on suit l’enquête ou plutôt la quête du détective, qui avec son grand cœur, s’est pris d’affection pour Aïna. La situation est complexe car il ne peut pas directement parler avec elle et personne ne peut traduire. Seuls les gestes d’Aïna peuvent indiquer ce qu’elle ressent.

J’aime beaucoup cette série, les réparties de l’enquêteur, l’atmosphère avec ses copains, sa façon d’être. Les personnages sont intéressants, certains amusants, comme la concierge, Burhan (l’épicier) et même le prêtre amateur de vitesse…

Le plaisir est intact à chaque nouvelle aventure !


"Beloved" de Toni Morrison (Beloved)

 

Beloved (Beloved)
Auteur : Toni Morrison
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jakuta Alikavazovic
Éditions : Christian Bourgois (19 Octobre 2023)
ISBN : 978-2267050462
452 pages

Quatrième de couverture

Sethe et sa famille vivent avec le fantôme de Beloved depuis des années. Car Sethe a tué sa petite fille de deux ans — pour que jamais elle ne soit esclave comme elle. Depuis, la guerre de Sécession s’est terminée, et dans son petit bourg de l’Ohio, Sethe a beau être libre, elle reste hantée par son geste. Alors, quand une inconnue qui dit s’appeler Beloved frappe à sa porte, Sethe est plus que jamais ramenée à son passé.

Mon avis

Toni Morrison a obtenu le prix Pulitzer avec ce roman. Elle a été prix Nobel de littérature en 1993. Elle est décédée en 2019.
Beloved est paru en 1987. Une nouvelle traduction vient d’être faite par Jakuta Alikavazovic (merci à elle) et lorsqu’on lit la postface qu’elle a rédigée, on sait qu’elle a voulu donner à ce roman, toute sa force, toute sa vitalité, tout ce que Toni Morrison voulait faire vivre. Ce récit est inspiré de l’histoire vraie d’une ancienne esclave : Margaret Garner.

La première fois que j’ai lu Toni Morrison avec « Un don », j’avais écrit :  La narration désarçonne, déconcerte, perturbe dans un premier temps et puis l’écriture envoutante de l’auteur nous emporte, nous submerge, nous transporte …. Je réitère car le ressenti à est le même. Il faut prendre le temps de lire, de laisser les personnages, les différentes voix, s’exprimer et les écouter.

Tout se déroule sur une vingtaine d’années, entre 1855 et 1873 dans l’Ohio. Mais rien n’est linéaire, les analepses sont légion. Elles nous éclairent sur le passé, le vécu douloureux de chacun. Rien n’indique ces retours en arrière, c’est au lecteur d’être vigilant pour que tous puissent lui parler, lui murmurer ou lui crier leur douleur, leur peur, leur haine, leurs espoirs …..

Beloved, Bien Aimée, c’est le seul mot qui a été inscrit sur la tombe de la fille de Sethe. Elle a choisi de la tuer pour qu’elle ne subisse pas, comme elle, l’esclavage. Mais la culpabilité ne la quittera pas et rejaillira sur ses autres enfants. Comment vivre avec ce choix atroce ? Dans la maison où elle habite, au 124, un fantôme sembler être présent. « Le 124 était malveillant. ». Et puis, un jour, une jeune femme débarque, elle dit s’appeler Beloved… Cette inconnue est-elle là pour mener Sethe vers la rédemption ?

Le texte parle des esclaves, de ceux qui ont été affranchis ou pas, des difficultés de vivre avec les remords. La maternité et le rôle des parents sont évoqués. Sethe est émouvante. Elle a tué par amour mais son geste la hante, elle pourrait sombrer dans la folie. Il faut resserrer les rangs autour d’elle.

Le style est atypique, parfois des phrases sans verbe, des mots qui se suivent sans ponctuation, des lignes comme un poème. C’est beau et bouleversant, empli de sensibilité. On avance, on recule, on change de protagonistes, ce n’est pas aisé à suivre mais c’est intéressant de combler les blancs, de reconstruire les événements, de se faire une idée globale avant de découvrir la suite et avoir tous les éléments. Il faut faire avec les souvenirs, qui peuvent être déformés …

J’ai eu le sentiment d’un cri tout au long de ma lecture. Toni Morrison s’attache à nous faire comprendre qu’au-delà des faits décrits, il y a aussi ceux qui sont tus, cachés, voire oubliés. Elle réhabilite ces hommes et ces femmes, victimes de l’esclavage, elle leur donne vie, elle leur donne la parole à travers ceux qui peuplent son roman. L’histoire ne s’arrête pas à ce qu’on découvre, elle est sous-jacente, les messages de l’auteur sont forts et nous ouvrent les yeux sur une période de l’histoire des Etats-Unis peu reluisante …


"Bigoudis & petites enquêtes – Tome 4 : Panique sous le sapin" de Naëlle Charles

 

Bigoudis & petites enquêtes – Tome 4 : Panique sous le sapin
Auteur : Naëlle Charles
Éditions : Archipoche (12 octobre 2023)
ISBN : 979-1039204101
532 pages

Quatrième de couverture

Décembre approche : une période sacrée en Alsace, celle des festivités de Noël, des bredeles, et du vin chaud. Les préparatifs des fêtes vont être gâchés par un accident de voiture (pas si fortuit) et la découverte du corps du maire de Westheim, déguisé en Père Noël, étranglé avec une guirlande électrique sur la place du village. Un élu assassiné en plein marché de Noël et une richissime veuve renversée par un chauffard le même soir, ça n'arrive pas tous les jours. Bien que Léopoldine et Quentin soient en froid, ils vont devoir collaborer autour de ces deux enquêtes.

Mon avis

Quel bonheur de retrouver ma coiffeuse préférée !

Il y a des personnages de papier qu’on aimerait rencontrer. Léopoldine, Courtecuisse est de ceux-là. Rousse un peu potelée, elle tient un salon de coiffure avec son associée et meilleure amie. Elle élève ses deux ados le mieux possible. Son mari l’a trompée et a épousé sa sœur, une avocate aux dents longues…. Elle a aidé, plusieurs fois, le lieutenant Quentin Delval à résoudre des enquêtes mais ils sont en froid…. Elle habite en Alsace dans une petite bourgade typique où tout le monde se connaît ou presque.

Le mois de Décembre et les festivités approchent, il y a beaucoup à faire chez les Exp’Hairs et Les deux mères de famille coupent, frisent, brossent etc. À la gendarmerie, des jeunes sont arrivés, des GAV (gendarme adjoint volontaire), l’effectif est donc plus important. Voilà qu’une femme âgée vient de se faire renverser par une voiture et elle n’a pas survécu. C’était un acte volontaire et l’équipe se rend sur place. En parallèle, dans la bourgade voisine, le maire est retrouvé assassiné près du marché de Noël. Heureusement que les membres de la brigade sont plus nombreux ! Ils vont donc se partager en deux groupes et mener leurs investigations. L’élu tué est un bon ami du père de Léopoldine et il fait jouer ses relations pour que sa fille et son clan puissent se mêler de l’enquête. Cela n’ira pas sans quelques étincelles car ça fait beaucoup de monde dans les locaux du commissariat.

Évidemment, Léo va mener quelques investigations. Elle s’interroge et se demande s’il n’y a pas un lien entre les deux affaires. Comme à l’accoutumée, elle prend des initiatives (trop parfois), est un peu impulsive et veut régler ses comptes avec Quentin. Mais ces deux-là ont du mal à s’écouter, se comprendre et rien n’est facile.

