"Un Rêve de Corsaire …. Entre Sabre et Pistolet..." de Christian Lamoureux


Un Rêve de Corsaire
…. Entre Sabre et Pistolet...
Auteur : Christian Lamoureux
Éditions : Passion du Livre (17 Juin 2020)
ISBN : 978-2491808013
142 pages

Quatrième de couverture

L’auteur redonne vie à un ancêtre natif de Brouage, citadelle au cœur des marais salants de Charente-Maritime. Il nous entraîne dans le sillage de ce Corsaire, un bourlingueur au service du Roy, pour des « courses » lointaines aux rencontres souvent tumultueuses.

Mon avis














C’est à Brouage, dans un coin de Charente que je connais bien qu’est né Jacques-Elie. Ses parents étaient saulniers et il se devait de les aider… Sauf que lui, il rêvait d’être marin… Alors, à seize ans, il a pris la fuite, direction la Rochelle. Il a laissé un mot expliquant qu’il allait naviguer… Des bras en moins pour la famille mais également une bouche de moins à nourrir…alors, il se sont habitués à son absence…

Lui, pendant ce temps-là, plein de fougue, d’énergie, de courage, de volonté, de vivacité, il s’est fait embaucher comme mousse sur l’Indomptable, un bateau corsaire, avec pavillon royal. Son agilité, son allant, son ardeur au travail ont fait qu’à vingt-et-un ans, il est devenu « Chef de pont ». Les années ont passé, il a continué à s’affirmer, à être vigoureux, à montrer son amour de la mer, plus fort que tout. Il est monté en grade…. Bien sûr, il y a eu des combats, des victoires, des moments plus difficiles, mais il a aimé sa vie, parce que c’est celle qu’il avait choisie.

Christian Lamoureux nous offre dans cet ouvrage un récit enlevé, rythmé par les aventures du corsaire qu’on voit grandir. Il entrecoupe son texte de poèmes, de photographies, comme autant de clins d’œil lyriques à une écriture qui l’est déjà pas mal. Il a su présenter, en peu de mots, les scènes, les ressentis des uns et des autres. Le style s’emballe au moment des combats, se pose lorsqu’il s’agit d’évoquer l’amour du pirate pour les océans, son « métier » et ce qu’il vit….C’est « visuel » et on imagine bien ce qu’il décrit. Je pense que l’auteur aime le milieu maritime autant que l’aime son personnage !

Moi qui connais bien le pays charentais, j’ai eu beaucoup de plaisir à lire ce recueil qui m’a permis de voyager d’une autre façon près de cet Océan Atlantique qui me fait vibrer.

"Le bonheur en cinq mensonges" de Pascale Perrier


Le bonheur en 5 mensonges
Auteur : Pascale Perrier
Éditions : Archipel (Galapagos) (2 Octobre 2013)
ISBN : 978-2809812602
192 pages

Quatrième de couverture

Dans Le Bonheur en cinq lettres, on avait fait connaissance avec Chloé au moment de la mort de sa mère. Depuis, cinq ans ont passé. Chloé a 20 ans, elle a maintenant un petit ami, Benjamin, mais ne sait toujours pas quoi faire de sa vie.
Tout n'est pas devenu plus facile, dommage.

Mon avis

« Se concentrer sur ce qui compte, en saisir le sens. »

Suite du roman « Le bonheur en 5 lettres », ce livre peut être lu de façon tout à fait indépendante. On y retrouve Chloé, vingt ans, elle a grandi, se trouve dotée d’un amoureux, mais elle ne sait toujours pas ce qu’elle souhaite poursuivre comme études ni ce qu’elle désire vraiment dans l’existence…

La première partie du roman nous permettra de la découvrir dans la vie quotidienne, confrontée à différentes situations amicales, amoureuses, estudiantines….
Rien de vraiment transcendant et à mon sens, trop d’exagération…

Mais je pense que les jeunes adolescentes aimeront beaucoup car les situations de « je t’aime moi non plus » tant avec « la meilleure détestable amie » que «l’amoureux formidable mais parfois trop lisse » ressemblent à celles de la vie de tous les jours….

D’autre part, les éternelles questions sur les études, l’avenir sont présentes…On peut sans doute regretter qu’elles soient seulement survolées. Il aurait été intéressant de creuser un peu tout ça…

La seconde partie a un peu plus de consistance et m’a paru « plus profonde » dans la réflexion du jeune face à toutes les incertitudes qu’il ressent dans la vie…

Ceux qui seront devenus « accros » à Chloé auront été ravis de la retrouver et attendront un tome trois avec impatience…. Les autres, comme moi, auront passé un moment de lecture simple et sympathique…

"Le problème avec les femmes" de Jacky Fleming (The Trouble With Women)


Le problème avec les femmes (The Trouble With Women)
Auteur : Jacky Fleming
Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Nora Bouazzouni
Éditions : Dargaud (21 Octobre 2016)
ISBN : 9782205076110
128 pages

Quatrième de couverture

« Autrefois, les femmes n'existaient pas, et c'est pour cette raison qu'elles sont absentes des livres d'histoire. Il y avait des hommes et parmi eux, un certain nombre de génies. » À travers une succession de dessins hilarants, Jacky Fleming retrace avec ironie l'évolution de la femme dans notre société. Second degré garanti !


Mon avis

Jubilatoire !

Jacky Fleming est une dessinatrice britannique. Dans ce petit ouvrage en noir et blanc où l’on trouve un dessin assorti de commentaires par page, elle démontre par l’absurde qu’il a été difficile (et que c’est, parfois, encore d’actualité ;-( pour les femmes de se faire une place dans les milieux scientifiques, sportifs etc…

Combien ont-ils été, de ces « génies » hommes à penser, dire et répéter que le rôle des femmes c’était de broder, de faire la cuisine, de rester à sa place sans faire de vagues ? Des exemples ? Faire du vélo donne des jambes d’homme. Et « avoir des jambes d’homme pouvait provoquer un choc immense le soir de la nuit de noces et empêcher l’union d’être consommée ». Ce sont des hommes connus, Darwin, Freud, Rousseau, qui débitaient des aberrations comme celle-ci. Ils n’hésitaient pas à proclamer que le cerveau féminin est plus léger, vite rempli….

Je me suis régalée avec cette lecture, j’ai souri, j’ai ri. Et je me suis mise intérieurement en colère. Les découvertes féminines ont été quelques fois minimisées et c’est scandaleux.

Heureusement que Jacky Fleming, Pénélope Bagieu (avec les Culottées) et d’autres nous rappellent que les femmes ne sont pas transparentes ! Mesdames, redressons-nous et affirmons ce que nous sommes !

Et parce que ce livre pratiquant la dérision est à lire et relire, Messieurs, Mesdames, lisez-le !

"Munera" de Eric Calatraba


Munera
Auteur : Éric Calatraba
Éditions : du Caïman (19 Novembre 2019)
ISBN : 9782919066780
380 pages

Quatrième de couverture

Aux quatre coins du monde, des hommes qui n'ont plus rien à perdre risquent leur vie dans des combats singuliers. Quelques mois plus tard, un cadavre enfermé dans un sac en compagnie d'un coq, d'un singe, d'un chien et d'un serpent est repêché à Nice. C'est le point de départ d'une nouvelle enquête pour le capitaine Larcher et le commandant Lucchi. La chasse à l'homme est lancée, de l'embouchure du Var aux confins du cercle polaire, en passant par les favelas de Rio.

Mon avis

Homo homini lupus est *

Laponie suédoise, Rio, le Canada, l’Australie, la France et d’autres coins du monde…. Au début de son roman, en quelques lignes, l’auteur nous emmène à la rencontre d’hommes. Peu de femmes, des hommes, pas n’importe lesquels d’ailleurs… La plupart essaient de se raccrocher à la vie mais c’est difficile…

Au Canada, il y a Ethan, un ingénieur à qui ses supérieurs demandent de faire accepter un chantier de gazoduc dans le Yukon. Le Yukon c’est un territoire du nord-ouest du Canada, sauvage, montagneux et faiblement peuplé. On y trouve des espaces de vêlage protégés pour les caribous et des Inuits qui vivent grâce à eux. C’est de là que vient Ethan et même s’il reste peu en contact avec sa famille et ses amis qui habitent là-bas, est-il prêt à les trahir pour le projet de son entreprise ?  Il va retourner sur place, essayer de convaincre ceux qu’il a côtoyés longtemps qu’il faut accepter le progrès, que cet avenir va peut-être les aider…. Va-t-il réussir à les persuader ? Va-t-il se poser des questions sur ce qu’il est devenu ? Un jeune loup dans une faune de techniciens qui ne pensent qu’en terme de rentabilité ? Ou a-t-il encore un lien avec celui qu’il a été ?

