Fletch, à table ! (Confess, Fletch !)
Auteur : Gregory McDonald
Traduit de l’américain par Jean-François Defosse
Éditions : Archipoche (26 août 2021) 5publication originale en 1976)
ISBN : 978-2377354764
340 pages
Quatrième de couverture
Une nouvelle enquête du reporter-détective Fletch, aux
méthodes peu orthodoxes, héros créé par Gregory Mcdonald et adapté au cinéma
avec Chevy Chase dans le rôle-titre.
– Donc, vous arrivez dans une ville que vous ne connaissez pas, vous vous
rendez dans un appartement que l'on vous a prêté et, le soir même, vous trouvez
sur le tapis du salon le cadavre d'une splendide jeune fille nue que vous
n'aviez jamais rencontrée auparavant. Ai-je bien résumé votre version ? conclut
l'inspecteur Flynn.
– Oui, répondit Fletch.
Mon avis
So British
Ce roman est paru en 1976, mais si ce n’est le contexte (pas
de téléphone portable, ni de GPS etc), il n’a pas du tout mal vieilli. Au
contraire, c’est un régal de lecture, d’humour anglais, de dérision, de moquerie
bien ciblée, de quiproquos, de manipulation de bon aloi. C’est amusant et plein
d’esprit, excessivement plaisant à lire.
Fletch vit en Italie avec sa fiancée. Le père de celle-ci s’est
remarié avec une femme assez jeune. Sa fortune se situe principalement dans une
collection d’œuvres d’art qu’il s’est fait voler. Pensant au futur héritage de
sa belle, Fletch s’envole pour Boston où il pense, sur la foi de quelques
indices, retrouver tableaux et sculptures. Pour éviter des frais d’hébergement,
il a échangé sa villa italienne avec un appartement. C’est là que, peu après
son arrivée, surprise, il découvre le cadavre d’une jeune femme nue. Il
prévient immédiatement la police. L’inspecteur Flynn débarque et se met à
interpréter les faits à sa façon. Pour lui, Fletch est coupable et cherche à l’endormir
avec un lot de mensonges. Ce qui est totalement désopilant, c’est la façon dont
le policier commente ce qu’il croit être la vérité. Il est capable de retourner
une situation pour en donner une version complétement différente.
En tant que lectrice, je me suis amusée à essayer d’anticiper
ce que Fletch et Flynn allaient faire, l’un pour prouver sa bonne foi, l’autre
pour inculper un innocent en se glosant d’avoir tout compris. Bien sûr, j’étais
loin d’imaginer tous les stratagèmes mis en place et c’est tant mieux car cela
a rendu ma lecture captivante et intéressante.
Fletch ne veut pas être arrêté car cela l’empêcherait de
retrouver le « trésor » volé au père de celle qu’il va bientôt
épouser. Alors il se décide à mener l’enquête en usant de toutes les ruses auxquelles
il pense. Et bien, je peux affirmer que cet homme a de l’idée et que, notamment
le coup du fourgon, je n’avais rien vu venir.
C’est un récit subtil, les deux hommes jouent sans cesse au
chat et à la souris, s’espionnant, se surveillant, essayant d’obtenir une
information, en prêchant parfois le faux pour savoir le vrai. Fletch est assez
détaché, il ne semble pas avoir peur, il se tient à la ligne de conduite qu’il
s’est fixée.
Les dialogues sont savoureux, merci au traducteur, Jean-François
Defosse, qui a su leur donner un ton juste. Ces échanges, entre tous les personnages,
ont leur importance, ils apportent de temps à autre, un éclairage, un indice sur
les événements. Il n’y a pas forcément des éclats de voix, des cris, de l’action,
des revirements, et pourtant, on accroche tout de suite.
C’est typique de l’humour anglais avec la noirceur tournée
en dérision et un côté absurde mais réaliste. L’atmosphère n’est pas tendue, il
y a sans cesse quelque chose qui prête à sourire.
Je comprends aisément que ce roman est reçu l’Edgar Award du
suspense. L’écriture et le style de l’auteur nous maintiennent sous tension, l’air
de rien. On s’en voudrait presque de ne pas pouvoir agir, ce qui est bien la
preuve qu’on rentre dans cette histoire comme si on y était !
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