Un coeur sombre (A dark and broken heart)
Auteur: R.J. Ellory
Traduit de l’anglais par Fabrice Pointeau
Éditions : Sonatine (1 er Octobre 2016)
ISBN : 9782355843129
496 pages
Quatrième de couverture
Sous sa façade respectable, Vincent Madigan, mauvais mari et
mauvais père, est un homme que ses démons ont entraîné dans une spirale
infernale. Aujourd'hui, il a touché le fond, et la grosse somme d'argent qu'il
doit à Sandià, le roi de la pègre d'East Harlem, risque de compromettre toute
son existence, voire de lui coûter la vie. Il n'a plus le choix, il doit cette
fois franchir la ligne jaune pour pouvoir prendre un nouveau départ. Il décide
donc de braquer 400 000 dollars dans une des planques de Sandià. Mais les
choses tournent mal : il doit se débarrasser de ses complices, et une petite
fille est blessée lors d'échanges de tirs. Rongé par l'angoisse et la
culpabilité, Madigan va s'engager sur la dernière voie qu'il lui reste : celle
d'une impossible rédemption.
Mon avis
Il y a un inconnu dans mon cœur
Il ferme les yeux et il essaie d’oublier qui il est…. Mais
Vincent Madigan ne peut pas occulter ce qu’il est, ce qu’il sait, ce qu’il a
fait, ce qu’il a vu ou entendu ….
« Maintenant, tout ce
qu’il voyait, c’était son autre facette, la facette la plus sombre, celle qu’il
cachait au monde . »
Bon ou mauvais, compatissant ou indifférent, il n’en demeure
pas moins un homme corrompu, enfoncé dans ses erreurs, ses errances…. Mais
c’est trop tard, à force d’aller tout droit, vite, trop vite, sans réfléchir ou
en réfléchissant mal, il n’a rien anticipé …. Alors Vincent se retrouve dans
une situation inextricable. Chaque fois qu’il trouve un palliatif pour
repousser le danger, le filet se resserre à nouveau … Pourtant, il essaie de
s’en sortir, d’aller vers l’improbable rédemption mais … sans cesse, un nouvel
élément se met en travers.
On dit que pour aimer les autres, il faut d’abord s’aimer
soi-même. En est-il de même pour le pardon ? Est-ce que Vincent doit d’abord
faire la paix avec lui-même, avec ses démons, avant de vouloir faire régner la
paix autour de lui ? Il a un cœur, mais un cœur sombre, envahi par l’obscurité
créée de toutes pièces par ses propres
travers (il boit trop, il fume trop, il se détruit lui-même, il joue
avec le feu, flirte avec l’illégalité, frôle la bande jaune…) Il oscille sans
arrêt entre deux aspects : celui d’un homme qui peut se pencher sur les autres,
s’intéresser à eux, faire le bien et celui d’un homme qui ne peut pas vivre
sans des « béquilles » dangereuses que sont : la drogue, le mensonge, la
corruption…..
C’est dans une Amérique où la pègre règne, en lien avec la
police, jouant au poker menteur, que nous entraîne l’auteur. Le personnage
principal est torturé, blessé, perdu mais il n’est pas le seul. Le roi des
malfrats, tout désabusé qu’il est, avec des morts sur la conscience, n’est-il
pas lui aussi un homme tourmenté ?
Madigan arrivera-t-il à se libérer des chaînes qu’il s’est
lui-même installé ? Sous la carapace d’un homme dur, qui ne sait pas aimer, qui
est « presque » pourri jusqu’à l’os, trouvera-t-on la faille, celle qui
pourrait mener vers un cœur tendre capable de vivre en harmonie avec lui-même,
sa famille, ses collègues, la société ?
Avec une écriture puissante, parfaitement traduite par
Fabrice Pointeau, l’auteur nous décrit
toute cette noirceur, tous ces malheurs, toutes ces horreurs. On voit des
protagonistes qui souffrent, tombent, se relèvent, repartent pour tenter de retrouver
une paix intérieure qui les fuit. Le style vous happe, vous tient dans ses rets
…. Parfois une éclaircie, fugace, vous laisse entrevoir une lueur d’espérance
mais tout cela reste éphémère.
Le style reste posé, offrant une atmosphère lourde,
empreinte de cris ou de silence (et ce n’est pas contradictoire) où chacun
s’efforce de rester en vie tout simplement ….On peut se demander comment
l’auteur installe dans ses livres, tous ces individus qui ont chaque fois une
part d’ombre importante. Il excelle à décrire ces vies brisées et on se demande chaque fois,
s’il va réussir à se renouveler, nous intéresser encore. . Ne peut-il bien
(d)écrire que des situations difficiles, des êtres qui portent une croix ?
Même, si pour moi, cet opus a été moins « fort » que
d’autres de R.J. Ellory (sans doute parce que j’ai été moins bouleversée, moins
touchée par les personnes rencontrées dans le récit), il n’en reste pas moins
vrai que cette lecture laissera une trace durable en moi et que je ne
l’oublierai pas.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire