"Aramus : À la recherche d'une civilisation perdue" de Bettina Egger

 

Aramus : À la recherche d'une civilisation perdue
Auteur : Bettina Egger
Couleurs : Bettina Egger et William Augel
Éditions : Jarjille (10 Juin 2022)
ISBN : 978-2918658993
66 pages

Quatrième de couverture

Bettina Egger a eu la chance d'accompagner une équipe de l'Université d'Innsbruck dans sa mission de fouilles, à la découverte d'une civilisation peu connue les Ourartéens. Loin des clichés, on découvre le quotidien d'une équipe d'archéologues sur les traces d'une civilisation qui, à son apogée, s'étendait sur un territoire aujourd'hui réparti entre la Turquie, la République d'Arménie et l'Azerbaïdjan iranien.

Mon avis

« C’est le site parfait pour montrer les changements de perspectives historiques qu’on peut opérer en privilégiant les vestiges matériels aux sources écrites. »

Bettina Egger nous offre une bande dessinée magnifique sur le quotidien d’une équipe d’archéologues qu’elle a eu la chance d’accompagner. Elle s’est donnée à fond pour cette mission d’une semaine. Elle est partie sans trop se documenter, en suivant les conseils qu’on lui a prodigués. C’est donc d’un œil neuf qu’elle a observé, questionné. Elle a dessiné en plein air, accepté les conditions de vie et retranscrit tout cela sur des planches absolument magnifiques, d’une finesse rare.

Ce sont des personnes de l’Université d’Innsbruck, avec qui elle était, qui lui (nous) permettent de découvrir la civilisation peu connue des Ourartéens. Leur territoire s’étendait entre l’actuelle Turquie, la République d’Arménie et l’Azerbaïdjan iranien. Leur origine date de la seconde moitié du II ème millénaire avant Jésus-Christ. On sait peu de choses d’eux et certaines informations restent encore floues.

Au-delà de l’approche historique en apprenant la genèse des Ourartéens, nous avons des explications sur les recherches elles-mêmes et les méthodes de travail, ainsi que le déroulement d’une journée.

Par exemple, certains archéologues délèguent les fouilles. Pas ceux qu’a rencontrés Bettina. Ils lui expliquent l’importance de remettre le moindre petit bout de céramique dans son contexte, de réfléchir à son histoire pour savoir d’où il vient. S’intéresser aux objets plutôt qu’aux traces écrites permet de revenir à la source, à l’essentiel. Et eux ils préfèrent agir comme ça, en étant le plus souvent possible sur le terrain. Le soir, il faut répertorier, voire dessiner, tout ce qui a été mis au jour er cela prend du temps !

Le format de cet ouvrage est très agréable, une couverture semi-souple, un papier doux sous la main et des planches délicates et précises. Les couleurs ne sont pas criardes, elles éclairent les images et leur donnent vie. J’ai trouvé tout cela très harmonieux. De plus, pour introduire les différentes parties, il y a une page avec un seul croquis, c’est superbe !

J’ai été enchantée de cette lecture, non seulement c’est un vrai plaisir pour les yeux mais en outre, on apprend énormément. D’ailleurs, je sais déjà que je la relirai car je suis certaine que des petits détails ont dû m’échapper. Bravo à Bettina pour le soin apportée tant aux planches qu’au texte.


"Collision" de Stella Kowalczuk

 

Collision
Auteur : Stella Kowalczuk
Éditions : Les éditions du Net (24 Août 2022)
ISBN : 978-2312125114
154 pages

Quatrième de couverture

Annabelle vit une vie de couple harmonieuse jusqu’à une rencontre impromptue qui viendra bouleverser ses certitudes.

Mon avis

Annabelle est psychologue, mariée à Steeve qui, lui, est infirmier. L’un soigne les âmes, l’autre les corps. Ils ont deux grands enfants et tout va bien entre eux. Elle prend tous les jours la même route pour se rendre au travail et croise, forcément, les mêmes véhicules qu’elle a plus ou moins repérés. Un jour, en sortant de la boulangerie, une « collision », entre un passant et elle. Il s’avère que c’est un des conducteurs qu’elle observe, en sens inverse, chaque matin… Une rencontre improbable comme il en arrive parfois dans la vie. Un sourire échangé, quelques mots, il faut bien être poli quand même…

Ça pourrait, ça devrait s’arrêter là mais parfois la vie nous joue des tours, un pneu dégonflé et on a besoin d’aide par exemple…. Ce conducteur inconnu, appelons -le Paul, va prendre place dans le quotidien d’Annabelle et le bouleverser, même si elle s’en défend.

Livre pour midinettes avec un énième coup de foudre ? Je me suis dit : on non, pas ça. Et bien, ouf, ce n’était pas ça.  

Stella Kowalczuk est assistante sociale, elle a l’habitude d’écouter les gens, de gérer leurs confidences, de les aider, d’être empathique. Elle a donc un doigté tout particulier pour explorer les sentiments, les cerner et probablement les comprendre. Elle sait analyser, retranscrire les émotions, les questionnements, les doutes, les peurs et les espoirs.

Ce roman ne traite pas seulement de l’amour dans le couple ou en dehors. D’autres thèmes, dont je ne dirai rien, sont abordés. Certains expliquant le mal-être, le tsunami face à des situations qui obligent à « revoir » les liens familiaux et la place de chacun.

Bien écrit, ce récit maintient une forme de suspense, car on ne sait jamais qu’elles vont être les réactions des personnages. L’écriture est fluide, la petite voix intérieure d’Annabelle ressemble à celle de beaucoup d’entre nous. J’ai trouvé particulièrement intéressant tout ce qui a été rédigé autour du mot « collision ». C’est un fil conducteur sympathique !


"Le corail de Darwin" de Brigitte Allègre

 

Le Corail de Darwin
Auteur : Brigitte Allègre
Éditions : Actes Sud Littérature (4 Mai 2012)
ISBN : 978-2-330-00673-0
400 pages

Quatrième de couverture

Tomber pile sur ce qu’on n’imagine même pas chercher, l’objet d’un désir qu’on ignore éprouver. (…) Les deux femmes, Livia et Vigdis, ont saisi une balle au bond, une balle surgie de nulle part en particulier (et hop). De lien en lien elles ont fini par inscrire une série de mots clés dans un moteur de recherche. Hébergement. Séjour. Etranger. Et elles se trouvent.

Mon avis

« L’Islandaise a grandi sur la portion d’écorce terrestre, si neuve que par un tour de passe-passe on y retrouve les racines de notre univers […..]. L’italienne, elle, a vécu jusqu’alors en un lieu où le passé escamote le présent, où le futur n’est que ruines annoncées, les somptueux vestiges de la ville […]

Par un de ces concours de circonstances que certains appellent le destin, Vigdis et Livia vont échanger leur logement respectif. Ce qui, au départ, devait se révéler comme un déplacement touristique va devenir un voyage initiatique. Les caprices de la météo dont tout un chacun dépend sans pouvoir les maitriser, vont entraîner ces deux femmes au-delà de leur vie habituelle, visitant non seulement un lieu, mais aussi des personnes et toute une vie, allant à la rencontre des autres mais surtout d’elles-mêmes. Elles ne ressortiront pas indemnes de la situation et se trouverons confronter à des choix qu’elle n’avait même pas imaginés.

Porté par une écriture délicate, magnifiquement ciselée, au vocabulaire choisi mais jamais ostentatoire, introduit avec délicatesse dans les titres (« sérendipité ») ou les phrases composant les chapitres, ce roman est comme une parenthèse qui se savoure, se mérite, s’offre à vous.

On avance pas à pas avec nos deux touristes, on découvre les « fragments » de Tancredi Autenzio, lié à l’une d’elle. Ces chapitres, insérés de façon régulière dans le reste du récit, apportent ce qu’il faut de digression pour qu’on ne trouve pas le contenu trop linéaire et qu’une petite aura de mystère accompagne le destin de ces deux personnes.

La communication a une grande part dans ce roman, entre les deux protagonistes mais également avec les individus qu’elles côtoient. L’analyse fine et subtile des relations humaines dans toute leur complexité est très bien retranscrite par l’auteur. Que ce soient internet, les post it collés ça et là dans l’appartement romain, la liseuse etc …. ou même les silences, les non-dits, tout est matière à évoquer, avec pudeur, l’infinité des ramifications de la pensée et des sentiments des hommes et des femmes …..

Une très belle lecture où une phrase a été écrite pour moi ;-)

« Tout savoir à l’avance, dans le moindre détail, c’est son idéal. Au point de commencer les romans par la dernière page, le dernier chapitre, et de se renseigner sur les aléas et la fin des films qu’elle va voir. "

"Le fric ou l'éternité" de Paul Chazen

 

Le fric ou l’éternité
Auteur : Paul Chazen
Éditions : Jigal (15 Septembre 2022)
ISBN : 978-2377221721
130 pages

Quatrième de couverture

Ici, la Famille avait toujours régné en maître absolu. Socrate, lui n’en savait rien et n’en soupçonnait même pas l’existence. Mais comme au flipper, parfois il y a des rencontres qui bouleversent les destins ! Pour Socrate, ce sera Nino. Et avec lui son cortège de tsunamis. Parce que, il faut bien le dire, tueur, ce n’est quand même pas un métier comme les autres ! Gratifiant ? Oui, bien sûr. Mais pas facile tous les jours de tenir sans arrière-pensée la balance du jugement dernier ! Parfois, il suffit d’un rien…

Mon avis

Brut et essentiel ….

