"Les vaches de Staline" de Sofi Oksanen (Stalinin lehmät)

 

Les vaches de Staline (Stalinin lehmät)
Auteur : Sofi Oksanen
Traduit du finnois par Sébastien Cagnoli
Éditions : Stock (7 Septembre 2011)
ISBN : 978-2234069473
530 pages

Quatrième de couverture

Imaginez un monde. Un monde où tout est noir ou blanc. Où ce qui est noir est riche, puissant et dominant. Où ce qui est blanc est pauvre, opprimé et méprisé. Un monde où les communautés s'affrontent à coups de lois racistes et de bombes. C'est un monde où Callum et Sephy n'ont pas le droit de s'aimer. Car elle est noire et fille de ministre. Et lui blanc et fils d'un rebelle clandestin... Et s'ils changeaient ce monde ?

Mon avis

Un roman à plusieurs voix, sur différentes époques, un va et vient entre les unes et les autres, une écriture qui vous « prend aux tripes », qui vous interpelle, vous secoue ….

Une histoire qui donne à réfléchir sur la place de l’être humain loin de ses racines, qui ressent le besoin de se forger une identité, de se faire une place, d’exister ….

Katariina, la mère.

Anna, la fille.

Liées, reliées par leur corps dès le départ, ne serait-ce que par ce fameux « cordon ombilical » … entre mère et enfant ….

Liées, reliées par leur histoire commune de déracinées (la mère interdisant à sa fille de dire d’où elle vient et faisant en ce qui la concerne « comme si »…)

Liées, reliées par les hommes qu’elles ne savent pas forcément aimer….

Anna qui se regarde, qui parle d’elle-même à la troisième personne … Pourquoi ?

Peut-être parce qu’elle n’a pas le droit de « vivre », elle, la fille de « nulle part » …

Peut-être parce qu’elle est à l’extérieur, dominatrice de son propre corps ….

Son corps, qui a souffert, qui n’a pas toujours désiré ce qui lui est arrivé …

Par la boulimarexie, Anna est toute puissante, forte, elle a le pouvoir sur son corps, il lui appartient …

Les passages sur les troubles alimentaires sont remarquablement bien écrits, on voit vraiment la « satisfaction » d’arriver à se faire vomir, de trier les aliments qu’on rejettera, la volonté de s’imposer une ou plusieurs séances par jour, comme d’autres font une pause cigarette …. L’addiction est là, volontaire …. Est-ce qu’agir sur son corps permet à Anna de réaliser qu’elle en a un donc qu’elle a une identité

« Anna est devenue une fille qui n’a honte de rien, elle qui n’était que honte et silence, silence de la honte et honte du silence. »

Katariina, qui, une fois installée en Finlande, fera tout pour « gommer » sa part estonienne.

Par son intermédiaire, nous aurons une très légère approche historique de la vie en Finlande et en Estonie dans les années 70 et avant (les années 40 lorsque son enfance sera évoquée).

J’ai beaucoup aimé la construction de ce livre, fait de chapitres courts, la trame déstructurée, l’écriture parfois hachée mais puissante et révélatrice de nombreux ressentis …

Un livre coup de poing, un livre coup de cœur …..

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