Frontière belge (Gun before Butter)
Une enquête de l’inspecteur Van Der Valk
Auteur : Nicolas Freeling
Traduit de l’anglais par Marcellita de Moltke-Huitfeld et Ghislaine Lavagne, revu par Rémy Lambrechts
Éditions : L’Archipel (1 er Avril 2021)
ISBN : 978-2809841268
265 pages
Quatrième de couverture
Ce roman se déroule dans les années 1960 quand il existait
encore des frontières entre la Belgique, la France et les Pays-Bas. Van der
Valk y croise Lucienne Englebert alors que son père, chef d'orchestre de renom,
vient d'être victime d'un accident de voiture.
Puis l'inspecteur l'oublie, accaparé par plusieurs affaires, dont l'assassinat
a priori banal d'un homme. A priori seulement, car cet individu aux identités
multiples obligera notre atypique policier hollandais à se rendre en Belgique…
Mon avis
Nicolas Freeling (de son vrai nom Nicolas Davidson) est
décédé en 2003 (né en 1927). Il était chef cuisinier et alors qu’il purgeait
une peine de prison de trois semaines (accusé à tort d’un vol de nourriture),
il a décidé d’écrire pour ne pas s’ennuyer. C’est comme ça qu’est né, à partir
de 1962, son héros récurrent, le commissaire Van der Valk. « Frontière
belge » est la troisième histoire de ce policier et a été publiée en France,
en 1965, la première fois. La réédition aux éditions L’Archipel m’a permis de
faire connaissance avec l’auteur et son policier. Et je dois le dire tout de
suite, c’est une belle rencontre !
Le récit se situe dans les années 60. On est loin des
procédés modernes avec l’ADN, des téléphones portables, des échanges par mail
et des recherches sur internet. Cela donne un petit côté suranné que j’ai
énormément apprécié tant dans le contexte que dans l’écriture.
L’inspecteur Vand Der Valk marche dans les rues d’Amsterdam
et assiste à un accident. Il échange quelques mots avec le conducteur qui meurt
sous ses yeux et il aide une jeune femme, sa fille à s’en sortir. Pour une
raison inexplicable, elle l’intrigue mais il finit par ne plus y penser car il
doit se concentrer sur son métier : enquêter. Ça tombe bien, une voiture
abandonnée ouverte avec les clés, devant une demeure lui pose question. En jouant les cambrioleurs, il rentre dans l’habitation
et découvre un homme assassiné. Rien ne permet de l’identifier, pas de vie
privée ? Il se cachait ? Bizarre…..
Pour essayer de cerner, de savoir qui est vraiment l’homme
tué sans identité, l’inspecteur va se « couler » dans sa
personnalité. En utilisant le peu d’indices qu’il a, il se glisse dans ses
pantoufles, s’imprègne de ce qu’il observe pour arriver à raisonner, à penser
comme lui. Il est suffisamment intuitif pour exploiter la moindre petite piste
et il s’en sort pas mal. Il s’arrange avec les formalités car il aime bien
exploiter ce qu’il examine à sa façon. Ses déductions et ce qu’il en fait
valent le détour car c’est très original. Les investigations de notre fin
limier vont l’amener à visiter l’Allemagne, la Belgique en plus du pays où il
réside. Cela permet de découvrir les mœurs de chaque endroit, les relations
plus ou moins tendues entre ces contrées, les commentaires des douaniers etc.
C’est très intéressant.
L’écriture, un peu à l’ancienne, est quelques fois teintée
d’ironie, voire d’autodérision et d’humour, c’est un régal. Les traducteurs
avaient bien besoin d’être trois pour ne pas rater la subtilité du texte, merci
à eux ! Il n’y a pas un rythme trépidant, des rebondissements à foison,
simplement un homme qui a les yeux ouverts, qui scrute et ne laisse rien
passer. J’ai lu qu’on comparait les romans de cet auteur à ceux de Simenon.
Simenon m’ennuie, je trouve que ça n’avance pas. Là, je n’ai vraiment pas
ressenti de lenteur. L’attitude de l’inspecteur ne m’a pas exaspérée ou gênée,
bien au contraire. Je l’ai trouvée amusante, un brin roublarde parfois et son
interprétation des faits est captivante. Et puis, il y a cette atmosphère
indéfinissable, si bien exprimée qu’on a l’impression de regarder un film en
noir et blanc.
Vraiment un super moment de lecture !
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