Quand le fleuve gronde (Dunbar’s Cove)
Auteur : Borden Deal
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Charles B. Mertens
Éditions : Belfond (6 juin 2024)
ISBN : 978-2714497550
720 pages
Quatrième de couverture
Véritable classique de la littérature américaine, dans la
lignée des œuvres de John Steinbeck et James A. Michener, publié en France en
1960 et jamais réédité depuis, ce roman puissant et engagé, largement inspiré
de faits réels, raconte le désarroi des petits fermiers de la vallée du
Tennessee face à la menace des grands travaux du New Deal.
Mon avis
Écrit et publié en 1957 aux Etats-Unis, puis en France en
1960, « Quand le fleuve gronde » a longtemps été introuvable. Les
éditions Belfond viennent de le rééditer. Saga familiale et roman social, ce récit
est magnifique et vaut largement le détour ! Il a été adapté au cinéma
sous le titre « Le fleuve sauvage ».
Matthew Dunbar est à la tête du domaine des Dunbar, transmis
de père en fils depuis que David, le premier Dunbar (blanc et indien à la fois)
s’est installé sur cette terre qu’il a fait fructifier. Ne pas perdre un lopin,
faire vivre toute la famille et rester soudés, c’est ce qui pourrait être la
devise du patriarche qui règne avec une poigne de fer sur tout son monde :
ses trois fils et ses deux filles, sa femme étant décédée. Il y a aussi le
grand-père qui reste dans son fauteuil, un peu perdu mais toujours présent. Matthew
sait qu’un jour, à son tour, il devra transmettre la propriété. À l’aîné ?
Ou à un autre ? Il a encore le temps …
Une visite va bouleverser l’équilibre qui, finalement, s’avère
fragile. Un homme, Crawford Gates, arrive mandaté par la TVA (Tennessee Valley
Authority), une compagnie créée pour la construction et l’exploitation des
barrages sur le fleuve du même nom. Autrement dit, après avoir mesuré les
terrains, évalué les bâtiments, les Dunbar seront indemnisés et relogés ailleurs
car le barrage inondera leur exploitation.
Pour Matthew, pas besoin de se poser de question, c’est non.
Ses racines, celles de ses ancêtres et
de ses descendants sont là, pas ailleurs, il ne cédera pas. Il a une mission.
« Le Domaine des Dunbar est entre mes mains pour une
seule génération et je devrais ensuite choisir qui prendra ma place. »
Il s’entête, quitte à faire fuir ceux qu’il aime. La maison
se vide, se refroidit mais il s ‘obstine, il ne lâchera pas, jamais. Crawford
lui a un devoir, obtenir l’accord de cet homme, lui faire signer les papiers.
Chacun a des convictions, pense que ce qu’il fait est bien. Ils ne peuvent pas se
comprendre…. Pourtant les discussions entre ces deux passionnés sont, le plus
souvent, empreintes de respect. Les arguments font mouche ou pas, selon le moment,
si l’esprit est totalement fermé, c’est dur ….
« Il en viendra d’autres auxquels vous ne pourrez
pas tenir tête. Vous ne pouvez empêcher le progrès et le changement. Vous devez
aller de l’avant avec eux. »
Crawford n’a pas eu un parcours de vie très facile, c’est
sans doute ce qui fait que sa sensibilité est exacerbée. Il ne veut pas prendre
Matthew de front, il essaie de trouver des solutions, de lui parler, de lui
expliquer ce que le barrage lui apportera de confortable mais le chemin est
long.
Sept cents pages ? On n’y croit pas tellement ce récit
est fluide, agréable, addictif (merci au traducteur). Les personnages sont
humains, attachants. J’ai aimé leur personnalité faite de forces et de
faiblesses. L’auteur a su doser une forme de suspense avec des événements
imprévus qui relancent l’histoire. Je n’ai pas ressenti de longueurs, mon
intérêt était intact tout au long des chapitres. On ne reste pas uniquement sur
cette famille et le thème de la transmission. On découvre également tout le
côté « social » avec le contexte du travail pour la société TVA. Crawford
croit en ce qu’il fait, les ouvriers affectés au chantier aussi. Ce projet donne
du boulot aux jeunes habitants, les employés arrivés de l’extérieur pourront
aimer les filles du coin…
Si certains ne manqueront pas de trouver un petit côté « suranné »
à cet opus, en ce qui me concerne, j’ai été captivée et j’ai même fini en
larmes. C’est dire si les émotions étaient au rendez-vous avec cette lecture
forte et porteuse de sens.
Bonjour, je suis l'heureuse éditrice de ce livre que j'ai littéralement adoré, et quelle joie de lire vos mots et votre bonheur de lecture. Merci infiniment pour votre enthousiasme. Je vous souhaite un bel été. Valérie Maréchal
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