"Zaï zaï zaï zaï" de Fabcaro

 

Zaï zaï zaï zaï
Auteur : Fabcaro
Éditions : Six pieds sous terre (21 Mai 2015)
ISBN : 978-2352121169
80 pages

Quatrième de couverture

Pour n'avoir pu présenter sa carte de fidélité au supermarché, un auteur de bandes dessinées est confronté à un vigile avec lequel il a une altercation. Il parvient à s'enfuir et sa traque par la police provoque une réaction en chaîne : les médias s'emballent, la société se divise.

Mon avis

Voilà une bande dessinée qui décoiffe et qui fait rire. Bienvenue en absurdie ! Un homme a oublié sa carte de fidélité et par un enchaînement de situations pleines de dérision, il devient l’ennemi numéro Un. Celui qu’on traque, dont on a peur, qui est dangereux… Alors qu’il n’en est rien.

L’humour décalé de l’auteur, le comique des situations, nous démontrent comment d’un fait banal, on peut faire toute une histoire pour peu qu’on l’interprète mal. Il y a de nombreuses références, des clins d’œil et c’est très drôle.

J’ai vu le film avant de lire la bande dessinée et j’ai trouvé l’écrit plus « fin ». Au cinéma, c’était plus « lourd ».

À conseiller aux dépressifs mais pas à ceux qui se prennent (trop) au sérieux.


"Terminus Gerland" de Jacques Morize

 

Terminus Gerland
Une enquête du Commissaire Séverac
Auteur : Jacques Morize
Éditions : AO-André Odemard (1 juin 2022)
ISBN : 978-2382000212
272 pages

Quatrième de couverture

De la Guillotière à Gerland, le commissaire Séverac et ses « sbires » de la brigade criminelle vont passer quelques semaines difficiles. Un entrepreneur est assassiné, la directrice des ressources humaines d’un prestigieux institut de recherche lyonnais subit une ignoble agression. Sur ces actes plane l’ombre menaçante d’un puissant trafiquant de drogue. Pourtant, rien ne semble relier entre eux ces univers si différents.

Mon avis

Mais enfin, comment se fait-il que je ne connaissais le commissaire Séverac et ses enquêtes qui se déroulent chaque fois dans un nouveau quartier de Lyon ? Bon, d’accord, j’habite Saint-Etienne et dans ma ville, on n’est pas toujours très copains avec les lyonnais… Mais quand même… je ne suis pas bornée et je peux reconnaître qu’un auteur est bon, fut-il habitant de la cité des Gaules.

Je viens donc de faire connaissance avec Abel Séverac, commissaire de son état, marié, des enfants, un brin coureur et charmeur, prêt à transgresser légèrement les règles au boulot mais surtout fin limier et bon mangeur (voire buveur…)

L’écriture vive et rythmée, les chapitres plutôt courts offrent un récit bien vivant, ancré dans des problématiques réalistes de notre époque. Que ce soit le harcèlement au travail, la drogue, ou les malversations financières, nous sommes bien dans l’actualité des faits de notre époque. J’ai vraiment apprécié ce récit, on visite Lyon et si on connaît, c’est assez amusant de « repérer » les lieux nommés. Il n’y a pas qu’une seule affaire et on se demande comment vont être reliés les fils de chacune. Les dialogues savoureux donnent une autre approche des personnages. Tout est bien ficelé.

L’humour est présent :
celui de l’auteur : « […..en poussant un hurlement de rage qui n’était pas sans évoquer le cri d’un ptérodactyle pris dans un piège à glue. » Monsieur Morize, je ne vous croyais pas si âgé, vous avez déjà entendu un ptérodactyle crier ?
Mais également celui de l’éditeur : Note de l’éditeur consterné : notre auteur sombre parfois dans un réalisme d’une insupportable crudité, susceptible de choquer certaines âmes sensibles. Qu’il en soit pardonné.
En voilà deux qui ne se prennent pas au sérieux et c’est tant mieux !

Tout en étant teinté de dérision, le phrasé est intéressant. Des descriptions ciblées sans être rébarbatives, des clins d’œil à des situations qui pourraient exister et qui nous emmènent dans différents univers, celui des policiers, des malfrats, des menteurs, des gens de tous les jours qui croisent la route des uns ou des autres et se laissent parfois manipuler ou pas car certains essaient de résister….

Le lecteur pourrait, dans la « vraie vie », croiser chacun des protagonistes. Leur caractère est bien campé, on cerne les personnalités. Il n’y pas de surhomme, encore moins de surfemme puisque le mot n’est même pas dans le dictionnaire… Pfff… C’est un roman agréable à lire, l’enquête n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire et toutes les ramifications ont été réfléchies, pas de fausse note.  J’ai vraiment eu du plaisir à cette lecture, à me promener dans Lugdunum même si ce n’est pas ma cité préférée (d’accord, je ne le dis plus).  Comme j’aime bien comprendre les choses, je suis allée fouiller sur le net pour savoir pourquoi Abel Séverac se nomme ainsi. La réponse est à découvrir sur le site de l’auteur. En tout cas, je ne suis pas déçue et je retournerai volontiers dans l’univers de Jacques Morize.


"La dernière trace" de Charlotte Link (Die letzte Spur)

 

La dernière trace (Die letzte Spur)
Auteur : Charlotte Link
Traduit de l’allemand par Danièle Darneau
Éditions : Presses de la Cité (6 Mai 2010)
ISBN : 978-2258079908
462 pages

Quatrième de couverture

10 janvier 2003. Pour la première fois, Elaine Dawson quitte son village du Somerset afin de répondre à l'invitation de Rosanna, une amie de la famille qui se marie à Gibraltar. Mais tous les vols au départ de Heathrow sont annulés à cause du brouillard. Alors que la jeune provinciale s'apprête à passer la nuit dans une salle d'embarquement, un aimable Londonien propose de l'héberger. Elaine accepte. On ne la reverra plus.

Mon avis

En lisant la quatrième de couverture, j’ai eu envie de découvrir ce livre.

Et j’ai fait, comme je fais toujours, je l’ai pris et j’ai lu la fin … (s’il vous plaît, pas de commentaires horrifiés, je fais ça depuis que je sais lire …)

Puis, je me suis installée et j’ai parcouru les premières pages et là, j’ai assisté à la disparition d’Elaine, disparition résolue à la fin ….
Certains diront que je me suis ainsi « punie » toute seule …

Il y avait alors deux solutions : fermer le livre et le ranger ou le lire bien que « je sache » …

Par respect pour l’auteur, j’ai opté pour la seconde solution …

Bien m’en a pris, merci Charlotte (Link, l’auteur …) ….

En lisant le début et la fin, je savais bien entendu ce qu’il s’était passé, quand et comment …

Et je pensais que les protagonistes allaient se réduire à trois ou quatre « apparaissant » dans la quatrième de couverture et nommés dans les pages lues … 

Et bien non !

Charlotte Link a réussi à introduire des personnages secondaires ayant leur mot à dire et un rôle plus ou moins important pour étoffer l’intrigue.

"Mark savait forger à la perfection sa propre image, et je n’ai pas remarqué à quel point sa présentation de lui-même était incomplète. Un avocat à succès. Ambitieux. Séduisant. Intelligent. Mais avant tout un homme profondément dépressif."

L’amie d’Elaine, Rosanna, et Mark ont des parts d’ombre, ce sont des êtres humains ayant souffert et voulant malgré tout s’en sortir, avancer vers d’autres horizons, meilleurs si c’est possible.

Rosanna s’obstine, opiniâtre, elle veut comprendre ce qu’elle a raté, régler en quelque sorte les comptes avec son passé … Ce n’est pas simple quand on se « réveille » cinq années après les faits … qu’on a essayé d’occulter …

Au-delà de l’intrigue principale, d’autres sujets sont abordés et apportent un plus à ce livre : les familles monoparentales et recomposées, les relations entre parents et adolescents, les rapports et le comportement à avoir avec les personnes handicapés moteurs, le poids du passé, les choix que l’on fait dans sa vie : amis, métier, etc ….

Pour moi qui savais, c’était une bonne chose car ainsi j’avais envie de lire, de voir comment tout cela allait évoluer. La partie psychologique des rapports entre les uns et les autres auraient même pu être plus approfondies parce que c’est quelque chose qui me convient (mais je reconnais que ce n’est pas forcément indispensable). Je trouve que cela apporte du « poids » au livre et à l’écriture. Il paraît ainsi moins superficiel, moins « lecture de plage » …

L’écriture de Charlotte Link est dynamique, rythmée intelligemment par les dialogues bien introduits pour alléger le récit lorsque c’est nécessaire. Le vocabulaire est précis, simple, sans emphase. On passe d’un lieu à l’autre, d’une groupe ou d’une personne à l’autre en évoluant au gré des découvertes de Rosanna, au gré des ses pensées qui l’emmènent ici ou là …

Bien construit, bien pensé, un policier sans trop de violence, sans circonvolutions inutiles donc aisé à suivre.

Un bon moment de lecture !


"Omerta" de R.J. Ellory (City of Lies)

 

Omerta (City of Lies)
Auteur : R. J. Ellory
Traduit de l’anglais par Claude et Jean Demanuelli
Éditions : Sonatine (2 Juin 2022)
ISBN : 978-2355842948
600 pages

Quatrième de couverture

Écrivain à la dérive, John Harper vient d'apprendre une nouvelle qui le bouleverse : son père, qu'il n'a jamais connu et croyait mort depuis longtemps, est bel et bien en vie. Il se trouve dans un hôpital de Manhattan où l'on vient de le transporter, à la suite de graves blessures par balles. John n'est cependant pas au bout de ses surprises : son père n'est pas n'importe qui, puisqu'il s'agit de Lenny Bernstein, l'un des pontes de la mafia new-yorkaise. Bien vite, John va découvrir que si son passé a été bâti sur des mensonges, son présent l'est tout autant.

