L’enfant de Février (February’s Son)
Auteur : Alan Parks
Traduit de l’anglais (Ecosse) par Olivier Deparis
Éditions : Payot & Rivages (5 Février 2020)
ISBN : 978-2-7436-4949-4
412 pages
Quatrième de couverture
À Glasgow, le 10 février 1973, le corps mutilé de Charlie
Jackson, étoile montante du football professionnel, est retrouvé sur le toit
d’un immeuble en construction. En outre, on peut lire « Bye bye » sur son
torse. L’œuvre d’un dingue ? Pourquoi pas, mais la balle qui lui a traversé le
crâne fait penser à une exécution. Le jeune homme devait épouser Elaine, la
fille de Jake Scobie, un gros bonnet du trafic de drogue. Et le meurtre a
peut-être pour mobile la jalousie….
Mon avis
Noir comme un ciel d’orage en hiver
Glasgow, Février 1973, neige, froid, brouillard, pluie,
humidité, brr il ne fait pas bon se promener en ville. C’est une cité aux deux
visages avec des quartier sur fond de drogue, d’alcool, de prostitution et d’autres
coins plus chics. Ambivalence que l’on retrouve chez Harry McCoy, le personnage
principal, un policier au passé plus que sombre. Il peut être violent, mais
aussi terriblement humain, comme si le bien et le mal se disputaient en
permanence au fond de lui.
Il arrive à la fin de ses trois semaines de repos lorsqu’il
reçoit un appel de Murray, son supérieur au boulot. Il doit se rendre sur une
scène de crime. Un talentueux footballeur a été assassiné. Double crime en
quelque sorte, le jeune homme était la star du club de Celtic et il était en
couple avec Elaine Scobie, gros manitou local de la drogue. Alors ? Qui et
pourquoi ? Il va falloir la jouer fine. Les supporters vont mettre la
pression pour avoir un coupable et le père d’Elaine ne restera pas en reste,
voulant comprendre pourquoi son futur gendre a été assassiné, qui plus est,
dans des conditions particulièrement atroces.
Murray demande donc à McCoy et à son jeune adjoint Wattie de
mener l’enquête, rappelant que tout doit se faire avec diplomatie, vu les milieux
dans lesquels ils vont investiguer, ce qui est parfois très difficile pour MacCoy,
un peu brut de décoffrage. Parallèlement, un homme a été retrouvé pendu dans
une église et cette histoire tracasse Harry…. Très rapidement, un présumé
coupable est mis sous surveillance, mais rien ne va être aisé. McCoy jongle
entre les différents faubourgs de la contrée et son visage, son aspect, son
comportement se mettent alors en adéquation avec le lieu. Comme si ses
fréquentations déteignaient sur lui. Il connaît d’ailleurs un malfrat, Stevie
Cooper, depuis qu’ils sont enfants. Ce dernier peut donner des tuyaux à McCoy
mais peut également se montrer dur, voire plus avec lui, jouant de sa toute-puissance.
Et puis flic et caïd, est-ce un bon binôme ? Il cherche, gratte,
questionne, mais pas facile, même l’amoureuse éplorée ne paraît pas nette.
On va donc suivre, dans Glasgow, les diverses étapes de l’enquête
sur une petite dizaine de jours. L’atmosphère et l’environnement sont deux
atouts importants de ce roman, on visualise, on sent les odeurs, on entend la
musique, les chants, les rires gras ou forcés, on voit les uns et les autres
déambuler, fouettés par le vent et la pluie, dans les rues mal éclairées, heurtant
des gens qui passent par là….bonnes ou mauvaises rencontres, c’est selon le
moment….
On sent que les enquêteurs marchent sur un fil, qu’ils ne
sont pas à l’abri d’un faux pas, surtout avec l’impulsivité de McCoy et son penchant
pour la bière et la drogue…. Ils doivent sans arrêt réfléchir à la façon d’aborder
les personnes qu’ils vont interroger pour essayer d’en tirer le meilleur. Mais
le mensonge, la corruption, la dissimulation sont comme une seconde peau pour
la plupart d’entre eux et ils sont capables de dire tout et son contraire dans
la minute suivante se moquant des policiers.
J’avais beaucoup aimé « Janvier noir » du même
auteur, « L’enfant de Février » offre une écriture et un style qui
ont monté en puissance, des protagonistes qui se sont étoffés. Tout est plus
abouti, plus profond, plus dur aussi pour le lecteur qui, à la toute fin, se
retrouve pantelant dans son canapé. Alan Parks a su aller plus loin, en s’enfonçant
dans les âmes torturées des hommes et des femmes qu’il présente. C’est noir,
glauque et très addictif ! J’en redemande ! On est bientôt en mars,
non ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire