Comme des pas dans la neige (Tracks / Four Souls)
Auteur : Louise Erdrich
Traduit de l’américain par Michel Lederer
Éditions : Albin Michel (4 Novembre 2024)
ISBN : 9782226469656
448 pages
Quatrième de couverture
Hiver 1912. Le froid et la famine s’abattent sur une réserve
du Dakota du Nord alors que les Indiens Ojibwés luttent pour conserver le peu
de terres qu’il leur reste. Décidée à venger son peuple, Fleur Pillager
entreprend un long périple qui la mènera jusqu’à Minneapolis. Racontée tour à
tour par Nanapush, un ancien de la tribu, et Pauline, une jeune métisse,
l’aventure de la belle et indomptable Fleur donne lieu à un roman puissant et
profond, où le désir de vengeance finit par céder à celui, plus fort encore, de
se reconstruire.
Mon avis
Aux Etats-Unis, ce livre a été écrit et publié en 1988 pour
la première partie et 2004 pour la seconde (jamais paru en France). En
français, les deux sont réunies dans un seul recueil.
Le trait d’union est Fleur Pillager, une femme indomptable
qui emplit les pages de son caractère fougueux, de sa vie, faite de nombreuses
luttes. C’est un récit choral. Dans « Traces », ce sont Nanapush, un
vieil homme et Pauline, une jeune métisse qui présentent les événements. Les
chapitres (au nombre de neuf) sont longs et couvrent la période 1912 à 1924. On
découvre que Fleur est une survivante, et on la suit dans son quotidien.
Parfois, on s’interroge, les narrateurs sont-ils fiables ou interprètent-ils
les faits ? Fleur porte-t-elle vraiment malheur ou le destin s’acharne-t-il
sur ceux qu’elle côtoie ?
Dans « Quatre âmes », plusieurs personnes s’expriment
et présentent ce qu’a fait Fleur pour venger son peuple. Quand elle commence à
mettre en place des actes pour punir, un de ceux qu’elle rencontre lui demande
qui elle est. Elle répond :
« Je suis le bruit que faisait le vent dans mille
aiguilles de pin. Je suis le silence à la racine. »
Louise Erdrich, comme à son habitude, pose de vraies
réflexions sur la vie des indiens. Elle n’occulte pas le fait que certains
problèmes viennent de leur mode de vie quand l’alcool et l’argent les ont
éloignés de la « réalité ».
« Nos ennuis sont venus de notre mode de vie, de l’alcool
et du dollar. Trébuchant, nous nous sommes jetés sur l’appât utilisé par le
gouvernement sans jamais regarder à nos pieds, sans jamais remarquer comment la
terre nous était enlevée sous chacun de nos pas. »
Elle analyse les rapports humains avec une grande finesse,
elle décortique l’évolution de « son » peuple, qui autrefois ne
laissait pas de traces, et qui, maintenant laisse une profonde empreinte
sur la terre. Elle ne veut pas qu’on oublie tous ces groupes à qui le
gouvernement a volé des terres. Elle rappelle qu’à ces vols, se sont ajoutées
la famine et des conditions de vie épouvantables.
C’est un récit de « mémoire » et de transmission,
tâches ardues que ne lâchera jamais la talentueuse Louise Erdrich.
Ses mots, portés par une écriture (merci au traducteur) toujours aussi lumineuse, empreinte de poésie, font mouche, ils sont comme autant de traces, non pas dans la neige, au risque de s’effacer, mais dans notre cœur où ils resteront gravés.
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