Pendant ce temps, en France, un corps est repêché, mutilé, enfermé dans un sac avec des animaux. Un SDF semble avoir vu quelque chose mais quel crédit accorder à ses paroles ? Le capitaine Raphaël Larcher et le commandant Ugo Lucchi sont chargés de l’enquête avec leurs collègues. Dès le début, ils sentent que cette histoire n’est pas nette, qu’il va falloir creuser et sans doute se mettre en danger.

Comment lier les quatre coins de la planète, la France et le Canada ? Par un polar exceptionnel écrit par Éric Calatraba. Dans ce genre de romans, on a souvent deux intrigues en parallèle qui finissent par se croiser et alors tout s’éclaire. Mais ici, c’est beaucoup plus subtil. De nombreuses entrées nous entraînent et ce n’est pas survolé. On rentre dans le quotidien, voir l’intimité de ceux dont on fait connaissance, on les croise tout au long des chapitres, on les laisse un temps, on revient vers eux. Au Canada, Ethan se bat contre lui-même, il est retourné sur la terre qui l’a vu naître et il ne sait plus que faire, il est sans cesse tiraillé et a besoin d’un coup de pouce pour se (re) connaître. Les enquêteurs français, eux, sont confrontés à des choix drastiques : en savoir plus sur leurs investigations mais se mettre en danger, prendre des risques … Quelle place donner à leur vie personnelle, à celles qu’ils aiment ? Peut-on séparer famille et boulot ? Tout n’est-il pas étroitement lié ?

Avec de nombreuses références latines, des clins d’œil musicaux, une écriture magnétique et un style puissant, l’auteur nous prend dans ses rets. Il nous rappelle combien certains hommes se « nourrissent » de la violence, la mettant éventuellement en scène. Mais il démontre également que d’autres galèrent, rêvent de s’en sortir, que le dénuement peut frapper tout le monde. J’ai apprécié la personnalité troublante et trouble des deux policiers, leurs questionnements en lien avec leur vécu. J’ai aimé la volonté de certains personnages de croire encore en un avenir possible. L’atmosphère est prenante, les scènes décrites avec un réalisme qui met des frissons…. J’ai dévoré ce livre, j’avais mal pour ceux qui souffraient, j’aurais voulu me battre à leurs côtés, j’avais envie de cracher sur d’autres…. Et j’ai pensé que, oui :
*L’homme est un loup pour l’homme
Mais on peut toujours espérer, hein, Monsieur Calatraba ? C’est bien ce que vous voulez exprimer dans les derniers mots de ce recueil ?

"Lou après tout - Tome 3 : La bataille de la douceur" de Jérôme Leroy


Lou après tout - Tome 3 : La bataille de la douceur
Auteur : Jérôme Leroy
Éditions : Syros (9 Janvier 2020)
ISBN : 9782748526462
560 pages

Quatrième de couverture

Lou quitte Wim avec un goût amer. Dans le monde d’après l’effondrement, existe-t-il un seul endroit épargné par l’horreur ? Son dernier espoir, comme pour Amir, Cesaria et Maria : la Douceur. Lou ne sait pas encore à quel point la route pour l’atteindre sera longue.

Mon avis

« Renoncer aux mots, c’était aussi renoncer à la beauté. »*

« La bataille de la douceur » est le troisième (et dernier) tome de la trilogie post apocalyptique de Jérôme Leroy. Le premier fil conducteur est Lou que l’on suit depuis l’âge de cinq ans et pendant très longtemps. On la voit évoluer, devenir femme, se battre, faire des choix, prendre de plus en plus sa vie en mains.

Le second fil conducteur est la poésie. Celle qui est citée par l’intermédiaire d’extraits de poèmes, notamment d’Apollinaire, mais également celle qui imprègne le récit grâce à l’écriture de l’auteur. Il a un phrasé qui semble sublimer chaque mot, leur donner une valeur unique, porteuse de sens. Son style est musical et les noms qu’il donne aux personnages (même ceux qui sont « méchants ») leur vont bien et pour ceux qui sont des « éléments positifs », ils font rêver….

Par exemple, Lou, qui est maintenant une personne âgée, va transmettre ce qu’a été sa vie aux « cueilleurs d’histoire ». Ceux qui gardent une trace du passé, pour ne pas oublier, se souvenir, rester unis et solidaires. Lorsqu’un danger est le même pour tous (comme pour une pandémie), les hommes se serrent les coudes car ils sont tous au même plan, personne n’est avantagé. Bien sûr, il y en aura toujours qui essaieront de tirer profit de la situation, mais globalement, c’est plutôt « l’union fait la force ». Le monde de Lou a souffert, il a connu « La grande panne » et tout a été à reconstruire en luttant contre ceux qui étaient devenus des ennemis. Il a été nécessaire de revenir aux fondamentaux, aux valeurs sûres, celles qui portent les êtres humains, les aident à être meilleurs ou à défaut, à donner le meilleur.
C’est par l’intermédiaire de retours en arrière que l’on apprend les événements des dernières années. Il y a un peu moins d’actions que dans les deux recueils précédents. Lou, qui raconte, est plus dans la réflexion, l’analyse. Elle a besoin de faire le point, d’expliquer, presque en les justifiant, certains de ses choix. J’ai trouvé très intéressant qu’elle prenne du recul, qu’elle transmette ce qui a été, ce qui doit rester….et qu’elle reste modeste, sans se mettre en avant.

L’auteur parle de lieux que je connais, en France, cela donne une puissance supplémentaire au texte, parce qu’on rentre dedans, on s’y voit. De plus, la plupart des dérives qu’il imagine paraissent terriblement plausibles (et c’est bien triste, car cela résonne comme un signal d’alarme). Cette série qui vise un public adolescent peut être une bonne occasion de parler avec eux de certains problèmes de société : la place des écrans, des réseaux sociaux, le dérèglement climatique, la pollution, etc …. Ce sont des thèmes qui sont au centre de l’intrigue. Si on rajoute à cela les relations entre les uns et les autres, on pourrait presque penser que Jérôme Leroy donne un mode d’emploi : ce qu’il faut faire pour éviter d’en arriver à des situations extrêmes que les hommes ne pourront plus gérer….

J’attendais ce tome trois avec impatience, j’avais peur de redites mais ce n’est pas le cas. Les quelques allusions au passé sont légères. L’auteur n’est pas non plus tombé dans la facilité de chapitres enchaînant luttes, pauses, combats, petits repos avec peurs, batailles, trêves trop courtes etc…. Il a su exprimer « le chant du monde », parfois violent, à d’autres moments combatif, et il a laissé une part belle à l’espérance, comme si l’homme avait retenu la leçon et n’allait plus renouveler les mêmes erreurs…. A méditer, n’est-ce pas ?


*page 89

"Le doigt du sang" de Jean-Marc Demetz


Le doigt du sang
Auteur : Jean-Marc Demetz
Éditions : Krakoen (25 Juin 2013)
ISBN : 9 782367 940267
240 pages

Quatrième de couverture

Chef étoilé en difficulté, Éric Lallot est poursuivi par des créanciers peu commodes. Un jour, un inconnu lui propose de faire la cuisine pour un milliardaire américain qui effacera toutes ses dettes. Devant cette proposition inespérée, il accepte sans se douter de ce qui l’attend : le château de ce généreux mécène est celui de son village natal et son retour au pays n’est pas du goût de tout le monde.

Mon avis

Les émissions de concours culinaires se multiplient de Top Chef à Master Chef en passant par les régimes, tous plus improbables les uns que les autres à l’approche de l’été….

« Le doigt du sang » met en scènes un cuisinier, chef étoilé d’un grand restaurant qui, pour éponger ses dettes, va se retrouver à mijoter des plats pour un inconnu. Je ne vous apprendrai rien en vous disant que de nos jours le plaisir des yeux égale celui de nos papilles gustatives. Les mets de notre héros seront donc immortalisés sur toile et deviendront des peintures cotées.

