Les monologues d’un hippocampe (Min mor Siger)
Auteur : Stine Pilgaard
Traduit du danois par Catherine Renaud
Éditions : Le bruit du monde (5 Octobre 2023)
ISBN : 978-2493206701
164 pages
Quatrième de couverture
Les monologues d'un hippocampe, c'est l'histoire
d'une jeune femme qui n'arrive pas à se remettre d'un chagrin d'amour. Qui
n'arrive jamais à se remettre de ses chagrins d'amour. Quand sa petite amie la
quitte, elle trouve refuge chez son père, un pasteur fan de Pink Floyd, tandis
qu'elle tente d'échapper aux appels de sa mère et à ses dictons. Cherchant de
l'aide auprès de son médecin, elle tente de digérer ses explications
scientifiques et de ne pas tomber amoureuse de lui. Mulle, sa meilleure amie,
est peut-être celle qui la comprend le mieux, même si sa thérapie consiste
surtout à l'emmener boire des bières...
Mon avis
C’est le deuxième livre de Stine Pilgaard que je lis et
c’est toujours aussi jubilatoire. J’aime beaucoup son humour pince sans rire,
décalé. Ses réflexions sont censées et intéressantes même lorsqu’elle les cache
sous couvert de faire de l’esprit.
« Je lui demande s’il a des jours de congés supplémentaires
pour les patients particulièrement difficiles, ou s’il peut déduire des
patients comme moi de ses impôts. »
Sa compagne vient de la quitter et c’est une femme dévastée
qui s’exprime. Elle a des relations peu aisées avec ses parents. Sa mère est un
peu trop donneuse de leçon. Elle trouve refuge auprès de son père, pasteur, et
sa nouvelle compagne. Cela ne gêne pas sa Maman qui l’envahit malgré tout et
lui donne des conseils dont elle se fiche éperdument. Elle voit son médecin
mais il ne l’aide pas comme elle le voudrait. Il se contente d’explications
scientifiques et cela ne lui apporte rien. Heureusement Mulle, sa meilleure
amie est là ! Elle l’emmène boire des bières, elles sortent, s’amusent….
On suit donc le quotidien de cette amoureuse transie qui se
raconte dans un style indirect. C’est surprenant, voire déstabilisant au début
mais on s’y fait très vite et cela ne gâche pas le plaisir de la lecture. Entre
les chapitres, les monologues de l’hippocampe.
Hippocampe ? Pas le poisson, cheval de mer, non, la
partie du cerveau située dans les lobes temporaux. Il est responsable de la
mémoire et des apprentissages. Chaque monologue (sauf le dernier) explore une
partie du corps (cœur, paume, genou etc) et partage une longue introspection. C’est
une analyse délicate, toute en finesse, emplie de poésie de charme et follement
drôle.
En lisant ce roman, j’ai régulièrement pensé à la
traductrice, que je remercie d’ailleurs. L’écriture de l’auteur est à la fois
pleine de dérision et de « philosophie ». Lorsque la narratrice présente
sa vie, ses échecs sentimentaux, ses rencontres, ses rêves les plus fous, elle
le fait avec du recul, de l’auto dérision, tout en restant très « pointue »
dans son regard. Trouver les bons mots pour ne pas « abîmer » le
texte n’a pas dû toujours être aisé !
Stine Pilgaard est une rédactrice qui casse les codes, avec
un style personnel très particulier et une ironie décapante. Elle est experte
dans la manière d’utiliser les mots. Avec des termes ordinaires, elle crée des
phrases qui décoiffent !
Le recueil n’est pas très épais mais c’est suffisant pour
rire, se détendre et faire une découverte qui sort des sentiers battus !
Vivement le prochain !
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