L’intrigue est racontée des deux points de vue. Les chapitres alternent avec Quentin ou Léo en narrateurs. L’histoire se continue là où on la laisse mais ce n’est pas forcément le même ressenti, chacun sa sensibilité, son interprétation des faits. Quand Léo parle, c’est émaillé de mots alsaciens. Il y a également des dictons très drôles. C’est très bien fait car chacun a un style différent pour s’exprimer.

Elle est ennuyée, Léo, car elle a un lien affectif avec un des deux morts et pour elle c’est plus difficile mais elle cherche malgré tout, observe, déduit, réfléchit et fait preuve de beaucoup de finesse lorsqu’elle relie les indices. On avance avec elle et on se pose pas mal de questions.

J’aime beaucoup lire cet auteur. C’est du roman policier sans prise de tête, avec un peu de dérision, une atmosphère bien retranscrite, des protagonistes truculents. Cette fois-ci, elle aborde la jalousie et la place de chacun dans les familles, dans les couples, les difficultés de communication…

C’est une lecture plaisante où on ne s’ennuie pas une seconde.

De plus, Naëlle Charles a fait un récapitulatif des lieux et des personnages dans les premières pages, c’est bien pratique avec les noms alsaciens aux consonnances peu aisées à retenir. Et à la fin, les recettes des délicieux gâteaux de Noël évoqués tout au long du livre (on peut arrêter de saliver, il faut se mettre à la cuisine).

"Le chat du rocher -Tome 2: Un pudding de Noël funeste" de Sandra Nelson & Alice Quinn

 

Le chat du rocher 2, Un pudding de Noël funeste
Auteurs : Sandra Nelson & Alice Quinn
Éditions Alliage (18 octobre 2023)
ISBN : ‎ 978-2369100683
258 pages

Quatrième de couverture

Dans une principauté au bord de la Méditerranée, revoilà Calypso, ex actrice reconvertie en brocanteuse, invitée par la richissime lady Margaret à son fastueux réveillon de Noël. Sa mission ? Découvrir lequel de ses proches souhaite la supprimer. La liste des suspects s’allonge au fil de la soirée, incluant même un fantôme !

Mon avis

Calypso était actrice avec un rôle récurrent de détective au Brésil dans une série télévisée. Elle a connu le succès, la gloire … Mais tout passe et comme elle ne rentre plus dans les plans du producteur, elle est revenue en France. En attendant de trouver un nouveau travail, elle aide sa tante Peggy à tenir sa brocante. Cela permet à la tantine d’aller jouer, parfois déraisonnablement, au Casino, en bonne compagnie.

Voilà quelques mois que Calypso est installée sur le Rocher. Sa fille lui manque ainsi qu’un peu d’indépendance mais elle s’est liée à quelques personnes du coin et elle garde le sourire. Il y aussi Vadim Pavlov, le commandant de police qu’elle a aidé l’été dernier à résoudre une enquête en s’inspirant des raisonnements de son personnage de sa série, lui, on sent qu’elle irait plus loin avec lui (et plus si affinité n’est-ce pas ?) si elle le pouvait.

Noël approche et c’est l’effervescence dans les maisons. Décorations, cuisine de petits gâteaux, recherches de cadeaux, tout le monde s’agite. Lady Margaret, une voisine très fortunée, invite Calypso et sa tante pour le réveillon de Noël avec d’autres personnes. Cette brave dame est persuadée qu’on veut la tuer et elle espère que Calypso va trouver le ou la coupable. Ses enfants, son frère, quelqu’un d’autre, personne ? Est-elle un tantinet paranoïaque ou réellement menacée ?

Calypso accepte de venir. La fête devrait être pétillante et intéressante car en plus, un magicien est invité ! En fait de magie, rien ne se déroule comme prévu et c’est plutôt drame et catastrophe que comédie et bonheur …. Notre ex comédienne zélée va-t-elle comprendre, et décortiquer un mystère de plus ? Peut-être pas. Le commandant Pavlov n’aime pas du tout qu’elle fourre son nez partout et qu’elle prenne des risques inconsidérés. Mais Calypso est fougueuse, tenace. Accompagnée de Poker, le chat, elle cherche, fouine, fait des déductions, des suppositions, avance, recule, repart et ne baisse pas les bras …

J’aime beaucoup lorsque Calypso « dialogue » avec le personnage qu’elle a incarnée dans son ancienne vie d’actrice. Cette dernière l’interpelle, la secoue, lui souffle des idées. Il y a aussi les réflexions de Poker, bien senties. Il voit tout et il ne lui manque que la parole.

Les deux amies d’écriture (j’allais écrire « complices » mais certains auraient pensé qu’elles étaient mêlées à l’affaire ;- ) ont affiné leur style. Leur texte est abouti, les tenants et les aboutissants sont bien pensés entre secrets de famille, mensonges, trahisons. Les protagonistes sont bien campés et les caractères se dévoilent petit à petit. Elles ont certainement énormément de plaisir à rédiger leur histoire ensemble. Et puis, je réalise qu’elles se renseignent avant de se lancer (notamment sur les poisons). Donc ce n’est pas si « léger » que certains pourraient l’imaginer.

Leur nouveau roman est une belle surprise, on visualise bien les scènes, les lieux et les individus avec certaines tenues -disons- joyeuses et colorées et la lecture est plaisante.

NB : Moi aussi, je veux bien un joli chapeau !


"Jérôme K Jérôme Bloche - Tome 23 : Post mortem" d'Alain Dodier

 

Post Mortem
Jérôme K. Jérôme Bloche Tome 23
Dessins et scénario : Alain Dodier
Couleur : Cerise
Éditions : Dupuis (4 Octobre 2012)
ISBN : 978-2800153568
56 pages

Quatrième de couverture

L'église aurait-elle modifié sa méthode de collecte du denier du culte ? Car, depuis quelque temps, un maître chanteur utilise les secrets de la confession pour extorquer aux paroissiens de Notre Dame de Clignancourt de gros chèque au profit de la rénovation du grand orgue. Et, bien sûr, c'est ce pauvre père Arthur qui est suspecté ! Les ennuis n'arrivant jamais seul, c'est le moment qu'a choisi le père de Babette, disparu depuis vingt ans, pour réapparaître dans la vie de sa fille.

Mon avis

C’est avec plaisir que j’ai retrouvé Jérôme, Babette, le père Arthur et tous les personnages de cette bande dessinée.

Cette fois-ci, quelqu’un fait chanter les paroissiens et Jérôme doit mener l’enquête pour trouver qui agit dans l’ombre. Mais il a un autre problème, le père de Babette, a priori décédé depuis des années, réapparaît dans sa vie et demande de l’aide…. Un sacré sac de nœuds qu’il faut démêler avec doigté sans faux pas. Jérôme est parfois maladroit..

Cette aventure de mon détective préféré qui m’a souvent fait sourire par les réparties des uns et des autres. Un exemple ? Dialogue avec la concierge.

-Monsieur Bloche, vous êtes bien matinal.
-Eh ! Ne dit-on pas que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt ?!
-Allons bon ! Qui a pu sortir une ânerie pareille ?
-Euh…je ne sais, c’est ce qu’on appelle un adage, je crois.
-Ah oui ! Et bien vous direz à votre adage que quand on se lève tôt, on est plus vite fatigué le soir et que moi ça fait trente ans que je n’ai pas vu la fin d’un film à la télévision.

Bon, d'accord, je suis bon public mais que voulez-vous, entre les situations ubuesques dans lesquels il se fourre, son air de chien battu quand il a fait une bêtise et son sens de l'amitié hyper développé, c'est un homme très bien Jérôme.