Ce polar peut devenir une excellente pièce de théâtre pour peu qu’on l’adapte avec finesse et doigté ;-) En effet, on n’est pas très loin du huis clos, l’essentiel des actions se passant dans un château. Éric cuisine, et pour ne pas déroger à la règle actuelle alliant le plaisir des mots à celui de plusieurs sens (la vue, le goût), on se retrouve face à des « pétales de morue à l’ail confit et au caramel mélangé de vinaigre balsamique et de bière » ou « des andouillettes de canard avec des épluchures de pommes de terre et des oignons frits, sauce façon carbonnade »… A ce propos, il aurait pu être intéressant de mettre les recettes en annexe à la fin du livre car, régulièrement, on « baigne » dans la cuisine et sans saliver ; comme le chien de Pavlov, on se prend à chercher sur le net si ces recettes existent et à quoi elles ressemblent.

Le décor et la gastronomie ne seront que prétexte pour l’auteur à nouer une intrigue bien introduite et menée tambour battant mais somme toute assez banale. Je n’ai pas été totalement captivée. La répétition des journées, passées à préparer les plats, et dans lesquelles le chef fait quelques rencontres ne m’ont pas fascinée. Il manquait un je ne sais quoi de fantaisie, de profondeur également.
Pourtant, l’écriture est soignée, l’introduction de quelques mots de patois donne une diversion agréable ainsi que les pensées intimes du chef. Les dialogues sont bien vivants et tout cela s’enchaîne facilement.
De plus, le retour du héros dans un coin qu’il connaît bien lui apporte l’occasion de revenir sur son enfance, sur les choix que chacun fait et qui, quelquefois, provoquent un tournant dans notre vie. La relation plats artistiquement présentés et toiles parfaitement peintes peut apporter une réflexion sur la question suivante « la cuisine est-elle un art ? »… Un autre sujet abordé, en filigrane, est celui des diverses classes sociales et des différences qui peuvent régir leur vie. Qui peut s’offrir des vins à plus de mille euros la bouteille ? Qui peut se permettre de manger dans des restaurants si onéreux qu’on se doit de réfléchir avant d’avaler la moindre bouchée au prix de ce qu’on est en train de mâcher ?

Globalement ce livre a des qualités indéniables mais je reste sur ma faim, avec une impression mitigée mi figue mi raisin….

A déguster entre deux plats plus consistants, bon appétit ….euh non bonne lecture !

"Les couloirs démoniaques" de Jean-Marc Dhainaut


Les couloirs démoniaques
Auteur : Jean-Marc Dhainaut
Éditions : Taurnada (2 Juillet 2020)
ISBN : 978-2372580724
244 pages

Quatrième de couverture

Le Foyer des Galibots, une maison de retraite paisible située dans le Nord de la France, ferma ses portes en 1992 après une effroyable série de morts mystérieuses. Des suicides, selon l'enquête. Détails troublants : certains pensionnaires avaient témoigné de présences effrayantes, et une aide-soignante avait affirmé avoir été attaquée par une force invisible. Alan Lambin, enquêteur en paranormal, sent que cet endroit, construit sur les ruines d'un hôpital exploré quinze ans plus tôt, a besoin de lui.

Mon avis

C’est quinze ans après sa dernière aventure que nous retrouvons Alan Lambin, enquêteur en paranormal. Nous sommes en 2002. Il a cessé ses investigations, il écrit des livres et anime des conférences, pendant que Mina sa compagne tient une boutique ésotérique avec une amie. Une vie plus calme, plus rangée, pour nos soixantenaires…. Mais voilà que Paul Belvague, l’ami de toujours (ils se connaissent depuis plus de quarante ans) propose au couple une petite sortie au Foyer des Galibots, une ancienne maison de retraite où de drôles d’événements avaient eu lieu. Réticent dans un premier temps, Alan (qui ne garde pas de bons souvenirs de ce coin qu’il a déjà exploré) finit par se laisser convaincre et les voilà, tous les trois partis là-bas.

Cette résidence a été auparavant un hôpital, détruit par un coup de grisou, provoquant de nombreux décès. Sur le trajet, en direction du Nord, Alan sent que sa visite n’est pas le bienvenue, une présence hostile rode dans l’ombre et il n’est pas rassuré. Mina et Paul l’encouragent et ils finissent par se retrouver sur place. Là, ils tombent nez à nez avec Erwan Diwen qu’ils n’apprécient pas du tout. C’est un homme qui se targue d’avoir des connaissances identiques aux leurs et qui n’est qu’un charlatan. Leur opposition étoffe à merveille le récit.

Alan et ses amis vont être confrontés à différentes situations très délicates. Le « mal » est puissant, il a l’esprit retors et tous vont être soumis à de rudes épreuves. Des liens avec les enquêtes précédentes et le passé d’Alan apportent un plus indéniable à cette intrigue.

L’écriture de Jean-Marc Dhainaut s’est affirmée, il « assure » vraiment tant dans les descriptions (on croirait presque voir un film sous nos yeux), que dans l’atmosphère sombre, mystérieuse, évoquée avec panache et enfin dans les rouages de son texte sans fausse note où tout s’emboîte. Le récit est abouti, complet. L’aspect psychologique des personnages est creusé. Les ressentis de chacun, leurs peurs, leurs faiblesses, leurs forces sont décortiquées. On les voit lutter, essayer d’être plus puissants que l’horreur qui s’oppose à eux. Les liens amicaux et amoureux les portent et les aident pour résister.

J’ai beaucoup apprécié qu’Alan travaille en trio, qu’il ait du caractère pour coincer Erwan le prétentieux, que sa chère grand-mère fasse une apparition remarquable et bien pensée. Le style est toujours aussi fluide, prenant. Il y a du mystère, de l’action mais également de beaux sentiments.
Le lecteur se sent embarqué dans l’intrigue, on tremble, on espère, on attend les moments de résilience, de paix … Les émotions sont importantes et c’est signe que ce recueil est réussi.

Les auteurs qui savent accompagner leur « héros », sans sombrer dans des redites et sans lasser le lecteur, ont toute mon admiration. Je pense que cet équilibre est difficile à trouver. Jean-Marc Dhainaut sait tenir la main d’Alan, la lâcher quand il le faut…. A moins que ce ne soit le contraire ?

"Le Neutrino de Majorana" de Nils Barrellon


Le Neutrino de Majorana
Auteur : Nils Barrellon
Éditions : Jigal (17 Septembre 2019)
ISBN : 978-2377220809
290 pages

Quatrième de couverture

Au début du siècle dernier, en Italie, Ettore Majorana, jeune savant, partage sa fougue et sa passion entre les particules et Emilia, une jeune étudiante argentine. Bien des années plus tard, au CERN, 600 millions de protons se heurtent chaque seconde pour faire jaillir du vide la matière telle que nous la connaissons. L’univers, les étoiles, la terre, la mer, les arbres, les plantes, les êtres vivants.... Quand le corps de Sabrina Marco, chercheuse dans le prestigieux laboratoire, est découvert, le crâne fracassé, les questions vont très vite s’enchaîner. Qui ? Pourquoi ?

Mon avis

Deux aspects en un, passionnant !

Ettore Majorana est né en 1906. Fasciné par la physique des particules, il a réalisé un formidable travail de recherche sur les neutrinos. Il était infiniment doué. Il a disparu mystérieusement et on n’a jamais retrouvé sa trace. En partant de ces faits, Nils Barrellon a écrit un polar séduisant sur trame scientifique. Non seulement il a mélangé les genres avec intelligence mais en outre il a su les doser. Jamais ses passages évoquant Ettore et ses recherches ne sont barbants ou indigestes, et la partie enquête n’est en rien négligée, bien au contraire. Un équilibre parfait pour un récit fascinant.

C’est aux alentours de 1951 que le CERN (Conseil Européen pour la Recherche Nucléaire) est né. Il se situe en Suisse et le but de ce lieu est de savoir de quoi l'Univers est fait, comment il a évolué. Pour cela, les physiciens du CERN cherchent des réponses avec de puissants accélérateurs de particules. Lorsque le roman commence, une des chercheuses est retrouvée assassinée. Son corps a été déposé sur la frontière, entre la Suisse et la France… Ce sont donc deux groupes d’enquêteurs qui vont intervenir, un pour chaque pays. Ils ont des méthodes différentes, des expressions bien à eux (pas toujours comprises par les autres), des ressentis distincts par rapport aux faits… Pas simple… Il est nécessaire également qu’ils communiquent, se respectent, s’apprivoisent…. Mais chacun aime à avoir des idées ou des informations que ne possède pas le collègue « étranger », histoire d’avoir un coup d’avance…. Cette espèce de « rivalité » entre les deux entités est amusante, on sent bien que la critique peut partir vite, que le regard acerbe est inquisiteur…. Il n’y a pas vraiment de tensions mais personne ne se lâche en présence du voisin. Ils n’ont pas réellement le souhait de coopérer… Les personnalités des policiers sortent de l’ordinaire, tous ont un petit travers caché, ce qui les rend humains.

