Grand-Mère déballe tout (The Empresse of Weehanwken)
Auteur : Irene Dishe
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Michèle Hechter
Éditions : Seuil (26 Mars 2009)
ISBN : 978-2020907071
350 pages
Quatrième de couverture
Une sacrée grand-mère ! Autoritaire, impertinente,
arrogante, catholique invétérée, bourrée de préjugés, hypocondriaque... N'ayant
peur de rien, pourtant, la langue bien pendue, libre, généreuse, éprise de
justice. Le récit de sa vie et de celle de sa famille, traversant des pans
entiers d'histoire, depuis la montée du nazisme en Allemagne, en passant par
l'exil, jusqu'à l'Amérique contemporaine, sans oublier les joyeuses errances de
la période hippie aux États-Unis.
Mon avis
Ce roman s’étale sur plusieurs générations d’une même
famille de 1930 à nos jours. C’est la grand-mère qui raconte, d’un ton acerbe,
égratignant tout le monde au passage (elle y compris), faisant preuve d’un
humour caustique, ne s’embarrassant pas de tournures alambiquées pour dévoiler
le quotidien. Il est surtout question de femmes, sa fille Renata, sa
petite-fille Irene Dishe (a-t-elle des points communs avec l’auteur ?) Cette
population féminine aux caractères bien trempés ne s’en laisse pas compter.
Elles ont des personnalités atypiques, des parcours de vie originaux, elles
veulent décider de ce qu’elles feront, n’écoutant pas les conseils et se
donnant les moyens d’arriver à leurs fins.
Dès le début, « Carlin », cette bourgeoise
allemande qui a atterri aux Etats-Unis, pour fuir les nazis (son mari est un
médecin juif) annonce la couleur. « Beaucoup de ce qui a capoté dans
les générations qui ont suivi la mienne peut être imputé au sperme stérile de
Carl. Il a tué ses homoncules par héroïsme ; les détails plus tard. »
« Les détails plus tard », le ton péremptoire ne
laisse aucun doute. C’est elle qui mène la danse, qui choisit de parler quand
elle le veut, elle impose un rythme, fait des retours en arrière, s’arrête,
reprend (où en étais-je ? dit-elle de temps à autre) mais jamais le
lecteur ne perd le fil. Elle énonce des remarques l’air de rien (mais qui ont
toujours un lien avec l’histoire de sa famille), ne rate personne. Elle régente
tout (enfin elle essaie car ses descendantes ont autant, voire plus de volonté
qu’elle), accuse les gênes (ça évite de mettre l’éducation en cause ?). Elle
est autoritaire, entêtée mais drôle. Pourtant le récit n’est pas forcément
amusant, mais la façon de le narrer, un peu en décalage est un vrai régal.
Le contexte politique, religieux, historique ; les
rapports humains entre les différents milieux sont très bien présentés et
apportent une toile de fond riche. Certains de ces aspects peuvent expliquer
les réactions ou comportements des uns et des autres. On balaie l’Histoire de
plusieurs pays sur de nombreuses années, c’est effleuré mais suffisant pour
donner un réel aperçu des conditions de vie.
J’ai vraiment été intéressée par cet opus. J’ai trouvé le
ton, quelques fois irrévérencieux, enlevé, subtil, jovial. Les protagonistes
femmes m’ont beaucoup plu, elles ont de la voix, de la volonté. Les hommes sont
lâches ou choisissent de vivre leur vie sans s’occuper du qu’en dira-t-on. J’ai
particulièrement apprécié le rôle de la bonne, qui dans l’ombre, suit toutes
les générations, intervient discrètement et prend les commandes sans en avoir
l’air à d’autres moments.
Une belle découverte et une lecture plus qu’agréable !
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