…. Comme les rencontres de Socrate tout au long de ce roman décoiffant, original et prenant.
…. Comme l’écriture de l’auteur.
…. Comme les titres musicaux parsemés au long du récit.
…. Comme une lecture qui fait mouche.

Appelons-le Socrate. Il n’est pas tenté par une petite vie, presque de misère, comme ses parents. Il a vu certains des siens habiter dans une espèce de bidonville et berk, ce n’est pas ce qu’il veut. Pourtant, c’est ce qu’il fait. Un petit boulot, pas beaucoup d’argent, il vivote. Il n’a pas choisi, ni l’école, ni sa famille. Mais comment changer tout ça ?

Un rien, un regard échangé dans le miroir d’un café et le voilà de l’autre côté. Tueur à gages à ses heures perdues, largement suffisant pour améliorer le quotidien.
Avant « il avait traîné sa détresse de longues années, comme une espèce de bonheur en négatif. »
Et puis il y a eu cette rencontre, improbable, bouleversante en quelque sorte, mais vivifiante. Maintenant il agit, discrètement, à la demande, et sans se faire prendre. Ça lui va bien, il est heureux. Lui, il aime le boulot bien fait, bien fini, bien propre (même si le sang gicle) et il sait se fondre dans la foule, se faire oublier. Un contrat par ci, un contrat par là et hop les poches se remplissent. Il travaille seul, c’est mieux et puis d’abord, ça évite les embrouilles.

Mais peut-on vivre tout le temps comme ça ? Ne risque-t-on pas de commettre une erreur, d’être doublé, coincé ? La morale ? Il ne semble pas y penser Socrate, enfin peut-être que c’est ce qu’on imagine … alors que lui, il voit plus loin …

Avec des descriptions au cordeau, une langue syncopée ne s’embarrassant pas de fioritures, Paul Chazen manie le verbe avec un doigté exceptionnel, chaque mot fait mouche comme les coups tirés par Socrate. C’est un livre de mecs, ils sont là, bien présents, le dernier, Wu, apportant une forme de sagesse… Est-ce pour autant que ça finira bien ?

Chaque chapitre est ouvert par une citation-proverbe totalement improvisé (e) où l’humour le dispute à la raison « Pour changer de place, renverse la situation. » J’ai trouvé ça carrément jubilatoire, profond l’air de rien et plein de sens même si c’est parfois surprenant (je pense au scarabée).

J’ai cherché des renseignements sur l’auteur (j’aime bien savoir ce qu’il en est) et il n’y a pas grand-chose, ce doit être un homme secret, comme son personnage. Je vais essayer d’en savoir plus.

En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’en moins de cent trente pages, il vous embarque dans son univers et vous y êtes, pris dans les rets, et prêt pour un nouveau titre avec lui !

NB: La bande son est donnée en fin d'ouvrage.

"Une enquête philosophique" de Philip Kerr ( A Philosophical Investigation)

 

Une enquête philosophique (A Philosophical Investigation)
Auteur : Philip Kerr
Traduit de l’anglais par Claude Demanuelli
Éditions du Masque (1 er Juin 2011)
ISBN : 978-2702434840
391 pages

Quatrième de couverture

« Je tue, donc je suis. »

L’action d’ « Une enquête philosophique », écrite en 1992, est située en 2013.Le lecteur d’aujourd’hui va se délecter de l’intelligence, de l’humour carnassier et du sens du suspense de Philip Kerr. Il constatera aussi que le texte n’a pas pris une ride : l’auteur avait anticipé les dérives policières et sécuritaires, le racisme banalisé, les risques informatiques, et jusqu’à la grande sécheresse ! L’inspecteur principal « Jake » Jacowicz mène l’enquête. Une dure à cuire drôlement futée, dont la particularité est de détester les hommes. Son adversaire est à la hauteur : un serial killer qui figure sur une liste ultra secrète de criminels sexuels potentiels, tous affublés-sécurité oblige !- d’un nom de philosophe Le méchant, baptisé Wittgenstein, ayant infiltré l’ordinateur central du ministère de l’intérieur, entreprend d’éliminer ses compères un à un. Le duel hautement philosophique et pervers qui se livre ici oscille entre le cynisme et une extrême drôlerie. Un régal.

Mon avis

Ce livre porte son nom à merveille.

La philosophie est omniprésente, de façon originale : par l’intermédiaire des criminels potentiels affublés de noms de philosophes mais aussi par la présence de références nombreuses. En effet, les courants de pensées philosophiques sont évoqués de façon précise et les idées du philosophe autrichien Wittgenstein particulièrement détaillées.

Cela a entraîné chez moi, le réflexe habituel : je suis allée consulter, ingurgiter, lire, décortiquer des pages et des pages d’informations sur lui et les autres cités pour comprendre, savoir ce qui était vrai ou pas, d’où la nécessité de plusieurs jours de lecture pour arriver au bout des trois cent quatre vingt onze pages qui composent ce roman.

Une histoire complexe, complète, mais pas compliquée.

Complexe de par son contenu : les références littéraires et philosophiques instillent un rythme lent qui peut donner l’impression d’être frustrant. On pourrait souhaiter « sauter » ces allusions mais le livre perdrait de sa richesse. Complexe aussi parce qu’on va alterner l’intrigue écrite à la troisième personne du singulier avec les réflexions du tueur principal livrées dans deux carnets : un brun, un bleu (cela n’a pas été sans me rappeler « Le carnet d’or » de Dors Lessing.

Complète parce que l’histoire est « fouillée », le vocabulaire choisi, les situations analysées, les ressentis (peut-on parler de « sentiments » pour un tueur ?) des uns et des autres bien décrits. Complète aussi parce que rien n’est laissé au hasard.

Pas compliquée car tout se déroule à Londres et il n’y a pas foultitude de personnages.

Le tueur dissèque la philosophie, et pas seulement ça, il se fond dans l’esprit de Wittgenstein. C’est tellement bien fait que cela semble tout naturel qu’il pense ainsi.

« L’attribution d’un nom à une chose est-elle toujours réellement arbitraire, ou bien peut-on trouver un sens à la manière dont sont nommées les choses ? »

L’analyse (page 195) sur notre attitude de lecteur est un régal.

Son esprit est enfiévré, ses écrits tortueux, de temps à autre torturés, ses méthodes de piratage informatique pas si futuristes que ça … Mais on accompagne Jake dans la découverte du tueur et on a le souhait de comprendre.

L’inspecteur Jacowicz, « Jake » qui déteste les hommes (est ce pour cela qu’on dit « Jake ?», refuse-t-elle son « état féminin » ?) mène l’enquête. D’habitude, elle s’occupe plutôt de tueurs en série s’en prenant aux femmes. Or, là c’est le contraire.

Têtue, opiniâtre, tenace, elle traque le tueur, essayant de comprendre son mode de fonctionnement, se faisant aider par un génie de l’informatique et un philosophe très doué. Les raisonnements logiques de Jake m’ont interpelés, aurais-je cheminé ainsi à sa place ?

Jake ne manque pas d’humour. Se faisant draguer par un homme demandant si le siège voisin est libre, elle répond qu’il est occupé par le Seigneur et interpelle le prétendant en le questionnant pour savoir s’il se préoccupe du salut de son âme. La réaction escomptée sera la bonne, il va s’enfuir précipitamment ….

C’est une femme très intelligente, licenciée en psychologie, qui suit une psychothérapie et porte en elle une part d’ombre qui la rend très humaine. Son attitude, l’énergie qu’elle met à déchiffrer les événements, la rendent attachante.

La réalité virtuelle et le coma punitif sont les deux visions très futuristes de l’auteur. Mais il y a aussi le « dialogue » entre le tueur et Jake, qui apporte « un plus » au roman. Arrivera-t-il à contenir sa violence, à discuter avec elle ? Sera-t-elle capable de rentrer en contact avec lui alors qu’elle déteste les hommes ?

À éviter sur la plage ou si on a peu de temps, ce livre demande de la concentration pour en apprécier la qualité et l’originalité qui lui donnent toute sa valeur.

"Dessous les roses" d'Olivier Adam

 

Dessous les roses
Auteur : Olivier Adam
Éditions : Flammarion (24 Août 2022)
ISBN : 978-2080286192
256 pages

Quatrième de couverture

- Tu crois qu'il va venir ? m'a demandé Antoine en s'allumant une cigarette. J'ai haussé les épaules. Avec Paul comment savoir ? Il n'en faisait toujours qu'à sa tête. Se souciait peu des convenances. Considérait n'avoir aucune obligation envers qui que ce soit. Et surtout pas envers sa famille, qu'il avait laminée de film en film, de pièce en pièce, même s'il s'en défendait. - En tout cas, a repris mon frère, si demain il s'avise de se lever pour parler de papa, je te jure, je le défonce. - Ah ouais ? a fait une voix derrière nous. Je serais curieux de savoir comment tu comptes t'y prendre...Antoine a sursauté. Je me suis retournée. Paul se tenait là, dans l'obscurité, son sac à la main.

Mon avis

Je veux que tranquille il repose
Je l’ai couché dessous les roses
Mon père, mon père*

Ils enterrent leur père. Trois enfants, adultes, se retrouvent pour trois jours auprès de leur mère.

Trois actes (un par jour), plusieurs scènes (chaque fois que l’un d’eux prend la parole et s’exprime).
Ils expliquent leurs liens qui se font, se défont, les non-dits qui empoisonnent, les silences, les absences, les secrets, leur mal-être personnel, leurs questions…. Est-ce qu’ils font fausse route, se trompant parfois sur leurs choix ?