En parallèle de ces investigations menées au CERN et dans l’environnement proche, on fait connaissance avec Ettore et on le suit de sa naissance jusqu’à la fin. Ce sont des « flashs » à différentes périodes de sa vie, suffisamment renseignés que ce soit historiquement ou scientifiquement, pour nous intéresser, pas trop détaillés sur l’aspect physique quantique pour ne pas nous « gaver ». Les explications sur les neutrinos sont fascinantes et mises à notre portée. Et le caractère atypique de Majorana m’a interpellée, je voudrais lire une biographie sur lui.

Avec ce récit, Nils Barrellon a une fois encore exploité de nombreux documents avec finesse. Il a su tirer parti des informations récoltées (quel travail !) pour les agencer dans un récit sans temps mort, alliant connaissance des particules, suspense, investigations, rebondissements, sans aucun temps mort. L’écriture est incisive, les descriptions précises. Lorsqu’il décrit l’atmosphère au CERN, on constate combien les savants vivent en vase clos, parlant beaucoup du boulot et n’ayant pas (ou très peu) de vie en dehors du centre où ils passent des heures. Ce fonctionnement est particulier, pas forcément compréhensible pour les personnes extérieures et l’auteur l’aborde habilement.

En conclusion, une lecture plaisante, captivante et une histoire originale ! Et une couverture qui nous rappelle que l’homme n’est qu’une composition d’atomes….

NB : En lisant ce bouquin, j’ai noté le titre « Le grand roman de la physique quantique », l’auteur m’a donné une furieuse envie de le lire !


"Parti en fumée" de John Marrs (When You Disappeared)

Parti en fumée (When You Disappeared)
Auteur : John Marrs
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Nordine Haddad
Éditions : Thomas & Mercer (21 juillet 2020)
ISBN : 978-2919805785
420 pages


Quatrième de couverture

Un matin, Catherine se réveille seule dans son lit. Elle ne s’inquiète pas, convaincue que son mari est allé courir avant de se rendre au travail, comme il en a l’habitude.
Mais cette fois, Simon n’arrivera jamais au bureau. Ses baskets sont devant la porte et rien ne manque à part lui. Très vite, Catherine pressent qu’il lui est arrivé quelque chose : il n’avait aucune raison de disparaître ainsi.

Mon avis

Simon et Catherine se connaissent depuis leur adolescence. Ils sont mariés et vivent dans une maison avec leurs enfants. Mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Récemment, un drame a ébranlé leur couple. Il leur a fallu beaucoup d’énergie, de courage, pour continuer à avancer mais maintenant ça va mieux. C’est ce qu’on imagine en lisant les premières lignes, mais on sent comme une faille, une légère rayure et il ne faudrait pas qu’elle augmente ….

Un matin, Catherine se lève. Simon doit déjà être parti au boulot, ou alors il a choisi, comme cela arrive, de faire un jogging avant d’enchaîner avec son activité professionnelle. Pourtant dans la matinée, son associé le cherche et de ce fait, sa femme s’interroge. La journée passe, toujours rien … On ne le retrouvera jamais et il faudra que l’épouse et mère de trois enfants tienne le cap malgré la douleur de l’absence.

Vingt-cinq ans plus tard, Catherine reçoit une visite… C’est Simon qui réapparaît. Que s’est-il passé pendant toutes ces années, que veut-il, pourquoi maintenant et pas avant ou plus tard ?
A partir de là, le roman vous prend dans ces rets et vous ne pouvez plus le lâcher. Chacun des deux personnages va prendre la parole tour à tour et le lecteur va découvrir tout ce qui s’est déroulé depuis la disparition … Est-ce qu’ils se sont reconstruits ? Tant de questions se bousculent en nous et en eux, on voudrait tout savoir vite, mais il faut du temps pour raconter un quart de siècle avec deux points de vue….. Alors, on lit et on oscille entre tout un tas de sentiments, on se demande où est la vérité. Sans arrêt l’un ou l’autre fait une révélation et nos certitudes vacillent. Ce roman est vraiment abouti car il sera nécessaire d’attendre les dernières pages pour que s’emboîtent les pièces d’un gigantesque puzzle dont nous n’avions que de vagues contours qui en plus, n’étaient pas les bons.

Ce qui est intéressant, c’est de constater qu’une communication erronée, de l’incompréhension, peuvent avoir des conséquences terribles non seulement sur les personnes concernées mais également sur les autres, à la manière des dommages collatéraux. Les raisons qui poussent les individus à agir sont multiples, parfois une mauvaise interprétation déclenche des actes regrettables, à d’autres moments, il s’agit d’un concours de circonstances, d’un geste ou d’une parole malencontreuse. On ne peut pas tout maîtriser.

Il y a peu de protagonistes, c’est presque un huis clos qui se joue dans cette cuisine où l’ex couple se raconte, mais comme chacun explique ce qu’il s’est passé, ceux qui les ont accompagnés apparaissent au fil des pages. J’ai admiré la combativité de Catherine, sa volonté de donner toujours le meilleur d’elle-même. Simon est un être plus torturé, qui ne trouve que rarement le repos. Les personnalités sont ambivalentes, leur part d’ombre les empoisonne de temps à autre. Un petit bémol pour quelques invraisemblances à mon avis mais bon….

Cette lecture a été pour moi une belle découverte. L’écriture et le style sont fluides, le contenu très prenant. L’auteur sait nous captiver en distillant les informations au compte-goutte. Il aborde de nombreux thèmes, la jalousie, la colère, le deuil, l’orgueil, le poids de la famille, l’amitié, la résilience, l’envie…..

Un grain de sable a tout fait basculer pour ces deux-là, comme l’effet papillon. Est-ce pour le meilleur ou le pire ? Quelles auraient été leurs vies si rien n’avait enrayé le cours de leur quotidien 

"Le cri" de Marc Falvo


Le cri
Auteur : Marc Falvo
Éditions : Fleur Sauvage (1 er Février 2015)
ISBN :  979-1094428009
292 pages

Quatrième de couverture

Un nouvel appartement, loin des rats Mais sous l'apparente blancheur Des mots cachés, des récits, tel un cri Un appel au crime Scénariste et romancier, Marc Falvo nous plonge ici dans une ambiance que ne renierait certainement pas le cinéaste David Lynch. Thriller littéraire, récit atmosphérique, Le cri se révèle être une œuvre aussi étrange qu'envoûtante.

Mon avis

Est-ce que c’est contagieux, la folie ?

La mise en abyme de la couverture (regardez bien de plus près de quoi sont faits les murs) colle parfaitement au récit que nous allons découvrir dans ce recueil. L’auteur joue sur plusieurs niveaux. Niveau d’histoire (les unes enchâssées dans les autres …), niveau de langage, niveau de mots, niveau de style (narration, journal intime, dialogues extraits d’une émission de télévision etc…), niveau de police de caractères, niveau d’émotion, de pulsation….

Dans les pages, les mots sont « présence ». Comme des êtres vivants, ils se faufilent, se glissent, se tortillent, crient, vibrent, se cachent, reviennent et vous percutent de plein fouet….

A la lecture, le mot « Symphonie » m’est venue à l’esprit. Alors, j’ai cherché la définition et j’ai trouvé :
Une symphonie est une composition instrumentale savante, de proportions généralement vastes, comprenant plusieurs mouvements joints ou disjoints. La symphonie ne cesse d’évoluer, enrichissant sa palette et modifiant sa syntaxe au point d’en faire éclater les structures.
Et bien, je trouve que les derniers mots : « enrichissant sa palette et modifiant sa syntaxe au point d’en faire éclater les structures », correspondent tout à fait au ressenti que l’on peut avoir devant ce texte.  Le contenu du roman, si on le regarde au premier degré, est déstructuré mais ceci est fait avec intelligence et doigté. Observé au second degré, le texte prend toute sa dimension, celle de la « tempête mentale » qui entraîne le lecteur dans d’autres couches de réalité, d’autres approches de l’homme et de sa folie.
Parce qu’il faut bien le dire, la folie est au centre de cet opus mais comme en philosophie, on s’interroge. Qu’est ce que la folie, comment se font et se défont les constructions mentales de l’homme ? Le fou est-il celui qui reste dans son propre monde affectant ainsi sa conscience du réel  ou ceux qui ne le comprennent pas parce qu’ils restent dans un agencement de pensée figé? Quel regard portent alors ceux qui sont autour de la personne que l’on qualifie de privée de raison ?

Avec un titre comme celui-ci, on pense forcément au tableau « Le cri » d’ Edvard Munch où le personnage décharné ouvre la bouche pour un cri en se bouchant les oreilles. Comme si le cri était intérieur. Pour Paul, notre « héros », c’est un peu la même chose, tout bout à l’intérieur, prêt à sortir, prêt à envahir son quotidien, à le noyer sous les mots écrits, hurlés, ou chuchotés….. La réalité est-elle celle qu’il nous décrit ou celle dont les  autres nous parlent?

L’auteur a pris des risques avec différents types d’écriture mais il a réussi son pari, sachant parfaitement adapter son style à ceux qui s’ expriment et aux conditions de création des textes.  Il a situé son intrigue dans un immeuble, en huis clos, ce qui n’a rien de facile et s’en sort, là aussi, très bien.
C’est un roman qui peut dérouter si on s’attache à la forme sans songer au fond. Il faut se laisser séduire et se laisser porter par la fantaisie, la poésie, accepter  l’ instabilité  qui offre un autre regard comme lorsqu’on regarde une œuvre d’art qu’on ne comprend pas au premier abord.

Moi qui aime que l’on joue avec les mots, qu’on les fasse vivre, j’ai été comblée avec cette lecture sortant de l’ordinaire….

"Le plein s’il vous plaît : La solution au problème de l’énergie" de Jean-Marc Jancovici et Alain Grandjean


Le plein s’il vous plaît
La solution au problème de l’énergie
Auteurs : Jean-Marc Jancovici et Alain Grandjean
Éditions : Seuil (9 Février 2006)
ISBN : 978-2020857925
185 pages


Quatrième de couverture

Et si la hausse du prix du pétrole était le début d'une salutaire crise de désintoxication ? Et s'il fallait encourager cette hausse, voire l'accentuer ? Si l'énergie ne vaut rien - car elle est incroyablement sous-évaluée - c'est que ni l'épuisement des ressources en pétrole, ni le coût du changement climatique, ne sont inclus dans son prix. Par un surprenant tour de passe-passe, il s'avère que le PIB peut croître tandis que nous allons droit dans le mur. Nous vivons donc dans l'illusion d'une source d'énergie inépuisable et bon marché, illusion qui nous masque les catastrophes climatiques, économiques et politiques à venir. Il est temps pour chacun de nous de se montrer réaliste. Une taxe progressive et volontaire sur le pétrole profiterait non seulement à la nature, mais nous protégerait nous-mêmes, à commencer par les plus modestes, face aux mutations économiques à venir. Une idée forte et iconoclaste, pour un livre qui devrait inciter au débat.

Mon avis

L’avenir de la planète est-il entre les mains des citoyens ? C’est peut-être un raccourci de penser ainsi mais ne pas agir sous prétexte qu’il y a plus grave er que, de toute façon, tout fout le camp, ne serait pas mieux.

Les auteurs de cet essai, en termes simples, nous donnent des informations et mettent les signaux d’alerte au rouge. Il n’est pas nécessaire d’être pessimistes ou a contrario optimistes, on va se contenter de réalistes…. Bien sûr, ce n’est pas chaque personne qui en individuel, va changer le cours des choses mais comme le disait le slogan : « Un geste plus un geste et c’est ma planète qui va mieux… » Ce n’est qu’en unissant nos efforts (pas besoin de tout bouleverser non plus, on ne tiendrait pas sur le long terme…) que l’on peut espérer un mieux.

Dans ce livre, force est de constater que les deux fondateurs de la société Carbone 4 nous ouvrent les yeux et que…. soit on les referme et on fait comme si on n’avait rien lu…. soit on en parle et on se bouge….

A bien y réfléchir, nos aînés nous ont laissé une planète qui n’allait pas trop mal…A nous de faire de même !!!!

"Diane & Honoré d'Urfé: Les vrais amants de l'Astrée" de Gérard Vidal


Diane & Honoré d'Urfé: Les vrais amants de l'Astrée
Auteur : Gérard Vidal
Éditions : Independently published (27 novembre 2019)
ISBN : 978-1712375341
240 pages

Quatrième de couverture

Impossible d’habiter le Forez, sans connaître le château de la Bastie d’Urfé et son célèbre occupant, Honoré d’Urfé, dont le roman l’Astrée fit la gloire. Écrivain dès l'âge de quinze ans, érudit et curieux, ami apprécié de Marguerite de Valois et de Saint François de Sales, ennemi acharné, puis proche de Henri IV, admiré par la Reine Marie de Médicis, son mérite va au-delà de la littérature, car de son temps, il était aussi connu par ses faits d’armes dans le parti des Guisards, puis dans l’armée de Savoie, mais c’est sa passion pour Diane de Châteaumorand, la femme de son frère, histoire d’amour réciproque qui bien entendu défraya la chronique mondaine de l’époque.

Mon avis

Dans la Loire, Urfé est un nom bien connu. Le château de la Bastie d’Urfé, puis à Saint-Etienne, le lycée Honoré d’Urfé, la rue éponyme etc… Alors lorsque l’occasion m’a été donnée de plonger un peu dans l’histoire personnelle d’Honoré, je n’ai pas hésité. Bien m’en a pris. Gérard Vidal signe là un roman abouti avec de nombreuses références. On devine entre les lignes tout le travail de recherche qu’il a dû faire pour mettre bout à bout ses chapitres. De plus, intégrer ce dont il avait pris connaissance dans son récit, sans que cela devienne indigeste et illisible, n’a pas dû être évident. En effet, si quelques fois, il cite des extraits de documents, à d’autres moments, c’est son texte qui est alimenté par ce qu’il a découvert.

Amours contrariées, aventure, poésie, tout est réuni pour séduire le lecteur. Nous sommes dans les années 1530 et les suivantes. A cette époque, les mariages arrangés existent et c’est comme ça qu’Anne d’Urfé (prénom masculin en ce temps-là) épouse Diane de Châteaumorand alors qu’il en aime une autre. Le jeune frère de l’époux, Honoré est amoureux de sa belle-sœur et écrit des poèmes qui racontent leur histoire (car elle aussi va se sentir troublée par lui). Il rédige l’Astrée, un roman fleuve de soixante livres et 5399 pages. Il y est question de Céladon et Astrée, deux bergers foréziens. On va les suivre tous les deux, voir les difficultés qu’ils rencontrent, ensemble ou séparément, découvrir le contexte historique, familial.

Tout au long de ce récit, on s’attache aux personnages, Honoré le fougueux amoureux et son désir d’écriture, sa volonté de se battre pour la Ligue, contre le roi. Il est arrêté, doit s’exiler en Savoie loin de Diane…. Mais rien ne l’arrête lorsqu’il a une idée en tête, il est tenace. On dirait qu’il a sans cesse besoin d’un combat quel qu’il soit.

Celle lecture m’a intéressée, d’abord parce que j’habite la région, mais également par la période évoquée avec doigté et le contenu qui tient en haleine, la trame romanesque apportant un plus indéniable. Et puis, j’ai appris plein de choses et ça, ça n’a pas de prix. Je ne savais pas, par exemple, que Urfé venait de Wlphe, un nom imprononçable qui a été transformé plusieurs fois avant de devenir Urfé.

L’écriture et le style de l’auteur permettent de lire un texte fluide, captivant, sans aucune lourdeur et cela offre une lecture agréable, prenante que je n’ai pas lâchée une fois commencée.

Maintenant, je vais retourner visiter la Bastie d’Urfé car je suis certaine que j’aurai un autre regard sur les bâtiments !

"Jeu, set et match ! Une anthologie littéraire du tennis" de Nicolas Grenier


Jeu, set et match !
Une anthologie littéraire du tennis
Auteur : Nicolas Grenier
Éditions du Volcan (12 Mars 2019)
ISBN : 979-1097339104
210 pages

Quatrième de couverture

Depuis le XIXe siècle, le tennis a conquis toute la planète. Sport de l’aristocratie, de la bourgeoisie… et du peuple ; jeu de balle, jeu de paume, et terre de conquêtes, pour emballer les jeunes dames ! Mauvais perdant, belle joueuse, ou service gagnant ? Une balle claque contre le filet, ou dans le nez… Pour le dernier point d’un tie-break, on jette la raquette !
C’est un travail inédit dans l’histoire de la littérature française qui défriche tout un continent inconnu, sur les rapports entre le tennis et la littérature, depuis le XIXe siècle jusqu’à l’entre-deux-guerres.

