Titre : Mortelle hôtesse
Auteur : Bernard Pasobrola
Éditions : La Vie du Rail (31 mars 2011)
ISBN-13 : 978-2918758273
320 pages
Quatrième de couverture
Des passagers décèdent de mort pas tout à fait « naturelle » à bord du TGV Paris-Londres. Un homme est kidnappé dans une clinique de thérapie génique près de Genève. Un virus inconnu cause une épidémie de cécité à Anvers. Les militantes d'une ONG lancent une campagne de presse qui s'achève par une sanglante tuerie dans un hôtel de Londres.
Mon avis
Et si…..
«L’effet de surprise ne peut venir que de celui qui dicte sa loi à l’autre ; et la loi est dictée par celui qui agit de la bonne manière. » Clausewitz
Une couverture sobre, un titre qui n’attire pas forcément le lecteur de polars mais un livre au papier agréable qu’on tient bien en mains et qu’on ne pose plus une fois commencé …
Roman, vous avez dit roman ? Nous sommes bien d’accord …
Donc œuvre de fiction ….
A l’époque de cet avis (Juin 2011) où l’on nous parle de concombre fou et de bactérie cachée dans des graines de soja ou du chou fleur, d’ONG, du FMI (que nous retrouvons dans les dernières pages du livre) ainsi que de thérapie génique, nous nous apercevons que la fiction peut être très (trop ?) proche de la réalité et que tout cela peut faire froid dans le dos ….
De Londres à Anvers en passant par Bruxelles, Genève et d’autres lieux, nous allons flirter avec les diamantaires plus ou moins véreux, les biologistes plus ou moins honnêtes, les journalistes plus ou moins corrompus et bien d’autres personnages plus ou moins attachants.
L’intrigue se déroule entre le 5 et le 18 Mars, agrémentée d’un épilogue sous forme de lettre (très belle d’ailleurs) écrite en Octobre. Chacun des quinze chapitres est « préfacé » par une courte phrase en italique provenant des pages qui le composent.
Il y a plusieurs pistes, plusieurs « chasseurs », plusieurs
« chassés », tout cela relié par un seul et même homme : Richard Meyer.
Meyer qui travaille pour une agence sanitaire privée doit
retrouver un homme disparu deux ans plus tôt. Ce serait simple de s’arrêter à
cette enquête et de faire partir Meyer sur différentes pistes avant de
retrouver ou pas ce brave homme.
Simple mais nettement moins intéressant pour le lecteur …
Les événements ne vont donc pas suivre une linéarité qui
pourrait lasser mais nous entraîner dans différentes ramifications. Trahison,
complot, hypocrisie, mensonge, méfiance, amitié, etc … sentiments mêlés dans
des lieux bien distincts avec des composantes spécifiques, permettant de
visualiser les différents protagonistes et les péripéties reliées à chacun sans
aucune gêne à la lecture.
Il y a de l’action, des rebondissements, des liens entre les personnages, tout cela admirablement bien ficelé car on ne voit pas « venir » la suite. On est sans arrêt à se demander qui est sincère ou pas et quel va être le prochain épisode, nous emmenant sur une vraie ou fausse piste …
Une écriture de qualité, (émaillée de citations du fin stratège militaire prussien Clausewitz, surtout dans la première partie), mais non dépourvue d’humour à ses heures.
« Le coupable n’échappe pas au jugement des autres, même s’il conserve la liberté et que le souvenir de ses actes s’est estompé, et la peine à purger, c’est la trivialité des mots d’autrui confrontés à l’ensemble vaste et tortueux de ses propres sentiments. »
« Abdomen plat, épaules carrées aux deltoïdes bien dessinés, doigts souples et calleux endurcis au dressage des haubans et au frottement des crosses de golf, dents blanchies aux résines … manager d’âge mûr abrasé au dérideur électronique et assujetti aux crèmes de nuit. »
Bernard Pasobrola sait distiller ses phrases humoristiques, dédramatisant ainsi certaines situations, avec finesse et sobriété. Il n’en fait jamais trop.
Ce roman, car je le rappelle, il s’agit d’un roman, nous
renvoie en pleine face des questions que l’on refuse parfois de se poser: la
propagation des virus, le rôle des multinationales, la gestion des conférences
de presse avec la manipulation de l’information etc …..
Puisse-t-il, tout en permettant de s’évader par la lecture, nous remettre la puce à l’oreille afin de rester vigilant ….
En tout cas, deux choses sont certaines : je ne boirai plus les boissons que l’on peut acheter dans les trains ;-), et je suivrai cet auteur de près …
PS1 : Une question: pour être publié aux Editions « la vie du rail », faut-il qu’une partie de l’intrigue soit en lien avec un train ?
PS2 : Et pour « l’écolo »que je suis, un livre imprimé sur
du papier bouffant, provenant de la gestion durable des forêts. Que demander de
plus? …. Euh …. C’est bientôt le
prochain livre du même auteur ?
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