Et le retrouver pour une enquête, c'est comme retrouver un vieux pote. CQFD ;-)


"Histoire à poils, à plumes et à piquants" de Martine Sombrun-Tesnières

 

Histoire à poils, à plumes et à piquants
Auteur : Martine Sombrun-Tesnières
Illustrations de Sylvie Lledo
Éditions : Les 2 encres (28 novembre 2014)
ISBN : 978-2351686911
230 pages

Quatrième de couverture


À travers des histoires vraies ou rêvées de chats, de chiens, de chevaux, d’oiseaux et autres bestioles à  plumes, à  poils, à piquants et même à écailles, l’auteur nous entraîne dans un merveilleux voyage où humains et animaux se croisent, se jaugent, s’aiment, parfois se craignent. Et ainsi ils apprennent à se connaître et à s’entendre, à se respecter surtout, pour leur plus grand bonheur respectif.
Souvent ces histoires finissent bien et le lecteur termine sa page un sourire aux lèvres.  Parfois ce n’est pas le cas. Mais il  y a une constante : quand cela « finit mal », ce n’est jamais du fait de l’animal. C’est toujours l’humain, avec son complexe de supériorité, qui n’est pas à  la hauteur. L’animal courbe le dos, supporte, et n’en veut même pas à celui qui le méprise ou le maltraite. Le sentiment d’humanité n’est pas forcément là où on l’attend.


Mon avis

Anecdotes, nouvelles, poèmes ou fabliettes, tous ces textes de longueur inégale parlent d’animaux.
On sent dès les premières phrases que l’auteur les aime, les comprend, leur donne beaucoup (et qu’elle reçoit également énormément  des ces bêtes à poils, à plumes ou à piquants….)
Les illustrations qui accompagnent les récits sont majoritairement de Sylvie Lledo, et parfois d’une autre personne ou d’un enfant, il y a même une photo. Elles sont accordées aux histoires : délicates, précieuses (dans le bon sens du mot), porteuses, comme les chroniques qu’elles rappellent, d’un doux message de respect et de tolérance envers les animaux. Pas de situation idyllique mais des exemples concrets pour bien vivre ensemble, trouver des solutions pour que les animaux ne soient pas méprisés, rejetés, mal aimés, mal traités …

Quelques fois, l’animal s’exprime, comme la pie Suzy, qui raconte elle-même sa vie. De temps à autre, la fin est triste, comme dans la réalité (ah, le cheval qui est parti à l’abattoir…) Et puis il y a ces nouvelles, un peu extraordinaires, à la limite du rêve mais qui font tant de bien car elles sont pleines d’espoir, de bonne humeur, de charme, de poésie…

En fin de recueil, une longue conclusion, comme une lettre ouverte, qu’il faudrait , sans aucun doute, faire lire à nos politiques….

Un livre à savourer tranquillement, avec un chat qui ronronne près de soi ou des oiseaux qui piaillent sur le rebord de la fenêtre….


"Les sept sœurs -Tome 3 : La sœur de l’ombre" de Lucinda Riley (The Shadow Sister)

Les sept sœurs -Tome 3 : La sœur de l’ombre (The Shadow Sister)
Auteur : Lucinda Riley
Traduit de l’anglais (Irlande) par Marie-Axelle de La Rochefoucauld
Éditions : Charleston (18 Février 2020)
ISBN : 978-2368125144
602 pages

Quatrième de couverture

À la mort de leur père, énigmatique milliardaire qui les a adoptées aux quatre coins du monde lorsqu'elles étaient bébés, Star d'Aplièse et ses soeurs se retrouvent dans la maison de leur enfance, Atlantis, un magnifique château sur les bords du lac de Genève.
Star, la troisième soeur, est la plus mystérieuse. Toujours dans l'ombre de sa cadette CeCe, c'est en suivant le premier indice que son père lui a laissé pour remonter la piste de son passé qu'elle réussit à s'émanciper. Elle découvre ainsi une librairie de livres anciens à Londres. Embauchée par l'étonnant Orlando, elle ne se doute pas encore que son histoire personnelle va l'entraîner au coeur de la campagne anglaise, sur les traces de Beatrix Potter...

Mon avis

La Sœur de l'Ombre est le tome 3 de la série Les Sept Sœurs. Je les lis à petite dose pour ne pas risquer la lassitude. Le principe est toujours le même. La jeune femme concernée, qui a été adoptée, par sur les traces de son origine à partir d’un indice laissé par celui qui l’a recueillie.

À partir de là, on alterne un récit entre passé et présent pour découvrir son histoire. C’est très bien fait, très accrocheur. Les personnages sont attachants et on a envie de savoir la suite en permanence. Je suis plus intéressée par les liens antérieurs que par l’époque contemporaine qui me paraît plus fade.

L’auteur a su se documenter en amont pour que son texte tienne la route. Ici, elle a glissé Beatrix Potter dont les dessins me fascinaient lorsque j’étais une petite fille.

J’ai aimé que ce livre soit en lien avec une librairie, qu’on y parle de langue des signes, de résilience, d’acceptation, de pardon et d’avenir.

Star est une jeune femme toute dévouée aux autres qui va grandir sous nos yeux et prendre sa vie en mains. Elle se contente de peu et petit à petit, elle apprend à donner son avis, à vivre pour elle-même et pas toujours en fonction des autres.

L’écriture est plaisante, très abordable. C’est facile à lire, ça détend et ça permet de passer un bon moment.

 

"Donner du sens à l'assiette" de Ghislaine Delubac

 

Donner du sens à l’assiette
Auteur : Ghislaine Delubac
Éditions : éditions au Pluriel (7 Juin 2023)
ISBN : 9782492598128
186 pages

Quatrième de couverture

Ghislaine Delubac nous fait découvrir des recettes végétariennes, souvent sans lait et sans gluten. C'est une cuisine saine au fil des saisons. Après « De la Nature à l'Assiette », Ghislaine dévoile dans ce deuxième livre son métier de naturopathe. Elle nous parle de notre alimentation d'homo modernus, de régimes, de digestion, du pain ou d'autres aliments qui interrogent. Elle nous donne les clés pour trouver ou retrouver notre équilibre et notre bien-être.

Mon avis

Ce livre est beau. De jolies pages glacées, un format qui va bien et des photographies d’illustration magnifiques. En plus il est intéressant, complet et propose des recettes végétariennes qui font très envie.

Dans une première partie, l’auteur parle de son travail de naturopathe, de ce qu’il faut manger (quand et quoi ?). Pour elle, il est important de s’alimenter en conscience et de diversifier ce qu’on prend. Elle décortique les nutriments en lien avec nos besoins, les glucides et bien d’autres choses. Elle « écorche » un peu les régimes …  

Dans la seconde partie, après avoir présenté le matériel et les ingrédients qu’elle utilise, elle nous met en appétit avec trente-neuf recettes végétariennes. Elle explique que rien n’est figé, qu’on peut changer un ingrédient pour un autre et qu’il faut être créatif et ne pas hésiter.

J’ai noté quelques petites choses que j’ai envie de tester : crackers, muffins salés avec des carottes, du pâté végétal, des galettes iraniennes, chili et tajine végétaux etc.

Les recettes sont classées par saison. Il y a les ingrédients et leur quantité, le déroulement clair et succinct, très visuel, par étapes et une photo. On sent qu’on peut se lancer et essayer. Deux symboles « sans gluten » et sans lactose », apparaissent en bas des pages au cas par cas.

J’ai retrouvé une idée que j’avais déjà lu par ailleurs, mettre de la courgette dans les moelleux au chocolat afin de faire baisser l’index glycémique.

Un livre à offrir ou à s’offrir !