Mon avis

« Lawn-tennis » (tennis sur herbe) ou plus simplement tennis…. C’est le mot commun à tous les textes de l’anthologie préparée par Nicolas Grenier. Répartis en six chapitres (chacun ayant un thème précis pour titre), ce sont trente-six textes que nous découvrons. Des textes en vers, en proses, des passages de pièces de théâtre, des poèmes, tous sont issus de recueils variés. L’époque, le style, les auteurs sont très différents. Certains sont connus, d’autres pas du tout et enfin il y a ceux dont le nom nous dit vaguement quelque chose…

Le tennis était un bon moyen pour séduire, pour faire jouer les corps, les complicités….
« Pour l’apprenti joueur, le tennis se révèle peut-être une « arme » pour séduire. » Mais pas que….

Pour André Lichtenberger, il est complet. « ….. d’une façon simple, nette, élégante, harmonieuse, il répond au besoin d’exercice physique de l’homme civilisé…… » Il est moins ennuyeux que le golf, c’est un jeu sociable exigeant des qualités intellectuelles, des qualités morales : ténacité, énergie, maîtrise de soi etc…. Et encore, je ne cite pas tout ! Si on lit André Lichtenberger, on sort, on achète une raquette et on va jouer, on ne peut qu’être persuadé qu’il a raison. Et en plus, tous ses arguments sont joliment écrits….

Suzanne Lenglen, Pierre de Coubertin, Feydeau, Daudet et bien d’autres. Autant d’auteurs avec des styles et des phrasés particuliers, aucun ne ressemble aux autres. Le challenge, relevé haut la main par Nicolas Grenier, a été de dénicher des textes parlant du tennis dans de nombreuses œuvres. Le lecteur ne se lasse pas car chaque extrait réserve des surprises, des clins d’œil. On sourit, on lève un sourcil, on relit pour essayer de se souvenir d’une phrase amusante, bien tournée, ou qui, des années après, a encore tout son sens, on prend des notes….

Ce principe « d’anthologie littéraire » est pour moi une vraie réussite. Il faut énormément de finesse, de doigté, de subtilité pour trier, éliminer et ne garder que des textes (quelle que soit leur forme) qui intéresseront le lecteur. Je suis conquise !

"Te résister" d'Annabelle Bach


Te résister
Auteur : Annabelle Bach
Éditions : Harlequin (1 juillet 2020)
ISBN : B089NXSZJ4
171 pages

Quatrième de couverture

Du jour au lendemain, Elina a tout quitté pour s’installer à la campagne. La raison ? Son père, le seul homme qui ait jamais compté pour elle, lui a proposé de travailler à ses côtés sur le domaine agricole familial. Elle a bien l’intention de lui venir en aide et de montrer à ses collègues de sexe masculin de quoi elle est capable.

Mon avis

Avec l’éditeur Harlequin, on sait à quoi s’attendre : une romance sentimentale. De temps en temps, entre deux livres plus consistants, pourquoi pas ?

Elina est une jeune femme active, très prise par son travail. Elle habite un petit appartement à Paris et son activité professionnelle lui prend beaucoup de temps, à tel point que les loisirs sont rares. Pas de petit ami, pas le temps, trop occupée. Et puis, du jour au lendemain, plus rien. Son entreprise fait faillite et elle se retrouve au chômage. Elle part alors auprès de son père (sa mère est décédée) pour quelques jours. Il est viticulteur et a plus de soixante ans, il a embauché un jeune gérant pour le seconder. Elina réalise que son Papa a vieilli et qu’elle ne profite pas de lui. Finalement pourquoi ne pas l’aider au domaine familial ? Elle a tout à apprendre mais elle est pleine de bonne volonté. De toute façon, malgré ses recherches pour un nouveau job, elle n’a aucune réponse.

Elle vient donc s’installer dans la maison de son enfance et va se retrouver sous les ordres de Bertrand Menin, le gérant. Bien accueillie par tous les anciens employés de son paternel, ce n’est pas le cas pour le nouvel embauché qui ne voit pas la parisienne d’un bon œil. Il faudra qu’elle fasse ses preuves. Elle y met toute son énergie, délaissant ses tailleurs pour des tenues pratiques, ne comptant pas ses heures mais rien n’y fait, le gérant ne semble jamais satisfait.

Elian va-t-elle tenir le coup ? Ou va-t-elle tout laisser tomber ? Bertrand finira-t-il par reconnaître qu’elle travaille et donne beaucoup d’elle ? Gilles, le Papa, ne va-t-il pas regretter que sa fille soit arrivée car l’ambiance s’en ressent ?

C’est avec une plume fluide, alerte, des phrases bien tournées, un vocabulaire de qualité et une orthographe irréprochable qu’Annabelle Bach nous entraîne dans ce récit. Comme quoi romance légère ne signifie pas écriture bâclée. Si l’issue est prévisible, le contexte est intéressant. Différents travaux concernant la vigne et le vin sont décrits et c’est bien présenté. Les difficultés que rencontre Elian la rendent attachante, même si pour ses trente-quatre ans, je l’ai trouvée parfois un peu naïve.

Une lecture plaisante, d’une longueur bien adaptée.


"La faiblesse du maillon" d'Eric Halphen


La faiblesse du maillon
Auteur : Éric Halphen
Éditions : Payot & Rivages (3 Juin 2020)
ISBN : 9782743650520
450 pages

Quatrième de couverture

Olivia Guimard est commissaire à l'Office central de répression du trafic de stupéfiants. Elle est aussi la compagne de Gustave Oerelmans, un jeune ambitieux de la garde rapprochée d'un candidat à l'élection présidentielle, surnommé le Boss. Perturbée, la jeune femme commet un acte irréparable qui pourrait nuire à la carrière de son ami.

Mon avis

On l’appelle « Le Boss », il est jeune, il a les dents longues et est candidat à la présidentielle. Il a une garde rapprochée qui organise, réfléchit, oriente le public lors des meetings, agit en sous mains, prépare, anticipe et se débrouille pour que tout roule. Gustave fait partie de ce groupe. Ambitieux, il espère bien tirer parti de cette situation, voire monter en grade, gagner plus etc… Il est en couple avec Olivia, commissaire de police qui court après des trafiquants de drogue. Deux milieux totalement différents, le premier est un peu le domaine de la tricherie, de l’esbrouffe et le second, celui de la rigueur où on ne ment pas. On sent que leur union est fragile, leurs horaires sont décalés, leur quotidien à l’opposé l’un de l’autre mais ils font des concessions et puis, une fois l’élection passée, ça ira sans doute mieux. Ils seront moins tendus, enfin…peut-être….

Chacun essaie de faire face, de donner le meilleur pour son travail. Et un jour, un grain de sable ….Pour elle, un tir mal contrôlé ; pour lui, un sms de menace…. A partir de là, tout se délite… L’équilibre précaire en prend un coup. Difficile de faire face, de savoir à qui faire confiance. Y-a-t-il manipulation pour les détruire ? Le Juge Jonas Barth et le commissaire Max Bizek, deux personnages récurrents de l’auteur vont alors faire leur apparition. Leur but ? Trouver où se situe la vérité entre apparence et réalité…pas simple…il leur faudra beaucoup de clairvoyance, de pugnacité pour démêler les fils de tous les événements qui se bousculent.

Je n’avais jamais lu Éric Halphen, et c’est pour moi une belle découverte. De nombreux thèmes sont abordés. Même si parfois ils sont survolés, c’est intéressant car ils ancrent les protagonistes dans la « vraie vie », les ennuis que tout un chacun peut rencontrer lorsqu’il ne sait plus où il en est, lorsqu’il perd pied. Bien sûr, la campagne du Boss n’est pas sans rappeler celle de notre président. On n’a pas connu tous les détails mais de nombreuses émissions nous ont éclairés sur le fonctionnement de ses alliés et la façon de le mettre en avant. Alors, oui, ce récit, c’est de la fiction mais personne ne m’empêchera de penser qu’il y a quelques similitudes et que c’est …. édifiant….

