La croisière d'ultime espérance
Auteur: Alain Keralenn
Éditions: France-Empire (16 Février 2012)
ISBN : 978-2704811236
165 pages
Quatrième de couverture
Marie Morvan, consultante française, se rend au Japon peu
après le grand séisme qui vient de frapper ce pays. Chargée de préparer la
certification d'une cargaison de matières nucléaires originaires du Japon et
retraitées en Europe, elle y rencontre Kenji Hosoda, un jeune ingénieur
japonais. Entre eux, une relation sentimentale naissante s'établit. Or, Kenji
est lié par amitié à Samir, un chrétien d'Iraq qui l'a sauvé lors d'un séjour à
Bagdad.
Tous trois se trouvent engagés dans un complot qui les mène de Tokyo à Paris,
de Dubaï à Valparaiso, autour de l'itinéraire du navire transportant ces
matières nucléaires.
Mon avis
« L’espérance est un emprunt fait au bonheur…. » Joseph Joubert
Dès les premières pages, deux choses m’ont agréablement
surprise.
La première est le vocabulaire soigné, précis, de qualité,
employé par Alain Keralenn. Cela a ravi l’amoureuse des mots que je suis.
La seconde, c’est l’érudition de l’auteur. On sent l’homme
qui a voyagé, qui a une culture multiple et qui glisse ça et là des références
intéressantes sans jamais le faire de manière ostentatoire.
Des haïkus aux habitudes de Pablo Neruda en passant pas les yakusas et les minorités religieuses, il est indéniable, que toutes ces connaissances complètent parfaitement l’intrigue pour qui a envie d’en savoir un peu plus. Je dirai même que cela ouvre des portes vers d’autres souhaits de découvertes, l’envie d’aller plus loin et de comprendre, pouvant tenailler le lecteur. De plus, les lieux géographiques évoqués le sont avec une acuité aiguisée. On a l’impression d’y être tant, en quelques phrases nettes, le décor est planté.
Donc, après une belle photo de couverture, nous trouvons des
pages au contenu de qualité qui s’enchaînent sans difficulté et avec un réel
plaisir. L’écriture est claire, les phrases assez courtes la plupart du temps.
La concordance des temps utilisée à bon escient. Tout cela pourrait donner une
impression de « dissertation » bien appliquée (trop ?). Je l’ai craint au début
tant tout ceci me semblait presque trop « lisse », studieux.
C’était sans compter sur l’histoire elle-même et les protagonistes qui la composent. Même s’ils ne sont qu’esquissés (et c’est peut-être dommage, l’écrivain à la belle plume aurait pu creuser les personnalités des principaux personnages), les individus que l’on croise dans cet opus sont attirants. Ils ont tous une part d’ombre, une faille, et sont de ce fait, très humains.
Marie, jeune femme dynamique, se consacre à son travail mais
elle va s’attacher (un peu trop vite ? mais le livre est court…) à Kenji et
évoluera dans ses choix et ses pensées.
Kenji, partagé entre deux cultures (japonaise et américaine) qui a vécu à Nagasaki, est ambivalent, sans cesse tiraillé (en apparence) entre deux mondes. Samir, Chrétien d’Iraq, blessé dans ses convictions sera le troisième.
Qu’est ce qui peut relier trois personnes aussi différentes
dans leur culture, leur approche de l’homme et leurs croyances ? Le
retraitement des déchets nucléaires que chacun aborde d’une façon différente en
fonction du but recherché (professionnel ou personnel).
Le sujet est soulevé avec délicatesse, sans jugement et sans fioritures inutiles.
L’auteur s’attache à présenter en quelques phrases les lieux
et les situations puis les personnages prennent la parole. Les dialogues sont
concis, limpides. Le tout émaillé quelquefois de leurs pensées ou ressentis
mais sans jamais s’appesantir. C’est simple, direct et efficace mais aussi de
très bonne qualité.
L’écriture « au cordeau » n’est pas dénuée de poésie dans certains paragraphes.
« La route serpentait le long d’une côte découpée, de promontoires en anses paisibles. Ici et là, de petites plages se frayaient un espace dans la végétation luxuriante. »
Le fond de l’histoire est, en gros, vraisemblable. Certains
ne manqueront pas d’apporter un bémol en disant que les événements s’enchaînent
un peu trop vite mais difficile de faire d’une autre façon en cent soixante-deux
pages. Alain Keralenn a le mérite de nous éviter des longueurs et du délayage.
On peut aussi souligner la naïveté de nos « héros ». Lorsqu’on se dit des secrets, on ne laisse pas un chien, fusse-t-il très gentil, se poser à côté de sa table. Méfiez-vous des micros !!
Mais ne boudons pas notre plaisir !
C’est un premier roman et il a tout pour vous faire passer
un agréable moment de lecture !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire