La perle des faussaires
Auteur : Nicole Giroud
Éditions : Plumitive (10 octobre 2024)
ISBN : 979-1093327204
372 pages
Quatrième de couverture
Han van Meegeren, le plus
brillant faussaire du vingtième siècle, amassa une fortune colossale en vendant
ses tableaux aux plus grands musées et collectionneurs de Hollande. Le
mécanisme se grippa lorsqu’il fut contraint de vendre un faux Vermeer à Hermann
Goering. En 1945 un Vermeer non répertorié dans la collection du Maréchal
attira l’attention des experts artistiques des Alliés et ce fut le début des
ennuis. Pourquoi Han van Meegeren ne se contenta-t-il pas de reconnaître
seulement la paternité de ce faux ?
Mon avis
Han van Meegeren est un artiste
peintre, devenu faussaire. Il a même trompé les nazis avec des tableaux fabuleux,
signés du nom de Vermeer. Et lorsque sa supercherie a été mise en avant, il a dû prouver qu’il avait réalisé ces faux, plus
vrais que nature. « La perle des faussaires » est la biographie
romancée de cet homme, né en 1889 et décédé en 1947 à Amsterdam.
Je m’intéresse à l’art mais de loin, à l’occasion de visites
dans des musées ou pour des expositions. Et je me dois de l’avouer, je n’avais
jamais entendu parler de ce monsieur. Ce récit m’a fascinée, je l’ai trouvé
plus que réussi : une vraie perle littéraire !
Nicole Giroud a dû accomplir un énorme travail de
recherches, de documentation, puis d’organisation pour intégrer à son texte ce
qu’elle a appris et découvert sur cet homme. C’est à « lui » qu’elle
donne la parole, il se « raconte » et explique sa vie depuis son
enfance jusqu’à ce choix délicat de « tricher ». Mais pour lui, il ne
s’agit pas de ça, il considère qu’il rend ainsi hommage à Vermeer, le mettant
en exergue puisqu’il ne copie pas son œuvre mais la prolonge en créant d’autres
toiles. La nuance est subtile et intéressante à creuser au final.
À travers cette histoire, l’auteur fait une fine analyse de
la personnalité de Han, elle va au plus profond pour comprendre ce qui a pu le
motiver à agir comme il l’a fait à chaque étape de sa vie (et pas seulement
quand il s’est consacré au « métier » de faussaire). Le contexte
historique est riche avec des événements ayant existé bien introduits au fil
des chapitres.
J’ai découvert Han, enfant « cassé » par son père,
essayant de s’évader par le dessin, la peinture. Ensuite, je l’ai vu devenir
élève d’un grand maître, apprenant entre autres, à repérer les points de fuite
qui orientent le regard du spectateur. Puis il est devenu adulte, parfois
torturé, dépressif, se sentant mal-aimé, « habité » par l’art, prêt à
tout pour la création, quitte à souffrir d’addiction.
Han était très intelligent. Il a mis en place des techniques
de vieillissement, a fait des essais, tenté différents matériaux pour que tout
soit parfait. Il y tenait. C’était vraiment quelqu’un d’exceptionnel malgré sa
part d’ombre et ses défauts.
L’arrivée de la guerre a modifié les projets de Han et de
son épouse. Mais Jo, sa femme, très futée, trouvait toujours un moyen pour
s’adapter, c’est elle qui gérait la fortune et tout le côté matériel. Dans ce livre, on voit aussi tout ce qui se
passe pour les hollandais, surtout lorsqu’arrivent les années difficiles avec
les conflits politiques.
J’ai beaucoup apprécié toutes les réflexions sur la place de
l’art, sur ce qu’est l’art. Est-ce que Vermeer a été plus connu après l’épisode
où Han a voulu continuer ses réalisations ? La question mérite d’être
posée, non ? Est-ce que Han a peint pour être connu ou reconnu ? Quel
était son but ? Faire parler de lui ou de ses doigts magiques ?
Cette lecture m’a captivée. J’ai été scotchée aux pages. L’écriture
fluide et plaisante m’a permis de rentrer rapidement dans ce récit. Comme il se
passe toujours quelque chose, il y a du rythme, des rebondissements, l’intérêt
ne faiblit pas. Je suis admirative de Nicole Giroud. J’ai lu d’autres titres d’elle
et elle a changé de registre sans aucun problème. C’est bluffant !
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