Mon avis

Vincit omnia veritas *

Sorti en 2006 en anglais, « Omerta », de son titre original « City of Lies » (la ville des mensonges) fait partie des premiers romans de R.J. Ellory. C’est pourtant, seulement en 2022, qu’il est édité en français pour la première fois.

La traduction du titre en anglais reflète bien l’atmosphère de ce récit. Chaque vérité d’un instant peut devenir un mensonge la minute suivante. John Harper en fait les frais et ne sait plus qui croire et à qui faire confiance. C’est un homme encore jeune. Il a écrit un premier livre et bute désormais devant la page blanche. Ses deux parents décédés, c’est à New-York que sa tante (avec qui il n’a plus de contact) l’a élevé. Il vivote maintenant à Miami avec un petit boulot de journaliste en attendant de retrouver l’inspiration. Il s’accommode de ce quotidien. Un coup de fil vient tout bouleverser. Sa tante lui demande de venir au plus vite et elle refuse de donner des explications au téléphone.

Peu motivé, il se décide cependant et part, persuadé qu’il sera de retour dans quelques jours. Arrivé sur place, c’est le choc, il découvre que son père, Lenny Bernstein, n’est pas mort. Il vient d’être blessé par balle et est hospitalisé. Mais surtout, c’est un des chefs de la mafia du coin. Pourquoi ce mensonge ? Il interroge celle qui l’a recueilli mais n’apprend pas grand-chose. Walt Freiberg, un vieil ami de la famille, accompagné de Cathy, le prend en charge, le guide (un peu trop ?), le conseille (dans quel but ? John n'est plus un petit garçon), le protège, le manipule ? Finalement, dès le début, le lecteur se demande si ce Walt n’en fait pas un peu trop dans le style « je suis là, je t’aide mais fais plutôt ce que je te conseille sinon…. ». C’est le genre d’homme qui attire la lumière mais qui noie le poisson quand on le questionne…..

On pourrait penser que John est naïf car il se laisse « emprisonner » dans cette relation. C’est plutôt qu’il est désemparé, il ne sait pas comment se comporter, que dire, que faire alors il « suit » Walt. Parfois, il se « rebiffe », essayant de reprendre son quotidien en mains et ça m’a bien plu.

« Il avait décidé de se laisser porter par les événements, d’en suivre le cours jusqu’au moment où cela deviendrait intolérable et où il jugerait bon de mettre le holà. »

On comprend vite qu’il est confronté à des menteurs professionnels mais, comme John, on n’arrive pas à cerner les individus. Il y a bien ce flic Frank Duchaunak, qui distille quelques informations au compte-gouttes mais a-t-il raison ? Enquêtant sur Lenny jusqu’à l’obsession, n’a-t-il pas une vision déformée des faits ? J’ai énormément apprécié John et Franck, ils sont intéressants dans leur façon d’aborder la vie, les aléas, dans leur besoin de déchiffrer ce qui leur échappe.

Au fil des pages, John va perdre ses illusions, sa candeur, il prend de plein fouet certaines révélations et il sent qu’il dérange. La mafia, dont les ennemis de son paternel, se demande ce que ce fils tombé du ciel (personne ne connaissait son existence) sait ou ne sait pas, ce qu’il veut, ce qu’il a compris etc… Et lui, John, il veut entrevoir un peu plus qui était son géniteur, au risque d’être déçu, bouleversé, perdu….

C’est d’ailleurs ce qui domine dans ce recueil, le cheminement de John, une route solitaire qu’il n’a pas toujours envie d’emprunter mais qu’il prend pour cerner son père, ses affaires, jusqu’à l’inéluctable…. Va-t-il choisir de fuir, de faire face ? Tout ce qu’il savait a été détruit, il doit se reconstruire avec une famille qui n’existait pas….

Avec une écriture précise (merci pour la traduction), l’auteur prend le temps d’installer les personnages, l’atmosphère. Il y a une réelle recherche pour l’aspect psychologique de chacun.  On ressent l’ambiance mafieuse, les tromperies, les faux semblants… J’avais peur pour John qu’il tombe de haut et ne se relève pas.

Fan de R.J Ellory, je suis enchantée de cette lecture. Certains esprits chagrins parleront peut-être de longueurs, mais que ce soit les dialogues (bien pensés), les descriptions, ou l’analyse des situations, l’auteur sait captiver son lectorat. Alors chapeau bas !

*La vérité triomphe toujours…..mais à quel prix ?


"Kay Scarpetta - Tome 24: Chaos" de Patricia Cornwell (Chaos)

 

Kay Scarpetta – Tome 24 : Chaos (Chaos)
Auteur : Patricia Cornwell
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Andrea H. Japp
Éditions des Deux Terres (1 er Mars 2017)
ISBN : 978-2848932606
430 pages

Quatrième de couverture

Le Dr Kay Scarpetta est appelée sur la scène du décès d'une cycliste, par une chaude soirée d'été. Il semblerait que la jeune femme ait été agressée mais les indices sont étranges : des petits éclats de verre sur le corps de la victime et une forte odeur de brûlé. Avant même que le Centre de sciences légales de Cambridge n'ait été officiellement averti de cette affaire, le détective Pete Marino et Benton Wesley, le mari de Scarpetta, agent du FBI, reçoivent des appels, prétendument d'un enquêteur d'Interpol. Mais Scarpetta est convaincue que ces appels sont suspects et sa brillante nièce Lucy soupçonne vite l'œuvre d'un cyber tyran. Confrontée à un danger invisible et redoutable, Scarpetta arrivera-t-elle à surmonter le chaos qui règne ?

Mon avis

Il est toujours difficile pour un auteur aux héros récurrents de maintenir ses lecteurs dans l’envie de lire avec suffisamment de nouveautés pour être captivant, assez de rapports au passé pour avoir l’impression de suivre des familiers et un rythme soutenu pour préserver l’attention. Les détracteurs de Patricia Cornwell disent qu’elle est loin des excellents titres de ses débuts, certains vont même jusqu’à dire qu’elle fait du remplissage. Cela a été mon cas pour le roman précédent qui m’a semblé chargé de longueurs dont certaines sans intérêt. J’ai donc été ravie de constater, dans « Chaos » que dès les premières pages, les détails pas forcément essentiels sur la qualité du café et la couleur de la tasse, n’y étaient pas. Ouf, on revenait à un style et une écriture soutenus par une cadence intéressante. Voilà pour la forme. Maintenant, passons au fond.

Il y a dans ce roman, tous les personnages qui gravitent autour de Kay Scarpetta, son mari, sa nièce, sa sœur, son collègue Marino etc…. Tous réunis autour de plusieurs faits qui ne semblent pas, dans un premier temps, liés… Mais au final, ils auront un point commun avec notre médecin légiste préférée. D’ailleurs, une fois encore, elle va se retrouver à mener une autopsie et j’ai trouvé que là aussi, il y avait bien moins de descriptions que les autres fois et c’est plus facile de rester dans l’histoire (et ça ne lasse pas les personnes qui ne s’intéressent pas au côté scientifique de ces dissections ;-) Kay et Benton, son mari vont être confrontés à des événements très ennuyeux, elle subit depuis quelque temps des attaques personnelles et même aidée de sa nièce Lucy, la reine des geek, elle n’arrive pas à savoir d’où elles viennent précisément. De plus, la voilà avec une morte à étudier et elle ne lui est pas totalement inconnue…..Bizarre, surprenant, ébranlant …… Difficile pour Kay de rester solide, de ne pas se laisser envahir par ce qui la trouble afin de faire son travail au mieux et de garder un œil professionnel….

Globalement, c’est un roman assez intéressant par les modes opératoires employés pour déstabiliser Kay et pour tuer les gens (celui-ci aurait pu être un peu plus expliqué) auxquels elle tient. Par contre, je n’ai pas ressenti d’émotions particulières, je n’ai pas eu peur, je n’ai pas été révoltée ou emballée par ce qui se passait er cela m’a manqué. J’ai lu, sans déplaisir, parce que j’avais envie de voir ce que devenaient tous ces gens que je suis depuis des années mais je pense que l’intrigue manquait de profondeur, que quelquefois, le propos pouvait paraître confus, et de ce fait, je n’ai pas été captivée. Il manquait « un je ne sais quoi » pour que ce soit vraiment bien, là, c’est resté moyen. Malgré tout Patricia Cornwell est en progrès puisqu’elle a réussi à recentrer son texte sur le principal en enlevant de nombreuses fioritures superflues par rapport à ses derniers écrits. Je reste donc fidèle à cet écrivain et confiante pour la suite !

