Lou après tout - Tome 3 : La bataille de la douceur
Auteur : Jérôme Leroy
Éditions : Syros (9 Janvier 2020)
ISBN : 9782748526462
560 pages
Quatrième de couverture
Lou quitte Wim avec un goût amer. Dans le monde d’après
l’effondrement, existe-t-il un seul endroit épargné par l’horreur ? Son dernier
espoir, comme pour Amir, Cesaria et Maria : la Douceur. Lou ne sait pas encore
à quel point la route pour l’atteindre sera longue.
Mon avis
« Renoncer aux mots, c’était aussi renoncer à la
beauté. »*
« La bataille de la douceur » est le troisième (et
dernier) tome de la trilogie post apocalyptique de Jérôme Leroy. Le premier fil
conducteur est Lou que l’on suit depuis l’âge de cinq ans et pendant très
longtemps. On la voit évoluer, devenir femme, se battre, faire des choix,
prendre de plus en plus sa vie en mains.
Le second fil conducteur est la poésie. Celle qui est citée
par l’intermédiaire d’extraits de poèmes, notamment d’Apollinaire, mais également
celle qui imprègne le récit grâce à l’écriture de l’auteur. Il a un phrasé qui
semble sublimer chaque mot, leur donner une valeur unique, porteuse de sens. Son
style est musical et les noms qu’il donne aux personnages (même ceux qui sont « méchants »)
leur vont bien et pour ceux qui sont des « éléments positifs », ils
font rêver….
Par exemple, Lou, qui est maintenant une personne âgée, va
transmettre ce qu’a été sa vie aux « cueilleurs d’histoire ». Ceux qui
gardent une trace du passé, pour ne pas oublier, se souvenir, rester unis et
solidaires. Lorsqu’un danger est le même pour tous (comme pour une pandémie),
les hommes se serrent les coudes car ils sont tous au même plan, personne n’est
avantagé. Bien sûr, il y en aura toujours qui essaieront de tirer profit de la situation,
mais globalement, c’est plutôt « l’union fait la force ». Le monde de
Lou a souffert, il a connu « La grande panne » et tout a été à reconstruire
en luttant contre ceux qui étaient devenus des ennemis. Il a été nécessaire de
revenir aux fondamentaux, aux valeurs sûres, celles qui portent les êtres
humains, les aident à être meilleurs ou à défaut, à donner le meilleur.
C’est par l’intermédiaire de retours en arrière que l’on
apprend les événements des dernières années. Il y a un peu moins d’actions que
dans les deux recueils précédents. Lou, qui raconte, est plus dans la
réflexion, l’analyse. Elle a besoin de faire le point, d’expliquer, presque en
les justifiant, certains de ses choix. J’ai trouvé très intéressant qu’elle prenne
du recul, qu’elle transmette ce qui a été, ce qui doit rester….et qu’elle reste
modeste, sans se mettre en avant.
L’auteur parle de lieux que je connais, en France, cela
donne une puissance supplémentaire au texte, parce qu’on rentre dedans, on s’y
voit. De plus, la plupart des dérives qu’il imagine paraissent terriblement
plausibles (et c’est bien triste, car cela résonne comme un signal d’alarme). Cette
série qui vise un public adolescent peut être une bonne occasion de parler avec
eux de certains problèmes de société : la place des écrans, des réseaux
sociaux, le dérèglement climatique, la pollution, etc …. Ce sont des thèmes qui
sont au centre de l’intrigue. Si on rajoute à cela les relations entre les uns
et les autres, on pourrait presque penser que Jérôme Leroy donne un mode d’emploi :
ce qu’il faut faire pour éviter d’en arriver à des situations extrêmes que les
hommes ne pourront plus gérer….
J’attendais ce tome trois avec impatience, j’avais peur de
redites mais ce n’est pas le cas. Les quelques allusions au passé sont légères.
L’auteur n’est pas non plus tombé dans la facilité de chapitres enchaînant
luttes, pauses, combats, petits repos avec peurs, batailles, trêves trop
courtes etc…. Il a su exprimer « le chant du monde », parfois
violent, à d’autres moments combatif, et il a laissé une part belle à l’espérance,
comme si l’homme avait retenu la leçon et n’allait plus renouveler les mêmes
erreurs…. A méditer, n’est-ce pas ?
*page 89
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