Ce n’est pas facile de dialoguer lorsque des reproches sous-jacents, des jalousies, des rancœurs, des comparaisons envahissent l’espace. Est-ce que leurs parents les aimaient tous les trois de la même façon ? Prêts à les comprendre, à les accepter comme ils sont ?

Le décès du père les pousse dans leurs retranchements, obligeant chacun à faire le point sur sa vie, son cheminement, son avenir parce que finalement la vie est courte. Bien sûr, on peut penser, à juste titre, qu’ils ont tous tendance à se regarder le nombril, à gémir et qu’ils peinent à trouver du positif dans leur quotidien….

Avec son écriture incisive, qui fouille les âmes, Olivier Adam analyse, pose des mots sur tout ce qui construit les hommes (ou les détruit), sur la difficulté d’être une famille unie, d’aller au-delà des apparences, de comprendre chaque être unique dans son entièreté.

Ce roman m’a moins touchée que d’autres de cet auteur. Je pense qu’il y avait matière à écrire quelque chose de moins répétitif.

*Barbara


"L'envol des faucons" de Mark Zellweger

 

L'Envol des Faucons
Auteur : Mark Zellweger
Éditions : Eaux Troubles (7 Septembre 2014)
ISBN : 978-2839913522
342 pages

Quatrième de couverture

Comme suite à la crise libyenne, Mark Walpen a complété son entreprise de consulting en marketing par un département de géostratégie, le Sword. Celui-ci, devenu le seul service secret non gouvernemental, indépendant et neutre au monde, est renforcé par une unité de combattants issus des meilleures forces spéciales du monde, on les appelle les Faucons. Une prise d’otages a lieu. En même temps, une série d’attentats touche différentes ambassades européennes, créant ainsi la panique. Ces événements sont revendiqués par une mystérieuse « Armée de Libération Arabe ». Les Faucons traquent les auteurs de cette vague d’attentats et recherchent surtout leurs têtes pensantes de l’Égypte à Dubaï en passant par Oman et Montreux.

Mon avis

Un bon point : la couverture qui m'a bien plu.

Un mauvais point : la traduction... et en écrivant cela, je prends le livre, je cherche partout, pas de nom de traducteur, alors je vais sur le site de l'éditeur : idem....

Donc pas de traducteur ?

J'en déduis que l'auteur, que je suppose être suisse, ne parle pas le même français que moi...

Et c'est une chose qui m'a beaucoup dérangée tant les phrases me semblaient mal construites et la syntaxe bancale.

Dommage, vraiment dommage, car ce thriller me semblait de « bonne facture ».

Le contenu paraissait tenir la route avec ce qu'il faut d'actions,de rebondissements, de dialogues pour donner un récit vif, aéré et facile à suivre....

Sauf que....

Les personnages sont un peu trop simples : gentils, méchants, mais jamais ou presque ambivalents et pas tellement creusés au niveau psychologie ...

Les dialogues noient le contenu qui aurait pu être intéressant, seule une discussion entre « Aïcha » et le prince, lorsqu'ils parlent des attentats m’a semblé « sortir du lot ».

Pourtant... je le redis : le contenu était prometteur....

Mark Walpen, papa de deux jumeaux, a perdu sa fille aînée et sa tendre épouse dans les attentats du 11 Septembre .  Ralf, son père qui est diplomate, et Anook, la marraine des petits, l'aident à gérer le quotidien. Il est à la tête d'une société de sécurité et de conseil. Son entreprise abrite un service secret indépendant avec « Les Faucons ». Ces deniers sont capables de faire face à des situations de crise, comme des prises d'otages, des attentats, etc.... 

Justement, des suisses qui naviguaient en Mer Rouge, ont été enlevés et il faut les retrouver.  L'équipe de Mark va devoir agir avec discernement, discrétion et intelligence alors « action ». A partir de ce moment là, on se retrouve dans quelque chose de « visuel » comme si le livre était le scénario d'un film, donc peu de profondeur, on reste à la surface des actes sans aller plus loin, sans chercher à comprendre... Alors, bien sûr, il y aura des ramifications qui entraîneront vers d'autres pays, vers d'autres sociétés mais tout cela restera bien superficiel et la pauvre lectrice que je suis restera sur sa faim.

Malgré tout, je pense que Mark Zellweger en a « sous le pied » et comme cet opus, est, si je ne me trompe pas, le premier d'une trilogie, il a encore le temps de faire mieux et de me convaincre que ce que j'ai trouvé « trop léger » n'était que les erreurs de jeunesse d'un écrivain qui passera la vitesse au-dessus....

"Le lion des Flandres" de Roger Facon

 

Le lion des Flandres
Auteur: Roger Facon
Éditions: Archipel (13 Mars 2013)
ISBN: 78-2809810301
300 pages

Quatrième de couverture

Juin 1936. L'inspecteur Frémont, dit le Lion, quitte ses terres du Nord. Il vient d'être promu aux «affaires réservées» par Roger Salengro, le nouveau ministre de l'Intérieur. Très vite, il est chargé d'un dossier délicat : le taxi Fernand Lemoine, un ancien flic, a été abattu d'une balle dans la nuque en plein Paris, au volant de sa Citroën. L'homme rentrait d'Allemagne et était membre du Souvenir Jaurès, une organisation secrète liée au nouveau pouvoir socialiste...

Mon avis

Il s’appelle Roland Frémont, la trentaine, des dents blanches, une fossette en amande sur le menton (qui fait chavirer les cœurs), une chevelure abondante, rousse et flamboyante qui lui vaut le surnom de « Lion ». Il sait rougir quand il le faut pour charmer les dames, il reste en retrait juste ce qu’il faut pour qu’elles aient envie d’aller vers lui. Travailleur infatigable, dur à la tâche, il sait aussi se montrer tendre et à l’écoute. L’homme idéal ? A vous de voir….Il fume ;-( ….. et plutôt souvent… J’ai rarement vu un roman où les personnages allument sans arrêt des cigarettes et comme on est en 1936 (la loi interdisant le tabac dans les lieux publics est loin d’être passée), ils fument partout et souvent: dans les bureaux de la police, au café etc… J’avais presque l’odeur du tabac dans les narines, le brouillard cotonneux provoqué par les bouffées devant les yeux et je crains un peu….

Heureusement tout cela est resté dans le virtuel et ne m’a pas gêné dans la lecture.

On est donc en 1936, à l’époque du Front Populaire, de l’installation du gouvernement. Le Lion, originaire du Nord, est promu à Paris où on lui confie la tâche délicate d’élucider la mort d’un chauffeur de taxi.

Présenté comme cela, tout paraît assez simple. C’est sans compter les magouilles, le chantage, les vengeances et des protagonistes qui ont des choses à cacher…

On va croiser des noms qui nous rappellent des personnages illustres : Guitry, Martin Du Gard, De Gaulle etc…

On est vraiment dans l’époque et il faut reconnaître que l’atmosphère est parfaitement retranscrite, les individus ayant existé s’intercalant à merveille dans la trame du livre.

Le problème, dans ce cas là, c’est souvent de se poser des questions et de savoir ce qui est vrai ou pas. Non pas sur les rencontres, car on sait ce qu’il en est avec les êtres de papier mais plutôt sur ce qui est dit des hommes ou femmes décrits qui ont existé. Est-ce qu’ils faisaient comme ceci ou est-ce pour les besoins de l’intrigue, est-ce que leur caractère était celui-là etc… L’infatigable curieuse que je suis passe donc beaucoup de temps avec son encyclopédie pour vérifier et contrôler ce qu’elle lit. Pas du tout pour juger ce qu’évoque l’auteur mais surtout pour ma gouverne personnelle parce que « j’aime bien savoir »….

Je peux donc confirmer que la vie de Roger Salengro, telle qu’elle est présentée, colle assez bien à la réalité.

Des chapitres courts, parfois trop car les situations sont, de fait, survolées et pas assez creusées composent cet opus. De plus, on passe ainsi, très rapidement, d’un endroit à l’autre, d’un groupe de personnages à un autre. J’ai trouvé qu’au lieu de donner du rythme, cela le « cassait » car il était difficile de se fixer dans un contexte pour se retrouver dans un autre deux ou trois pages après. Cela peut donner l’impression d’une pléthore de premiers et seconds rôles, pas très fouillés sur leur côté psychologique, manquant d’étoffe et de profondeur et en parallèle embrouiller le lecteur qui a besoin d’une trame plus linéaire.

Malgré ce bémol; c’est un livre qui se lit bien car l’écriture est fluide, simple à aborder avec de nombreux dialogues qui apportent de la légèreté.

"La baignoire de Staline" de Renaud S. Lyautey

 

La baignoire de Staline
Auteur : Renaud S. Lyautey
Éditions : Seuil (21 Octobre 2022)
ISBN : 978-2021479423
224 pages

Quatrième de couverture

Tbilissi, capitale de la Géorgie, terre natale de Staline. Un ressortissant français est retrouvé mort dans des conditions suspectes à l’hôtel Marriott. Avant qu'un scandale n'éclate, René Turpin, à l’ambassade, est mandaté pour assister les inspecteurs locaux. L’enquête les mènera sur les traces du dictateur et d'une immense ville balnéaire abandonnée...

Mon avis

Ce roman est le second titre de l’auteur et malheureusement, il n’y en aura pas d’autres car Renaud S. Lyautey est décédé au printemps 2022 d’une maladie foudroyante. Il a été diplomate, et fut ambassadeur en Géorgie (2012-2016), ex-république de l'Union soviétique, lieu où il situe son histoire. C’était un homme cultivé, curieux de tout, respectueux des autres et ouvert.