NB : dans la traduction, c’est Scarpetta qui raconte, donc le « je » est employé. Lorsqu’elle parle, elle dit pour introduire ses phrases : je remarque, j’insiste, j’articule avec difficulté… Mais de temps à autre, cette façon de faire est « détournée » et mise dans la réponse et cela donne, par exemple :
- Parfait, je commente tandis que nous lavons ensemble le céleri … Je reconnais que dire :
- Parfait, commenté-je, tandis que nous lavons …. n’est guère plus élégant mais la première mouture ne l’est pas plus à mon sens (peut-être qu’écrit de cette façon : « Parfait », je commente, tandis que nous lavons le céleri…. Serait plus adapté ? )


"Le tambour" de Günter Grass (Die Blechtrommel)

 

Le tambour (Die Blechtrommel)
Auteur : Günter Grass
Traduit de l’allemand par Jean Amsler
Éditions : Seuil (5 Novembre 2009)
ISBN : 978-2021004618
740 pages

Quatrième de couverture

L'époque : 1900-1954 ; la nation : l'Allemagne des bords de la Baltique ; le héros : un nain, qui sous les apparences de l'enfance a la maturité d'un adulte. En tapant sur son tambour, Oscar Matzerath bat le rappel de ses souvenirs, ceux de sa famille et de son pays. Ainsi voit-on grouiller un univers grotesque et mystérieux dont la logique n'est pas de ce monde, mais qui éclaire le monde et les hommes mieux que le cerveau humain.

Mon avis

Ce livre est le premier tome de : « La trilogie de Dantzig ».

Oscar, un homme, est dans un « institut » (nous finirons par savoir de quel type d’établissement il s’agit et pourquoi il se trouve là) et va de chapitres en chapitres égrener ses souvenirs, comme une autobiographie.

Nous allons découvrir son histoire mais aussi celles de ses grands-parents, de ses parents ainsi que celle de l’Allemagne aux alentours de la seconde guerre mondiale mais attention, ce n’est pas une fresque historique, nous ne voyons que le point de vue, le ressenti d’Oscar.

Oscar a refusé de grandir (il a imposé sa volonté à son corps) et a gardé la taille d’un enfant de trois ans, son esprit est lui, vif, alerte, observateur et son tambour, fil conducteur, est le seul élément de sa vie qu’il conserve jalousement et qui va, en quelque sorte, par ses roulements, cadencé le récit.

Trois choses m’ont parfois un peu gênée :

L’utilisation de l’imparfait du subjonctif et de beaucoup de passé-simple :

« Nous souffrions que les répétitions ne durassent que deux heures… »

Le fait qu’Oscar (le narrateur) parle de lui-même parfois en disant « je, me, moi», parfois en disant

« Oscar », et cela peut arriver dans une même phrase… (Exemple : « Si désagréable que fût pour Oscar l’odeur du vinaigre, le fait que Sœur Dorothée perdait ses cheveux ne m’inspira qu’une floraison … »)

Certaines phrases longues, longues … alambiquées qui, à mon sens, alourdissaient ma lecture, ralentissaient le rythme et entraînaient une certaine lassitude chez moi.

En revanche, j’ai beaucoup apprécié :

La découverte de l’Allemagne, des événements de la vie d’Oscar, à cette époque, à travers le regard du narrateur, parce que cette approche a un côté un peu « loufoque »,

Les « rencontres » d’Oscar avec divers personnages, cocasses, apportant un peu d’ironie dans l'expression de l'auteur.

Globalement une lecture que je ne regrette pas, malgré quelques longueurs et qui me donne envie de visionner le film éponyme.

PS : J’ai découvert qu’une nouvelle traduction avait été faite. Il me semble, malgré le court extrait que j’ai pu en lire que la lecture est considérablement allégée.

Aussi, je conseille aux jeunes qui voudraient se lancer dans la découverte de ce roman, de choisir cette nouvelle version (traducteurs (en 2009): Jean Amsler et Claude Porcell au lieu de Jean Amsler seul)


"Le mariage de Dominique Hardenne" de Vincent Engel

 

Le mariage de Dominique Hardenne
Auteur : Vincent Engel
Éditions: Jean-Claude Lattès (25 Août 2010)
ISBN : 978-2709635561
252 pages

Quatrième de couverture

Maillard, Bizot, Hardenne : trois soldats chargés de nourrir les troupes. Malheureux rescapés d’une armée en déroute, sur une terre dévastée qui a perdu le goût de vivre, ce trio improbable va éclater en morceaux lorsque Maillard et Bizot seront tués à leur tour.

Dominique Hardenne est peut-être le seul survivant du désastre, alors en bon fermier, il veut rentrer chez lui. Mais la guerre est passée ici aussi, et au village il ne trouve que des corps, parfaitement conservés dans leur dernière posture et qui lui en disent beaucoup sur la vie qui s’est écoulée en son absence. Ses parents sont à la messe, comme toujours ; Madame Amédée, l’ancienne bigote, est devenue tenancière d’un bordel ; Nathalie, la belle Nathalie, est là aussi… Dominique Hardenne veut comprendre mais doit lutter contre la folie qui le guette à force de solitude et de doutes.

Mon avis

« ……. Redonner à la terre le goût de la vie, à sa vie le goût de la terre, pour ranger le pays, pour se convaincre qu’il avait raison d’arrêter sa course, d’être de retour chez lui et de faire comme si la vie continuait, parce que d’ailleurs c’était vrai, la vie continuait, rien que la sienne, peut-être mais c’était toujours bon à prendre, on verrait plus tard, pourquoi les miracles ne feraient-ils pas eux aussi des progrès comme la science ? »

C’est au rythme de quatre saisons (le livre commence en été) que nous allons accompagner Dominique Hardenne dans son cheminement.

Une écriture minimaliste, dépouillée, pas de dialogue. Le monde a des allures de « fin du monde » mais Dominique Hardenne avance, lutte ….

On pourrait penser qu’il ne se passe rien dans ce roman et pourtant, on ne ressent jamais d’ennui. Le récit est à la fois la voix intérieure du héros et un regard extérieur. Cela donne un ton angoissant, qui ne laisse pas indifférent et qui renvoie à une peur ancestrale de l'homme: se retrouver seul survivant dans un monde dévasté ...

J’ai eu souvent envie de lui crier « Mais mon vieux, tu n’as rien compris ! Arrête de te bercer d’illusions ! » et puis, j’ai pris du recul … Peut-être que Dominique Hardenne « sait », peut-être qu’il a très bien réalisé ce qu’il en est, peut-être qu’il « choisit » de faire « comme si » …

Parfois, c’est plus simple de faire comme si on ne percevait pas tout, comme si on pensait que « demain est forcément un autre jour », qui sera différent, et qu’un jour, tout ira mieux. Ainsi, on endort sa souffrance, sa solitude, ses questions … C’est peut-être ce qu’a décidé Dominique Hardenne … après tout, il n’y a pas de lois pour lui guider sa conduite.

J’ai beaucoup aimé ce livre, qui remet l’homme en face de lui-même.

Je l’ai trouvé bien écrit avec juste ce qu’il faut de pudeur, de questionnements.

Vincent Engel réussit à nous intéresser, à nous mettre parfois mal à l'aise, à nous renvoyer à nous-même ...

C'est surprenant, un brin déconcertant ... je ne pense pas que cela puisse laisser indifférent (les avis risquent d'être très "tranchés") mais c'est à découvrir ....

"Quelqu'un pour qui trembler" de Gilles Legardinier

 

Quelqu’un pour qui trembler
Auteur : Gilles Legardinier
Éditions : ‎ Fleuve éditions (1 er octobre 2015)
ISBN : 978-2265099272
432 pages

Quatrième de couverture

Comment être un père quand on arrive vingt ans après ? Pour soigner ceux que l'on oublie trop souvent, Thomas a vécu des années dans un village perdu en Inde. Lorsqu'il apprend que la femme qu'il a autrefois quittée a eu une fille de lui, ses certitudes vacillent.

Mon avis

« La seule chose qui compte, c’est d’avoir quelqu’un pour qui espérer mieux. L’essentiel, c’est d’avoir quelqu’un pour qui trembler. »

Thomas est médecin, au bout du monde, là-bas où on a besoin de lui. Il existe en s’oubliant et en se consacrant aux autres. Et puis, un tsunami émotionnel l’envahit, il apprend qu’il a une fille de vingt ans. Qu’est-ce qu’il a raté, qu’est-ce qu’il peut récupérer pour vivre quelque chose avec elle ? Va-t-elle le rejeter ou l’accepter et surtout comment créer du lien ?

Je n’ai pas boudé mon plaisir en découvrant ce récit. L’écriture de l’auteur est alerte, pleine d’humour (j’ai beaucoup souri). Il y a des personnages atypiques, des situations cocasses, ça se lit tout seul (avec quelque chose de plus consistant en lecture parallèle). Les habitants de la maison de retraite sont un peu déjantés, je ne pense pas qu’il en existe beaucoup comme eux mais c’est amusant de voir ce qu’ils inventent !

C’est une histoire pansement, un récit qui fait du bien malgré quelques invraisemblances et pas mal de bons sentiments.


"Lucky Lux Des petits saints qui tombent" de Jean-Claude Sacerdot

 

Lucky Lux
Des petits saints qui tombent
Auteur : Jean-Claude Sacerdot
Éditions : Erick Bonnier ( 14 Octobre 2014)
ISBN : 9782367600284
430 pages

Quatrième de couverture

Les morts, ça ne sait pas ! Ou plutôt, ça ne sait plus et pour cause…

 La mort peut frapper à tout instant, de trente-six façons, à coups de barre à mine par exemple ! À la masse de terrassier ! Trente-six manières… Trente-six comme le 36 quai des Orfèvres où brille un jeune et infiniment séduisant commissaire principal, Michel Hoffmann, surnommé « Lucky Lux ».
Coqueluche de la Brigade criminelle, il est Luxembourgeois par son paternel et Normand par sa maman. Une promotion inattendue bien que méritée va le propulser dans la cour des « grands » ou qui se prétendent tels. Michel Hoffmann connaît son monde et les morts qui s’additionnent l’effrayent moins que la pensée unique, un virus pire que la peste.

