La carte postale
Auteur : Anne Berest
Éditions : Grasset (18 Août 2021)
ISBN : 978-2246820499
512 pages
Quatrième de couverture
C’était en janvier 2003. Dans notre boîte aux lettres, au
milieu des traditionnelles cartes de voeux, se trouvait une carte postale
étrange. Elle n’était pas signée, l’auteur avait voulu rester anonyme. L’Opéra
Garnier d’un côté, et de l’autre, les prénoms des grands-parents de ma mère, de
sa tante et son oncle, morts à Auschwitz en 1942. Vingt ans plus tard, j’ai
décidé de savoir qui nous avait envoyé cette carte postale. J’ai mené
l’enquête, avec l’aide de ma mère. En explorant toutes les hypothèses qui
s’ouvraient à moi.
Mon avis
C’est le sixième roman d’Anne Berest et il concerne sa
famille. Entre récit historique, recherche à suspense, il nous offre un panel d’émotions
et une belle quête identitaire. Une réussite !
Cette carte postale qui donne le titre au livre a été reçue
en 2003. Elle a été l’occasion de découvrir en profondeur l’histoire de sa
famille pour l’auteur, de creuser ce que sa mère n’avait que survolé dans les
discussions, d’aller plus loin dans la compréhension des racines liées au
judaïsme.
Le texte est riche. Anne Berest a fait de nombreuses
recherches, elle s’est fait aider, elle est allée loin. Elle redonne vie aux
quatre prénoms de la carte et pas seulement, elle laisse une trace pour les
générations futures sur ce qu’a subi sa famille. C’est écrit avec intelligence,
doigté, délicatesse. C’est magnifique et bouleversant.
J’ai été étonnée que lorsqu’Anne et sa Maman arrivent dans
des lieux où ont vécu ceux qu’elles recherchent, on sent que les personnes sont
mal à l’aise. Sans doute parce qu’elles ont dépouillé de leurs biens ceux qui
ont été arrêtés car juifs. Il n’y a pas de réparation, ou très peu. C’est tout
juste si on ne les renvoie pas en disant qu’elles dérangent…. Ah que le passé
est lourd parfois !
Le procédé d’écriture est intéressant. L’auteur a réussi à
présenter sous une forme romanesque le destin de plusieurs personnes, des
proches dont elle ignorait la vie. Au fil de son enquête, elle a pu retracer l’essentiel
de ce qu’ils ont vécu, les douleurs, les joies, les peines, les obstacles
lorsqu’on est juif. Cela lui a sans doute permis de s’approprier ses ancêtres, sa
judaïté, et d’éclairer cette part d’ombre qu’elle sentait sans avoir les
éléments de connaissance suffisants pour comprendre. Et ainsi de cerner ce qui
a pu influencer le présent et ce qu’elle vit (et est) maintenant.
Une lecture coup de cœur !
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