Violence d’Etat
Auteur : André Blanc
Éditions : Jigal (15 Septembre 2015)
ISBN : 979-10-92016-52-9
270 pages
Quatrième de couverture
Suite à un tragique accident survenu sur le périphérique
lyonnais, le commandant Farel découvre un important stock de drogue et d’armes
planqué dans un cercueil. En remontant la piste de ce qui semble être un trafic
régulier, Farel fait sortir du bois une figure du grand banditisme local, un
mafieux russe, des hommes de main en provenance des Balkans, une société de
sécurité privée et un mystérieux Lupus… Mais au fil de l'enquête, c'est au plus
haut sommet de l'État qu'apparaissent quelques personnages inattendus –
officier d'état-major, flic à la retraite, énarque, directeur de cabinet – qui
semblent, dans le plus grand secret, tirer les ficelles… Après avoir esquivé
menaces, intimidations, attentats et autres coups bas, c'est dans un réel
climat de guerre froide que Farel et son équipe vont devoir affronter cette
étrange coalition !
Mon avis
Etre et durer
Farel est un homme
aux mille facettes et aux multiples vies. Plus je le découvre, plus il me
fascine. Il montre une force de caractère peu commune, une façon d’être à la
fois très tendre et parfois si violente, sans état d’âme lorsqu’il pense
toucher le mal dans sa profondeur. Complètement insaisissable et pourtant il
emplit le roman, vous prend par la main et ne vous lâche plus. C’est lui qui donne vie aux pages et parce
qu’on s’attache à ses pas, on veut aller plus loin à ses côtés. Alors, on se
prend à écouter ce qu’il ne dit pas, à lire entre les lignes ce qu’il n’exprime
pas. Parce qu’il est comme ça le commandant : pas de grand discours
inutile, seulement, des actions ciblées, voulues, choisies en conscience (la
sienne) quitte à franchir la ligne rouge. Une équipe qu’il connaît, parfois
surprise de ses manières mais habituée à lui et comme dit l’adage :
« On sait ce qu’on perd, mais on ignore ce qu’on gagne. » Alors il
vaut peut-être mieux travailler avec Farel, vu de l’extérieur comme un policier
psychorigide, mais qui est un homme diablement efficace et non dépourvu
d’humanité même si on ne la voit pas au premier abord (et quand il laisse
entrevoir qu’il est amoureux, on sent la glace qui fond et on découvre les
failles) . C’est sans doute pour ça que
ses collègues, la plupart du temps, lui pardonnent ce qui va moins bien. Et
puis c’est quelqu’un qui a la notion du devoir intime.
Le départ de ce roman ressemble beaucoup à un fait divers
qu’on pourrait trouver dans nos journaux (D’ailleurs, l’auteur dit dans un
entretien avoir été inspiré par la réalité). Un accident dramatique, dans
lequel est impliqué un fourgon funéraire, et où il n’y a pas de mort dans le
cercueil (mais bien assez tout autour). Quid du contenu ? De la drogue et des
armes… Trafic à la petite semaine ou plus grosse affaire ? Avec la juge Fournier qui comme lui ne se
laisse pas intimider ni influencer, Farel et son équipe dont un petit nouveau,Jimmy,
au nom prédestiné (clin d’œil à l’éditeur ?) mènent l’enquête. Ils vont
loin dans leurs investigations et découvrent des choses étonnantes,
surprenantes, et surtout dérangeantes….
« Les années
passées à tendre des pièges et des chausse-trappes dans les alcôves du pouvoir,
lui avaient laissé croire que tout était permis, que la justice était toujours
vendue à qui la payait, que le pouvoir n’entendrait jamais les cris, ni les
soupirs des hommes, simples pions jetables, et que sous couvert d’intérêt
national, la fin devait toujours justifier les moyens, quel qu’en fut le
prix…. »
Voilà comment raisonnent les hauts placés, ceux qui
gouvernent l’état, les « intouchables » (ou qui le croient) et pour quelques uns, des êtres sans scrupules, prêts à écraser tout
sur leur passage pour leur profit personnel. Roman ? Vous avez dit
roman ?
Lorsqu’on sait où a travaillé André Blanc, pourquoi il est
probablement parti , on a le droit de s’interroger. D’autant plus que son livre
a des accents de vécu, de vérité, de réalité (les sociétés militaires privées ont-elles
« privatisé » la violence ? Et jusqu’où vont leurs actions au
niveau politique ?)
C’est donc, une fois encore, un livre dur, édifiant sur certains points (si on ne fait pas
l’autruche), déstabilisant car entraînant des interrogations (tous pourris ou
pas ? et si oui, comment agir ?) et écrit dans un style sobre qui
frappe fort à votre porte. Le cerveau en prend plein les neurones et le lecteur
plein la vue…obligé qu’il est d’enlever les lunettes roses qui le laissaient
croire que « tout le monde il est beau, tout le monde il est
gentil… »
« Etre et durer » que ce soit Guillaume Farel ou
André Blanc, je le souhaite pour notre plus grand bonheur.
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