Dans l'oeil du Cyclope
Septembre 1917 : La révolte du camp d’Etaples
Auteur : Jean-Christophe Macquet
Éditions : Pôle Nord Éditions (25 Mars 2014)
ISBN : 978-1092285100
240 pages
Quatrième de couverture
Agent des services de renseignements français, le colonel Louis Delamer est
envoyé en mission dans le port d'Etaples, sur la côte du Pas-de-Calais. C'est
là qu'est installé le plus grand camp d'entrainement de l'armée britannique sur
le continent. Delamer est chargé d'enquêter sur une série de meurtres. En
septembre 1917, il va être le témoin d'un épisode oublié de la Première Guerre
mondiale : la révolte des soldats du camp d'Etaples.
Mon avis
A l’occasion du centenaire du premier conflit mondial, Pôle Nord Editions a
demandé à quelques-uns des meilleurs écrivains nordistes de raconter la guerre
à leur façon. Tous les deux mois : un nouveau roman, un nouvel auteur, et une
histoire qui se passe dans la région…
Pôle Nord Éditions continue sa tournée des popotes et nous voilà dans une
nouvelle ville nordiste pour découvrir un pan d’histoire mêlé à une enquête
policière, racontée par un auteur du cru.
Cette fois-ci, c’est Jean-Christophe Macquet qui prend la plume et nous
emmène à Étaples, dans un port où l’État-Major britannique s’est installé pour
rassembler ses troupes, loin des combats mais reliées à tout par les voies de
chemin de fer. Les « tommies » sont donc nombreux et presque « chez eux ». Le
soir, ils se retrouvent dans les bars et sont assez libres mais la journée
c’est autre chose. Entrainement intensif encadré par des instructeurs : les
canaris (car leur bras est orné d’un brassard jaune) Ces derniers n’ont pas forcément
connu le front, ce sont des hommes impitoyables, durs et capables de tout :
moqueries, sadisme… Ce sont contre eux que les soldats se révolteront en
Septembre 1917.
C’est dans cette ambiance que se situe l’énigme que doit résoudre le colonel
Louis Delamer. Il n’est plus militaire car réformé à cause de graves blessures
de guerre mais il a gardé son titre. Recruté par un de ses anciens « collègues
», il part à Étaples fin Août 1917. Officiellement il est là (je cite) « pour
enquêter sur les malversations des élus communaux » mais officieusement sa
mission est autre : établir un diagnostic du moral des troupes britanniques et
des risques de révolte mais également pourquoi et comment un mystérieux cadavre
défiguré est apparu dans le coin (il sera suivi d’autres dont le visage sera
abimé de la même façon, ce que ne laissera pas le colonel sans questions….)
Hébergé chez un médecin, il va essayer de fouiner tout en restant discret pour
découvrir les tenants et aboutissants de ce(s) meurtre(s) et « sentir » l’ambiance
chez les tommies. La zone où il se déplace est en grande partie sous contrôle
militaire anglais et dépend plutôt de leur juridiction. C’est donc avec une
extrême prudence que Louis va observer, questionner, examiner, approcher les
uns et les autres. Car des rencontres il va en faire… Une lady qui a installé
sa cantine dans le camp militaire, une ancienne « amie » qui ne le laisse pas
indifférent, le maire et ses conseillers mais aussi un photographe, des jeunes
femmes et leur « patronne » ainsi que de nombreux engagés…. Galerie de
personnages aux caractères bien définis qui se croisent, s’entrecroisent,
parlent, mentent, se taisent….
Étaples est situé en bord de mer sur la côte d’Opale. Le décor pittoresque, les
paysages et l’éclairage sont magnifiques. La lumière particulière a attiré des
artistes peintres en 1910 : quatre Anglais et un Allemand…. Ils vont être liés
aux faits qui se déroulent en 1917 et le colonel Louis Delamer devra compter
avec ces individus car ce qu’ils ont fait sept ans auparavant va avoir des
répercussions sur le « présent »…. C’est un homme sérieux, qui va au fond des
choses et qui, une fois la décision prise d’accepter cette mission, fera tout
pour la mener à bien, quitte à se mettre en danger. Il a la rigueur militaire mais
il est aussi « homme » et la « bagatelle » ne le laisse pas indifférent….
L’atmosphère de ce coin du Nord est parfaitement retranscrite, on visualise les
lieux, les scènes, les protagonistes…On « entend » leurs dialogues, le tout est
assez vivant. Les chapitres correspondent à des journées s’étendant entre le 23
Août et le 9 septembre 1917 quand débute la mutinerie.
La partie « roman policier » prend le pas sur le côté historique bien que
l’on puisse croiser dans les pages des personnes ayant existé. Le lieu sert de
fil conducteur. Le style de Jean-Christophe Macquet est fluide mais
quelques concordances de temps m’ont un peu gênée (des emplois de passé simple
que j’aurais remplacés par des plus que parfait qui me semblaient plus adaptés)
mais cela n’a pas nui à ma lecture que j’ai trouvé prenante. Je me suis sans
doute habituée à l’écriture car je ne les ai plus remarqués en avançant dans le
livre.
Un avant-propos, une préface et des annexes (relatant les événements réels en
ordre chronologique) apportent un complément intéressant à cet ouvrage. De
plus, les références de bibliographie permettront à ceux qui le souhaitent de «
creuser » le sujet et d’aller plus loin dans la compréhension des faits
évoqués.
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