Ce roman fait la part belle à l’espionnage et à la politique. La Géorgie est indépendante mais toujours sous influence russe et les relations sont tendues car ce territoire est situé en bord de Mer Noire et les russes aimeraient y accéder plus facilement. La couverture représente un timbre soviétique à l'effigie de Kim Philby (1912-1988), un espion double ou triple selon les sources. On se doute bien qu’il va apparaitre dans le récit, même si celui-ci se déroule en 2009.

Dans un hôtel de Tbilissi, le corps d’un jeune doctorant français, Sébastien Rouvre, est découvert. Après une courte enquête, il est établi qu’il y a eu mise en scène pour faire croire à tout autre chose que la vérité : un assassinat. René Turpin, conseiller à l’ambassade de France est mis dans la confidence pour suivre cette affaire avec le consul et un collègue. Il pourra également communiquer avec les policiers chargés des investigations, dont l’inspecteur Nougo Shenguelia, diplômé de Saint-Cyr. C’est entre autres, ces deux-là que nous allons suivre dans leurs rencontres, leurs réflexions, leurs déductions, leurs questionnements ….

Sébastien, en plus des recherches pour sa thèse, donnait des cours particuliers aux enfants de Monsieur Berichvili, un homme qui s’est enrichi d’une manière un peu particulière que je vous laisse découvrir. Bien entendu il ne sait rien… Mais n’aurait-il pas malgré tout un lien avec cet événement morbide ?

Turpin et Shenguelia sympathisent, on pourrait même écrire qu’ils s’épaulent. Ils veulent comprendre pourquoi ce français a été tué, d’autant plus que d’autres faits dramatiques se produisent. Qu’avait-il pu découvrir de dérangeant pour que certains aient voulu le réduire au silence ? Sébastien avait une vie bien remplie et de nombreux contacts…. L’enquête emmène Turpin dans différents endroits du pays où s’était rendu Rouvre. Certains sont totalement abandonnés, est-ce que des ruines peuvent apporter des pistes de compréhension ?

Les indices donnés au fur et à mesure des chapitres nous permettent d’avancer mais rien ne se devine vraiment car il y a plusieurs facteurs qui entrent en jeu. Le mélange espionnage, politique, enquête, et étude d’un pays est particulièrement réussi. On sent que l’auteur aimait la Géorgie, qu’il connaissait bien son passé, ses influences, ses angoisses face aux « voisins » et à l’avenir. Sans doute parce qu’il travaillait dans des ambassades, il avait un sens aigu de l’observation des rapports humains. Il les présente avec doigté, cherchant des explications aux réactions et agissements des uns et des autres. Cela offre un angle de vue différent sur tout ce qui se passe. On s’attache à beaucoup de personnages, on sent la peur de ceux qui sont en galère, la nécessité pour eux de se faire discret, de ne pas trop en dire…

J’ai énormément apprécié cette lecture. D’abord parce que j’ai appris plein de choses (il y a un fond historique intéressant). De plus l’atmosphère est particulièrement bien retranscrite et les descriptions sont fines et détaillées (lorsque l’auteur parle des repas, on s’y croirait). Tout est fluide et captivant, l’écriture vive ne laisse la place à aucun temps mort. C’est plaisant à lire et surtout captivant.

En fin d’ouvrage, un magnifique hommage des parents de Renaud à leur fils.

"L'oreille de Kiev" d'Andreï Kourkov (Samson i Nadejda)

 

L’oreille de Kiev (Samson i Nadejda)
Auteur : Andreï Kourkov
Traduit du russe par Paul Lequesne
Éditions : Liana Levi (20 Octobre 2022)
ISBN : 979-1034906840
322 pages

Quatrième de couverture

Kiev, 1919: c’est la cacophonie révolutionnaire. Des armes à foison, de l’ordre nulle part, des bandits et des voleurs cent fois plus nombreux. La ville est tombée aux mains des bolcheviks en février et le nouveau pouvoir s’y met en place tant bien que mal alors que la guerre civile fait rage dans la région, en proie à des combats opposant blancs et rouges, anarchistes et nationalistes... Samson, jeune étudiant, se retrouve du jour au lendemain à devoir se débrouiller seul, après avoir perdu son père et son oreille droite sous le sabre d’un cosaque. Dès lors tout se précipite.

Mon avis

Andreï Kourkov est un auteur ukrainien, né en Russie. Ses romans ne sont plus publiés en Russie depuis 2008 parce que ses articles sur la politique dérangent…

Son dernier livre « L’oreille de Kiev » dont le titre, en russe, signifie « L’espoir » est le premier d’une trilogie sur les événements de 1919 à Kiev, pendant la guerre civile après la révolution d’octobre 1917. Une lectrice lui a offert des boîtes contenant des archives de la Tchéka, la police politique des bolcheviques. C’est ce qui l’a inspiré. Mais depuis les récents évènements (2022) il n’arrive plus à écrire …

Nous sommes à Kiev, en 1919, la guerre civile n’est pas finie. Les bolchéviques ont pris le pouvoir mais il y a encore des combats. Samson Koletchko est étudiant, il vit avec son père. Sa mère et sa sœur sont décédées. Un jour, alors qu’ils sont tous les deux dans la rue, son paternel est assassiné. Lui se retrouve avec une oreille tranchée. Sa vie est alors bouleversée. Il ne sait pas vivre seul, il n’a pas de revenus, il est maladroit dans ses relations aux autres, pas toujours à l’aise. Des soldats réquisitionnent son appartement, la concierge entreprend de lui donner des conseils, de le caser…. Il ignore comment se comporter face à toutes ces personnes qui se mettent à « régenter » son quotidien. Il réalise, grâce à un subterfuge que je ne dévoilerai pas, que les militaires installés chez lui, ne sont pas fiables. Il enquête discrètement car il n’a pas envie de se faire avoir. De fil en aiguille il va se retrouver à travailler pour la milice.

À travers un récit plein de dérision et d’humour, l’auteur parle de sujets graves comme le fait que certaines personnes soient pratiquement obligées de collaborer qu’elles le veuillent ou non, pour ne pas se mettre en danger. Samson essaie de surnager dans cette ville où personne n’est vraiment ce qu’on imagine. Les camps « voleurs » et « volés » ne sont pas clairs, le rôle de chacun non plus. Jusqu’où vont les hommes et les femmes pour sauver leur peau, avoir de quoi manger ou se chauffer ? Peut-on les blâmer ? Et Samson, comment peut-il démêler le vrai du faux, à qui peut-il faire confiance ?

Si Samson peut sembler un peu attentiste et mou au début, il se révèle beaucoup plus futé que ce qu’il laisse paraître. Il utilise à bon escient son arme secrète (et cette originalité est tout simplement jubilatoire) pour cerner les personnalités de ceux qu’il côtoie. Son évolution est réellement intéressante et judicieusement amenée. Un autre aspect du récit mérite le détour, c’est la façon dont chacun appréhende les situations suivant ce qu’il pense des gouvernants, de la police etc. Les différents protagonistes sont vraiment étoffés avec des caractères bien définis pour la plupart.

L’écriture d’Andreï Kourkov est un régal (merci au traducteur). J’ai eu beaucoup de plaisir à cette lecture. Les descriptions sont fines, les dialogues savoureux, on ressent à la perfection l’atmosphère de suspicion omniprésente et la peur de la trahison à chaque instant.

Ce premier opus est captivant, construite avec intelligence et doigté. J’ai été « dedans » du début à la fin et j’ai hâte de découvrir la suite.

"Changer d'ère" de Alep et William Augel

 

Changer d’ère
Auteurs : Dessin : Alep / Scénario : William Augel
Éditions : Jarjille (15 Avril 2022)
ISBN : 9782918658986
32 pages

Présentation de l’éditeur

Peut-on parler d'écologie, de perte de biodiversité, de réchauffement climatique, sans jeter un froid dans toute bonne assemblée ? Changer d'ère, fait en collaboration avec la ligue de protection des oiseaux prouve que oui ! On peut se poser des questions, s'informer, sans plonger pour autant dans le désespoir le plus sombre.

Mon avis

Les deux auteurs de cette bande dessinée ont choisi d’éveiller les consciences par l’humour tout en faisant passer des messages forts. C’est une excellente idée car ça ne plombe pas la lecture mais chaque scénette d’une page ou d’une demi-page, agit comme piqure de rappel sur des causes importantes qu’il ne faut surtout pas oublier. Les textes sont assez courts mais percutants, les dessins sont amusants, avec des têtes humaines ou animales très expressives. Les situations présentées mettent le sourire aux lèvres.

Qu’il s’agisse d’espèces menacées, de gestes écocitoyens, d’actions possibles, tout est présenté par le prisme de dialogues savoureux entre humains ou entre animaux. On a malheureusement tendance à penser que, à quoi bon essayer, puisque, à petite échelle, on n’arrivera à rien. C’est un raccourci un peu facile et trop souvent mis en avant. Que chacun se bouge un peu, beaucoup ou passionnément et c’est mieux que si rien ne se passait.

Avec leur bande dessinée aux textes et dessins drôles mais réalistes, Alep et Augel peuvent toucher pas mal de personnes. Jeunes et moins jeunes auront plaisir à lire cette BD tout en se disant « Mince, c’est vrai qu’ils ont raison. » Peut-être que cela incitera quelques-uns, voire plus, à se remuer et à agir, et surtout à transmettre un message d’espoir sur l’avenir de la nature, la biodiversité, la préservation des espèces menacées, le réchauffement climatique …

À offrir ou à s’offrir, « Changer d’ère » envoie un message fort, sur des causes d’actualité, dans la bonne humeur et ça fait du bien !



