Ce pays où dansent les licornes
Auteur : Noël Sisinni
Éditions : Les éditions au Pluriel (7 Juin 2023)
ISBN : 978-2492598104
170 pages
Quatrième de couverture
J’ai tué un homme quand j’avais treize ans ! Voilà ce que
vient de déclarer Joseph Lantier à sa famille. Il séjourne dans un Ehpad. Il a
des problèmes cardiaques et un début de la maladie d’Alzheimer. Personne ne le
croit, sauf sa petite fille de 18 ans, Justine qui l’emmène sur les lieux du
drame et il va raconter... À cette époque, en 1940, comme beaucoup d’enfants en
temps de guerre, Joseph est envoyé à la campagne dans une ferme isolée en Haute
Loire.
Mon avis
Joseph, le grand-père de la narratrice (Justine, 18 ans),
est en Ehpad. Il se mélange un peu, perd le sens des réalités et s’évade dans
le pays où dansent les licornes, les yeux dans le vague, déconnecté du présent.
Les médecins sont pessimistes et pensent qu’avec ces problèmes cardiaques et sa
fatigue générale, l’avenir est bien compromis.
Sa fille et son gendre, les parents de Justine, n’ont pas
beaucoup de temps à lui consacrer, même si dans deux jours, c’est son anniversaire.
Pourtant, dans un instant de lucidité, il a demandé à se rendre à la Canardière,
sa maison dans le marais poitevin. Pas le temps, d’autres choses plus urgentes à
faire…Alors Justine se décide, elle trouve une vieille voiture, et embarque
Papy avec elle.
Peut-être l’occasion de mieux le connaître, le comprendre ?
Ce qu’elle sait de lui, ce n’est pas grand-chose, il a gardé les vaches en
Haute Loire dans une ferme où on l’avait envoyé quand il avait treize ans. Et
puis, cette phrase bizarre qu’il n’explique pas mais qui a intrigué Justine :
J’ai tué un homme quand j’avais treize ans ! D’accord, il n’a pas toute sa tête
mais c’est quand même étrange de déclarer ça, non ?
Les voilà tous les deux sur la route, direction la
Canardière. L’ancien est fatigué, mais ils avancent au rythme poussif du
véhicule plus tout neuf, et c’est la panne. Évidemment, au milieu de nulle
part, avec pas de réseau et pas une bâtisse ou une personne à l’horizon…. Les
deux voyageurs partent à pied …. Et finissent par trouver du monde…. Ce sera l’occasion
pour Joseph de retrouver un peu d’énergie, de mémoire, et de raconter son
enfance à la ferme (le récit se fait alors avec un narrateur extérieur).
On arrive à pas feutrés en 1940, on découvre les fermiers
(un frère et une sœur) qui accueillent Joseph. Il ne connaît rien à cet
univers, il doit apprendre et vite s’il veut manger…. Le quotidien est
difficile au départ puis petit à petit, il trouve sa place, se fait apprécier…
Ce roman, empli d’humanité, m’a énormément plu. Justine un peu
sauvage, rebelle, est attachante (je crois que l’auteur aime bien les filles
comme elle, je l’avais constaté dans ces écrits précédents), même si elle ne
rentre pas dans la « norme » souhaitée par ses parents. L’histoire du
grand-père qui se dévoile petit à petit est très représentative d’une époque, d’une
façon d’être avec les gens de la campagne. Les hommes un peu bourrus, les
femmes effacées, c’est réaliste …
J’ai déjà lu deux livres de Noël Sisinni et j’apprécie qu’il
se renouvelle à chaque fois. Quand on commence la lecture, on a le sentiment
que ça va être un peu brut de décoffrage et puis les personnages s’installent
et leur sensibilité, parfois cachée, leurs failles, nous bouleversent….
Ce sont des personnes ordinaires mais l’auteur leur donne
vie et on s’intéresse à leur parcours. On a envie de savoir ce qu’ils vont
devenir ou comment ils en sont arrivés là.
L’écriture et le style sont parfaitement adaptés que ce soit
pour Justine ou pour le narrateur extérieur. J’ai lu ce roman d’une traite et c’était un
plaisir !
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