Traduit de l’espagnol par Bertille Hausberg
Éditions : Métailié (14 janvier 2010)
ISBN : 978-2864247104
160 pages
Quatrième de couverture
Un jour de pluie à Santiago, trois vieux nostalgiques rêvent
de propager la révolution. En attendant leur chef, " le Spécialiste
", Arancibia, Garmendia et Salinas boivent, fulminent et se disputent pour
le plaisir. Mais " le Spécialiste " ne viendra pas : il est mort, assommé
par un tourne-disque jeté d'un balcon lors d'une dispute conjugale. Aux vieux
communistes de prendre leur destin en main...
Mon avis
Un livre qui va vite, un livre qui se lit vite ...
Une histoire courte dans le temps mais pas vraiment dans
l’espace puisque beaucoup de lieux, autres que le principal où se déroulent les
faits, seront évoqués.
Des hommes, des vrais, qui ont combattu pour un idéal, qui
veulent encore une fois agir …. Leur force ? L’amitié, une amitié masculine, «
brute de décoffrage », sans fioriture où on partage du poulet, où on ne
s’attarde pas sur les souffrances, les tortures, l’exil subis. Une amitié où on
continue de vivre, de rêver, de renverser des montagnes, de vouloir croire en
d’autres possibles … Une amitié qui défie le temps, les séparations …
Une écriture accompagnée d’un humour dont je me suis
régalée, permettant de sourire malgré la gravité des faits évoqués. Des
descriptions jubilatoires (les différents scénarios imaginés par Aravena
s’appuyant sur sa culture cinéphile), des échanges savoureux (les emails et
certains dialogues) … tout cela contribue à donner au récit une légèreté de bon
ton.
La force de l’auteur est d’avoir su glisser des allusions à
des événements historiques comme autant de rappels et de portes entrouvertes
pour nous pousser à aller plus loin dans la connaissance de l’Histoire (avec un
H majuscule) mais aussi de nous-mêmes (que sont devenus nos rêves, nos combats
?....)
Tout ceci au milieu d’une histoire cocasse dont les
invraisemblances ne nous gênent pas plus que ça tant elles sont bien amenées.
Cela permet peut-être de toucher un public plus large,
d’être traduit et diffusé sans risque de censure et c’est une excellente
manière de nous remémorer ce qu’on ne doit pas oublier (ce sont eux qui le
disent dans le livre, pas moi.) :
« Comme l'a dit le
camarade Lénine, les hommes ne peuvent pas corriger les choses du passé, mais
ils peuvent anticiper celles de l'avenir."
J’ai lu un jour que pour Luis Sepúlveda, la littérature
était une forme de résistance.
Il a souffert sous Pinochet, a connu les geôles, l’exil, la
souffrance ….
Mais de quel bois est fait cet homme pour arriver à écrire
de telles choses, on pourrait presque écrire qu’il rit de lui-même, de ce qu’il
a vécu et je ne peux pas m’empêcher de penser à cette phrase de Boris Vian :
« L’humour est la
politesse du désespoir. »
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