"Sa préférée" de Sarah Jollien-Fardel

 

Sa préférée
Auteur : Sarah Jollien-Fardel
Éditions : Sabine Wespieser (25 Août 2022)
ISBN : 978-2848054568
212 pages

Quatrième de couverture

Dans ce village haut perché des montagnes valaisannes, tout se sait, et personne ne dit rien. Jeanne, la narratrice, apprend tôt à esquiver la brutalité perverse de son père. Si sa mère et sa soeur se résignent aux coups et à la déferlante des mots orduriers, elle lui tient tête.

Mon avis

Prix du roman FNAC 2022, un texte coup de poing.

Si j’avais agi. Si seulement ….

Combien de personnes sont hantées par ces petites phrases commençant par « si…. »
Jeanne est jeune lorsqu’on fait sa connaissance. Avec des phrases courtes, hachées, emplies de colère, elle explique son quotidien où la violence de son père la détruit. Sa mère, soumise, ne fait pas grand-chose… Le lecteur, impuissant, se sent mal à l’aise et espère que les choses vont aller mieux au fil du temps quand la petite fille prendra son indépendance.

Mais comment s’en sortir lorsqu’on traîne un passé lourd, chargé, où la rancœur et la rage restent omniprésentes ? Jeanne, en grandissant, reste cynique, désabusée, bizarre. Elle choisit de ne pas se confier, de ne pas trop en dire, de ne pas s’investir…

« Je détricotais mon passé jusqu’à le rendre supportable. »

C’est une lecture qui ne laisse pas indifférent. Le rythme d’urgence, comme si les mots se bousculaient, nous prend à la gorge, aux tripes. C’est seulement dans les dernières pages que le flot se calme, peut-être parce que les explications, les découvertes qu’a fait Jeanne, l’ont aidée à comprendre son histoire. Pas forcément à l’accepter, mais à la comprendre. Parfois, elle répète des mots, pour mieux s’en imprégner, pour insister sur la marque qu’ils impriment en elle. Entourée de taiseux dans ce canton suisse où tout se sait mais rien ne se dit, elle souffre en silence, ne se sent ni aimée, ni aimable, ni soutenue encore moins accompagnée dans sa douleur…. On peut se demander si les mêmes faits, ailleurs, auraient été tenus secret de la même façon. Dans ce coin de montagne, les habitants sont particulièrement adeptes du « chacun ses problèmes ».

Portrait d’une femme blessée, ce roman noir est fort, puissant, bouleversant. L’auteur y a mis beaucoup d’elle, non pas pour une autobiographie mais pour offrir aux femmes son cri de colère.

Elle dit d’ailleurs dans les entretiens avec les journalistes : « Je suis née en colère. Je ne peux pas faire autrement. »

Situé dans les années 70, ce récit ne reprend pas des événements réels mais il parle de tous ceux qu’on a trop souvent mis sous le tapis parce qu’il faut faire comme si…

Ah que ses « si » font du mal et sont dangereux !

C’est difficile après une lecture comme celle-ci de dire qu’on a beaucoup aimé. Certains pourraient imaginer qu’on se fait plaisir à lire des choses violentes.

Et pourtant, laissant une trace indélébile, ce titre sera un coup de poing, coup de gu… mais surtout un coup de cœur.


"À l'aube des origines : La légende d'Argassi V : Première partie" de Martine S. Dobral

 

À l'aube des origines : La légende d'Argassi V Première partie
Auteur : Martine S. Dobral
Éditions : Le Lys Bleu (14 Juillet 2022)
ISBN : 979-1037765901
308 pages

Quatrième de couverture

Il était une fois un monde peuplé de dragons, il était une fois un être venu d'ailleurs, il était une fois une prophétie... Bienvenue à l'aube des origines, bienvenue au croisement des mondes, bienvenue dans la Légende...

Mon avis

Début ? Fin ? Explications ou conclusions ? Peu importe. La légende d’Argassi reste une porte ouverte sur l’évasion vers d’autres cieux. Et l’essentiel est que Martine S. Dobral continue de nous enchanter, nous faire rêver, nous transporter. Dans cette première partie, on retrouve Laura, une jeune femme, musicienne de talent, concertiste. Nous sommes dans le monde contemporain. Et puis, soudain, tout bascule. Elle se retrouve dans un univers parallèle où elle découvre des personnages inconnus et des créatures originales. Son esprit et son corps doivent s’adapter car elle ne sait pas à quel moment elle pourra revenir dans son quotidien. Il y a quelques liens (très bien pensés) entre ce qu’elle a déjà vécu « sur terre » et ce qui s’offre à ses yeux.

Dans le lieu où elle arrive, Laura comprend rapidement qu’elle n’est pas là par hasard, qu’elle a une mission précise à accomplir et que tous les habitants qu’elle rencontre comptent sur elle. Mais sera-t-elle à la hauteur de leurs attentes ? Elle ne connaît rien de leurs conflits avec d’autres peuples, de leurs méthodes pour se défendre, des animaux qu’elle croise, de ce qu’ils mangent et de comment ils vivent. Malgré tout ce qu’elle ignore, elle se sent accueillie, comprise par certains et elle est prête à lutter avec eux.

Sur un rythme vif, avec une écriture faisant la part belle aux scènes d’action, l’auteur déroule son histoire. Le lecteur pénètre dans des lieux si bien décrits qu’ils croient en voir l’image sous ses yeux captivés. Les descriptions sont tellement précises et détaillées qu’on se demande comment fait l’auteur pour ne pas se perdre. A-t-elle une maquette, des dessins, des images sous les yeux ? Tout cela ferait un beau film !

Il y a, en fin d’ouvrage, un glossaire pour le vocabulaire qui est nouveau et adapté aux endroits présentés.

C’est un livre où on ne s’ennuie pas ! Il y a des rebondissements, on voit évoluer les liens entre les protagonistes et on se demande bien comment tout cela va finir (moi, j’ai ma petite idée).

Une lecture plaisante mais il me faut maintenant lire la partie deux pour tout savoir !


"Veuf cherche femme immortelle" de Jean-Louis Fournier

 

Veuf cherche femme immortelle
Auteur : Jean-Louis Fournier
Éditions : Jean-Claude Lattès (5 Octobre 2022)
ISBN : 978-2709669962
240 pages

Quatrième de couverture

Parce qu’il se sent seul, qu’il ne veut pas être veuf une seconde fois, Jean-Louis Fournier publie une petite annonce : Veuf cherche femme immortelle. Des lettres lui parviennent, de parfaites inconnues et de femmes célèbres : La Joconde, Néfertiti, Sissi, Emma Bovary, Carmen, Jeanne d’Arc, la Goulue, la Vierge Marie, Chimène, la Castafiore... Difficile de choisir, il a besoin des conseils de Sylvie qui lui répond de l’au-delà. Ses avis sont toujours pleins de bon sens et d’humour.

Mon avis

Jean-Louis Fournier a beaucoup aimé Sylvie, sa seconde partenaire. Elle est morte avant lui, presque une faute de mauvais goût, ironise-t-il. Dans ce nouveau livre, il imagine les réponses à une petite annonce « Veuf cherche femme immortelle » car il ne veut pas souffrir une fois encore de la perte d’un être cher.

Les réponses sont nombreuses, des femmes ayant existé, d’autres imaginaires, d’autres représentées par un tableau, une statue. Leurs lettres sont assez courtes, amusantes.

« Je n’ai pas de bras mais j’ai beaucoup de cœur » Vénus de Milo

Parfois, il y a « L’avis de Sylvie », elle commente et elle interpelle son mari, c’est très drôle.

« Toi non plus tu ne pourras pas la prendre dans tes bras. Malgré tes biscotos t’es pas assez costaud. Elle pèse 900 kilos. »

De temps à autre une missive déclenche quelques pages de réflexion, de souvenirs chez l’auteur. On apprend à mieux le connaître, à comprendre la relation unique, forte, qu’il avait avec son épouse.

Avec un sujet triste (la mort de celle qu’il aime), il a écrit un livre pétillant de bonne humeur, de joie, d’humour, de dérision.

« Peut-être parce qu’elle avait peur de vieillir et se savait mortelle, Sylvie ne supportait pas qu’on lui souhaite son anniversaire. » Comme je me suis reconnue dans cette phrase !

J’ai trouvé cette lecture très plaisante. Jean-Louis Fournier parle une fois encore de son couple, de sa vie de veuf, il rend hommage à sa compagne car finalement, il ne donne suite à aucune des rencontres proposées par les personnes qui lui ont répondu ;- ) Il a sans doute réalisé qu’à défaut d’être immortelle, Sylvie était irremplaçable !


"666, quai de la Scarpe" de Michel Meurdesoif

 

666, quai de la Scarpe
Auteur : Michel Meurdesoif
Éditions : Engelaere (20 Mars 2013)
ISBN : 978-2917621189
84 pages 

Quatrième de couverture

Diable ! Quel est ce corps qui frappe aux portes de l'écluse du Petit-Bail ? Pourquoi ces étranges disparitions ? Raoul sait-il des choses que les autres ignorent ? Et d'abord, d'où vient-il ? Une tranche de vie au sein d'un des plus vieux quartiers de Douai, faite de brouillard et de mystère. Les quais de la Scarpe font se rencontrer l'histoire, le romanesque et le merveilleux !

Mon avis

Il y a des livres qui traînent en longueur et d’autres dont on voudrait dire « Il peut pas être un petit peu plus long, s’il te plaît, Monsieur l’auteur ? »

666, quai de la Scarpe, fait partie de la seconde catégorie, oscillant avec subtilité entre réel et imaginaire tout en restant les pieds sur terre. Une écriture vive, alerte, des personnages qui semblent, tout comme la situation, tout à fait lisse, puis…

Marc, Catherine et un narrateur prennent la parole à tour de rôle.

