Des yeux pour entendre (Seeing Voices)
Auteur: Olivier Sacks
Traduit de l’anglais pat Christian Cler
Éditions : Points (21 Novembre1996)
ISBN: 9782020239813
305 pages
Quelques mots sur l’auteur
Né à Londres, neurologue, il exerce et enseigne au Albert Einstein College of Medicine à New York. Il est l’auteur de Migraine (1986), L’Éveil (1987), Sur une jambe (1987), L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau (1988), Un anthropologue sur Mars (1996) et Musicophilia (2009).
Quatrième de couverture
Les livres précédents d’Oliver Sacks nous ont montré l’originalité de sa
démarche : aborder des maladies ou des affections comme autant de « mondes »
particuliers, autant de modes d’existence et de conscience spécifiques.
C’est à un voyage dans le monde de la surdité qu’il nous convie cette fois-ci,
en nous racontant, tout d’abord l’histoire de ce monde. La difficulté pour les
sourds d’entrer dans le langage les a longtemps fait considérer comme
intellectuellement inférieurs ? Jusqu’au jour où l’abbé de l’Épée, au XVIIIe
siècle, à Paris, les écouta, c’est-à-dire observa la langue des signes
qu’ils pratiquaient déjà entre eux, et, à partir d’elle, mit au point un
système de communication gestuel.
Mais ce livre est plus qu’une histoire. Il montre également ce que la surdité
peut nous apprendre à tous, sur notre condition d’êtres parlants. Ce que les
sourds donnent à voir, à qui les écoute, c’est bel et bien une autre façon,
aussi riche que celle des entendants, de pratiquer le langage ? Une autre manière
d’être humain.
Mon avis
La principale difficulté de ce livre est la place prise par
les annotations, les notes de bas de page, parfois plus importantes sur une
même feuille que le texte lui-même. Il leur arrive d’être tellement longues
qu’elles envahissent plusieurs pages consécutives et lorsque vous revenez au
texte, il faut quelques secondes pour reprendre pied dans la lecture et le
thème abordé dans le paragraphe.
Si l’on fait abstraction de cet écueil, c’est une lecture abordable, instructive, intéressante et plutôt complète. Elle se compose de trois parties.
La première partie retrace un historique de la surdité agrémenté de nombreux renvois à d’autres ouvrages ou articles ainsi qu’un début de réflexion sur langue des signes ou oral pour les personnes souffrant de surdité, la place des sourds dans la soiciété.
La deuxième partie, la plus longue et très intéressante d’un
point de vue des connaissances qu’elle apporte, se penche sur la langue des
signes, son utilisation, sa place dans la vie des sourds. L’auteur aborde aussi
la relation à l’autre, et comment les signes sont la parole. Le dilemme de
certains parents, qui veulent que leur enfant soit bien chez les sourds mais
aussi chez les entendants (et pour cela avoir la possibilité de communiquer des
deux façons de peur de ne sentir appartenir à aucun des deux mondes.)
Il développe la langue des signes en la présentant, en
expliquant comment elle utilise l’espace, la position des mains, les yeux et le
visage du signeur. Comment un même signe peut être modifié dans l’espace pour
donner différents sens (exemple avec le « signe » regarder qui peut
vouloir dire surveiller, dévisager, fixer des yeux, regarder longtemps…)
Il nous rappelle que la langue des signes ( à ne pas confondre avec le français signé ou l’américain signé) est une langue à part entière avec une syntaxe grammaticale qui lui est propre.
La troisième relate une grève en Mars 1988 à l’Université de
Gallaudet, destinée aux sourds et malentendants, située à Washington où
l’enseignement est bilingue. Les étudiants ont manifesté pour obtenir un
président d’université sourd.
Cette partie développe les relations entre sourds et entendants et démontrent combien les personnes sourdes revendiquent d’appartenir à une communauté d’où la nécessité d’un responsable qui les comprenne.
Je côtoie des élèves sourds, je pratique
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