Gustave et Olivia, vont se battre pour démontrer leur intégrité mais n’ont-ils pas une part d’ombre ? Des secrets non avoués, et peut-être inavouables, des failles, qui vont être mis au jour ? Que peuvent-ils divulguer sans se mettre en danger ?  Où commence la droiture, où s’arrête-t-elle ? Lorsqu’on est soumis à la pression, ne risque-t-on pas de flancher, de digresser ? L’auteur nous rappelle le poids des réseaux sociaux, de la société, des influences diverses qui entraînent quelques fois vers la corruption (et une fois qu’on a mis le doigt dedans…). Il met en scène la complexité des rapports humains autour de toutes les formes de pouvoir. Il maîtrise son sujet et sait indéniablement de quoi il parle. De ce fait, il arrive que l’atmosphère prenne le pas sur l’enquête mais ça ne m’a pas gênée car tout est évoqué avec finesse et l’ensemble forme un tout. L’ambiance, l’ambivalence des individus sont autant importants que de découvrir qui a l’intention de mettre à mal la carrière de nos deux tourtereaux.

L’écriture est au scalpel, implacable, Eric Halphen ne se positionne pas, il raconte, et avec un style dépourvu de toutes fioritures, il nous emmène à sa suite au plus près de chaque individu pour le cerner, le comprendre, l’accompagner…. J’ai trouvé très intéressant les liens entre le milieu de la politique et de la police, les interférences et les répercussions que chaque événement peut avoir sur les activités professionnelles. Une lecture très plaisante, je vais me pencher sur les titres précédents !

"Grand-mère déballe tout" de Irene Dische (The Empresse of Weehanwken)


Grand-Mère déballe tout (The Empresse of Weehanwken)
Auteur : Irene Dishe
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Michèle Hechter
Éditions : Seuil (26 Mars 2009)
ISBN : 978-2020907071
350 pages

Quatrième de couverture

Une sacrée grand-mère ! Autoritaire, impertinente, arrogante, catholique invétérée, bourrée de préjugés, hypocondriaque... N'ayant peur de rien, pourtant, la langue bien pendue, libre, généreuse, éprise de justice. Le récit de sa vie et de celle de sa famille, traversant des pans entiers d'histoire, depuis la montée du nazisme en Allemagne, en passant par l'exil, jusqu'à l'Amérique contemporaine, sans oublier les joyeuses errances de la période hippie aux États-Unis.

Mon avis

Ce roman s’étale sur plusieurs générations d’une même famille de 1930 à nos jours. C’est la grand-mère qui raconte, d’un ton acerbe, égratignant tout le monde au passage (elle y compris), faisant preuve d’un humour caustique, ne s’embarrassant pas de tournures alambiquées pour dévoiler le quotidien. Il est surtout question de femmes, sa fille Renata, sa petite-fille Irene Dishe (a-t-elle des points communs avec l’auteur ?) Cette population féminine aux caractères bien trempés ne s’en laisse pas compter. Elles ont des personnalités atypiques, des parcours de vie originaux, elles veulent décider de ce qu’elles feront, n’écoutant pas les conseils et se donnant les moyens d’arriver à leurs fins.

Dès le début, « Carlin », cette bourgeoise allemande qui a atterri aux Etats-Unis, pour fuir les nazis (son mari est un médecin juif) annonce la couleur. « Beaucoup de ce qui a capoté dans les générations qui ont suivi la mienne peut être imputé au sperme stérile de Carl. Il a tué ses homoncules par héroïsme ; les détails plus tard. »
« Les détails plus tard », le ton péremptoire ne laisse aucun doute. C’est elle qui mène la danse, qui choisit de parler quand elle le veut, elle impose un rythme, fait des retours en arrière, s’arrête, reprend (où en étais-je ? dit-elle de temps à autre) mais jamais le lecteur ne perd le fil. Elle énonce des remarques l’air de rien (mais qui ont toujours un lien avec l’histoire de sa famille), ne rate personne. Elle régente tout (enfin elle essaie car ses descendantes ont autant, voire plus de volonté qu’elle), accuse les gênes (ça évite de mettre l’éducation en cause ?). Elle est autoritaire, entêtée mais drôle. Pourtant le récit n’est pas forcément amusant, mais la façon de le narrer, un peu en décalage est un vrai régal.

Le contexte politique, religieux, historique ; les rapports humains entre les différents milieux sont très bien présentés et apportent une toile de fond riche. Certains de ces aspects peuvent expliquer les réactions ou comportements des uns et des autres. On balaie l’Histoire de plusieurs pays sur de nombreuses années, c’est effleuré mais suffisant pour donner un réel aperçu des conditions de vie.

J’ai vraiment été intéressée par cet opus. J’ai trouvé le ton, quelques fois irrévérencieux, enlevé, subtil, jovial. Les protagonistes femmes m’ont beaucoup plu, elles ont de la voix, de la volonté. Les hommes sont lâches ou choisissent de vivre leur vie sans s’occuper du qu’en dira-t-on. J’ai particulièrement apprécié le rôle de la bonne, qui dans l’ombre, suit toutes les générations, intervient discrètement et prend les commandes sans en avoir l’air à d’autres moments.

Une belle découverte et une lecture plus qu’agréable !



"Série B" de Marc Falvo


Série B
Tomes 1 à 4 :
1. Série B.
2. Trivial Poursuite
3. La Meute
4. Dernier Baptême
Auteur : Marc Falvo (Stan Kurtz)
Éditions : Fleur Sauvage (Août 2015 à Janvier 201)
Environ 215 pages par tome

Quatrième de couverture

Par définition, une série B ne se prend pas trop au sérieux. Petit budget, débrouillardise... quand l'affaire est maîtrisée, ou quand on a du bol, on en arrive parfois à quelque chose de culte. Bizarrement, c'est ce qui est en train de se produire avec les aventures de Stan Kurtz. Stan Kurtz est détective, il « travaille » à l'ancienne bien qu'il ait à peine trente ans. Plutôt à la ramasse, pas très courageux, ses nombreux défauts seront mis à mal, obligeant notre homme à payer son loyer, se confronter à un ersatz de Frankenstein ou pire, nous émouvoir.

Mon avis

Amateurs de polars drôles, truculents, un tantinet déjantés et en marge des styles habituels, foncez !! Après, c’est à vous de choisir : à petites doses : un tome de temps en temps ou les six d’un coup, histoire de s’offrir une bonne tranche de rigolade. C’est à chacun de gérer.

Pour ma part, cela a été un de temps en temps, au milieu de lectures, disons, plus sérieuses. Mais certains soirs, vous avez besoin de légèreté et hop, un petit rendez-vous avec Stan Kurtz !! L’auteur se cache derrière lui et le personnage principal et l’écrivain ne font qu’un. Il s’agit d’un standardiste reconverti en détective privé, et qui ne gagne rien ou pas grand-chose. Cela n’altère pas vraiment sa bonne humeur et son franc parler. Brut de décoffrage, travaillant (très) peu et pas pour n’importe quoi, notre ami Stan se met dans des situations épiques dont il ne sort pas sans dommage…  Il aime bien boire, draguer et rester les doigts de pied en éventail mais le souci, c’est que ces occupations, ça ne nourrit pas un homme et encore, je ne vous parle pas du loyer que réclame le bailleur ….

Alors, lorsqu’une femme, plutôt canon, les poches bourrées de beaux biffetons  (pardon, voilà t’y pas que je mets à causer comme lui) se présente dans son bureau … et bien il a du mal à dire non et il dit oui pour mener l’enquête qu’elle lui demande et lui rendre service….  Il ne pensait sans doute pas que ce « oui » l’emmènerait si loin (et nous avec sur six tomes)….

Raconter l’intrigue ne servirait à rien, sachez seulement que les rebondissements, les coups de théâtre ne manquent pas. Vous riez tellement que vous oubliez d’en frissonner lorsque les faits sont plus graves et puis Stan fait dans l’(auto) dérision alors vous suivez son style. Il ne se prend pas la tête (c’est le cas de le dire, vous comprendrez pourquoi) et adopte l’adage « à chaque jour suffit sa peine ». Quand on essaie de le dissuader de faire quelque chose, il fonce, histoire de voir s’il y avait vraiment un risque et les dommages collatéraux peuvent être importants…mais on dirait qu’il aime jouer.  A mon avis, il considère la vie comme un immense échiquier et avance ses pièces (et ses pieds) au rythme que l’adversaire lui impose.