Marc est écrivain et de temps à autre, il prend ses désirs pour des réalités, pas vraiment ses désirs d’ailleurs, disons, que les personnages fictifs, bien que munis d’un autre patronyme, se mélangent allègrement avec les individus qu’il côtoie….

Marc vient d’écrire un roman historique, promis, semble-t-il, à ce qu’on appelle « un beau succès d’estime ».

Sa femme l’encombre un peu, il la trouve pénible et les disputes se multiplient donc de là à passer à l’acte, il n’y a qu’un pas…

Qu’il franchit…. Sauf que…

Il a un trou de mémoire, un trou dans son emploi du temps…

L’a-t-il tuée ?

Il ne sait pas, il ne sait plus…

Est-ce lui qui manœuvre les policiers tenaces qui l’interrogent en se tenant à la même version des faits ?

Est-ce sa femme qui agit dans l’ombre ?

A-t-il l’esprit dérangé, perturbé par ses héros qui prennent de plus en plus de place ?

Le lecteur est-il manipulé par l’auteur « off » (Michel Meurdesoif) ou l’auteur « in » (Marc) ?

Ah ah ah…. A vous de voir !!!!!!


"Le roman du parfum" de Pascal Marmet

 

Le Roman du parfum
Auteur: Pascal Marmet
Éditions du Rocher/ Vladimir Fédorovski (7 Décembre 2012)
Collection: Le roman des lieux et destins magiques
ISBN: 978-2268074757
266 pages

Quatrième de couverture

A six mille pieds au-dessus des nuages, entre Paris et Los Angeles, l'acteur Tony Curtis souffle ses derniers printemps tandis qu'une jeune inconnue au " nez absolu " amorce une carrière dans le parfum. Une discussion s'engage, leur amitié s'ébauche. Tony Curtis devient l'atomiseur qui répand les senteurs et se mue en joyeux répétiteur du cours d'histoire que Sabrina doit apprendre sur le bout du nez.
De l'Egypte antique aux créateurs parfumeurs du XXIe siècle, vous saurez tout sur le parfum : ses écoles, ses nez, ses secrets de fabrication, ses mensonges, son marketing, son immense pouvoir sur nos sociétés, et sa poésie. Mais tout commence sous l'auvent d'un libraire de Grasse. L'auteur rencontre une jeune femme au nez peu ordinaire. Sous une pluie battante, elle lui confie son histoire. Un roman à la frontière du reportage, un livre document capiteux et captivant, instructif et troublant.

Mon avis

On dit qu’il nous habille, qu’on ne le choisit pas au hasard, qu’on le porte bien ou pas, qu’il fait partie de nous, qu’il est adapté à notre personnalité, un peu comme un bijou qui nous représente…

Qu’il soit un numéro ou un nom travaillé et recherché, on l’associe à une publicité, à une personne, et on le voudrait unique, fait pour nous… C’est un produit de luxe (regardez le prix au litre !) et pourtant, on peut très difficilement s’en passer car c’est le « plus » qui nous caractérise, nous représente, laissant un sillage odorant (trop parfois ?) après notre passage dans une pièce….

Le parfum… C’est son histoire que va nous conter de façon originale, Pascal Marmet.

Il s’est inspiré de sa rencontre avec Tony Curtis pour donner un fil conducteur à son roman.

La construction de ce livre est assez inédite, avec le cheminement de deux parcours parallèles: celui de l’acteur Tony Curtis et celui d’une jeune femme présente près de lui sur le vol Paris-Los Angeles.

Sabrina est «nez»; elle peut analyser, percevoir des senteurs qui ne feront qu’effleurer nos narines sans que les effluves arrivent à notre cerveau. Elle se retrouve assise, par hasard, à côté de Tony Curtis dans un avion. Ils vont se parler, se raconter … à travers leur dialogue, elle expliquera le parfum, son origine; lui en échange fera part de quelques uns de ses souvenirs, les autres remontant en voix off dans son esprit.

Le contenu est intéressant, il y a un réel travail de recherche sur les provenances du parfum en commençant par l’Egypte ancienne jusqu’à maintenant et en passant par le Moyen-âge. La vie de Tony Curtis, parti de rien pour devenir une des figures d’Hollywood aussi. On apprend à le connaître sans lire une biographie centrée sur lui.

Les sources sont fiables et la lecture aisée.

On peut, éventuellement, regretter deux choses:

- Parfois les réponses aux interrogations « parfumées » sont un peu « scolaires » mais je reconnais qu’il est difficile de faire autrement lorsqu’on apporte un savoir. Ici, la technique de l’échange verbal évite de longues et fastidieuses dissertations sur le sujet.

- L’histoire de Sabrina est « légère » et aurait pu être un peu plus étoffée mais cela est sans doute un choix de l’auteur pour rester « centré » sur le parfum.

Au-delà de la compréhension sur la raison d’être du parfum et un bon aperçu de la vie de Tony Curtis, ce livre nous rappelle que la chance sourit aux optimistes, aux audacieux (de façon intelligente). Il faut savoir saisir les occasions qui se présentent à nous, les opportunités et sourire à la vie, se motiver, se donner les moyens d’avancer sans toujours se dire que c’est trop difficile, qu’on n’y arrivera pas, que ce n’est pas fait pour nous….


"La perspective du primate: Journal dont vous êtes peut-être l’héroïne" de Jean-Fabien

 

La perspective du primate
Journal dont vous êtes peut-être l’héroïne
Auteur : Jean-Fabien
Éditions : Paul& Mike (13 Décembre 2013)
ISBN : 978-2366510324

Quatrième de couverture

La grande richesse porte en elle une complexité qui laisse peu de chances à l'hésitation ou à l'indécision. De nombreuses sollicitations imposent le choix et le renoncement comme seul échappatoire : garder son argent sous son matelas ou le confier à un banquier véreux, l'investir dans les affaires ou alors s'offrir des danseuses ukrainiennes, faire ses courses chez Shopy ou flamber à la Tour d'argent.

Jean-Fabien, cadre supérieur dans une grande entreprise, médite sur sa condition d'homme et rencontre des femmes de tous horizons (l'horizontalité étant un de ses objectifs secondaires] avec le doute et la nécessité du choix qui le rapprochent du nanti : doit-il en choisir une ou diversifier son portefeuille ? Parier sur la jeunesse d'une courbe ou sur des valeurs sûres (avec l'amortissement associé) ? En fait, Jean-Fabien a de grandes théories sur tout et rien, il décide donc de les mettre en application à travers ce journal que vous tenez entre les mains et dont vous êtes peut-être l'héroïne (il a conscience, en effet, que son salut passe par la femme). En ce qui concerne le héros, il ne peut y en avoir qu'un.

Mon avis

Soyez rassurés, si besoin est, mes zygomatiques vont bien! Ouf!

Jean-Fabien nous raconte dans un roman sous forme de journal ses déboires avec la gente féminine.

Il boit beaucoup (je n'ai pas compté le nombre de fois où il annonce qu'il est "bourré" mais c'est assez régulier) il drague très souvent et plus souvent assez maladroitement, il cause ... et il écrit....

Toute ressemblance avec le vrai Jean-Fabien serait-elle fortuite? Je ne sais pas mais à la fin de l'ouvrage, il fournit son @dresse mail donc je peux toujours lui demander ;-) ou lire ça et là ce qu'on dit de lui....

Peu importe, voilà un livre qui se décline en journées décortiquées par l'auteur, à travers son vécu sur son lieu de travail, ses rencontres, ses voyages professionnels ou d'agrément.

C'est écrit avec un style enlevé, dans le but de faire rire le lecteur, tant les situations sont expliquées avec ironie et dérision.

Inutile de dire que, bien que cette fille suinte légèrement la solitude et le malheur par tous les pores, réussir à discuter photos avec elle reste tout de même une sorte d'exploit, étant donné que je me sens aussi crédible dans ce rôle que le pape en commercial de chez Durex. 

Au début de cet opus, de temps à autre, après une "séance de drague", la fille s'exprime, dans le chapitre suivant, apportant un autre regard sur une même rencontre... Là, c'est purement jubilatoire, tant on s'aperçoit que le pauvre Jean-Fabien n'a,  malheureusement pas pour lui, pas encore "décodé" les attitudes des femmes....

Il n'est pas facile de faire rire et si j'ai souri parfois, j'ai également trouvé à certains moments que c'était trop "lourd" et que ça ne m'amusait pas vraiment.

Je reconnais à Jean-Fabien que son livre, lu à petites doses, au milieu de lectures plus consistantes m'a détendue et c'est déjà ça. Mais il m'a aussi agacée quelques fois....

"Indignez-vous" de Stéphane Hessel

 

Indignez-vous!
Auteur: Stéphane Hessel
Éditions: Indigène (21 Octobre 2010)
ISBN:978 2911939761
40 pages

Quatrième de couverture

Pour Stéphane Hessel, le « motif de base de la Résistance, c'était l'indignation. » Certes, les raisons de s'indigner dans le monde complexe d'aujourd'hui peuvent paraître moins nettes qu'au temps du nazisme. Mais « cherchez et vous trouverez » : l'écart grandissant entre les très riches et les très pauvres, l'état de la planète, le traitement fait aux sans-papiers, aux immigrés, aux Roms, la course au « toujours plus », à la compétition, la dictature des marchés financiers, jusqu'aux acquis bradés de la Résistance -...