Mon avis

Michel Hoffmann à la silhouette dégingandée sait comment plaire aux femmes. S'il le faut, il sort son accent luxembourgeois qui fait chavirer le cœur des dames. A d'autres moments, il parle plutôt comme un parisien. D'ailleurs, c'est là qu'il vit et qu'il travaille, dans la capitale, au trente six quai des Orfèvres, où il fait trente six mille choses qui semblent lui convenir.

Un rendez-vous lui est fixé par un de ses supérieurs, il se pose beaucoup de questions, se demandant à quelle sauce il va être mangé, quand tout à coup,  il se retrouve dans le bureau du premier ministre. Ce dernier lui annonce qu'au vu de ses magnifiques états de service, il est promu commissaire divisionnaire. Waouhhh !!! Tout ceci pour le DSAR (Département Spécial d'Action et de Recherche » qu'il va diriger avec comme rang « Conseiller auprès du Premier ministre, chargé des affaires spéciales ». Rien que ça !!

Sa mission ? Lutter contre le terrorisme à l'échelle nationale et  résoudre les affaires criminelles concernant des personnes haut placées dans la société,

Cela tombe bien, le matin même, un grand armateur, qui avait rendez vous avec des magnats de la flotte de pêche japonaise, a été liquidé vers un hôtel, par de faux égoutiers aux méthodes sordides et rapides. Heureusement, un voiturier, Monsieur Schmitz, a été épargné lors de l'attentat, sans doute parce qu'il est resté très digne. En fin observateur, il a enregistré la scène et peut décrire les tueurs.

Les assassinats vont s'enchaîner et les problèmes vont suivre... mais Lucky Lux, alias le bel Michel Hoffmann est là, tel Zorro. Non, je ne me moque pas. Cet homme va prendre les choses en mains, aidé par YMCA (non je ne vous en dirai pas plus pour les initiales) et quelques autres protagonistes tout aussi truculents. Car, il faut bien le dire, ce n'est pas vraiment dans l'intrigue et les profils psychologiques des différents individus, que réside l'intérêt de cet opus. C'est plutôt dans le style. Il n'y a pas une page sans référence, sans jeux de mot (le PDG s'appelle Pierre-Delphin Grenadier, PDG jusque dans ses initiales), sans humour à la San Antonio ou « Tontons Flingueurs ». Je l'avoue, j’ai trouvé que c'était parfois presque « trop ». Pourquoi ? Parce que, de temps à autre, cela dessert l'histoire car on est absorbé par la recherche de « la référence ». D'accord, c'est très bon pour le cerveau et cela fait travailler les neurones, mais j'aurais souhaité me consacrer davantage aux différents personnages et à l'évolution des événements. Le fait de mettre mon esprit en alerte sans arrêt pour trouver le rapport ou le trait d'humour de l'auteur m'a beaucoup accaparée, avec le sentiment que cela prenait trop d'importance. Mais, ceci peut être dû à mon « fonctionnement » et tous les lecteurs ne réagiront comme moi.

À part ce « bémol », l'écriture est alerte, vive, et j'ai quand même beaucoup souri, notamment avec des phrases du style : « au bal des faux-culs, les monofessses sont rois ». Et puis Lucky Lux est un homme intéressant à découvrir et à suivre tout au long des pages. On peut observer les méthodes qu'il emploie, comment il s'y prend etc... Les « seconds rôles » ont, eux aussi leur charme et chaque individu a sa place dans ce roman qui pourrait sans peine être adapté pour le petit ou le grand écran.

"L'affaire de la belle évaporée" de J.J. Murphy (A friendly game of murder)

 

L’affaire de la belle évaporée (A friendly game of murder)
Auteur : J.J. Murphy
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Yves Sarda
Éditions : Baker Street (3 Novembre 2016)
ISBN : 9782917559963
340 pages

Quatrième de couverture

31 décembre, New York, à l'époque de la Prohibition.
En compagnie de ses fidèles amis, Woollcott et Benchley, Dorothy Parker fête le nouvel an à l'hôtel Algonquin. La grande star de théâtre et de cinéma, Douglas Fairbanks, y organise une réception dans sa luxueuse suite. Alors que la soirée bat son plein, l'un des invités, le Docteur Hurst, annonce qu'un cas de variole vient d'être détecté, et que l'hôtel est mis en quarantaine. Le cauchemar ne s'arrête pas là : quelques heures après le début des festivités, Bibi Bibelot, l'extravagante vedette de Broadway, est retrouvée sans vie dans un bain de champagne.
Dans une course contre la montre, Dorothy va mener l'enquête, épaulée par Sir Conan Doyle, le célèbre créateur de Sherlock Holmes.

Mon avis

Une nuit à l’hôtel…..

Dans les années vingt, à New-York, dans l’hôtel Algonquin, une réception est organisée pour fêter le nouvel an par Douglas Fairbanks, dans sa suite avec des invités triés sur le volet. Certains jouent au « jeu de l’assassin » et chacun a un rôle à tenir. A minuit, rendez-vous dans le hall pour les bons vœux ! L’extravagante Dorothy Parker est là avec quelques uns de ses amis. Elle est toujours aussi spontanée, désinvolte en apparence, avec un esprit affûté qui observe et enregistre chaque détail.

Ça tombe plutôt bien qu’elle soit attentive car une des stars de la soirée, Bibi, est retrouvée morte dans le bain de champagne où elle s’était glissée, nue, devant de nombreux spectateurs et c’est Dorothy qui la découvre ….  Pour comble de malheur, un cas de variole dans une des chambres implique une quarantaine pour toutes les personnes présentes et surtout aucune arrivée de l’extérieur. Impossible de faire venir les policiers pour mener l’enquête…. De plus, parallèlement à la mort de la starlette, un médaillon disparaît et des événements bizarres ont lieu…. Tout ceci instaure un climat de suspicion et de regards de travers sur les uns et les autres…. Et nous voilà dans un huis clos, un trente un décembre avec la neige et le froid omniprésents……

Mêlant habilement les personnages réels et imaginaires, dans une atmosphère surannée et délicieuse (au sens où elle est parfaitement décrite), l’auteur nous fait courir à sa suite d’un étage à l’autre de l’imposant bâtiment, galopant dans les cuisines, ou nous cachant dans le monte-charge.  Il n’y a aucune difficulté à imaginer le vieil ascenseur ou le standard avec les fiches et les boutons rouges. J’avais presque envie d’avoir un plan de l’hôtel ou des photographies sépia tant j’avais l’impression d’ y être. Les protagonistes sont hauts en couleurs, tout à fait « d’époque ». On visualise les scènes mais également les individus car les descriptions sont précises sans être lourdes.

Quant aux dialogues, ils sont truculents (bravo au traducteur car cela ne doit pas être facile de trouver le mot juste pour garder un humour fin et intelligent). Le matériel évoqué, le langage utilisé entre les uns et les autres, tout sonne juste et vraiment, je le redis, l’ambiance est très réaliste (même si je n’ai pas vécu à cette époque pour pouvoir comparer ;-)

Dorothy Parker n’a pas sa langue dans sa poche, elle aime les hommes et n’a pas peur de grand-chose. À elle seule elle habite le roman de bien belle manière. Mais ses acolytes ne sont pas en reste, Sir Conan Doyle qui veut mener l’enquête ou Woollcott, un tantinet exaspérant, ainsi que les autres fêtards, tous ont à cœur de comprendre qui a tué Bibi et pourquoi. Une actrice jalouse ? Un amant éconduit ? Nombreux sont ceux qui auraient pu agir avec ce qu’ils estiment être de bonnes raisons. Mais la vérité n’est pas toujours celle qu’on croit. Et il faudra bien Dorothy, Conan et quelques autres pour démêler le vrai du faux.

J’ai beaucoup apprécié cette lecture, non pas pour l’enquête en elle-même, bien qu’elle soit campée et imaginée avec doigté mais pour cette promenade le temps d’un roman, dans les années Prohibition aux Etats-Unis. J’avais presque le sentiment d’un film qui se déroulait sous mes yeux, il ne manquait que le son… Alors, pourquoi pas une version pour le petit ou le grand écran ?


"Elle voulait toucher le ciel" de Yves Viollier

 

Elle voulait toucher le ciel
Auteur : Yves Viollier
Éditions : Robert Laffont (7 octobre 2004)
ISBN : 978-2221103319
306 pages

Quatrième de couverture

Renée et Bernard Villebois ont hérité d'une grande maison ? une bâtisse du XVe siècle, abandonnée depuis longtemps, où tout est à refaire. L'événement fait resurgir un passé enfoui... L'aubaine se transforme en cauchemar.Une lettre anonyme est adressée à Renée: "Fille de Boche, fille de Boche...", suivie de plusieurs autres courriers et d'attentats... Il est vrai que Renée est née des amours de sa mère avec un jeune officier allemand, à la veille de la Libération. Qui la poursuit de sa haine cinquante ans plus tard? Qui est le corbeau?

Mon avis

Il n'est pas dans mes habitudes de lire ce genre de livres. J'en ai lus beaucoup, trop peut-être, il y a longtemps....

Là, c'était l'occasion, ça se passait en Charente, où vit une grande partie de ma famille, et puis le titre est si beau....