Jubilatoire et décalée, cette lecture ne laissera personne indifférent !

"Le bonheur en cinq lettres" de Pascale Perrier


Le bonheur en 5 lettres
Auteur : Pascale Perrier
Éditions : Archipel (Galapagos) (6 Mars 2013)
ISBN : 978-2809810455
208 pages

Quatrième de couverture

Maman est morte. Il y a un mois, tout allait bien. Quatre semaines ont suffi pour que clac, l'affaire soit réglée. Je suis devenue orpheline - le gros mot est lâché - ainsi que mon frère Gaspard, dix-sept hivers, et ma sœur Joséphine, dix-neuf printemps.

Mon avis

« Comprendre ce que nous sommes pour accepter la mort. »

La littérature jeunesse n’est pas forcément synonyme de niaiserie, fantômes, légèreté etc…
Certains auteurs choisissent d’aborder des sujets graves, tout en laissant la possibilité aux jeunes lecteurs de se « retrouver » dans la lecture.
C’est le cas du livre de Pascale Perrier qui parle de la mort d’une mère de famille laissant ses trois enfants seuls (le père étant parti depuis plusieurs années à l’étranger).

Bien sûr, nous n’échapperons pas à quelques clichés du genre, les enfants un peu perdus qui ne mangent que des pâtes et cherchent dans la pile à repasser qui une paire de chaussettes ou une petite culotte…

La maman décédée a laissé cinq lettres à lire les cinq 24 décembre prochains comme un dernier lien avec ses enfants avant de les laisser vraiment seuls, indépendants et capables de faire face…
Chaque membre de la famille appréhendera à sa manière cette rencontre annuelle et en tirera profit ou pas. Il est sans doute dommage que nous n’ayons pas eu la possibilité de « lire » les lettres adressées à chaque enfant et de voir leurs réactions face à cela. Il me semble que cela aurait été intéressant pour mieux connaître les aînés.

Quant à ce rendez-vous annule…Pourquoi cinq ans ? Est-il un bienfait ou malheureusement remue-t-il le couteau dans la plaie ? Tout est question de vision des faits et de sensibilité….

Ce roman nous permet de découvrir le cheminement de chacun entre révolte, coup de tête, lassitude, incompréhension, bonheur, tendresse, découvertes diverses….
L’écriture est fluide, les personnages, même s’ils sont parfois un peu trop caricaturés, attachants.

Cela ne dégouline pas de bons sentiments, c’est simplement une tranche de vie….avec ses hauts, ses bas, ses joies, ses peines ….


"D'occase" de Marc Falvo


D’occase
Auteur : Marc Falvo
Éditions : Fleur Sauvage (13 Octobre 2016)
ISBN : 979-1094428320
300 pages

Quatrième de couverture

D'occase, c'est l'histoire d'un jeune type dont le nom ne vous dira rien. Pas plus méchant qu'un autre, il essaye d'être auteur et essaye d'aimer une femme. Mais il a des problèmes parce que, comme beaucoup d'hommes, il ne sait pas faire deux choses en même temps. Et puis, tout le monde s'en mêle.

Mon avis

« Un auteur peut pas toujours écrire, faut aussi vivre quelquefois. »

D’occase, c’est l’histoire d’un auteur, un vrai, un qui écrit parce qu’il aime ça et qu’il a des choses à dire. Et puis écrire, ça lui permet d’être un peu seul, sans qu’on lui demande pourquoi. Un écrivain qui s’isole, c’est normal…. Mais il débute …… alors la gloire, c’est pas encore ça…On est loin des files de groupies qui essaient d’avoir une signature. Parfois même, lors d’une dédicace, on le prend pour le libraire… Est-ce qu’avoir du succès, ça donne une place dans la société, auprès des filles qu’on peut draguer plus facilement, dans la famille où tout le monde vous admire ? Et bien, pas vraiment….

Comme l’explique ce jeune homme dont le nom ne vous dira rien, il ne peut pas être partout. Alors il se pose des questions, est-ce qu’il n’est pas en train de passer à côté de sa vie ? Finalement comment gérer la gestation d’un roman en vivant malgré tout dans la normalité ?

C’est avec un style et une écriture teintés d’humour, d’(auto)dérision, dans un phrasé direct et vif agrémenté de nombreux dialogues que Marc Falvo nous entraîne dans le quotidien d’un homme qui nous fait découvrir l’autre côté du miroir de ceux qui écrivent…..De la torture de la page blanche aux rencontres ratées avec les lecteurs en passant par les moments délicats à gérer avec les proches…. Tout sent le vécu…..

"Désordre du Temple" d'Antoine Blocier


Désordre du Temple
Auteur : Antoine Blocier
Éditions : Krakoen (11 Septembre 2011)
ISBN : 979-1090324114
220 pages

Quatrième de couverture

L’ordre du Temple est officiellement mort il y a sept cents ans, mais son fabuleux trésor est toujours objet de convoitise. Il n’a pas fini d’envahir les imaginaires contemporains. Sa présence supposée perturbe le cours des choses. Le désordre du Temple ruine l’espoir de l’apparition du Royaume de Dieu. Sur les tuniques, les croix saignent… Un jeune novice décapité, un archiviste de la Bibliothèque nationale pendu, un promeneur poignardé, un DJ assommé, un patron de bar gay torturé… et toujours la présence de cette enveloppe énigmatique sur le lieu des agressions... Le meurtrier punirait-il les victimes en vertu des neuf pénalités qu’il est possible d’infliger aux Templiers pris en faute ?

Mon avis

Encore un livre parlant de Templiers et des dérives que peuvent entraîner la recherche d’un trésor existant ou pas.
Bien que déjà traité ce sujet est toujours intéressant, et découvrir la façon dont il est abordé satisfait toujours la curieuse que je suis.
C’est donc avec envie que je me suis lancée dans cette lecture ….

Plusieurs individus vont se croiser dans ce roman. Un jeune homme gay, un soixante huitard attardé, une jeune thésarde en histoire et quelques policiers dont le commissaire Tavarès. Ce dernier aurait d’ailleurs gagné à être un peu plus étoffé dans l’étude de sa personnalité. Voilà pour les plus « clairs » ….
A côté d’eux, il y aura les « énigmatiques », éléments rattachés de façon directe ou indirecte au mystère des Templiers. Personnages pas très nets, cachant une part d’ombre plus ou moins importante, et se révélant parfois sournois, mesquins … voir carrément cruels, sans état d’âme pour atteindre le but qu’ils se sont fixés ….

Tous ces protagonistes sont esquissés légèrement, sans être approfondis hormis sur la fin de l’histoire pour expliquer le parcours de quelques uns. C’est une chose que je regrette, j’apprécie les romans qui ont de la consistance et de la «matière» car il me plaît d’aller plus loin que les « simples » événements et ce procédé d’écriture (s’attacher à l’essentiel de l’action et pas à la psychologie des protagonistes) m’a un peu laissée sur ma faim.

Pour autant, l’intrigue n’est pas inintéressante et le cheminement des différentes situations est bien pensé. Malgré tout, j’ai trouvé que tout allait un peu vite sur la fin et s’accélérait de façon un peu trop intempestive.

Je suis donc un peu mitigée dans mon ressenti. J’ai l’impression d’avoir lu le « premier jet » d’un roman qui aurait besoin d’une relecture et de quelques améliorations pour m’emballer vraiment. J’en veux pour preuve le chat qui s’appelle Arène (j’ai pensé : quel drôle de nom !) puis Arsène, la répétition de « enfin » dans une même phrase, une faute à quelque temps (expression invariable écrite au pluriel), ainsi que plusieurs phrases qui mériteraient d’être transformées (exemple : Tout au plus avaient-ils consolidé leurs connaissances sur l’épopée templière et leur solide implantation ici même, ….) …. ce « leur » me laisse rêveuse …..
Sans être une puriste de la langue française, j’apprécie qu’elle soit maniée avec délicatesse et dans cet ouvrage, l’écriture s’est avérée un peu trop irrégulière à mon goût.

L’auteur n’a pas fait un mauvais livre, les personnages bien qu’un peu caricaturés, sont attachants (sauf les « méchants », bien entendu), les aventures vécues par les uns et les autres entraînent le lecteur de page en page sans temps mort mais il manque ce petit quelque chose qui vous transporte, qui parle à votre cœur et à votre âme ….

Je crois que c’est ça, finalement, ce livre je l’ai lu sans déplaisir mais il ne m’a pas touchée ….