"Face au vent" de Jim Lynch (Before the wind)


Face au vent (Before the wind)
Auteur : Jim Lynch
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean Esch
Éditions : Gallmeister (4 Janvier 2018)
ISBN : 978-2351781449
370 pages

Quatrième de couverture

Dans la famille Johannssen, la voile est une question d'ADN. Installés au coeur de la baie de Seattle, le grand-père dessine les voiliers, le père les construit, la mère, admiratrice d'Einstein, calcule leur trajectoire. Si les deux frères, Bernard et Josh, ont hérité de cette passion, c'est la jeune et charismatique Ruby qui sait le mieux jouer avec les éléments.

Mon avis

« Pendant des années, la voile nous a unis. Nous étions régatiers, constructeurs et plaisanciers. C’était à la fois notre entreprise familiale, notre sport et notre drogue favorite. Et puis, la voile a fini par nous séparer »

C’est une famille qui respire voile, mange voile, pense voile, c’est plus qu’une passion, c’est comme le sang qui coule dans les veines, ça fait partie d’eux de grand-père en petits enfants. Même la mère qui semble plus à distance, car elle est mathématicienne, trouve le moyen de relier voile et maths ! Trois générations sont réunies à Puget Sound et la famille est connue dans ce coin de bord de mer (d’ailleurs pourraient-ils vivre ailleurs ?).  Le papy dessine, le père fabrique, la mère pense, les trois enfants participent aux régates régulièrement. Mais Ruby la fille se détache de ce petit monde, elle a un don, elle sent le vent, elle saisit quand il va arriver, tourner, virer, et cela les aide à gagner. Jusqu’au jour où tout vole en éclats.

C’est Josh, un des deux fils de la famille qui raconte, douze ans après les événements qui ont amené à cette dissolution. Qu’a-t-il pu se passer entre les membres de cette famille pour que certains choisissent de fuir, de tout arrêter ? Quelle est la part de secrets, de non-dits qui les a empoisonnés ? N’avaient-ils que le langage de la navigation en commun, et rien d’autre ?

Josh est sur le chantier de réparations des bateaux, à quai, dans un lieu fixe, comme s’il avait besoin de racines. Mais il nous entraîne loin dans le temps, dans différents coins du monde également, par flashs, pour nous conter cette « déconstruction ». Rêves perdus, espoirs brisés, volonté d’être maître de sa destinée, qu’en est-il de chacun ?

C’est un récit plein de silences et de bruits (et ce n’est pas opposé, il y a les silences entre les individus, le bruit du vent, du chantier dans l’environnement), d’émotions contenues qui s’expriment entre les lignes, comme s’il était difficile de poser des mots sur les contradictions de ces personnes qui s’aiment mais ne savent pas forcément se parler, de peur de se blesser ? Petit à petit, nous réalisons les difficultés de communication de ces sportifs accomplis qui sont le nez, non pas dans le guidon, mais sur la proue. C’est avec une plume délicate mais parfois acide que l’auteur décrit cet univers. Il faut aimer la mer, la voile pour apprécier la finesse des scènes, du vocabulaire mais si ce milieu nous est un peu étranger, on peut déjà goûter au style poétique. Les termes techniques restent digestes car le traducteur a fait un travail remarquable en ce sens.

C’est un roman surprenant parce la voile et tout ce qui est lié à cette thématique prend beaucoup de place mais il faut se laisser porter par le vent pour en profiter pleinement.






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