Le doigt du sang
Auteur : Jean-Marc Demetz
Éditions : Krakoen (25 Juin 2013)
ISBN : 9 782367 940267
240 pages
Quatrième de couverture
Chef étoilé en difficulté, Éric Lallot est poursuivi par des
créanciers peu commodes. Un jour, un inconnu lui propose de faire la cuisine
pour un milliardaire américain qui effacera toutes ses dettes. Devant cette
proposition inespérée, il accepte sans se douter de ce qui l’attend : le
château de ce généreux mécène est celui de son village natal et son retour au
pays n’est pas du goût de tout le monde.
Mon avis
Les émissions de concours culinaires se multiplient de Top
Chef à Master Chef en passant par les régimes, tous plus improbables les uns
que les autres à l’approche de l’été….
« Le doigt du sang » met en scènes un cuisinier, chef étoilé
d’un grand restaurant qui, pour éponger ses dettes, va se retrouver à mijoter
des plats pour un inconnu. Je ne vous apprendrai rien en vous disant que de nos
jours le plaisir des yeux égale celui de nos papilles gustatives. Les mets de
notre héros seront donc immortalisés sur toile et deviendront des peintures
cotées.
Ce polar peut devenir une excellente pièce de théâtre pour
peu qu’on l’adapte avec finesse et doigté ;-) En effet, on n’est pas très loin
du huis clos, l’essentiel des actions se passant dans un château. Éric cuisine,
et pour ne pas déroger à la règle actuelle alliant le plaisir des mots à celui
de plusieurs sens (la vue, le goût), on se retrouve face à des « pétales de
morue à l’ail confit et au caramel mélangé de vinaigre balsamique et de bière »
ou « des andouillettes de canard avec des épluchures de pommes de terre et des
oignons frits, sauce façon carbonnade »… A ce propos, il aurait pu être
intéressant de mettre les recettes en annexe à la fin du livre car,
régulièrement, on « baigne » dans la cuisine et sans saliver ; comme le chien
de Pavlov, on se prend à chercher sur le net si ces recettes existent et à quoi
elles ressemblent.
Le décor et la gastronomie ne seront que prétexte pour
l’auteur à nouer une intrigue bien introduite et menée tambour battant mais
somme toute assez banale. Je n’ai pas été totalement captivée. La répétition
des journées, passées à préparer les plats, et dans lesquelles le chef fait
quelques rencontres ne m’ont pas fascinée. Il manquait un je ne sais quoi de
fantaisie, de profondeur également.
Pourtant, l’écriture est soignée, l’introduction de quelques
mots de patois donne une diversion agréable ainsi que les pensées intimes du
chef. Les dialogues sont bien vivants et tout cela s’enchaîne facilement.
De plus, le retour du héros dans un coin qu’il connaît bien
lui apporte l’occasion de revenir sur son enfance, sur les choix que chacun
fait et qui, quelquefois, provoquent un tournant dans notre vie. La relation
plats artistiquement présentés et toiles parfaitement peintes peut apporter une
réflexion sur la question suivante « la cuisine est-elle un art ? »… Un autre
sujet abordé, en filigrane, est celui des diverses classes sociales et des
différences qui peuvent régir leur vie. Qui peut s’offrir des vins à plus de
mille euros la bouteille ? Qui peut se permettre de manger dans des restaurants
si onéreux qu’on se doit de réfléchir avant d’avaler la moindre bouchée au prix
de ce qu’on est en train de mâcher ?
Globalement ce livre a des qualités indéniables mais je
reste sur ma faim, avec une impression mitigée mi figue mi raisin….
A déguster entre deux plats plus consistants, bon appétit
….euh non bonne lecture !
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