"Pentes fatales" de Jacques Morize

 

Pentes fatales
Auteur : Jacques Morize
Éditions : AO-André Odemard (12 septembre 2023)
ISBN : 978-2382000304
276 pages

Quatrième de couverture

Tandis que le groupe de Culbuto est mobilisé par un incendie criminel qui a fait trois victimes, Abel Séverac espère pouvoir profiter de la visite de sa fille Céline, qui entreprend un stage à Lyon. Manque de bol, une affaire tordue lui tombe dessus : la femme volage d’un gastro-entérologue réputé a disparu à Tassin-la-Demi-Lune. Il devra s’investir jour et nuit dans cette enquête sensible où le mari et l’amant figurent parmi les suspects.

Mon avis

Abel Séverac, personnage récurrent de l’auteur est un joyeux drille. Il aime la bonne chère, les petits coups à boire entre amis et les jolies filles (une maîtresse par intermittence, ça ne le dérange pas). Sa femme vit de son côté, lui du sien. Il peut ainsi se consacrer à son boulot … ou pas. Sa fille s’annonce et il aimerait bien confier les enquêtes aux collègues pour être un peu plus présent auprès d’elle. Mais bon…tout ne se passe pas comme il le souhaite. Un kebabier vient de voir son restaurant partir en fumée et un chirurgien déclare la disparition, devenue inquiétante, de sa femme. Il est donc nécessaire que Séverac lance les investigations.

L’équipe est séparée en deux groupes, sans parité, mais moi ce que j’en dis….
Les uns vont enquêter sur l’incendie, les autres sur l’épouse qui n’est pas rentrée au bercail.
Les plus ou moins fins limiers (ce n’est pas moi qui juge, j’ai lu et compris que quelques uns ont une bonne descente (une pente fatale ?) tant pour la boisson que pour la bonne cuisine et leur silhouette n’a rien de fine) sont confrontés à des individus de plusieurs ethnies, ne comprenant pas forcément les questions. Alors, parfois, il est bienvenu de les secouer un peu pour avoir une réponse…. Il faut également tenir compte des habitudes de chaque groupe. Pas facile …

Les intrigues sont bien pensées et ficelées à la perfection, tout finit par se comprendre et se savoir. Les protagonistes sont de temps à autre des caricatures de bon ton, comme on en voit dans la vie de tous les jours. Mais ce recueil a d’autres atouts.

Non seulement on visite en détails un quartier lyonnais mais en plus, on peut noter de bonnes, voire d’excellentes adresses, comme le restaurant « La nef des fous » que je vous invite à visiter rien que pour le plaisir des yeux car la décoration est très originale. D’ailleurs, je m’interroge, est-ce que l’auteur connaît sa ville (où il est installé depuis 2001) sur le bout des doigts ou fait-il des repérages gustatifs, livresques (les librairies du coin sont présentées) et visuels en amont de chaque roman ?

D’autre part, les commentaires lorsqu’il interpelle le lecteur sont truculents. Les notes de bas de page (de Jacques Morize ou de l’éditeur-correcteur accablé ; -) sont, quant à elles, une bonne information sur le vocabulaire employé (existant ou inventé) et quelques fois sources de fou-rire.

L’écriture, un rien gouailleuse de quelqu’un qui ne se prend pas au sérieux, est un régal. Les événements s’enchaînent, les scènes et descriptions sont très visuelles et les indices glissés petit à petit permettent d’avancer dans la connaissance des faits à un bon rythme. Les raisons d’agir des uns et des autres sont bien décortiquées ainsi que la vie personnelle d’Abel.

Un conseil ? Prenez un samedimanche (week-end ne fait pas partie du vocabulaire de JM….), lisez et allez vous promener sur les lieux évoqués, buvez, mangez, achetez des livres et profitez de la vie !

"Le manoir des glaces" de Camilla Sten (Arvtagaren)

Le manoir des glaces (Arvtagaren)
Auteur : Camilla Sten
Traduit du suédois par Anna Postel
Éditions : Seuil (13 Octobre 2023)
ISBN : 978-2021515367
418 pages

Quatrième de couverture

Eleanor n'aurait jamais imaginé assister au meurtre de sa cruelle mais bien-aimée grand-mère Vivianne. Sur le seuil de l'appartement, elle croise le tueur. Mais atteinte d'une maladie rare, la prosopagnosie, elle ne peut reconnaître les visages. En état de choc, elle apprend de surcroît que Vivianne lui a légué un manoir isolé dans la forêt suédoise dont elle n'avait jamais entendu parler. Accompagnée de sa tante Veronika, de son compagnon Sebastian et d'un avocat un peu étrange, Eleanor se rend, angoissée, dans ce lieu inconnu. Le manoir dévoile peu à peu ses secrets et semble avoir été le témoin d'un passé terrible. Que cachait Vivianne ? Pourquoi n'avoir jamais mentionné l'existence de cette bâtisse ?

Mon avis

Eleanor souffre de prosopagnosie, elle ne peut pas reconnaître les visages. Elle doit donc mettre en place des « compensations » pour repérer les personnes qu’elle rencontre. Il faut donc éviter de changer de coiffure, de lunettes puisque ce sont des détails comme ça qui l’aident.

Elle a été recueillie par sa grand-mère au décès de ses parents. Les relations n’étant pas toujours simples, elles vivent maintenant chacune de leur côté. Sa Mamie lui téléphone sans arrêt et elle est assez envahissante. Toutes les fins de semaine, Eleanor vient malgré tout, manger chez elle. Ce jour-là, en arrivant elle croise quelqu’un qui sort de l’appartement et trouve son aïeule blessée à mort. Elle ne peut pas décrire l’assassin en raison de son handicap….

Quelque temps après elle se rend avec sa tante, son fiancé et un avocat mandaté pour évaluer les biens dans un manoir dont elle a hérité. Elle ne connaissait pas l’existence de cette propriété…. Une fois sur place, l’atmosphère est rapidement plombante. Il fait froid, il neige, des faits étranges semblent survenir sans qu’on sache si c’est la réalité ou si Eleanor est un peu parano.

Le récit alterne le passé (dans les années 60) avec des personnages dont on ne sait pas immédiatement qui ils sont et leur lien avec la période actuelle, et le présent avec la vie dans le manoir où les relations sont tendues et l’ambiance électrique.

Les ramifications de cette intrigue sont assez complexes (je n’ai pas dit compliquées). L’auteur a soigneusement réfléchi à la mise en place des différents éléments et des indices distillés petit à petit pour maintenir un suspense fort. C’est le cas mais j’ai ressenti une espèce de lourdeur dans le texte. Je me suis demandée si cela était dû à la traduction (merci à Anna Postel) ou à l’écriture elle-même.

Je ne me suis pas ennuyée avec cette lecture mais elle a manqué de rythme pour me convaincre totalement. Bien sûr, il y a des rebondissements, mais ça ne suffit pas. Non pas que notre intérêt s’étiole, mais c’est peut-être ce que j’appellerai un manque de souffle.

Il n’en reste pas moins que je voulais comprendre qui était derrière les mensonges, les manipulations, les non-dits, et surtout pourquoi tous ces mystères dans cette famille. Il faut reconnaître qu’il fallait y penser ! Je ne me pose pas la question de la crédibilité car on voit de tout et peu importe si c’est possible ou pas.

Globalement, un recueil qui m’a intéressée mais pas captivée.

