Le mariage de Dominique Hardenne
Auteur : Vincent Engel
Éditions: Jean-Claude Lattès (25 Août 2010)
ISBN : 978-2709635561
252 pages
Quatrième de couverture
Maillard, Bizot, Hardenne : trois soldats chargés de nourrir
les troupes. Malheureux rescapés d’une armée en déroute, sur une terre dévastée
qui a perdu le goût de vivre, ce trio improbable va éclater en morceaux lorsque
Maillard et Bizot seront tués à leur tour.
Dominique Hardenne est peut-être le seul survivant du
désastre, alors en bon fermier, il veut rentrer chez lui. Mais la guerre est
passée ici aussi, et au village il ne trouve que des corps, parfaitement
conservés dans leur dernière posture et qui lui en disent beaucoup sur la vie
qui s’est écoulée en son absence. Ses parents sont à la messe, comme toujours ;
Madame Amédée, l’ancienne bigote, est devenue tenancière d’un bordel ;
Nathalie, la belle Nathalie, est là aussi… Dominique Hardenne veut comprendre
mais doit lutter contre la folie qui le guette à force de solitude et de
doutes.
Mon avis
« ……. Redonner à la terre le goût de la vie, à sa vie le
goût de la terre, pour ranger le pays, pour se convaincre qu’il avait raison
d’arrêter sa course, d’être de retour chez lui et de faire comme si la vie
continuait, parce que d’ailleurs c’était vrai, la vie continuait, rien que la
sienne, peut-être mais c’était toujours bon à prendre, on verrait plus tard,
pourquoi les miracles ne feraient-ils pas eux aussi des progrès comme la
science ? »
C’est au rythme de quatre saisons (le livre commence en été)
que nous allons accompagner Dominique Hardenne dans son cheminement.
Une écriture minimaliste, dépouillée, pas de dialogue. Le
monde a des allures de « fin du monde » mais Dominique Hardenne avance, lutte
….
On pourrait penser qu’il ne se passe rien dans ce roman et
pourtant, on ne ressent jamais d’ennui. Le récit est à la fois la voix
intérieure du héros et un regard extérieur. Cela donne un ton angoissant, qui
ne laisse pas indifférent et qui renvoie à une peur ancestrale de l'homme: se
retrouver seul survivant dans un monde dévasté ...
J’ai eu souvent envie de lui crier « Mais mon vieux, tu n’as
rien compris ! Arrête de te bercer d’illusions ! » et puis, j’ai pris du recul
… Peut-être que Dominique Hardenne « sait », peut-être qu’il a très bien
réalisé ce qu’il en est, peut-être qu’il « choisit » de faire « comme si » …
Parfois, c’est plus simple de faire comme si on ne percevait
pas tout, comme si on pensait que « demain est forcément un autre jour », qui
sera différent, et qu’un jour, tout ira mieux. Ainsi, on endort sa souffrance,
sa solitude, ses questions … C’est peut-être ce qu’a décidé Dominique Hardenne
… après tout, il n’y a pas de lois pour lui guider sa conduite.
J’ai beaucoup aimé ce livre, qui remet l’homme en face de
lui-même.
Je l’ai trouvé bien écrit avec juste ce qu’il faut de
pudeur, de questionnements.
Vincent Engel réussit à nous intéresser, à nous mettre parfois mal à l'aise, à nous renvoyer à nous-même ...
C'est surprenant, un brin déconcertant ... je ne pense pas que cela puisse laisser indifférent (les avis risquent d'être très "tranchés") mais c'est à découvrir ....
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