Les secrets de famille et les cadavres dans le placard … qui n'en a pas ? Des petits, des gros, des vrais secrets ou des secrets chuchotés et répétés sous le manteau... On a tous une part cachée qui fait partie de nous....

Renée, elle, traîne son « manque » d'information sur sa naissance comme un boulet... Malgré l'amour des siens, parfois, un événement (ici, les lettres du « corbeau ») fait remonter à la surface tout ce mal-être qui empoisonne alors son quotidien …

Elle veut savoir, comprendre, connaître la vérité ... Alors, elle ne lâchera rien et avec persévérance cherchera toujours et encore.  Elle sera soutenue par sa famille, aidée par sa fille et même si tout cela est sans surprise, un peu trop « prévisible », ça se lit bien.

L'écriture est fluide et les personnages attachants.


"L'homme qui marchait sur la lune" de Howard McCord (The Man Who Walked to The Moon)

 

L’homme qui marchait sur la Lune (The Man Who Walked to The Moon)
Auteur : Howard McCord
Traduit de l'anglais par Jacques Mailhos
Éditions : Gallmeister ( 25 Août 2008)
ISBN : 9782351780190
152 pages

Quatrième de couverture

Qui est William Gasper, cet homme qui depuis cinq ans arpente inlassablement la Lune, une “montagne de nulle part” en plein cœur du Nevada ? De ce marcheur solitaire, nul ne sait rien. Est-il un ascète, un promeneur mystique, un fugitif ? Tandis qu’il poursuit son ascension, ponctuée de souvenirs réels ou imaginaires, son passé s’éclaire peu à peu : ancien tueur professionnel pour le compte de l’armée américaine, il s’est fait de nombreux ennemis. Parmi lesquels, peut-être, cet homme qui le suit sur la Lune ? Entre Gasper et son poursuivant s’engage alors un jeu du chat et de la souris.
D’une tension narrative extrême jusqu’à sa fin inattendue, L'homme qui marchait sur la Lune est un roman étonnant et inclassable qui, depuis sa parution aux États-Unis, est devenu un authentique livre culte.

Mon avis

« Un homme sans faille et sans amis, un homme solitaire, un homme qui en rencontre rarement d’autres, peut en venir à douter de sa propre existence, quoi que ce mot veuille dire. Ne sommes-nous pas largement définis par nos relations avec les autres, confirmés dans la vie par le témoignage des autres ? »

On sait peu de choses de lui, c’est un solitaire, un tueur, il marche.

Un tueur « à froid » qui tue sans sentiment presque par « obligation » parce qu’il n’a pas le choix…il faut bien vivre de quelque chose…

Là, il ne tue pas, il marche, dans le Névada, un coin perdu qui ressemble à la lune.

La solitude est telle qu’il se demande si ce qu’il voit, entend, ressent, est réel ou imaginaire.

Il soliloque en pensées, on « l’écoute », on se dit que cela n’aura pas d’intérêt. Un tueur (enfin c’est ce qu’il dit) qui raconte, se raconte, pendant des pages sans croiser qui que ce soit, si ce n’est nous, le lecteur … Et puis, étrangement, on lit, on continue, on s’intéresse, esprit bizarre, perturbé ou pas, cet homme nous accroche, nous « tient »….Sa relation à la nature, à l’autre (qu’il soit inventé ou présent) nous interpelle…Qui est-il et surtout que veut-il ?

D’une écriture singulière, détachée, tour à tour froide ou poétique, Howard McCord, vétéran de la guerre de Corée, nous fait cheminer aux côté d’un homme, mais aussi et surtout dans son esprit, son intimité … Références littéraire parsemées de ci, de là au gré des idées de William Gasper, mélange des genres : thriller (on sent monter la tension), réflexion philosophique ( ! ?) sur l’homme, la vie, la nature (qu’il connaît si bien, qu’il se fond en elle …), ce roman se démarque et mérite un large détour…

C’est fascinant, surprenant, étrange …. le dernier paragraphe du livre est un régal…..et l’ensemble du livre laissera sa trace en moi….

"La survivance" de Claudie Hunzinger

 

La Survivance
Auteur: Claudie Hunzinger
Éditions : Grasset (29 Août 2012)
ISBN: 978-2246798729
280 pages

Quatrième de couverture

Jenny et Sils sont contraints par la dureté des temps de rendre les clefs de leur librairie et de leur domicile. Ils vont chercher refuge dans une maison perdue, en ruines, perchée dans la montagne. Avec leurs cartons de livres, une ânesse et une chienne, il leur faut s'acclimater à cette nouvelle existence : survivre aux intempéries, tels des Robinson Crusoé du XXIème siècle exclus de la société matérialiste. Dans cet âpre combat, la redécouverte des corps, l'apprentissage de l'isolement et la puissance de la littérature leur feront-ils découvrir une nouvelle manière d'être au monde ?

Mon avis

C’est un livre qui vous parle au cœur.

Rempli de nostalgespérance, de mélancodresse, tous ces sentiments mêlés que nous exposent, que nous partagent « deux vieux fous ».

De ces vieux fous qu’on rêve de rencontrer, de connaître, d’être 

Il en faut du courage pour fermer la porte de sa librairie adorée, lorsqu’on a plus le choix et à soixante ans, se retrouver, en train de survivre dans une vieille bicoque sans confort, avec un chien, un âne … et des livres ….. Il en faut de l’envie pour rester droit, faire face à la neige, au froid, aux cerfs, à l’inconnu…

Mais qu’est ce qui les tient debout ces deux sexagénaires ? Les livres !

Ils sont présents tout au long de ce roman comme autant de « bâtons de vieillesse », de tuteurs, de réceptacles ou de catalyseurs de leur(s) humeur(s) ; de leur(s) chagrin(s), de leur(s) joie(s)…

Ils sont le lien entre eux, ils sont le lien avec le lecteur, ils sont la vie…

Ils sont évoqués par l’intermédiaire du classement imaginé par Aby Warburg * (1866-1929) qui rangeait sa bibliothèque de façon très originale, les livres se côtoyant par « bon voisinage**».

Dans les conversations et les silences de nos deux protagonistes: Sils et Jenny, chaque livre sera nommé à un moment précis de l’histoire, comme une évidence, parce que c’est à ce moment-là qu’il a sa place, qu’il « voisine » avec le reste du texte. D’ailleurs, même l’ânesse a son mot à dire sur les lectures.

Au plus triste de leur désespérance, la lecture les nourrit, elle les porte, les supporte, même lorsqu’il faut se séparer d’un de ces recueils qu’on a toujours eu avec soi pour un peu de monnaie.

Je me suis plu à imaginer Jenny avec le visage de Claudie Hunzinger, portant un pantalon un peu court avec des poches au genou, de grosses chaussettes, humant la terre, la forçant à donner le meilleur d’elle-même pour qu’elle puisse manger les légumes qu’elle avait plantés.

Je les ai vus, tous les deux, discutant, renâclant, avançant, vivant de bric et de broc mais vivant libres …..

Ce livre est magnifiquement écrit, comme une partition musicale, chaque terme est pesé, associé aux autres sans précipitation pour être mélodieux. Une grande sérénité nous habite malgré les moments difficiles vécus par les personnages. Les mots s’enchaînent formant ainsi une douce chanson pour notre plus grand bonheur.

* Selon la légende familiale, Aby Warburg, premier né d'une fratrie de sept enfants et héritier d'une dynastie bancaire installée à Hambourg depuis le xvie siècle, scella son destin à l'âge de treize ans, lorsqu'il céda son droit d'aînesse à son cadet Max contre la promesse que celui-ci lui achèterait, sa vie durant, tous les livres qu'il voudrait.

** La loi de bon voisinage » est l’expression curieuse que Warburg choisit de donner au principe établi pour sa bibliothèque. Cette loi repose sur l’idée que le livre que l’on cherche, dans bien des cas, n’est pas le livre dont on a réellement besoin. Par contre, grâce à l’organisation thématique des étagères, il est probable que le livre d’à côté, bien qu’on ne puisse le deviner à son titre, contienne « l’information vitale ».


"Anna et Mister God" de Fynn

 

Anna et Mister God
Auteur : Fynn
Éditions : Seuil (1 mars 1976)
ISBN : 978-2020043700
208 pages

Quatrième de couverture

L'histoire que Fynn raconte aujourd'hui s'est passée il y a une trentaine d'années. Fynn avait dix-neuf ans, il rôdait dans le quartier des docks de l'East End londonien, un soir brouillardeux de novembre, et il découvrit, assise sur une marche, une petite fille crasseuse, meurtrie et terrifiée. Il l'emmena chez lui et la confia à sa mère, vigoureuse Irlandaise qui accueillait tous ceux et celles que ses enfants lui amenaient. Anna avait pour intérêt principal dans l'existence sa familiarité avec Dieu, « Mister God ». Elle comprenait le sens de la vie et la signification de l'amour. A six ans, elle était théologienne, mathématicienne, philosophe, poète et jardinière.

Mon avis

Conte philosophique, récit initiatique, livre désuet ou tout simplement texte surprenant à découvrir, chaque lecteur trouvera dans cet ouvrage  quelque chose ou…. rien…

Anna, c’est une petite fille qui a une relation particulière avec Dieu : Mister God. Elle rencontre Fynn et se noue entre eux, une relation désuète, étrange, faite de respect, d’échanges, de complicité, de familiarité aussi.

Son sens de la répartie, son positionnement alors qu’elle n’est qu’une espiègle petite fille, illumine les journées de Fynn, le quartier où il vit et le lecteur qui se délecte de cette fraîcheur, de cette apparente simplicité car le propos reste profond.

