Ravagés de splendeur
Auteur : Guillaume Lebrun
Éditions : Bourgois (9 Janvier 2025)
ISBN : 978-2267053524
154 pages
Quatrième de couverture
Rome, début du IIIe siècle. Les intrigues et les complots de
sa famille portent le jeune Héliogabale à la tête
de l’Empire romain, inaugurant un règne de rage et de fureur. Soutenu par sa
femme, la Grande Vestale Aquilia, et l’ancien esclave Hiéroclès, avec lesquels
il forme un trio amoureux, l'Empereur devient Impératrice et met Rome au défi
en multipliant les scandales. Jusqu'à sa mort brutale, Héliogabale tentera
d'instaurer une liberté absolue au cœur de cet Empire sclérosé par la peur :
une liberté sexuelle, une liberté de culte, une liberté d'être.
Mon avis
D’abord, il y a cette couverture où la statue du jeune
Héliogabale est « colorée » par des fleurs. On dirait qu’elles ont
été jetées sur un corps « abandonné » dans toute sa langueur
amoureuse. Peut-être pour le mettre en valeur par les couleurs ou le cacher un
peu, l’air de rien, avec quelques feuilles ou pétales. Peu importe, elle attire
l’œil, comme le titre et donne envie de se pencher sur le texte introduit par
cette photographie.
On rentre alors dans ce livre, totalement atypique par le
contenu et l’écriture. Pétillant, audacieux et irrévérencieux mais jamais
vulgaire. Ils sont trois à s’exprimer, le titre du chapitre précisant celui ou
celle qui prend la parole.
On est au début du troisième siècle et après des
manipulations et des tricheries, c’est le jeune Héliogabale qui se retrouve à
la tête de l’Empire romain.
Dans le premier chapitre, c’est Aquilia, une des Vestales
qui prend la parole. Elle est au temple depuis qu’elle a cinq ans. Elle doit
donner trente ans de sa vie et veiller à ce que le feu ne s’éteigne jamais.
Elle est obligée de rester encore et toujours, obéissante et dévouée. Mais les
autres femmes lui parlent de ce jeune homme qui est à la tête de l’Empire… Elle
voudrait poser des questions sur lui mais elle n’y arrive pas.
« Je suis déjà soumise ici, la liberté qui m’est
octroyée est une singerie : que l’Empereur soit fou ou philosophe,
nous devrons obéir à ses caprices, […] »
Et puis un soir, il vient et c’est la rencontre, l’explosion
de tous les sens même si, dans un premier temps, l’amour physique n’est pas
présent. Ensuite c’est la découverte du corps, des corps. Héliogabale ne veut
pas du sien, il est mal, il veut être « elle », se débarrasser de
cette enveloppe extérieure qui ne lui convient pas pour découvrir le plaisir
sous toutes ses formes, comme il/ elle le souhaite.
Le Graal sera d’être trois, de vibrer de chaque parcelle de
son corps pour se sentir devenir femme. Parce que Héliogabale est sans doute un
des premiers à avoir eu le cran de renier ce qu’il était et de montrer qu’il se
sentait « autre ».
Mais un empereur a-t-il le droit à la parole, à la
désobéissance ? Peut-il dire qu’il rejette le sexe qu’il possède entre les
jambes, qu’il veut être femme parce qu’il se sent femme tout simplement ?
Celui-ci a osé. Il s’est révolté, imposé, prêt à tout risquer, même sa vie pour
croiser la route du bonheur même brièvement.
Avec lui, devrais-je écrire « elle » par respect ?
Avec Héliogabale, le mot « liberté » prend tout son sens. Affranchi-e
du « qu’en dira-ton » (ce qui, pour l’époque est exceptionnel,
il/elle ne se met aucune limite et n’en supporte pas. C’est un peu une révolution
culturelle !
L’auteur a choisi de nous offrir le portrait d’un personnage
historique peu connu qui a remis en question la thématique du « genre ».
Il aborde également, en filigrane, tout
ce qui concerne le pouvoir et ce qu’on en fait.
Ce récit est un vrai feu d’artifice !
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