Les gens qui rêvent
Auteur : Guillaume Martin-Guyonnet
Éditions : Grasset (30 Octobre 2024)
ISBN : 978-2246834779
320 pages
Quatrième de couverture
Un jeune cycliste s’entraîne sur les routes ombragées de la
campagne normande. Le vélo n'est pas encore son métier. Le Tour de France n'est
encore qu'un astre lointain. À quinze ans, il profite simplement du moment, de
la nature, de son souffle qui commence tout juste à se poser. Cinquante ans
plus tôt, un garçon de ferme contemple les étoiles, un soir d’été, allongé dans
un champ ; il a le cœur rempli de rêves. Au seizième siècle, enfin, un érudit
humaniste, penché sur son pupitre, est occupé à noircir des manuscrits devant
la cheminée de son manoir. Trois personnages. Trois époques. Trois destins. Des
siècles les séparent mais un même lieu les rassemble : le domaine de La
Boderie, en Suisse Normande.
Mon avis
La tête et les jambes….
Né en 1993, Guillaume Martin-Guyonnet est cycliste
professionnel et titulaire d’un master de philosophie. Il a déjà écrit une
pièce de théâtre et deux essais. Ce livre est sans doute le plus personnel de
ses écrits puisqu’il parle de lui et de son père.
Il entrecoupe trois destins, unis par un même lieu : le
domaine de La Boderie. Il évoque la vie de trois hommes, dont lui, avec ce qu’il
sait, ce qu’il a retrouvé, recoupé grâce à des informations. Et lorsqu’il
ignore quelque chose, il essaie de, non pas deviner, mais déduire pour
comprendre les événements du passé.
On fait connaissance avec Guy Lefèvre de la Boderie en Août
1567. C’est un « raconteur » d’histoires qui a voyagé, écrit,
traduit. L’auteur fait un parallèle avec lui car il dit : « …il me
fait pense à un coureur, un « bouffeur de vent du savoir », porté par
une folle ambition. »
En Juin 1954, c’est Dani, le père de Guillaume qui apparaît.
Un petit garçon qu’on verra grandir. Les livres l’attirent, et à défaut d’écrire
il travaillera en imprimerie, en commençant par être apprenti typographe.
Le troisième, c’est Guillaume lui-même et lorsqu’il s’exprime
en son nom, il emploie le « je ». Alors qu’il effectue sa huitième
année chez les professionnels, il réalise que : « L’écriture
devient alors pour moi presque un besoin, pour évoquer, voire évacuer les
questionnements, pour m’occuper. »
Il analyse finement son propre rapport avec l’écriture.
Il explique sa relation avec son vélo, la souffrance physique
qu’on oublie face à la réussite du challenge sportif. Les questions parfois, en
se demandant à quoi bon tout ça, si on a des résultats moyens… Il revient sur
la place de sa bicyclette pendant le confinement lorsque les kilomètres étaient
comptés.
« Oui, le sport est un art, parce que comme l’art il
est sans raison. »
Ses remarques et réflexions sont très « philosophiques,
il va loin. Il se remet en cause. Il établit des comparaisons entre ses trois
personnages, nous faisant voyager à travers le temps. Son style est affirmé,
profond, intéressant. J’ai été surprise par ce que j’ai lu : c’est très abouti.
Je ne connaissais ni le cycliste ni l’écrivain, mais je vais
suivre les deux !
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