 

"Ce qu'il faut de haine" de Jacques Saussey

 

Ce qu’il faut de haine
Auteur : Jacques Saussey
Éditions : Fleuve (12 Octobre 2023)
ISBN : 978-2265156852
400 pages

Quatrième de couverture

La mort ne frappe pas toujours au hasard... Ce matin-là, comme tous les dimanches, Alice Pernelle s'éclipse de la maison de ses parents pour aller courir avec son chien. Mais en arrivant au bord de la Cure, cette rivière qui traverse son village natal, un tableau macabre lui coupe les jambes et lui soulève l'estomac. Hantée par les images de ce cadavre, Alice a pourtant besoin de réponses pour renouer avec l'insouciance de sa vie d'étudiante. Au risque d'attirer l'attention de l'assassin sur elle…

Mon avis

Alice, étudiante parisienne, est dans le Morvan chez ses parents. Elle va courir et son chien s’éloigne d’elle. Lorsqu’elle le retrouve, il est à côté d’un cadavre et c’est particulièrement sordide. Elle prévient son père qui s’occupe de la police et essaie de se remettre de ses émotions.

Il faut dire que la mise en scène de la personne décédée est horrible et laisse supposer un crime terrible ainsi qu’une vengeance soigneusement réfléchie. Lorsque les enquêteurs connaissent le nom de la victime, ils interrogent ceux qui l’ont côtoyée. Il s’avère qu’elle était détestée ! Nombreux sont ceux qui ont pu souhaiter l’exterminer… Les suspects vont être légion ! Mais avec une approche pareille de l’horreur, ça interroge.

D’abord, pourquoi la morte a-t-elle été déposée dans ce coin perdu, dans ce village où il ne se passe jamais rien et où tout le monde est en confiance ? Avait-elle un lien avec cet endroit ?

Les enquêteurs ont énormément de travail. Ils n’ont que peu d’indices et il faut compter sur une part d’intuition pour avancer. Tâtonnement, retours en arrière, suppositions….c’est leur lot quotidien… C’est difficile mais ils ne lâchent rien.

L’auteur a construit son roman avec des chapitres courts alternant le point de vue d’Alice, celui des enquêteurs et des gens du village et celui de l’assassin …. Petit à petit, les pièces d’un gigantesque puzzle se mettent en place.

Jacques Saussey égratigne les entreprises qui n’ont pour but que le rendement et qui finissent par licencier. Il montre combien cela peut être compliqué à vivre, déstabilisant et douloureux.

Son écriture fluide, très descriptive nous plonge dans l’intrigue dès les premières lignes. J’ai eu des frissons en lisant ce qu’il s’était passé mais je me suis accrochée à la résolution de l’affaire. J’ai beaucoup aimé les raisonnements des uns et des autres. L’analyse de l’attitude de chaque personnage pour comprendre le criminel, les enjeux de son geste et les répercussions sur les villageois est très bien pensée.

Plus j’avançais, plus je voulais savoir et je tournais les pages très vite. Une excellente lecture !

"L’odyssée d’Hakim - Tome 1 : de la Syrie à la Turquie" de Fabien Toulmé

 

L’odyssée d’Hakim - Tome 1 : de la Syrie à la Turquie
Auteur : Fabien Toulmé (textes et dessins)
Éditions : Delcourt (29 août 2018)
ISBN : 978-2413011262
275 pages

Quatrième de couverture

L'histoire vraie d'Hakim, un jeune Syrien qui a dû fuir son pays pour devenir « réfugié » . Un témoignage puissant, touchant, sur ce que c'est d'être humain dans un monde qui oublie parfois de l'être. L’histoire vraie d'un homme qui a dû tout quitter : sa famille, ses amis, sa propre entreprise... parce que la guerre éclatait, parce qu'on l'avait torturé, parce que le pays voisin semblait pouvoir lui offrir un avenir et la sécurité.

Mon avis

Hakim (nom d’emprunt) a une petite entreprise de jardinerie en Syrie. Il gagne bien sa vie et ses parents sont fiers de lui. Et puis la qualité de vie se dégrade…. On est en 2011. Il faut se justifier sans cesse, montrer qu’on est un bon patriote et qu’on est d’accord avec le régime sinon…

Les habitants commencent à se révolter, à demander un peu plus de liberté mais au lieu de dialoguer, c’est la violence du côté des gouvernants. Pour la communication des événements, des mensonges diffusés au reste du monde… Arrestations arbitraires, emprisonnements… Tout le monde vit dans la peur…

Hakim est obligé de fuir de pays en pays. C’est le début d’un long voyage qui nous est raconté dans cette première bande dessinée.

Fabien Toulmé a recueilli pendant de longs mois les propos d’Hakim puis il a préparé ses dessins, les textes, les lui a montrés. Il a voulu, par cette série comportant trois tomes, apporter un témoignage fort, réel. Celui d’un homme mais aussi celui de sa famille, qu’il évoque souvent. Le récit est clair, les images épurées mais très parlantes. À travers cette bande dessinée, on comprend mieux ce qu’ont vécu ces réfugiés, qui n’avaient pas d’autres choix que la fuite pour vivre. C’est un déchirement, la peur au quotidien avant un semblant de paix ailleurs….

« Finalement, nous, les exilés, on est peut-être un peu comme des plantes. Quand on les déracine et qu’on les met dans un pot, elles continuent de pousser, mais avec moins de force et d’envie. »



"Dans l'oeil du Cyclope" de Jean-Christophe Macquet

 



Dans l'oeil du Cyclope
 Septembre 1917 : La révolte du camp d’Etaples
Auteur : Jean-Christophe Macquet
Éditions : Pôle Nord Éditions (25 Mars 2014)
ISBN : 978-1092285100
240 pages

Quatrième de couverture

Agent des services de renseignements français, le colonel Louis Delamer est envoyé en mission dans le port d'Etaples, sur la côte du Pas-de-Calais. C'est là qu'est installé le plus grand camp d'entrainement de l'armée britannique sur le continent. Delamer est chargé d'enquêter sur une série de meurtres. En septembre 1917, il va être le témoin d'un épisode oublié de la Première Guerre mondiale : la révolte des soldats du camp d'Etaples.

Mon avis


A l’occasion du centenaire du premier conflit mondial, Pôle Nord Editions a demandé à quelques-uns des meilleurs écrivains nordistes de raconter la guerre à leur façon. Tous les deux mois : un nouveau roman, un nouvel auteur, et une histoire qui se passe dans la région…

Pôle Nord Éditions continue sa tournée des popotes et nous voilà dans une nouvelle ville nordiste pour découvrir un pan d’histoire mêlé à une enquête policière, racontée par un auteur du cru.
Cette fois-ci, c’est Jean-Christophe Macquet qui prend la plume et nous emmène à Étaples, dans un port où l’État-Major britannique s’est installé pour rassembler ses troupes, loin des combats mais reliées à tout par les voies de chemin de fer. Les « tommies » sont donc nombreux et presque « chez eux ». Le soir, ils se retrouvent dans les bars et sont assez libres mais la journée c’est autre chose. Entrainement intensif encadré par des instructeurs : les canaris (car leur bras est orné d’un brassard jaune) Ces derniers n’ont pas forcément connu le front, ce sont des hommes impitoyables, durs et capables de tout : moqueries, sadisme… Ce sont contre eux que les soldats se révolteront en Septembre 1917.

