Au bord du désert d'Atacama
Auteur : Laure des Accords
Éditions : Le Nouvel Attila (3 Mars 2023)
ISBN : 9782493213358
130 pages
Quatrième de couverture
Santiago, années 1970. La Brigade Ramona Parra peint sur les
murs en signe de protestation et d’opposition à Pinochet. Amalia est l’une de
leurs membres. Hantée par son père, notable, soutenue par sa mère, conteuse,
aidée de ses compagnons d’armes et de poésie, elle poursuit son art sans jamais
savoir (ou vouloir savoir) qui l’a livrée à ses bourreaux.
Mon avis
Le plus souvent la jaquette d’un livre est utilisée à des
fins publicitaires. Pour ce titre, ce n’est pas le cas.
En premier lieu, un tableau d’Irene Dominguez, née à Santiago
du Chili en 1930. Elle est partie en 1964, pour Paris. Ses fresques murales,
colorées, représentant souvent des femmes en train de danser, montraient son
désir de liberté. Après 1975, elle a beaucoup voyagé, peignant pour dénoncer ce
qui se passait dans son pays d’origine. Gaie, enthousiaste, battante, elle n’a pas
cessé d’utiliser son art pour porter sa voix et faire entendre le combat contre
les dérives militaires. Elle est décédée en 2018. Le choix de cette œuvre sur
la jaquette nous informe déjà sur notre future lecture.
A l’intérieur de la jaquette, des témoignages. On ne les
voit que lorsqu’on l’enlève, ils se dévoilent alors à nous. Prêtre, prisonnier
-ière, militant -e-s, tous expriment leurs souffrances, leur révolte, leur peur
de mourir, leur sentiment d’injustice face à ce qu’on leur fait subir. Ces lignes
sont « cachées » mais dès qu’elles apparaissent (en blanc sur fond
bleu turquoise), elles nous attirent et nous nouent déjà les tripes…
Et puis vient le moment de découvrir le récit de Laure des
Accords. Elle parle d’Amalia Basoalto. Une femme qui vit en France, en 1986.
Elle peint, c’est son principal mode d’expression. Elle se réfugie dans sa
peinture qui remplace la parole, qui hurle ses mots, ceux étouffés en elle et qui
ne demandent qu’à sortir.
Comment est-elle arrivée là ? En 1974, c’est dans son
pays qu’elle couvrait les murs de couleurs en opposition à Pinochet. Mais elle
a été dénoncée …
C’est avec une écriture lyrique, à fleur de peau, à fleur de
mots que l’auteur nous bouleverse avec l’histoire d’Amalia. Elle a été
dépouillée de tout mais elle a gardé son art et c’est ce qui l’a sauvée. Très
poétique, ce récit se savoure. On s’imprègne du phrasé, parfois épuré mais porteur
de sens. Et on lit entre les lignes, la douleur, l’espoir et la volonté de
continuer d’exister malgré les obstacles, les rebuffades, le mépris, la
violence…
Un texte délicat, magnifique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire