"La fille du roi des Marais" de Karen Dionne (The Marsh King's Daughter)


La fille du roi des marais
Auteur : Karen Dionne
Traduit  l’anglais (Etats-Unis) par Dominique Defert
Éditions : Jean-Claude Lattès (Mars 2018)
ISBN : 9782709659215
400 pages

Quatrième de couverture

Enfin, Helena a la vie qu’elle mérite  ! Un mari aimant, deux ravissantes petites filles, un travail qui occupe ses journées. Mais quand un détenu s’évade d’une prison de sa région, elle mesure son erreur  : comment a-t-elle pu croire qu’elle pourrait tirer un trait sur son douloureux passé  ?

Mon avis

Quelle étrange relation que celle qui lie Helena à son père. Elle est faite de peur, d’admiration, de respect, de dégoût,  d’amour « désordonné »…  Helena est née de l’union d’un homme sauvage, solitaire, coupé du monde avec une jeune fille qu’il a kidnappée. Il l’a installée avec lui, loin des siens, au milieu des marais où ils vivaient en autarcie, pratiquement coupés de tout et là,  Helena est née.

N’ayant  connu que la vie là-bas,  elle a eu beaucoup de difficultés à vivre avec les autres lorsqu’elle a été libérée. Elle s’est retrouvée dans une société dont elle ignorait tout, même les codes les plus élémentaires de communication. Pourtant, maintenant, elle s’est construite, elle vit en couple et elle a deux adorables filles. Bien sûr, son équilibre reste fragile car parfois l’envie lui prend de s’en aller pour arpenter la nature mais elle a un conjoint très compréhensif bien qu’il ne sache rien de son passé. En effet, elle a occulté tout de sa vie d’avant et ne lui en a jamais parlé….

Aussi, lorsqu’elle apprend que son père s’est échappé alors qu’il était emprisonné, elle a peur. Elle sait très bien ce qu’il va faire : la traquer. Et aussitôt, elle prend une décision : de chassée elle va devenir chasseur… Et la poursuite commence. Elle part seule….

Ce récit se décline sur plusieurs approches, Helena raconte sa vie dans la cabane, au milieu des marais, au plus près  de la nature, vivant de peu avec ses parents. Elle explique tout ce qu’elle a appris à leur contact, combien son père la fascinait par ses connaissances multiples mais également combien il l’effrayait par son intransigeance, sa violence. Elle a été élevée « à la dure » pour devenir une guerrière…  Celle qu’elle est aujourd’hui au moment de ce qu’elle espère être le dernier combat contre son géniteur. Une autre approche est celle d’Helena lorsqu’elle a découvert ce qu’était la vie quotidienne dont elle ne savait rien : l’eau courante, l’électricité, l’école et bien d ‘autres choses, tout ce qui l’a désarçonnée …  Et le dernier aspect est celui du temps présent avec les événements qui se déroulent sous nos yeux.  Pour compléter tout cela, quelques extraits d’un conte d’Andersen.

Il  y a peu de personnages, et ce presque huis clos nous permet de réaliser combien la « libération » de Helena et de sa mère a dû être brutale, difficile à vivre, douloureuse même. On voit la jeune femme face à ses choix, ses contradictions, ses peurs, ses doutes …. L’écriture est précise, travaillée, porteuse de sens. L’auteur arrive très bien à nous montrer combien Helena a pu « aimer » son père malgré l’horreur de ce qu’il lui faisait vivre. Le fait de ne rien connaître d’autre explique en partie les faits, mais pas seulement. Je pense que cet homme avait une espèce d’aura, il en imposait par sa stature mais aussi par sa façon de prendre les choses en mains, en vrai chef incontestable.  Helena est marquée à vie par ce lourd passé et ce que nous découvrons dans ce livre, c’est la lutte d’une femme contre son père mais également contre elle-même….

Ce recueil est surprenant, il est rare d’aborder les événements d’une séquestration sous cet angle et c’est pour cela qu’il m’a intéressée.  C’est une lecture parfois éprouvante mais à découvrir….

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