Mon avis

Vous qui lisez beaucoup… » m’a dit la personne qui m’a mis cet opuscule entre les mains …

Un titre énorme comme un ordre, un conseil, une supplique …

« Indignez-vous ! » …. N’aurais je pas préféré « Indignons-nous ! » …

En très petit le nom de l’auteur et en haut à droite entourant des cercles concentriques, ces quelques mots «Ceux qui marchent contre le vent », nom de la nouvelle collection, emprunté aux Omahas, peuple indien des plaines d’Amérique du Nord ...

Une fois ouvert, une œuvre de Paul Klee dans laquelle le philosophe allemand, Walter Benjamin, voyait un ange repoussant « cette tempête que nous appelons le progrès. »

En quelques pages, Stéphane Hessel, plus proche de la fin de sa vie que de son commencement, nous « fait une piqûre de rappel ».

La démocratie, la France libre, les droits de l’homme … rien n’a été acquis avec facilité, sans lutter …

Ne nous laissons pas endormir par la facilité, bougeons si nous pensons que ce que nous voyons, entendons, vivons, ne correspond pas, plus, « à l’ensemble de principes et de valeurs sur lesquels repose(rait) la démocratie moderne de notre pays (page 9). »

On peut reprocher au propos de Monsieur Hessel d’être trop court, pas assez approfondi, pas assez fouillé, de ne rien nous apprendre …

Il faudrait peut-être se poser la question du but de cet ouvrage. Si Monsieur Hessel voulait toucher un large public, faire « bouger » le plus de gens possibles, il lui fallait rester accessible, ce qu’il a fait …

Le passage sur la Palestine et la bande de Gaza est, en ce sens, adapté à un large public.

Et puis, et puis, s’il vous fait réagir dans un sens ou un autre …. il fait parler de son livre ….

En conclusion, je trouve courageux, à 93 ans, de prendre la plume pour faire passer un message, nous rappeler ce qu’on a reçu en héritage et à quel prix …, nous redire aussi d’ouvrir les yeux et de regarder au-delà de nos frontières


"Les amants du Mont-Blanc" de Christophe Ferré

 

Les amants du Mont-Blanc
Auteur : Christophe Ferré
Éditions : L’Archipel (13 Octobre 2022)
ISBN : 978-2809844160
385 pages

Quatrième de couverture

Au pied du Mont-Blanc, à la veille d'un confinement pour cause de pandémie, deux couples qui ne se connaissaient pas sont abattus. Qui était visé ? Et pourquoi ? Un massacre en forme d'énigme... Trois ans plus tard, Léa, journaliste spécialiste de cold cases, se rend à Chamonix pour élucider l'affaire.

Mon avis

Léa est une jeune femme journaliste qui écrit des livres sur des cold case, des affaires non résolues. Cette fois-ci, elle a décidé de mener l’enquête dans la région de Chamonix, vers le Mont-Blanc où trois ans auparavant, deux couples ont été assassinés sur un parking.

Inspiré par l’histoire de la tuerie de Chevaline, l’auteur a librement revisité les faits, les théories et hypothèses pour construire son roman. Christophe Ferré aimé faire voyager ses lecteurs dans différents coins de France. Après la Bretagne, nous voici en montagne et d’après les descriptions, on sent que l’auteur a dû s’y promener.

Léa part s’installer dans un hôtel avec un ami photographe. Son compagnon ne l’a pas suivie, leur relation bat de l’aile depuis le confinement, comme si trop de temps passé ensemble et trop de proximité les avaient usés. Nous sommes trois ans après ce passage terrible où tout le monde est resté entre ses quatre murs. La vie a repris tout doucement, et dans le livre les allusions sont nombreuses, le tourisme redémarre, les activités également mais pour les commerçants c’est encore difficile.

Contrairement aux policiers, Léa n’a pas de plan pour ses investigations, elle compte sur son intuition, ses déductions, ses observations et sur sa bonne tête sympathique pour attirer quelques confidences. C’est d’ailleurs le cas, mais souvent les gens lui parlent parce qu’elle insiste, elle ne lâche rien, lançant des pistes pour faire croire qu’elle est au courant, afin d’obtenir des informations supplémentaires. Une chose est sûre, lorsqu’elle parle de son livre, personne ne veut être cité. On dirait que tous les gens du coin n’ont qu’une envie : ne rien dire, se faire oublier et qu’on n’évoque plus de ces morts pour éviter « une mauvais publicité ».

Entre les fakes news, les rumeurs, les non-dits, les gens qui savent mais ne veulent rien dire, ceux qui inventent, ceux qui imaginent que …. Léa a beaucoup de travail pour cerner la vérité et faire le tri. C’est sans doute le plus délicat pour elle, vérifier la fiabilité de chaque petit détail découvert ou reçu.

Les chapitres sont courts, les dialogues nombreux et tout cela donne du rythme au récit. Les personnages sont troubles, on ne sait pas à qui se fier. J’ai trouvé Léa parfois un peu trop sûre d’elle. J’avais envie de lui dire de moins se précipiter, de réfléchir, de ne pas faire confiance trop vite, la faute à sa jeunesse ? Le texte est écrit à la troisième personne mais il est accompagné de quelques pages du journal intime de Léa. Il est peut-être dommage que cet aspect n’ait pas été plus développé avec les ressentis de la journaliste. Les lieux sont importants et j’avais presque la « photo » de ce qui était présenté sous les yeux. Non pas que les scènes soient trop détaillées au détriment des investigations mais l’auteur sait, en quelques mots, nous situer et nous transmettre les éléments nécessaires pour imaginer sans problème où se déroulent les événements.

L’écriture est plaisante, fluide. Il y a du suspense et si certaines situations sont moins crédibles, ce n’est pas gênant. J’ai aimé que certains protagonistes soient ambivalents et que Léa s’interroge sur les motivations du tueur. Au-delà de l’enquête, l’auteur a mené une réflexion sur l’impact du virus sur la vie de tous et cela apporte un plus dans son roman.


"Nocturne pour le commissaire Ricciardi" de Maurizio de Giovanni (Notturno per il commissario Ricciardi)

 

Nocturne pour le commissaire Ricciardi (Notturno per il commissario Ricciardi)
Auteur : Maurizio De Giovanni
Traduit de l’italien par Odile Rousseau
Éditions : Rivages (5 octobre 2022)
ISBN : 978-2743657857
386 pages

Quatrième de couverture

Quinze années se sont écoulées depuis que Vinnie Sannino a émigré en Amérique. Là-bas, il a réussi et est devenu champion du monde de boxe. Son dernier adversaire est mort par sa faute. Il est rentré chez lui pour retrouver un amour jamais oublié, Cettina. Elle est maintenant femme et épouse. Veuve aussi, parce que son mari est retrouvé mort. Pour le commissaire Ricciardi commence une longue semaine sous la pluie napolitaine.

Mon avis

Nous sommes dans les années trente, Viennie, un jeune amoureux décide de quitter l’Italie pour aller en Amérique. Son but ? Réussir à gagner de l’argent pour revenir et épouser celle qu’il aime (Cettina) la tête haute. Elle lui dit qu’elle ne sait pas si elle pourra l’attendre. Il s’éloigne quand même. Quinze ans après le voilà de retour.

« Mais, quand je suis rentré, elle aurait dû comprendre que je n’étais pas parti. Que je m’étais seulement éloigné. »

Pendant tout ce temps, il n’a eu qu’un seul but, qu’une seule idée : les retrouvailles avec celle qu’il n’a cessé d’aimer. Il est devenu champion de boxe et il est riche. Lorsqu’il débarque, il apprend qu’elle est mariée (elle a épousé un homme prospère pour sauver le magasin de son père) et qu’il n’y a plus d’espoir….

Peu après, le mari de Cettina est retrouvé assassiné. Il a reçu un coup à la tempe qui est la « marque de fabrique » de Viennie. Viennie qui, malgré les demandes répétées du Duce, refuse de continuer son sport. Il est évident pour tout le monde qu’il est coupable, d’autant plus qu’il a menacé l’époux de son ex-fiancée devant de nombreux témoins.

Le commissaire Ricciardi et son fidèle adjoint, Maione, vont mener l’enquête. Ils n’aiment pas les choses trop évidentes, alors ils vont creuser. Leur souhait : comprendre le motif précis et remonter ce fil pour dénouer l’affaire.

C’est le deuxième livre que je lis de cet auteur, avec certains personnages récurrents mais des histoires totalement indépendantes. La construction ressemble à un puzzle, des éléments du passé, du présent, des interludes en italiques Il n’y a pas de repère temporel en tête de chapitre et pourtant, on ne se perd jamais. Une poésie se dégage des lignes, une atmosphère feutrée, intime, palpable. Ricciardi essaie de s’infiltrer dans la tête de celui qui a agi, de raisonner comme lui, il veut connaître les motivations d’un tel acte. Ce policier est tourmenté, amoureux n’osant pas se déclarer, hanté par son passé qu’il porte comme une malédiction. Pour lui, la douleur est forte et son sixième sens, s’il l’aide, le paralyse parfois également. Sa maladresse, dans ses relations aux autres, est touchante même si elle peut être « handicapante ».

Le mari de Cettina avait un commerce de tissus et allait réaliser un achat très avantageux lorsqu’il a été tué. Comme l’argent de la transaction n’a pas disparu, le boxeur est forcément fautif. En plus, il ne se souvient de rien car il avait bu … À moins qu’un concurrent mal intentionné et jaloux ait agi ? Les enquêteurs ont du travail. Ils mènent leurs investigations dans une ville pluvieuse, Naples au début du fascisme, parfois mal éclairée. Ils dérangent car pour tous, il n’y a pas à se poser de questions ….

