Le testament des abeilles
Auteur : Natacha Calestrémé
Éditions : Albin Michel (2 Novembre 2011)
ISBN : 978-2226238283
352 pages
Quatrième de couverture
Une première affaire criminelle, une deuxième, puis une
troisième... Pas de trace ADN ni de mobile. Quant à l'arme du crime, mystère.
Plus étrange encore, ces décès inexpliqués ont été annoncés par le testament
prophétique d'un guérisseur.
Mon avis
Umberto Eco a utilisé le pendule de Foucault, Dan Brown, la
Cène, Natacha Calestrémé, elle, se sert de Terminator … Quoi ? Un film de science-fiction
dans un roman policier ?
Non, Terminator, l’autre ….
Les technologies, surnommées « terminator », sont des
technologies utilisées pour restreindre la réutilisation de plantes
génétiquement modifiées, en rendant les graines de seconde génération stériles.
À partir de cette donnée scientifique, elle va construire
une intrigue haletante oscillant entre enquête policière et plaidoyer pour la
planète, assortis de quelques excellentes réflexions sur le rapport de l’homme
à la nature.
Bien documentée, elle sait nous intriguer et nous attirer
dans la toile de son histoire, nous poussant tour à tour à nous intéresser aux
personnages, aux abeilles, aux plantes, à la nature, aux prophéties, à l’Homme
… obligeant les curieuses, comme moi à aller plus loin pour essayer de se
renseigner à leur tour, pour voir si, finalement, ce qui est évoqué ne contient
pas une part de vérité, même toute petite ….
Le récit est varié, alternant les passages où le personnage
principal (un enquêteur : Clivel) s’exprime en s’adressant de temps à autre aux
lecteurs (« à vous, je peux le dire … ») avec ceux, plus rares qui sont en mode
narratif à la troisième personne. Les apports scientifiques sont très
astucieusement intégrés à l’intrigue sans que jamais cela ne passe pour une
démonstration ou un savoir que l’on veut absolument glisser dans le texte.
La personnalité des protagonistes est fouillée, recherchée.
Les indices permettant de mieux les appréhender, distillés petit à petit.
L’auteur ne s’appesantit pas sur tel ou tel trait de caractère mais fournit une
étude de chacun approfondie, assez complète et intéressante nous permettant de
comprendre non seulement le comportement des personnages mais aussi leur
évolution dans la vie.
L’écriture est de qualité, d’autant plus travaillée que, dans
le roman, c’est un homme qui s’exprime et que l’intrigue est écrite par une
femme. Natacha Calestrémé a su faire face à cette difficulté avec brio et s’est
parfaitement glissée dans la peau de Clivel.
Les phrases sont bien construites, certaines, très courtes,
soient dépourvues de verbes, le plus souvent pour insister sur une vérité
biologique.
« Chacune des branches avait son propre génome. Un être
pluriel. »
Les descriptions sont très visuelles et bien menées, nous
permettant d’imaginer sans peine les scènes évoquées.
Le vocabulaire plus scientifique ne fait jamais dans
l’étalage et de ce fait le propos reste captivant sans lasser.
Un des personnages principaux de ce livre est donc Clivel.
Un policier très humain, pas du tout irréprochable (chez certains, c’est
l’appel de la chair …. chez lui, c’est celui du grain de peau …), tenace, prêt
à tricher un peu pour obtenir de quoi avancer dans ses recherches (en prenant
des risques), n’ayant, malheureusement pas réglé ses comptes avec un passé qui
lui semble lourd à porter, ne sachant pas toujours ce qu’il veut vraiment. Un
homme qui se cherche, qui cherche … Un homme attachant, tant il pourrait être
un de nos familiers …
Il y a aussi cet homme de l’ombre qui apparaît peu,
communiquant avec un thérapeute consultant par internet. Cet individu est un
mystère, il se dévoile à peine un peu plus à chaque entretien « en ligne » nous
laissant sur notre « faim » et faisant planer un sentiment de malaise …
J’aurais souhaité que ces « causeries » soient plus nombreuses mais peut-être
était-ce suffisant pour maintenir mon esprit en alerte à chacune des interviews
? Qui sait, trop m’aurait peut-être lassée ?
Il ne faut pas que le côté « sciences et nature » vous rebute et que vous ne tentiez pas l’expérience de lire cet opus. Au contraire, c’est une réelle découverte. Tout est dosé avec habileté pour que les amateurs de romans policiers restent « pris » dans les tenailles de l’intrigue et que ceux qui auraient été intrigués par le titre s’y retrouvent aussi …..
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