Le Retour (Beyond Recall)
Auteur : Robert Goddard
Traduit de l'anglais par Élodie Leplat
Éditions : Sonatine (28 Août 2014)
Première édition en 1997 en langue originale.
ISBN : 978-2-35584-280
Quatrième de couverture
Il ne faudrait jamais se retourner sur son passé...
Cornouailles, 1981. Chris Napier revient pour la première
fois depuis des années à Tredower House, le domaine familial, acquis entre les
deux guerres par son grand-oncle Joshua, pour assister au mariage de sa nièce.
Au beau milieu de la cérémonie, Nick Lanyon, l'ami d'enfance de Chris, fait
irruption et annonce, à la surprise de tous, que son père, Michael Lanyon, exécuté
pour avoir commandité le meurtre de Joshua en 1947, était innocent.Mais il y a des secrets qu'il est parfois bon de laisser en
sommeil et Chris est loin de se douter des dangers qu'il encourt en exposant
ainsi la légende familiale à la lumière de la vérité.
Mon avis
Manipulation….
Les thèmes chers à Robert Goddard sont, une fois encore,
abordés dans ce roman. Et il le fait d’une façon magistrale. Conspiration
familiale, non-dits, corruption, trahison, manipulation
Quelques pages sur aujourd’hui, puis nous voici en 1981 «
hier »….
Le personnage central est Chris Napier, revenu sur les lieux
de son enfance et de sa jeunesse pour assister au mariage de sa nièce. Là, un
événement imprévu et bouleversant va l’inciter à repartir sur les traces du
passé. De secrets de familles enfouis, en confidences (vraies ou fausses), en
passant par des recherches dans de vieux documents et des rencontres avec des
témoins de l’époque, nous voici entraînés à sa suite dans une longue quête de
la vérité qui l’obligera à remonter l’histoire familiale jusqu’à ses
grands-parents.
L’écriture est dense, fouillée, complexe (la traduction n’a
pas dû être aisée et je n’ai pas toujours été à l’aise avec les tournures de
phrases). L’auteur passe d’une époque à une autre dans un même chapitre, dans
le paragraphe suivant, sans mettre une indication de lieu ou de date en
sous-titre. Bien sûr ce qu’on lit, nous permet de situer les faits rapidement
mais c’est parfois déconcertant et troublant. D’autant plus que rien n’est
vraiment simple. En effet, chaque fois que l’on pense que la situation est
enfin claire, une nouvelle ramification ou un rebondissement inédit se mettent
en place et nous emmènent sur d’autres voies.
« Mais l’impasse est parfois trompeuse. Un virage dérobé se
révèle juste avant que vous n’heurtiez le mur. Ce que j’avais oublié était ce
que je venais de commencer à comprendre. Il ne s’agissait que du passé. »
Le héros est manipulé par des individus dans l’ombre,
balloté au gré de ses découvertes qui l’emportent toujours plus loin, vers
d’autres possibles, d’autres risques. Lui, qui pourrait sembler un peu
nonchalant en début d’ouvrage, prend de la consistance sous nos yeux et gagne
une certaine forme de maturité sans que ce soit dans l’excès. Il reste très
crédible. Les autres protagonistes sont également très réalistes, la plupart
avec une part d’ambivalence que nous discernons petit à petit au fil des pages.
Car comme Chris Napier, le lecteur se fait « avoir »,
habilement manœuvré par les indices et les révélations au compte-gouttes qui
sont glissés au fil des pages.
Une fois de plus, l’importance du passé se révèle cruciale
dans un roman. Est-ce que tout finit par se savoir ? Pas forcément, mais à trop
cacher, à trop tricher, à trop transformer la vérité, les déséquilibres se
creusent et les répercussions sont terribles sur les familles (surtout sur les
générations suivantes), les amis, les voisins ….
L’ambiance est celle des petites contrées de Cornouailles,
une atmosphère feutrée, les bords de mer avec le vent, les embruns, une
végétation sauvage et le ciel voilé comme seul horizon…. Les gens s’observent,
se jalousent, se surveillent, s’apprécient, se détestent, se jugent…parlent ou
se taisent ou sont entre les deux…. Les policiers et les juges ne sont pas en
premier plan. On aura malgré tout l’occasion de voir qu’il est parfois plus
facile de résoudre les enquêtes sans trop fouiller, en se basant sur de vagues
convictions, qui permettent de se débarrasser de tous approfondissements
alambiqués demandant beaucoup plus d’énergie….
Ce roman est pour moi une vraie réussite, Robert Goddard a
réussi à me surprendre et à me tenir en haleine, je me demandais sans cesse
dans quelle direction il allait me guider, ce que j’allais entrevoir, comment j’allais l’interpréter et ce que
seraient mes conclusions et celles de Chris Napier….
Ce livre date de 1997 (en langue originale) et on peut se
demander pourquoi il n’a été traduit qu’en 2014….
A consommer sans modération, cet hiver avec une théière bien
remplie à portée de mains….
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