Le tombeau oublié (The Lost Tomb)
Et autres histoires d'ossements et de meurtres
Auteur : Douglas Preston
Traduit de l’américain par Sebastian Danchin
Éditions : L’Archipel (16 Janvier 2025)
ISBN : 978-2809848854
384 pages
Quatrième de couverture
Des jungles du Honduras aux pyramides d'Égypte, des
montagnes de l'Oural aux collines de Florence, Douglas Preston a sillonné le
monde et les mystères qu'il recèle. Meurtres non résolus, sort de civilisations
brusquement disparues, découvertes de charniers anciens.
Mon avis
Ce livre est composé de treize articles parus entre 1988 et
2021, écrits par Douglas Preston pour des journaux ou des magazines, entre
autres, The New Yorker.
Je me suis souvent demandée où, avec son complice Lincoln
Child, ils allaient chercher l’inspiration pour leurs romans très prenants,
souvent écrits à partir de faits réels. Et bien avec cette lecture, je connais quelques-unes
de leurs sources et je n’aurais pas cru en apprendre autant. D’abord cet écrivain
ne se contente pas de rédiger des opus, il est également journaliste (au
magazine Natural History) et a une excellente formation scientifique. Il fait
preuve de ce que j’appellerai une « curiosité intelligente » avec une
soif de connaissances importante.
Il a participé à des expéditions (il en a même fait seul, à
cheval à la recherche de traces historiques ou préhistoriques) dans le monde
entier. Pour relater certains faits, avant éventuellement de les étoffer pour
en faire une histoire, il les a présentés dans la presse américaine. Pour « le
tombeau oublié », il en reprend treize parmi les plus marquants et rajoute
une partie « Prolongements » pour dire s’il y a eu une « suite »
depuis leur parution. J’ai reconnu ce qui avait pu être le point de départ de
certains titres que j’ai lus.
Ce qu’il a choisi est très intéressant, ce ne sont en rien
des événements ordinaires. Certains sont troublants, d’autres carrément
affolants (soupçons de cannibalisme) voire terrifiants tant il se met en danger
(sur les traces d’un tueur en Italie). Il en fait une analyse fine, pointue. Il
rencontre les protagonistes, il questionne, fouille, creuse, ne lâche rien, s’interroge…
« Je me suis alors posé la question : la vérité
a-t-elle des vertus salvatrices lorsqu’on la regarde en face, ou bien aurais-je
été mieux inspiré de ne jamais chercher à savoir ? »
Il se rend sur place pour mieux cerner ce qu’il découvre, il
part et revient si besoin. Il fait, à chaque fois, une présentation « historique »
de ce qu’il évoque, donnant son avis avec des arguments ciblés et précis, ne laissant
rien au hasard. Quand le fait est violent, il essaie de comprendre comment des
personnes peuvent « tomber dans le mal » et semer la terreur. Il
parle aussi des musées où certains squelettes sont conservés, ce qui n’est pas
une bonne chose pour les peuples auxquels ils appartiennent (car pour eux,
leurs morts ne peuvent pas reposer en paix sans leurs rituels). Il en est de
même pour quelques objets. Il explique alors comment les choses ont évolué,
plutôt dans le bon sens, même s’il reste beaucoup à faire afin de respecter les
croyances.
Il vérifie la crédibilité de ce qu’on lui transmet, de ce qu’on
lui apprend. Il dissèque le rôle d’internet avec les rumeurs, les répercussions
qui peuvent détruire une personne. Il en a été victime lorsque son intérêt pour
une femme, Amanda, qu’il jugeait innocente, a été détourné. Tout a été déformé,
instrumentalisé….
L’écriture est addictive, on a envie de savoir. Sebastian
Danchin a encore fait une excellente traduction car on sent que le vocabulaire
est choisi avec soin pour que la lecture soit fluide et plaisante.
Pour chacune des treize situations, il propose une ou plusieurs théories. Certaines fois, il y a une réponse, pour d’autres, tout peut encore être envisagé… Ce recueil fait le lien entre son travail de journaliste d’investigation et son activité d’écrivain et c’est une réussite.
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