« Elle avait un sens aigu des situations, du geste à faire, de l’occasion à saisir. »

Alors à quoi peut bien « servir » Anna et la lecture de cet ouvrage ? Je crois que, tout simplement, , les découvertes de cette enfant nous obligent à changer notre point de vue, à regarder autrement. Est-ce pour retrouver la part d’émerveillement que nous avons oublié en chemin, en grandissant ?

 Anna veut comprendre, aime avoir des réponses à tout, alors que Fynn ne sait pas. Leur amitiéa oblige ce dernier à voir la vie au travers des yeux d’une enfant qui fait preuve de logique et de bon sens . Nous le suivons dans sa nouvelle approche, retrouvant ainsi un certain naturel  dans notre façon de voir.

Cet opus fait partie de « Points Vivre », collection d’épanouissement intérieur, comme cela est précisé dans les premières pages. Il faut donc le prendre pour ce qu’il est : « un plus »,  à découvrir lorsqu’on a envie de redonner de la place au merveilleux dans notre vie.


"Crash Test" de Max de Rib

 

Crash Test
Auteur: Max de Rib
Éditions: Les Volubiles (12 Avril 2012)
ISBN: 979-10-91119-04-7
138 pages

Quatrième de couverture

Dixième arrondissement de Paris. Yannick Portel pousse la porte d’une auto-école de la rue Lafayette. Il désire s’y inscrire pour repasser son permis. La secrétaire oppose un refus catégorique : on n’accepte pas les élèves des autres écoles de conduite. C’est absurde mais c’est ainsi. Après quelques minutes de palabres, Yannick Portel se voit contraint de sortir un Smith&Wesson .38 de la poche de sa parka et d’abattre la secrétaire d’une balle dans la tête. Cela peut paraître légèrement excessif, mais avait-il vraiment le choix ?

Mon avis

Sur le fil….

Une histoire originale, une écriture tour à tour froide, cynique, grave, humoristique, légère…

Un déroulement rapide qui fait que l’on ne s’ennuie pas une seule seconde…

Des personnages atypiques en apparence, mais pas tant que ça…. Ils pourraient ressembler à un concentré des personnes que l’on croise dans la vie de tous les jours, sauf qu’ils sont tous rassemblés dans le même roman.

On trouve la femme victime de la crise de la quarantaine, multipliant les aventures; l’homme pris dans son travail, «le nez dans le guidon», qui oublie tous ceux qui sont à côté et qui réalise trop tard qu’une partie de sa vie lui a échappé; les enfants ingrats, exigeants; les collègues jaloux, pernicieux; les voisins à l’affut; l’homme, désabusé, qui se laisse entraîner à commettre l’irréparable (et une fois que la « machine » est lancée, il est difficile de revenir en arrière…); et beaucoup d’autres….

On pourrait aisément croire à une galerie de portraits, tous plus ou moins « ciblés » sur des défauts et des travers bien précis mais c’est beaucoup plus subtil que cela.

L’auteur réussit avec merveille à faire croiser et entrecroiser avec malice, toutes ces destinées, à nous donner l’envie permanente de tourner les pages pour savoir quels mauvais (ou bons) tours va jouer le destin (ou le hasard) à ces individus… En effet, chacun d’eux croit pouvoir être maître de la situation, mais, chacun de nous est bien placé pour le savoir, on ne contrôle pas tout et parfois la vie réserve des surprises… Mauvaises ou excellentes, ce n’est pas si simple à définir, tout dépend du regard qu’on porte, de l’analyse qu’on en fait, de ce qu’on en attend, du côté de la lorgnette où on se place, comme le verre à moitié vide ou à moitié plein….

Le vocabulaire est parfois familier lorsque le rôle des protagonistes va avec ce genre de propos (jeunes entre eux, « voyous » qui se rencontrent mais jamais l’auteur ne sombre dans le vulgaire.

Beaucoup d’événements sont sur le «fil du rasoir» et pourraient basculer d’un côté ou de l’autre à quelques secondes près ou si «le grain de sable» n’avait pas été là ….

Assez jubilatoire et cocasse dans les premières pages, le propos se fait plus sérieux sur la fin du roman… Même si ce n’est pas flagrant, on sent, entre les lignes, toutes les questions que l’on se pose sur la vie, sur ce qui fait que l’on bascule d’un côté ou d’un autre, tout ce qui fait qu’on est soi et pas un autre ….

Un pur moment de lecture récréative, sans prise de tête…

Deux remarques, un des personnages passe « les rapports » dans sa voiture, moi je passe les vitesses…

Deux fois, il est écrit trop dard, est-ce un jeu de mots que je n’ai pas saisi ?

Page 136, 4 ème ligne du deuxième paragraphe, « quelque temps », il y a un « s » à quelque, il n’en faut pas, cette expression est invariable.


"L'Oracle della Luna" de Frédéric Lenoir

 

L’Oracle della Luna
Auteur : Frédéric Lenoir
Éditions : Albin Michel (4 octobre 2006)
ISBN : 978-2226173515
624 pages

Quatrième de couverture

Qui est Luna, la belle sorcière aux cheveux de feu ? Quelle malédiction frappe le blessé retrouvé dans sa cabane des Abruzzes ? Qui sont les hommes masqués de noir acharnés à sa perte ? Quelles paroles terribles dissimule ce mystérieux parchemin qui ne doit surtout pas arriver jusqu'aux mains du pape ?

Mon avis

Livre à partager, faire connaître mais surtout à des personnes ayant la sensibilité nécessaire pour se laisser emporter, porter par l'histoire...Il faut aussi être ouverts à la philosophie, à l'astrologie, vouloir aller plus loin dans le ressenti par rapport aux religions ...

Ce livre est pour moi un coup de coeur même si certains passages ont un côté invraisemblable et des "ficelles" un peu grosses.

J'ai lu plusieurs livres de Frédéric Lenoir et je me dois de reconnaître que je trouve son écriture fluide et facile à suivre. Il sait nous captiver et nous donner envie d'aller plus loin.

Dans ce roman, plusieurs thèmes sont abordés à travers la quête iniatique du héros. Le côté romanesque permet de "faire passer" les passages plus sérieux, documentés et contenant une vraie réflexion. Frédéric Lenoir a le rare talent de nous intéresser à des sujets qui pourraient sembler pas simples à aborder. Il sait se mettre à la portée de son lecteur sans le prendre de haut. C'est une réelle qualité pour un écrivain tel que lui, vu son parcours universitaire.

Au-delà de tout cela, ses personnages sont attachants, son livre vit, on ne s'ennuie pas une seconde, l'épaisseur du livre ne doit pas rebuter mais au contraire ... le plaisir durera plus longtemps !!


"Premier amour" de Samuel Beckett

 

Premier amour
Auteur : Samuel Beckett
Éditions : Les éditions de Minuit (Octobre 2010)
ISBN : 9782707301413
57 pages

Pas de quatrième de couverture

Mon avis

Histoire écrite en 1946 et publiée en 1970….

En 2005, le comédien Michael Lonsdale, a prêté sa voix à la lecture de ce texte.

Attention ! Titre trompeur !

« C’est dans cette étable, pleine de bouses sèches et creuses qui s’affaissent avec un soupir quand j’y piquais le doigt, que pour la première fois de ma vie, je dirais volontiers la dernière si j’avais assez de morphine sous la main, j’eus à me défendre contre un sentiment qui s’arrogeait peu à peu, dans mon esprit glacé, l’affreux nom d’amour. »

Si vous espérez lire le résumé d’une belle romance amoureuse et vous offrir une belle lecture avec des papillons dans le ventre; passez votre chemin !

L’auteur est Samuel Beckett donc ironie mordante, sourire grinçant, phrases « assassine », humour dérangeant, langage cru (ne rougissez pas dans les transports en commun, sinon les passagers liront par-dessus votre épaule et vous serez gênés) mais jamais vulgaire, simplement « limite » pour choquer un peu le lecteur …

«Elle s’en aperçut naturellement, les femmes flairent un phallus en l’air à plus de dix kilomètres et se demandent, Comment a-t-il pu me voir, celui-là ? »

Une courte histoire : la rencontre fortuite d’un homme et d’une femme. Je ne raconterai rien pour ne pas déflorer le contenu.

Le style, l’écriture m’ont plu. C’est dépaysant et cela change des lectures ordinaires.

Vite lu, ce court récite vaut le détour.

"Le phyto-analyste" de Bertrand Busson

 

Le phyto-analyste
Auteur : Bertrand Busson
Éditions : Carnets Nord (12 avril 2013)
ISBN : 9782355360695
256 pages

Quatrième de couverture

Germain Tzaricot est le premier phyto-analyste de l'histoire et le fils d'un botaniste-philosophe : autant dire qu'il aime et connaît intimement l'univers végétal. Un jour, ses plantes vertes se mettent à pourrir sur pied, attaquées par une gelée corrosive d'origine inconnue. Effondré, Germain n'a d'autre choix que de se lancer dans une enquête tortueuse pour découvrir la cause de cette maladie, avec sa bande de bric et de broc : Pigalle, le barman crasseux du Nicole's pub qui découvre sur le tard la vertu d'un bon bain ; Rachel, la chanteuse déchue aux yeux vert olive entêtants; Jamal, le géant qui a choisi le fauteuil roulant pour éviter les hauteurs. Lorsque la pourriture se met à attaquer les hommes, l'affaire prend une tournure autrement préoccupante.