C’est dans cette ambiance que se situe l’énigme que doit résoudre le colonel Louis Delamer. Il n’est plus militaire car réformé à cause de graves blessures de guerre mais il a gardé son titre. Recruté par un de ses anciens « collègues », il part à Étaples fin Août 1917. Officiellement il est là (je cite) « pour enquêter sur les malversations des élus communaux » mais officieusement sa mission est autre : établir un diagnostic du moral des troupes britanniques et des risques de révolte mais également pourquoi et comment un mystérieux cadavre défiguré est apparu dans le coin (il sera suivi d’autres dont le visage sera abimé de la même façon, ce que ne laissera pas le colonel sans questions….)
Hébergé chez un médecin, il va essayer de fouiner tout en restant discret pour découvrir les tenants et aboutissants de ce(s) meurtre(s) et « sentir » l’ambiance chez les tommies. La zone où il se déplace est en grande partie sous contrôle militaire anglais et dépend plutôt de leur juridiction. C’est donc avec une extrême prudence que Louis va observer, questionner, examiner, approcher les uns et les autres. Car des rencontres il va en faire… Une lady qui a installé sa cantine dans le camp militaire, une ancienne « amie » qui ne le laisse pas indifférent, le maire et ses conseillers mais aussi un photographe, des jeunes femmes et leur « patronne » ainsi que de nombreux engagés…. Galerie de personnages aux caractères bien définis qui se croisent, s’entrecroisent, parlent, mentent, se taisent….
Étaples est situé en bord de mer sur la côte d’Opale. Le décor pittoresque, les paysages et l’éclairage sont magnifiques. La lumière particulière a attiré des artistes peintres en 1910 : quatre Anglais et un Allemand…. Ils vont être liés aux faits qui se déroulent en 1917 et le colonel Louis Delamer devra compter avec ces individus car ce qu’ils ont fait sept ans auparavant va avoir des répercussions sur le « présent »…. C’est un homme sérieux, qui va au fond des choses et qui, une fois la décision prise d’accepter cette mission, fera tout pour la mener à bien, quitte à se mettre en danger. Il a la rigueur militaire mais il est aussi « homme » et la « bagatelle » ne le laisse pas indifférent….

L’atmosphère de ce coin du Nord est parfaitement retranscrite, on visualise les lieux, les scènes, les protagonistes…On « entend » leurs dialogues, le tout est assez vivant. Les chapitres correspondent à des journées s’étendant entre le 23 Août et le 9 septembre 1917 quand débute la mutinerie.

La partie «  roman policier » prend le pas sur le côté historique bien que l’on puisse croiser dans les pages des personnes ayant existé. Le lieu sert de fil conducteur. Le style de Jean-Christophe Macquet est fluide mais quelques concordances de temps m’ont un peu gênée (des emplois de passé simple que j’aurais remplacés par des plus que parfait qui me semblaient plus adaptés) mais cela n’a pas nui à ma lecture que j’ai trouvé prenante. Je me suis sans doute habituée à l’écriture car je ne les ai plus remarqués en avançant dans le livre.

Un avant-propos, une préface et des annexes (relatant les événements réels en ordre chronologique) apportent un complément intéressant à cet ouvrage. De plus, les références de bibliographie permettront à ceux qui le souhaitent de « creuser » le sujet et d’aller plus loin dans la compréhension des faits évoqués.


"Les monologues" d'un hippocampe de Stine Pilgaard (Min mor Siger)

 

Les monologues d’un hippocampe (Min mor Siger)
Auteur : Stine Pilgaard
Traduit du danois par Catherine Renaud
Éditions : Le bruit du monde (5 Octobre 2023)
ISBN : 978-2493206701
164 pages

Quatrième de couverture

Les monologues d'un hippocampe, c'est l'histoire d'une jeune femme qui n'arrive pas à se remettre d'un chagrin d'amour. Qui n'arrive jamais à se remettre de ses chagrins d'amour. Quand sa petite amie la quitte, elle trouve refuge chez son père, un pasteur fan de Pink Floyd, tandis qu'elle tente d'échapper aux appels de sa mère et à ses dictons. Cherchant de l'aide auprès de son médecin, elle tente de digérer ses explications scientifiques et de ne pas tomber amoureuse de lui. Mulle, sa meilleure amie, est peut-être celle qui la comprend le mieux, même si sa thérapie consiste surtout à l'emmener boire des bières...

Mon avis

C’est le deuxième livre de Stine Pilgaard que je lis et c’est toujours aussi jubilatoire. J’aime beaucoup son humour pince sans rire, décalé. Ses réflexions sont censées et intéressantes même lorsqu’elle les cache sous couvert de faire de l’esprit.

« Je lui demande s’il a des jours de congés supplémentaires pour les patients particulièrement difficiles, ou s’il peut déduire des patients comme moi de ses impôts. »

Sa compagne vient de la quitter et c’est une femme dévastée qui s’exprime. Elle a des relations peu aisées avec ses parents. Sa mère est un peu trop donneuse de leçon. Elle trouve refuge auprès de son père, pasteur, et sa nouvelle compagne. Cela ne gêne pas sa Maman qui l’envahit malgré tout et lui donne des conseils dont elle se fiche éperdument. Elle voit son médecin mais il ne l’aide pas comme elle le voudrait. Il se contente d’explications scientifiques et cela ne lui apporte rien. Heureusement Mulle, sa meilleure amie est là ! Elle l’emmène boire des bières, elles sortent, s’amusent….

On suit donc le quotidien de cette amoureuse transie qui se raconte dans un style indirect. C’est surprenant, voire déstabilisant au début mais on s’y fait très vite et cela ne gâche pas le plaisir de la lecture. Entre les chapitres, les monologues de l’hippocampe.

Hippocampe ? Pas le poisson, cheval de mer, non, la partie du cerveau située dans les lobes temporaux. Il est responsable de la mémoire et des apprentissages. Chaque monologue (sauf le dernier) explore une partie du corps (cœur, paume, genou etc) et partage une longue introspection. C’est une analyse délicate, toute en finesse, emplie de poésie de charme et follement drôle.

En lisant ce roman, j’ai régulièrement pensé à la traductrice, que je remercie d’ailleurs. L’écriture de l’auteur est à la fois pleine de dérision et de « philosophie ». Lorsque la narratrice présente sa vie, ses échecs sentimentaux, ses rencontres, ses rêves les plus fous, elle le fait avec du recul, de l’auto dérision, tout en restant très « pointue » dans son regard. Trouver les bons mots pour ne pas « abîmer » le texte n’a pas dû toujours être aisé !

Stine Pilgaard est une rédactrice qui casse les codes, avec un style personnel très particulier et une ironie décapante. Elle est experte dans la manière d’utiliser les mots. Avec des termes ordinaires, elle crée des phrases qui décoiffent !

Le recueil n’est pas très épais mais c’est suffisant pour rire, se détendre et faire une découverte qui sort des sentiers battus !

Vivement le prochain !

"La disparue de Belle-Île de Christophe Ferré

 

La disparue de Belle-Île
Auteur : Christophe Ferré
Éditions : L’Archipel (12 Octobre 2023)
ISBN : ‎ 978-2809847260
364 pages

Quatrième de couverture

Où est passée Chloé ? Plus aucune trace de cette jeune ostéopathe depuis une soirée qui s'est terminée dans les cris. Plus étonnant encore, sa voiture est tout aussi introuvable, alors qu'elle n'est jamais repartie par le bac qui relie l'île au continent. Un mystère comme les aime Léa, une journaliste qui ne tarde pas à comprendre que sa présence dérange...

Mon avis

Christophe Ferré aime situer ses intrigues en bord de mer. Ce nouveau titre ne déroge pas à la règle et se passe à Belle-Île en mer, au large des côtes de la Bretagne Sud. Six mille habitants, quatre-vingt-cinq mètres carrés, ce n’est pas très grand et tout le monde se connaît et finit par se côtoyer.

Un matin, les patients de Chloé, jeune ostéopathe, installée sur l’île, l’attendent en vain. La police va vérifier chez elle, elle n’y est pas et sa voiture a disparu. Elle n’a pas pris le ferry, elle est forcément sur Belle-Île mais où ? A-t-elle eu un accident ? S’est-elle fait agresser ? A-t-elle disparu volontairement en cachant son véhicule et en partant avec un bateau de plaisance ? Les investigations ne donnent rien….

