"Le cauchemar de Spinoza" de Jacques Teissier

 

Le cauchemar de Spinoza
Auteur : Jacques Teissier
Éditions : Le Manuscrit (24 Septembre 2010)
ISBN : 978-2304033144
375 pages

Quatrième de couverture

Depuis des années, un terrible cauchemar hante les nuits de David Kellerman, professeur de philosophie spécialiste de Spinoza. Le corps d’une jeune femme est découpé en pièces et les morceaux toujours disposés dans le même ordre. Après le suicide d’une élève avec qui il entretenait une liaison, David décide d’entrer dans la police. Chargé d’une enquête difficile sur le meurtre d’un chef d’entreprise influent, le jeune flic découvre un cadavre dans son appartement. La scène du crime est la copie conforme de son cauchemar… Rythmé par les pulsions de l’inconscient, Le cauchemar de Spinoza fait de la philosophie une force obscure qui plonge un homme dans les zones d’ombre de sa mémoire.

Mon avis

C’est dans la région de Montpellier, bien décrite, que Jacques Teissier va nous emmener à la suite de David Kellerman, ex professeur de philosophie, entré dans la police après avoir vécu un drame personnel. 

David Kellerman, Spinoza pour les collègues, tout en menant l’enquête sur le meurtre d’un PDG, vit avec ses souffrances, ses démons, ses hantises, son cauchemar ….

Ce cauchemar récurrent, qui « pourrit » ses nuits, dont il n’arrive pas à parler, comme une tumeur cachée qui le détruirait petit à petit.

Il y a près de lui, sa collègue, Agnès, surnommée Diva, qui, elle aussi, traîne une blessure secrète …

« La tombée de la nuit était sa hantise, le moment où la sensation d’isolement extrême, qui l’habitait en permanence, se trouvait exacerbée et lui collait à l’âme comme une glu. »

Ces deux policiers vont de conserve, démêler les écheveaux d’une situation à multiples rebondissements.

Ce roman va « crescendo », on s’intéresse au début puis on s’accroche et on ne le lâche plus.

Pourquoi ? Tout simplement parce que bien documenté, (je n’ai malgré tout pas trouvé de trace de la conférence de Toronto en 2003 sur les lacaniens ;-), l’auteur va plus loin que la simple enquête. On retrouve les tourments du passé, que Spinoza sent vivre en lui, sans pouvoir les analyser, les relations difficiles suite à un traumatisme, l’impact du vécu de chacun dans le présent, les difficultés à communiquer, le poids de la culpabilité …

Parallèlement à l’enquête pour retrouver le meurtrier et les raisons profondes du meurtre, il y a

« l’énigme Spinoza ». Qu’a-t-il vécu ? Pourquoi vit-il seul ? Qu’en est-il de sa famille ?

Un prologue en italiques nous met directement dans l’ambiance. Un être tourmenté par des maux de tête, qui semble avoir une personnalité complexe, est là …

L’essentiel du livre est écrit soit à la première personne (Spinoza raconte et dit « je ») soit à la troisième personne incluant ainsi Spinoza dans les personnages à travers un regard extérieur.

Cette alternance apporte un plus au roman et est bien menée, ce qui n’a pas dû être un « exercice » facile.

Les personnages sont « bien campés », chacun avec des caractéristiques nettes et des caractères déterminés. Tous très humains, ayant des « failles » que l’on découvre ou pas.

Ils arrivent au fur et à mesure des événements et leur entrée dans le roman entraînent d’autres éléments pour l’enquête.

Je devrais écrire « les enquêtes », celle que mène la police pour le meurtre, mais aussi celle qui nous emmène à la suite de Spinoza sur les traces de son passé.

C’est ce qui démarque ce roman du « polar ordinaire », non seulement, on a le besoin de connaître le meurtrier et les raisons qui l’ont poussé à agir ainsi mais on s’attache aussi à David Kellerman et, à ses côtés, on a le souhait de comprendre, de l’aider à se débarrasser de ce cauchemar qui le hante.

L’écriture est alerte, de qualité, le vocabulaire bien dosé (dans le sens où il n’est ni trop banal, ni trop ampoulé, donc parfaitement adapté au contexte).

Un premier roman pour Jacques Teissier, un essai réussi … à renouveler ….


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