Mon avis

La verdure et ses méfaits….

Mangez, bougez ? Cinq fruits et légumes par jour ?

Euh, après cette lecture, je vais peut-être revoir mon alimentation et le chou-fleur n’aura plus jamais la même odeur…

Vous l’avez compris… Ici, l’assassin est vert… Enfin, oui et non…

L’auteur, entouré de soixante-cinq plantes d’intérieur (et d’une femme charmante, dont je me demande si elle a les yeux verts…), ne pouvait faire autrement que de les mettre en exergue dans son roman. Elles tiennent toutes la place ces plantations, boutures, acétabulaires, et autres végétaux… Personnages à part entière de ce récit décalé, original mais un tantinet longuet à mon goût…

La présentation de l’éditeur étant bien suffisante, je n’en dirai pas plus sur le cœur (vert je vous le rappelle) de cette histoire.

Germain Tzaricot est phyto-analyste, c'est-à-dire qu’il est expert en communication végétale (ne cherchez pas dans wikipédia…). C’est dans les gênes, si j’ose dire, vu que son père était, également, passionné de graminées au point d’en faire sa philosophie.

Il a d’ailleurs pleinement influencé son fils (trop ?) le façonnant à son image…

Ode à la nature, le discours de notre héros qui dit, entre autres : "Pour être en mesure d'aider les plantes, je devais d'abord m'aider moi-même" ? On aurait pu arrêter là le roman, c’était sans compter sur l’imagination débridée de Bertrand Busson, qui armé, non pas d’un sécateur mais d’un humour corrosif, nous plonge au cœur d’un thriller botanique totalement décalé par son écriture, son style, ses personnages, son contenu. Son écriture est légère pas difficile à suivre.

En suivant la trame de ce roman, on découvre quelques vérités végétales, vertes comme les plantes dont elles parlent, présentées sous forme d’extraits d’un recueil.

Les réparties et paragraphes narratifs sont drôles mais les maximes du guide et glossaire de la phyto-analyse m’ont semblé lourdes. D’abord parce que ce guide (qui pour moi me rappelait l’encyclopédie du savoir relatif et absolu de la trilogie des Fourmis – dans son approche, pas dans son contenu—) est cité trop souvent à mon goût. D’autre part, ce qu’il transmet n’apporte pas des éléments intéressants à l’intrigue, donc cela ne donne pas de rythme au contraire, ça ralentit… Et enfin, parce que, à mon sens, ces adages n’ont rien de captivant ni même d’amusant… Mais tout ceci reste mon avis, on est bien d’accord. Je suis plutôt bon public d’ordinaire, mais là, je le redis, ces sentences ne m’ont pas fait vibrer.

Revenons donc à l’intrigue qui est au demeurant, assez originale mais peut-être mal exploitée. Les rebondissements ne sont pas fascinants et à la moitié du livre, tout cela s’essouffle et tout ce vert devient écœurant. On termine malgré tout le roman parce qu’on veut savoir, par respect pour l’auteur, parce qu’on rit ou qu’on apprécie son humour…

Ou alors parce qu’on sait que tout n’est pas mauvais et que l’on peut tomber sur de petites phrases comme celles-ci  …..

« Pour ce qui est du mensonge, j’avoue que j’ignorais d’où cela provenait ; belle invention tout de même, elle rendit de fiers services au cours de l’histoire humaine. »

….. qui apportent le sourire aux lèvres et font penser qu’effectivement tout n’est pas perdu…

Bien qu’habitant Saint-Etienne, avec une équipe de football du plus beau vert, ce livre vert me laisse un goût d’inachevé….

" Bifteck" de Martin Provost

 

Bifteck
Auteur : Martin Provost
Éditions : Phébus (19 Août 2010)
ISBN : 978-2-7529-0476-8
128 pages

Quelques mots sur l’auteur

Après une carrière de comédien de théâtre à Paris, pour laquelle il a quitté sa Bretagne natale après le lycée, Martin Provost se consacre à l'écriture et à la réalisation. Il monte sa propre création, 'Le Voyage immobile', au début des années 1980.

Quatrième de couverture

Chez Plomeur, à Quimper, on est boucher de père en fils. Dès sa puberté, en pleine guerre de 14, André, fils unique de Loïc et Fernande, développe un don très particulier, celui de faire « chanter la chair » - et par n’importe laquelle : celle des femmes qui viennent faire la queue à la boucherie Plomeur, dans l’espoir de goûter au plaisir suprême. André assume gaiement et avec talent le devoir conjugal des absents partis au front. Mais l’armistice survient et les maris reviennent. Un matin, André trouve devant la boucherie un panier en osier avec à l’intérieur, un bébé. Puis un deuxième, un troisième….Du jour au lendemain, voilà André père de sept enfants, et poursuivi par un époux jaloux décidé à lui faire la peau. Avec la chair de sa chair, André s’enfuit à Concarneau et affrète un bateau. Direction l’Amérique !

Mon avis

« La terre en eux avait pris place et bientôt elle prendrait toute la place. Ils étaient devenus mortels. »

« André pensa que le monde était bien fait et il ne regretta pas d’être né ni d’être obligé de mourir. »

Une couverture qui met l’eau à la bouche (même si on n’apprécie pas les hamburgers, la nappe est jolie et la présentation amusante), un titre alléchant …. Et un livre à consommer sans modération !!!

Seize courts chapitres et un épilogue pour découvrir un conte moderne, très bien écrit, sur la paternité, la relation entre frères et sœurs, le rapport à la nourriture et à notre terre nourricière …

De l’humour, parfois décalé, de la tendresse et en filigrane, des réflexions profondes sur les relations humaines … Mais tout cela abordé avec beaucoup de délicatesse, donc jamais de lourdeur ni de longueur ….

Martin Provost sait manier « le verbe » pour nous entraîner à sa suite, en Amérique avec beaucoup de poésie …. C’est un conte, une fable, un opus, une leçon de vie, un rafraichissement …

Il faut le lire, le déguster comme un mets particulier, prendre le temps de s’imprégner de cette écriture parfois farfelue, déjantée mais aussi poétique et si bien dosée que l’on a envie de poursuivre sa lecture.


"Libidissi" de Georg Klein (Libidissi)

 

Libidissi (Libidissi)
Auteur: Georg Klein
Traduit de l’allemand par Philippe Giraudon
Gallimard (4 Novembre 2002)
ISBN: 9782070425563
250 pages

Quatrième de couverture


Dans un décor de venelles tortueuses et de rotondes baroques, l'agent spaik attend. Le bureau central vient de désigner son successeur. un pneumatique confirme la nouvelle. spaik y était préparé: l'homme est chargé de l'éliminer. est-ce parce qu'il a dépassé l'âge fatidique de quarante ans, parce qu'il est devenu suspect, ou tout simplement parce qu'il néglige trop ostensiblement sa mission, préférant s'abandonner à la moiteur des hammams ?

Mon avis

Et bien voilà un roman qui n’est pas simple à aborder ni à continuer encore moins à finir….

À ne pas lire sur la plage !

Libidissi….

Une ambiance lourde, une écriture très complexe employant un «nous collectif» dont on ne sait pas toujours qui il représente. De plus, beaucoup de verbes au passé-simple avec des terminaisons en «âmes» pas très heureuses.

Un premier personnage principal qui donne l’impression d’être un tantinet névrosé en employant la formule «Moi= Spaik», ce qui ne donne pas de fluidité au texte, loin de là…

Des phrases longues, quelquefois alambiquées, avec des descriptions qui m’ont de temps en temps pesées (les locaux ou l’art du hammam ne faisant pas avancer mon intérêt pour ce pauvre héros)…

Spaik est poursuivi, il sait qu’il va être tué car son temps est révolu. Par qui, de quelle façon, pourquoi? Toute l’ambivalence, l’ambigüité sont là… Qui, quand, comment?

«Le» tueur prendra alors la parole à son tour….

Alternance des deux voix …..

Impression bizarre de lenteur tant la mise en place des faits se traîne… Parallèlement cette abondance de détails vous fait pénétrer dans le livre ….pour mieux vous imprégner de l’atmosphère ….

C’est un roman tentaculaire, qui dégage une impression malsaine par ce qu’il évoque de façon cachée, il met mal à l’aise (c’est le but) et vous laisse avec des questions …. Et des réponses dont vous n’avez aucune certitude que ce soit les bonnes …..


"Le Scoop" de Michelle Frances (The Daughter)

 

Le Scoop (The Daughter)
Auteur : Michelle Frances
Traduit de l’anglais par Maryline Beury
Éditions : L’Archipel (9 Juin 2022)
ISBN : 9782809841916
386 pages

Quatrième de couverture

Kate a élevé seule sa fille Beth, son unique amour, sa fierté. D'autant que Beth vole depuis peu de ses propres ailes. Journaliste stagiaire, elle s'apprête même à sortir prochainement le scoop qui lancera sa carrière. Mais Beth meurt subitement. D'abord anéantie, Kate cherche à comprendre les circonstances de l'accident. Et, peu à peu, elle en arrive à douter. Se pourrait-il que Beth ait été éliminée ?

Mon avis

Être enceinte à quinze ans, ce n’est jamais simple. Surtout lorsque le Papa du bébé ne se manifeste pas. Pourtant Kate a choisi de devenir mère, d’élever sa fille seule et de faire, toujours, le maximum pour elle. Sa propre génitrice l’a mise à la porte, son père l’a aidée en cachette mais le quotidien difficile, c’est elle qui l’a assumé. Une voisine plus âgée, sans famille, l’a prise en affection et lui a offert de l’amitié, une présence et de l’aide.