J’ai apprécié qu’une chanson serve de fil conducteur. L’écriture (merci à la traductrice) est belle, emplie de sensibilité, de délicatesse. Maurizio De Giovanni décrit à merveille les ressentis des hommes et des femmes, sans pour autant nous abreuver de phrases lourdes. La sensibilité est présente et représente une grande force du style de l’auteur. Les personnages ont de vraies personnalités. Les déductions des deux détectives sont intéressantes, ils recoupent des faits, observent, réfléchissent, ne se précipitent jamais.

Une lecture toute en nuances et très agréable.

"Le testament des abeilles" de Natacha Calestrémé

 

Le testament des abeilles
Auteur : Natacha Calestrémé
Éditions ‏ : ‎ Albin Michel (2 Novembre 2011)
ISBN : 978-2226238283
352 pages

Quatrième de couverture

Une première affaire criminelle, une deuxième, puis une troisième... Pas de trace ADN ni de mobile. Quant à l'arme du crime, mystère. Plus étrange encore, ces décès inexpliqués ont été annoncés par le testament prophétique d'un guérisseur.

Mon avis

Umberto Eco a utilisé le pendule de Foucault, Dan Brown, la Cène, Natacha Calestrémé, elle, se sert de Terminator … Quoi ? Un film de science-fiction dans un roman policier ?

Non, Terminator, l’autre ….

Les technologies, surnommées « terminator », sont des technologies utilisées pour restreindre la réutilisation de plantes génétiquement modifiées, en rendant les graines de seconde génération stériles.

À partir de cette donnée scientifique, elle va construire une intrigue haletante oscillant entre enquête policière et plaidoyer pour la planète, assortis de quelques excellentes réflexions sur le rapport de l’homme à la nature.

Bien documentée, elle sait nous intriguer et nous attirer dans la toile de son histoire, nous poussant tour à tour à nous intéresser aux personnages, aux abeilles, aux plantes, à la nature, aux prophéties, à l’Homme … obligeant les curieuses, comme moi à aller plus loin pour essayer de se renseigner à leur tour, pour voir si, finalement, ce qui est évoqué ne contient pas une part de vérité, même toute petite ….

Le récit est varié, alternant les passages où le personnage principal (un enquêteur : Clivel) s’exprime en s’adressant de temps à autre aux lecteurs (« à vous, je peux le dire … ») avec ceux, plus rares qui sont en mode narratif à la troisième personne. Les apports scientifiques sont très astucieusement intégrés à l’intrigue sans que jamais cela ne passe pour une démonstration ou un savoir que l’on veut absolument glisser dans le texte.

La personnalité des protagonistes est fouillée, recherchée. Les indices permettant de mieux les appréhender, distillés petit à petit. L’auteur ne s’appesantit pas sur tel ou tel trait de caractère mais fournit une étude de chacun approfondie, assez complète et intéressante nous permettant de comprendre non seulement le comportement des personnages mais aussi leur évolution dans la vie.

L’écriture est de qualité, d’autant plus travaillée que, dans le roman, c’est un homme qui s’exprime et que l’intrigue est écrite par une femme. Natacha Calestrémé a su faire face à cette difficulté avec brio et s’est parfaitement glissée dans la peau de Clivel.

Les phrases sont bien construites, certaines, très courtes, soient dépourvues de verbes, le plus souvent pour insister sur une vérité biologique.

« Chacune des branches avait son propre génome. Un être pluriel. »

Les descriptions sont très visuelles et bien menées, nous permettant d’imaginer sans peine les scènes évoquées.

Le vocabulaire plus scientifique ne fait jamais dans l’étalage et de ce fait le propos reste captivant sans lasser.

Un des personnages principaux de ce livre est donc Clivel. Un policier très humain, pas du tout irréprochable (chez certains, c’est l’appel de la chair …. chez lui, c’est celui du grain de peau …), tenace, prêt à tricher un peu pour obtenir de quoi avancer dans ses recherches (en prenant des risques), n’ayant, malheureusement pas réglé ses comptes avec un passé qui lui semble lourd à porter, ne sachant pas toujours ce qu’il veut vraiment. Un homme qui se cherche, qui cherche … Un homme attachant, tant il pourrait être un de nos familiers …

Il y a aussi cet homme de l’ombre qui apparaît peu, communiquant avec un thérapeute consultant par internet. Cet individu est un mystère, il se dévoile à peine un peu plus à chaque entretien « en ligne » nous laissant sur notre « faim » et faisant planer un sentiment de malaise … J’aurais souhaité que ces « causeries » soient plus nombreuses mais peut-être était-ce suffisant pour maintenir mon esprit en alerte à chacune des interviews ? Qui sait, trop m’aurait peut-être lassée ?

Il ne faut pas que le côté « sciences et nature » vous rebute et que vous ne tentiez pas l’expérience de lire cet opus. Au contraire, c’est une réelle découverte. Tout est dosé avec habileté pour que les amateurs de romans policiers restent « pris » dans les tenailles de l’intrigue et que ceux qui auraient été intrigués par le titre s’y retrouvent aussi …..

"Le spleen du pop-corn qui voulait exploser de joie" de Raphaëlle Giordano

 

Le spleen du pop-corn qui voulait exploser de joie
Auteur : Raphaëlle Giordano
Éditions : Plon (6 Octobre 2022)
ISBN : 978-2259310123
314 pages

Quatrième de couverture

Joy travaille dans une agence de Celebrity marketing qui connecte des talents VIP avec de grandes marques pour les auréoler de prestige. Elle est au bord de l'implosion, prête à tout pour ne pas montrer aux autres ses états d'âmes. Pour couronner le tout, voilà qu'on confie à Joy la délicate mission d'organiser un événement original pour célébrer les dix ans de l'agence. C'est ainsi qu'elle va faire la connaissance de Benjamin et de sa joyeuse petite troupe. Leur rencontre va bouleverser Joy dans ses certitudes.

Mon avis

Voici un livre qui pétille sous les yeux et qui fait du bien !

Pourtant au début, on voit que Joy (au joli prénom), une jeune femme de notre temps, est « mangée » par sa vie professionnelle. Elle souffre du syndrome de la bonne élève : faire plaisir à ses supérieurs, faire toujours plus et mieux pour être aimée, ne jamais dire non. En réagissant de cette façon, les collègues comptent toujours sur elle pour tout, tout le temps. Elle vit pour son boulot, ne déconnecte jamais de peur de manquer une information, installe, sur son téléphone, de plus en plus d’applications pour s’organiser et améliorer son efficacité… Ça ne vous dit rien ? Je ne vous crois pas ! Si ce n’est pas vous qui avez connu une période semblable, vous avez forcément des exemples autour de vous. Des gens qui vous disent que tout va bien, qu’ils vont y arriver, quitte à perdre des heures de sommeil, de repos ou de loisirs parce qu’ils sont dans cet engrenage infernal qui les oblige au toujours plus pour être à la hauteur … A la hauteur de quoi d’ailleurs ? Des ambitions de leurs chefs qui n’ont pas une once d’humanité ? Joy n’a pas une vie facile, son quotidien est parfois compliqué et elle devient agressive quand elle a l’impression de perdre du temps. Ce temps si précieux pour elle.

On lui confie l’organisation d’un événement exceptionnel : les dix ans de la boîte où elle travaille. Il faut trouver quelque chose qui sort de l’ordinaire, pour pas trop cher, et pour très bientôt… Évidemment, elle pense « non » mais elle dit « d’accord ». Et elle part en quête. Dans le cadre de ses recherches, sa route croise celle d’un jeune entrepreneur, Benjamin. Lui il a tout compris.

« Dessiner un cadre, mettre des bords et poser des limites n’avait en rien fait baisser son efficacité, bien au contraire. En se respectant lui-même, en s’assurant de belles plages de respiration indispensable pour refaire ses énergies, Benjamin avait trouvé la solution pour offrir le meilleur de lui-même dans ses prestations sans rien sacrifier de sa qualité de vie. »

Est-ce que cette rencontre, entre deux êtres que tout oppose, peut avoir un impact sur Joy ? Lui ouvrir les yeux ? Faire ressortir en elle celle qui s’est éteinte au fil des mois ? Est-ce seulement possible qu’elle accepte de se poser, de boire un café, d’échanger sans avoir le sentiment de trahir son patron ?

Avec une écriture plaisante, teintée d’humour (« les capteurs empathiques ont dû tomber en panne »), un style vif et une bonne observation du monde du travail (même si c’est un peu caricatural de temps en temps), l’auteur offre une histoire agréable avec des personnages intéressants. J’ai apprécié que les « rôles secondaires » ne soient pas des faire-valoir mais bien des individus à part entière (je pense notamment à Carmen et à son approche de la « vieillesse »). Le texte est écrit à la première personne lorsque Joy s’exprime et il y a un narrateur le reste du temps. On peut passer de l’un à l’autre dans un même chapitre mais on suit très bien les événements.

Joy s’est oubliée pour ne penser qu’à son boulot, elle ne sait plus rire ou se lâcher. Combien de temps peut-elle tenir ainsi ? Le lecteur découvre de temps en temps, d’autres aspects de sa personnalité et souhaite de tout cœur qu’elle vive autre chose.

J’ai apprécié cette histoire, ce qui est évoqué en filigrane, entre autres : la pression et le stress dans les entreprises. J’ai aimé le parallèle avec le pop-corn qui ne demande qu’à exploser de joie….. Laissons-nous gagner par la bonne humeur et vive la vie !