Le cri
Auteur : Marc Falvo
Éditions : Fleur Sauvage (1 er Février 2015)
ISBN : 979-1094428009
292 pages
Quatrième de couverture
Un nouvel appartement, loin des rats Mais sous l'apparente
blancheur Des mots cachés, des récits, tel un cri Un appel au crime Scénariste
et romancier, Marc Falvo nous plonge ici dans une ambiance que ne renierait
certainement pas le cinéaste David Lynch. Thriller littéraire, récit
atmosphérique, Le cri se révèle être une œuvre aussi étrange qu'envoûtante.
Mon avis
Est-ce que c’est contagieux, la folie ?
La mise en abyme de la couverture (regardez bien de plus
près de quoi sont faits les murs) colle parfaitement au récit que nous allons
découvrir dans ce recueil. L’auteur joue sur plusieurs niveaux. Niveau
d’histoire (les unes enchâssées dans les autres …), niveau de langage, niveau
de mots, niveau de style (narration, journal intime, dialogues extraits d’une
émission de télévision etc…), niveau de police de caractères, niveau d’émotion,
de pulsation….
Dans les pages, les mots sont « présence ». Comme des êtres
vivants, ils se faufilent, se glissent, se tortillent, crient, vibrent, se
cachent, reviennent et vous percutent de plein fouet….
A la lecture, le mot « Symphonie » m’est venue à l’esprit.
Alors, j’ai cherché la définition et j’ai trouvé :
Une symphonie est une composition instrumentale savante, de
proportions généralement vastes, comprenant plusieurs mouvements joints ou
disjoints. La symphonie ne cesse d’évoluer, enrichissant sa palette et
modifiant sa syntaxe au point d’en faire éclater les structures.
Et bien, je trouve que les derniers mots : « enrichissant sa
palette et modifiant sa syntaxe au point d’en faire éclater les structures »,
correspondent tout à fait au ressenti que l’on peut avoir devant ce texte. Le contenu du roman, si on le regarde au
premier degré, est déstructuré mais ceci est fait avec intelligence et doigté.
Observé au second degré, le texte prend toute sa dimension, celle de la «
tempête mentale » qui entraîne le lecteur dans d’autres couches de réalité,
d’autres approches de l’homme et de sa folie.
Parce qu’il faut bien le dire, la folie est au centre de cet
opus mais comme en philosophie, on s’interroge. Qu’est ce que la folie, comment
se font et se défont les constructions mentales de l’homme ? Le fou est-il
celui qui reste dans son propre monde affectant ainsi sa conscience du
réel ou ceux qui ne le comprennent pas
parce qu’ils restent dans un agencement de pensée figé? Quel regard portent
alors ceux qui sont autour de la personne que l’on qualifie de privée de raison
?
Avec un titre comme celui-ci, on pense forcément au tableau
« Le cri » d’ Edvard Munch où le personnage décharné ouvre la bouche pour un
cri en se bouchant les oreilles. Comme si le cri était intérieur. Pour Paul,
notre « héros », c’est un peu la même chose, tout bout à l’intérieur, prêt à
sortir, prêt à envahir son quotidien, à le noyer sous les mots écrits, hurlés,
ou chuchotés….. La réalité est-elle celle qu’il nous décrit ou celle dont
les autres nous parlent?
L’auteur a pris des risques avec différents types d’écriture
mais il a réussi son pari, sachant parfaitement adapter son style à ceux qui s’
expriment et aux conditions de création des textes. Il a situé son intrigue dans un immeuble, en
huis clos, ce qui n’a rien de facile et s’en sort, là aussi, très bien.
C’est un roman qui peut dérouter si on s’attache à la forme
sans songer au fond. Il faut se laisser séduire et se laisser porter par la
fantaisie, la poésie, accepter l’
instabilité qui offre un autre regard
comme lorsqu’on regarde une œuvre d’art qu’on ne comprend pas au premier abord.
Moi qui aime que l’on joue avec les mots, qu’on les fasse
vivre, j’ai été comblée avec cette lecture sortant de l’ordinaire….
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