Maintenant, nous sommes en 2017. Kate travaille dans un magasin de bricolage et elle conseille les clients, car elle est devenue experte dans ce domaine, tenant à se débrouiller seule. Beth a fait de brillantes études, aidée par une bourse. Elle est stagiaire dans un journal et rêve d’y faire carrière en se consacrant au journalisme d’investigation. D’ailleurs, elle a trouvé un sujet intéressant et a même, en cachette, commencé des recherches sur un sujet brûlant. Elle n’en a pas encore parlé à son patron car elle veut avoir toutes les informations en mains pour lui dévoiler son scoop.

Un soir où elle doit rejoindre le domicile familial pour retrouver Kate qui doit lui présenter son amoureux, Tim, elle n’arrive pas et c’est la police qui sonne à la porte. Beth a été renversée par un camion qui ne l’a pas vue et elle est décédée sur place. Après l’incrédulité, la stupéfaction, la colère, le deuil impossible, Kate découvre que sa fille était sur le point de soulever un lièvre et de mettre au jour des faits scandaleux. Serait-elle morte à cause de cela, parce qu’elle dérangeait et que certaines entreprises allaient devoir rendre des comptes ? Pour rester fidèle à sa fille, par amour pour elle, elle reprend son combat. Elle n’y connaît rien, n’a pas pu poursuivre ses études, ne sait pas comment s’y prendre mais elle ne lâchera pas et se mettra en mode « mère courage ».

Ce roman est très bien construit. D’habiles retours en arrière nous montrent comment Kate et Beth ont construit leur relation, mais également comment chaque obstacle a été surmonté. Cela permet aussi de ne pas trop rester ancré dans le présent. La lutte de Beth, devenue celle de Kate n’est pas sans rappeler d’autres affaires du même style. Peu importe, on les aime ces femmes battantes, qui tiennent tête, qui ne baissent jamais les bras, qui refusent la fatalité, qui croient en des lendemains meilleurs.

C’est avec une trame bien ficelée, du rythme et un suspense omniprésent, que Michelle Frances m’a captivée. Révoltée par l’injustice, par le mensonge, par les faux-semblants, par le fait qu’on puisse être malhonnête et jouer avec la vie des gens, j’aurais voulu soutenir Kate, l’accompagner, l’aider comme l’a fait Iris, sa gentille voisine. J’aurais voulu lui dire : à plusieurs on est plus fort, ne reste pas seule. Il faut le reconnaître, malgré Iris, malgré Tim, elle est bien seule. Pourtant sa cause est juste. Mais ceux qu’elle veut poursuivre sont puissants, font peur et certains n’osent pas s’engager à ses côtés. J’ai trouvé intéressant de voir comment chacun réagit et se rallie à elle ou pas.

Je n’ai pas vu le temps passer aux côtés de Kate, elle m’a fascinée par sa pugnacité, son énergie, son besoin de vérité. L’écriture accrocheuse, les rebondissements, le rythme m’ont maintenue dans l’action et dans le souhait de toujours en savoir plus. Michelle Frances est vraiment un auteur à suivre !


"Requiem des ombres" de David Ruiz Martin

 

Requiem des ombres
Auteur : David Ruiz Martin
Éditions : Taurnada (12 mai 2022)
ISBN : 978-2372581028
380 pages

Quatrième de couverture

Hanté depuis l'enfance par la disparition de son frère, Donovan Lorrence, auteur à succès, revient sur les lieux du drame pour trouver des réponses et apaiser son âme. Aidé par une femme aux dons étranges, il tentera de ressusciter ses souvenirs. Mais déterrer le passé présente bien des dangers, car certaines blessures devraient parfois rester closes…… au risque de vous entraîner dans l'abîme, là où le remords et la honte règnent en maîtres.

Mon avis

Quarante-deux ans après le décès de son frère Virgile, Donovan Lorrence choisit de revenir dans la région où se sont déroulés les faits. Il ne peut pas accepter que ce drame reste sans réponse. En effet, Virgile a disparu une nuit où ils étaient sortis tous les deux, jeunes adolescents désobéissants. À cette époque-là, Novembre 1973, à Neuchâtel, une brume épaisse et poisseuse s’était abattue sur la ville et les environs, rendant toute escapade dangereuse et de ce fait fortement déconseillée. Mais bien sûr, les ados n’en ont cure de ce genre de recommandation….

Donovan, devenu écrivain à succès, est rongé par cette disparition, d’autant plus que le corps n’a pas été retrouvé et qu’aucune explication n’a pu être donnée. Que s’est-il passé ? Remords, culpabilité, deuil impossible, il est hanté par tout ça et ne sait comment attaquer ses recherches. Ce qui est certain, et il le comprend assez vite, c’est qu’il dérange et dans ce cas, on maîtrise rarement les événements.

Il va rencontrer d’anciennes connaissances, en faire de nouvelles mais rien ne l’aide vraiment. Il se heurte aux silences, aux non-dits. Et puis il voit la mystérieuse Iris, une femme trouble et troublante qui oscille entre deux mondes. Peut-elle l’aider ? Est-elle capable de cerner ce qui lui échappe ?
Tous les personnages ont quelque chose à cacher, même Donovan ne semble pas net, il louvoie entre les uns et les autres. J’ai même eu l’impression quelques fois qu’il cherchait à les exploiter….

Dans ce récit plutôt bien équilibre, il y a un peu de surnaturel, paranormal, mais sans excès, c’est assez bien dosé. Les protagonistes sont intéressants car réellement travaillés par l’auteur. Ils ont de la consistance. L'écriture est accrocheuse. Il y a du suspense, des rebondissements. Le rythme est un peu lent au début, comme si l’évocation de la brume qui colle à la peau avait ralenti la cadence, rendant tout plus difficile, plus « couteux ». Il faut l’arrivée d’Iris pour redonner du dynamisme à l’ensemble. J’ai trouvé cela un peu dommage car peut-être que certains lecteurs auront été rebutés.

La grande force de l’auteur est dans la description, que ce soit l’atmosphère ou les faits, c’est tellement bien présenté qu’on s’y croirait et c’est pour cela que cela semble un peu long au début, il faut le temps d’installer soigneusement tout un décor pour que le lecteur soit complétement à l’intérieur, partie prenante de ce qu’il découvre.

Ce recueil nous renvoie à nos propres peurs face à la mort, face au destin, face à tout ce qui nous échappe et qu’on ne contrôle pas. De vastes questions auxquelles l’auteur nous laisse le soin de répondre…..


"L'intendresse" de Valentin Deudon

 

L’intendresse
Carnet d’itinérance
Auteur : Valentin Deudon
Éditions : du Volcan (10 Février 2022)
ISBN : 979-1097339425
126 pages

Quatrième de couverture

Il est des voyages qui décident à votre place, qui ne vous laissent guère le choix. Alors, il faut simplement partir. Au printemps, Valentin Deudon a enfourché son vieux vélo orange, lesté de deux sacoches noires remplies d’affaires sales, de chambres à air de rechange et de livres de poésie. Il a longé la mer ou le fleuve, seul, sans but précis, en itinérance, visitant autant d’hôtes chaleureux que de démons inhospitaliers, tentant de diluer la nostalgie d’un amour perdu tout en observant les innombrables beautés autour. Des semaines roulantes, pesantes, pensantes, propices à l’écriture.

Mon avis

Le voyage mobile n’est rien d’autre qu’un condensé d’éphémère.

Et un jour, les jambes ont fourmillé et il a fallu partir. Peu importe la ou les raisons, le vélo orange était prêt, le cycliste pas tout à fait mais ils ont fait corps tous les deux et ils ont pris la route. Non pas pour fuir comme certains pourraient le penser mais pour se retrouver, prendre le temps de l’itinérance, des rencontres, des pauses…

Printemps 2021, Valentin Deudon part, le long des côtes ou de la Loire, avec toujours l’eau à portée de main, comme une fidèle compagne. Il a pédalé pendant trois mois. Écrivant quelques lignes ou les enregistrant chaque soir, il en a fait ce recueil empli de poésie au phrasé délicat et porteur de sens.

Poèmes, articles, références, petits paragraphes de souvenirs, observations ou réflexions personnelles sont posées çà et là. Quelques photos, en noir et blanc, paysages où surgissent rarement quelques silhouettes humaines assez floues, accompagnent le propos. Comme pour nous dire que l’homme n’était pas toujours seul. Se déplaçant constamment, l’auteur a affiné son sens du rapport à l’autre, sans contrepartie, simplement pour le plaisir du partage. Il s’est sans doute reconstruit, lui qui était « en morceaux ».

« Sur une carte ou vu d’en haut, mon trajet ne formera ni une belle boucle ni une grande ligne. Non, lui comme moi nous sommes en morceaux. »

Valentin Deudon manie les mots à merveille, il les choisit avec soin, n’en fait pas trop, comme si le fait d’être seul, l’avait incité à économiser ce qu’il dit pour revenir à l’essentiel, ce qui (se) vit, ce qui vibre. En quelques lignes, il nous transmet des émotions, des ressentis, en toute simplicité, sans se cacher, il se confie. C’est beau, c’est émouvant.

Ce livre est un petit bijou. Intendre c’est tendre vers, avoir quelque chose pour but. L’intendresse, c’et un carnet d’itinérance qui nous rejoint pour notre plus grand plaisir et qui peut devenir un compagnon de route ou de chevet.