Mon Bataclan : Vivre encore
Auteur : Fred Dewilde (Texte et dessins)
Éditions : Lemieux (22 octobre 2016)
ISBN : 978-2373440812
50 pages
Quatrième de couverture
Deux mains qui se tiennent du bout des doigts dans la
pénombre. Baignant dans le sang des autres, Fred et celle qu'il prénomme Élisa.
Nous sommes le 13 novembre 2015, dans la fosse du Bataclan. Ils étaient venus
pour le concert des Eagles of Death Metal, mais l'ambiance bascule soudainement
dans une tragédie historique. Deux heures durant, leur vie ne tient qu'à un
fil. Fred s'emploie à réconforter sa jeune voisine blessée à la jambe. Le récit
de l'après-attentat témoigne de façon bouleversante, mais toujours digne, de sa
vie en mille morceaux qu'il lui faut reconstituer comme un puzzle. Durant des
mois, Fred a l'impression étouffante d'être encore prisonnier du Bataclan.
Graphiste professionnel, il reprend peu à peu le crayon et le fil de ses idées.
Mon avis
Fred Dewilde a passé deux heures dans la fosse du
Bataclan, le 13 novembre 2015. Dimanche 5 mai 2024, « terrassé par la violence
de ses traumas » il s’est donné la mort ….
Pendant neuf ans, il a lutté mais comme il l’écrit dans son
roman graphique « une part de lui était resté dans la fosse ».
« Je cherche tous les jours la vie que ce 13 m’a prise.
Je suis à nu, à moitié tué, égaré dans ma propre vie »…
Comment survivre lorsqu’on a subi le pire. « Je
connais l’odeur, le goût de l’atrocité, de l’incompréhensible. »
Il ne supporte plus le bruit, la foule, les imprévus, il
prend un casque pour pouvoir s’isoler. Il voudrait se rouler en boule sous sa
couette, se cacher … Il perd le fil de ce qu’il sait faire….
Dans ce très beau roman graphique suivi de plusieurs pages
où l’auteur se confie sans dessins, juste avec du texte, on voit la détresse de
cet homme et on sait que ceux qui n’ont pas vécu l’horreur ne peuvent pas la
comprendre.
Les dessins sont en noir et blanc, parlants sans toutefois
nous plonger dans le voyeurisme inutile. Ils ne sont pas toujours délimités
comme si tout se bousculait sous les crayons de l’auteur, en vrac car il faut
expulser la terreur. Fred explique
comment il s’est retrouvé allongé près d’une jeune femme aux deux chevilles brisées,
comment ils se sont soutenus par le regard, immobiles, faisant les morts pour
être épargnés….
Et puis l’assaut avec le terrible « Les mains en l’air »
alors que vous n’avez rien fait mais c’est le seul moyen de calmer tout le
monde.
Ce sera ensuite « la vie d’après », plus jamais la
même. Les séances chez les psys, le lien fort avec les autres victimes, le
besoin de vivre tout en se posant sans cesse des questions, et quand ça va à
peine mieux, Bruxelles, Nice etc comme autant de piqures de rappel pour ne pas
oublier…Oui le terrorisme est toujours là, non il n’y a pas de répit ou si peu….
J’ai été bouleversée par ce livre. Je pense à Fred, à sa
famille qui a souffert de le voir perdre pied, essayer de s’en sortir puis
retomber …
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