Sur le continent, Léa journaliste affectionnant les cold-case (affaires non résolues qu’elle arrive parfois à résoudre), propose à son rédacteur en chef d’aller sur place et d’écrire quelques chroniques. Il donne son accord et la voilà partie. Elle s’installe à l’hôtel et le plus discrètement possible (bien qu’elle ait annoncé sa venue sur son blog), elle essaie de comprendre ce qu’il s’est passé.

La veille de sa disparition, Chloé a participé à une soirée crémaillère avec moins de dix personnes. Elle s’est disputée avec un des invités qui l’a giflée…. Léa se débrouille pour entrer en contact avec les uns et les autres mais elle n’apprend pas grand-chose. Elle rencontre le journaliste du coin, le boulanger mais rien. Elle trouve que les enquêteurs sont désinvoltes. Heureusement, Tom, son compagnon la rejoint. Il faut dire que Léa n’est pas toujours prudente et quand elle lui explique ce qu’elle fait, il pense qu’il vaut mieux rester quelques jours avec elle et l’accompagner sur le terrain pour ses recherches.

Le récit de Christophe Ferré est construit entre le quotidien de Léa, et son journal où elle fait le point avec des réflexions personnelles. De nombreuses références sur des crimes réels sont évoqués pour soutenir un raisonnement ou soumettre des hypothèses par comparaison.

Léa comprend très vite que Belle-Île est non seulement une terre de mystère, où de nombreuses légendes ont vu le jour, mais également une terre de silence (page 112). Les habitants ne disent que ce qu’ils veulent, le reste est tu. Il est donc nécessaire d’observer, de déduire, de creuser si on veut savoir ce qu’est devenue Chloé. Mais elle se fie souvent à son intuition et elle devrait faire preuve de plus de recul.

L’auteur a une écriture fluide, il connaît les rouages du roman policier. La plupart du temps, il nous laisse sans réponse en fin de chapitre, le ventre noué et les mains moites. Il maîtrise l’art du suspense, plante un décor angoissant (la nuit, une météo hostile) et le lecteur a peur comme les personnages. Le style est vif, sans temps mort, ça se lit vite. Il manque peut-être un petit peu de profondeur à certains individus. Mais en savoir trop sur eux, aurait sans doute permis de comprendre les tenants et aboutissants trop vite.

La fin est presque trop rapide et en même temps, je trouve qu’elle ne pouvait pas traîner plus en longueur quand on sait qui a agi et pourquoi. Une lecture plaisante et sans prise de tête.


"Ma vie ressemble à la vôtre" de Jan Grue (Jeg lever et liv som ligner deres)

 

Ma vie ressemble à la vôtre (Jeg lever et liv som ligner deres)
Auteur : Jan Grue
Traduit du norvégien par Marina Heide
Éditions : Le bruit du monde (17 Août 2023)
ISBN : 978-2493206220
194 pages

Quatrième de couverture

Sa vie ressemble à la nôtre - sauf qu'il est atteint d'une maladie neuromusculaire rare. Cela pourrait ne rien changer, et pourtant cela change tout. Parce que le monde tel qu'il le vit depuis son fauteuil roulant est si différent du nôtre. Avec une sincérité et une sobriété bouleversantes, Jan Grue nous livre ses souvenirs comme autant de facettes de son identité : de son enfance en Norvège à ses années d'études en Russie, aux Pays-Bas et en Californie, il retrace les défis, les défaites et les victoires de son quotidien.

Mon avis

Jan Grue est professeur à l’Université d’Oslo. Il est marié et a un fils, Alexander. Présentée comme ça, c’est une vie ordinaire d’enseignant, de père et de mari, sauf que son quotidien est extra ordinaire en deux mots. Il partage avec nous sa route, depuis l’enfance jusqu’à maintenant, sans pathos, avec des mots simples, des expressions de tous les jours (sauf pour quelques termes médicaux).

Le premier diagnostic des médecins, posé quand Jan Grue avait trois ans, avait été pessimiste. Il a évolué au cours des années (on ne savait pas trop de quelle pathologie il souffrait). C’est déstabilisant mais Jan ne s’est pas laissé impressionner.

Il a dû accepter le corps qui est le sien et mettre en place des automatismes pour que les tâches d’une journée soient plus aisées. Tout lui prend plus de temps, il ne peut pas se dépêcher, courir, il a besoin d’anticiper pour tout. Se lever du canapé pour aller chercher un verre d’eau est une action réfléchie, calculée mais il ne veut pas qu’on fasse à sa place. Il est chez lui, il agit.

« J’ai beau lire vite, penser vite, apprendre vite, mon corps a son propre rythme, il est lent. »

C’est très intéressant de le lire et de « suivre » son raisonnement. Lorsqu’il a besoin d’aide, il repère les gens susceptibles de le soutenir (par exemple, afin de franchir quelques marches pour lesquelles il doit quitter son fauteuil) et il demande en expliquant clairement ce dont il a besoin.

« Un jour, j’ai arrêté de m’inquiéter à l’idée de voir des médecins. Un jour, j’ai arrêté de me considérer comme quelque chose qu’il fallait réparer. »

Ses parents se sont battus, il s’est battu, il continue de se battre (contre les administrations, les transports, les difficultés) et ce ne sera jamais fini. Il raconte, sans rancœur, les aberrations lorsqu’il voyage, dont certaines seraient risibles si ce n’est que pour lui, c’est un problème supplémentaire. Il parle des incohérences avec le système de santé….

Il souligne le fait de rester vigilant au vocabulaire et au langage employés, notamment dans le milieu médical, pour que ça ne devienne pas « enfermant ».

Pour lui, il ne s’agit pas de devenir « un être humain ». Il a compris qu’il l’a toujours été. Son livre relate tout ce à quoi il a aspiré et comment il y est parvenu. Bien sûr, il faut une force de caractère exceptionnelle, une volonté sans cesse renouvelée mais il y arrive et c’est une sacrée leçon de vie. Il se fixe des défis, fait ses expériences, trouve des solutions et ne lâche jamais rien.

L‘écriture de l’auteur est fluide, plaisante. Il a du recul sur ce qu’il vit, il analyse et explique comment contourner les obstacles. Toutes les personnes qui l’aiment (ses parents, sa femme, ses amis, les ami-e-s de son épouse) l’ont « boosté », porté pour qu’il ne se décourage jamais.

Ce récit est un témoignage fort, bouleversant. Et oui, sa vie ressemble à la nôtre même si son corps est différent… C’est sans doute plus compliqué que de prendre des lunettes ou une canne mais il y arrive et on ne peut que l’admirer !


"L'affaire Martin Kowal" d'Éric Decouty

 

L’affaire Martin Kowal
Auteur : Éric Decouty
Éditions : Liana Levi (5 Octobre 2023)
ISBN : ‎ 979-1034908233
340 pages

Quatrième de couverture

Jeune inspecteur des Renseignements généraux le jour, Martin Kowal mène la nuit une vie dissolue dans les boîtes parisiennes, pour tromper sa solitude et son mal-être. Lorsque l’ambassadeur de Bolivie est assassiné en pleine rue le 11 mai 1976, il est propulsé contre toute attente à la tête du groupe chargé d’identifier les mystérieuses «Brigades internationales» qui ont revendiqué l’attentat. Le gouvernement, qui craint l’irruption en France du terrorisme d’extrême-gauche, attend des résultats rapides. Pourtant, l’enquête prend une direction opposée à celle de la piste officielle, vers une organisation d’anciens nazis et d’ex-membres de l’OAS.

Mon avis

Dans son nouveau roman, Éric Decouty nous transporte en mai 1976. Il revisite l’histoire de l’assassinat de l’ambassadeur de Bolivie et s’interroge sur le rôle trouble du gouvernement de Valéry Giscard d’Estaing. Est-ce que ses ministres n’étaient pas trop proches des gouvernants despotiques d’Amérique du Sud ? Et quels liens les gouvernants avaient-ils avec les groupuscules gauchistes ?

Après la mort du diplomate, l’enquête est confiée à Martin Kowal. Il est inspecteur des renseignements généraux, comme l’a été son père avant lui. Mais ce dernier a trahi et est mort après avoir tenté de s’évader selon la version officielle. Martin est un bon enquêteur (il a des indics un peu partout et peut obtenir des informations sous le manteau), mais il mène en parallèle une vie dissolue, buvant trop et consommant des substances illicites. Un de ses collègues, dont il se sent proche, s’inquiète pour lui.

Ses investigations commencent et il essaie d’agir au mieux pour résoudre cette affaire délicate au niveau politique. Les Renseignements généraux et la police sont au service du pouvoir mais Martin ne risque-t-il pas d’être un pion, de se faire manipuler ? Certaines découvertes posent question, comme si on les lui offrait sur un plateau alors que pour d’autres, on lui conseille de ne pas creuser… Parfois, il se fait doubler par ceux qu’il traque, y-aurait-il une taupe dans ses services ? Il retrouve, avec bonheur, un ancien ami de son père mais ce n’est pas si simple qu’en apparence…. Tout cela le déstabilise et il lui arrive replonger dans ses travers, de perdre pied et à ce moment-là, il n’avance plus ….

Bien ancré dans l’époque choisie, ce récit se lit avec beaucoup d’intérêt et de plaisir. L’auteur analyse avec finesse et acuité ce qu’il présente et les relations que les personnages entretiennent. Martin progresse lentement, hésite, repart, revient, se questionne. C’est un homme attachant. Sa part d’ombre et ses blessures le rendent très humain. Il se demande si le gouvernement est vraiment clean ou s’il ne joue pas double jeu. Ses supérieurs ne le laissent pas toujours libre de ses mouvements et il doit trouver des solutions pour continuer….

J’aime beaucoup lire cet auteur. Je trouve qu’il se bonifie avec le temps. Dans un entretien, il souligne qu’en 2003, Edouard Balladur a refusé une enquête parlementaire. Cela démontre combien il s’est renseigné avant d’écrire. Ses propos m’obligent à aller plus loin, à creuser ce qu’il présente. Bien sûr, je ne peux pas démêler le vrai du faux mais j’ai la possibilité de relire des journaux ou entretiens de l’époque, constater les réactions des uns et des autres et ainsi me faire ou pas une opinion. D’ailleurs ce qu’il évoque pourrait bien exister encore actuellement, j’en suis persuadée. Les grands de ce monde ne sont pas toujours très nets et font des arrangements entre eux….

Ce n’est pas un récit historique car s’il est inspiré de faits réels, l’auteur interprète les événements, subodore les relations, les liens entre les uns et les autres. Il s’est documenté, a cherché et on peut légitimement se demander s’il n’y a pas une part de vrai dans tout ça….

Un opus abouti et captivant !

NB : J’ai particulièrement apprécié la référence à Pablo Neruda avec un magnifique poème.

"À l'ombre d'un papillon de nuit - Un archéologue sur les traces de la Shoah" d'Ivar Schute (In de schaduw van een nachtvlinder)

 

À l'ombre d'un papillon de nuit - Un archéologue sur les traces de la Shoah (In de schaduw van een nachtvlinder)
Auteur : Ivar Schute
Traduit du néerlandais (Pays-Bas) par Kim Andringa
Éditions : Globe (5 Octobre 2023)
ISBN : 9782383611905
242 pages

Quatrième de couverture

170 000 Juifs ont été assassinés dans le centre d’extermination nazi de Sobibór, situé dans la Pologne actuelle. Après le soulèvement du 14 octobre 1943, le centre a été démantelé ; les preuves ont été effacées. La nature a repris ses droits et de Sobibór ne restaient qu’une forêt et les photographies prises par l’officier SS Johann Niemann, qui ne montrent pas de chambre à gaz, ni de train, ni de gens, ni de terreur. En 2014, un groupe d’archéologues a retrouvé et mis au jour les fondations des chambres à gaz du centre d’extermination de Sobibór, démontrant ainsi que le sol demeurait un témoin silencieux. Ivar Schute faisait partie de l’équipe. Ce livre est le récit de ses fouilles mais aussi des nombreuses questions qu’elles ont soulevées.

Mon avis

Ce livre présente un texte fort, puissant. L’auteur qui a témoigné à travers des conférences, des articles et des entretiens, a souhaité aller plus loin en offrant cette lecture. En effet, avec son équipe, il a ressorti des fondations de chambres à gaz, à Sobibór où plus de 170 000 juifs ont été assassinés. Il retranscrit ainsi dix ans de recherches avec les idées et pensées qui l’ont accompagné.

Comme il est archéologue, il fouille et met au jour des éléments qui parlent du passé. Il doit faire preuve de délicatesse car certains objets racontent la vie de personnes disparues. Il faut trouver l’équilibre sans blesser personne, ni outrepasser les limites morales. Comme il touche ce qu’il découvre, il a une relation presque physique avec la Shoah. Certains critiques ses recherches, il se fait parfois attaquer par les administrations ou les négationnistes. A contrario, d’autres s’intéressent de manière positive à ses investigations. Tout est question de dosage et il doit parfaitement mesurer ce qu’il dit, gérer ce qu’il découvre et être vigilant pour chaque mot.

Il écrit qu’il n’est pas un historien mais il s’exprime sur des faits historiques en partageant des réflexions philosophiques. Pour lui, les fouilles archéologiques ont un rôle lié à un processus de commémoration et de conservation du patrimoine. C’est intéressant de comprendre son point de vue, je le partage totalement. Je n’ai jamais senti de voyeurisme dans son texte. Ses remarques sont édifiantes, on sent bien qu’il n’a pas rédigé tout cela a la va vite, c’est soigneusement pesé, analysé et réfléchi. Il s’interroge sur la politique patrimoniale des autorités concernées s’occupant de ces traces et vestiges.

Dans les premières pages, une carte nous montre tous les lieux explorés par Ivar Schute. Certains sont plus connus que d’autres mais il a tenu à aller partout. C’est un homme modeste, humble, qui a peur que son propos soit mal interprété, mal compris. Il décrypte finement ce qu’il observe, ce qu’il ressent.

Son écriture est fluide, précise (merci à Kim Andringa pour la traduction).  Il partage ce qu’il voit, ce qu’il vit au plus profond de lui, puis il prend de « la hauteur » et porte plus loin son regard, son étude.  Il s’est énormément documenté pour donner de l’étoffe à sa narration. Tout est précis, clair, complété par ses pensées personnelles qui apportent un éclairage supplémentaire.

J’ai beaucoup apprécié cette lecture que j’ai trouvé représentative d’une période terrible. J’ai appris des tas de choses, retenu et engrangé des informations. C’est un opus que je conseille, que je vais prêter car j’ai envie d’échanger sur tout ce que j’ai lu.

Ce recueil est une mine d’informations précises, de souvenirs. C’est ainsi que s’inscrit l’Histoire (avec un grand H) car par l’intermédiaire de tels écrits, nous n’oublierons pas. La souffrance des personnes ayant subi le pire sera honorée, on parlera d’eux, on entretiendra leur mémoire sans haine, sans pathos mais en toute lucidité. Et on fera tout pour que « plus jamais ça ».