Corps corps corps
Carnet d’une médecin légiste
Auteurs : Karine Dabadie & Macha Séry
Éditions : Globe (17 Avril 2025)
ISBN : 978-2383613152
208 pages
Quatrième de couverture
Karine Dabadie est médecin légiste et, par ses expériences
et ses réflexions, elle interroge notre rapport aux morts, mais aussi aux
vivants. Cassant les représentations réductrices qui entourent son métier, elle
se livre sur son quotidien et replace au centre de sa profession les notions de
respect des corps et d’écoute qui l’animent, et qui sont indispensables à son
travail auprès des femmes victimes de violences sexuelles et sexistes.
Mon avis
Karine Dabadie est a exercé une dizaine d’années comme
urgentiste à Bordeaux avant de se décider pour une carrière de légiste. Elle a
créé et dirigé, de 2010 à 2016, l’Institut de médecine légale de Pointe-à-Pitre
(Guadeloupe) dans le cadre duquel elle a mis en place un protocole novateur de
signalement des violences conjugales. En collaborant avec Macha Séry, une
journaliste, elle a écrit ce livre où elle présente des cas étudiés en tant que
médecin légiste. Mais elle va beaucoup plus loin en nous offrant une réelle
réflexion sur les victimes de violence (au sein du couple, en famille ou
autres) ainsi que le rapport au corps vivant ou mort. Elle s’interroge sur ce
qui est mis en place pour accompagner les victimes et ce qu’il faudrait encore
faire…
Elle le dit elle-même, elle n’a pas l’allure (qu’on imagine)
d’une médecin légiste. Cheveux blonds, talons (des stilettos), tenues
féminines, elle est « femme » et ne cache pas son corps. Cela ne l’empêche
pas d’être experte dans son domaine. Elle explique que, contrairement à ce qu’on
lit souvent dans les romans, la médecine légiste est utilisée pour d’autres cas
que les meurtres. Dès qu’il y a une mort suspecte, elle doit agir et avec ce qu’elle
observe, tirer des conclusions. Ce n’est pas simple, il peut s’agir d’enfants,
de personnes en mauvais état mais ce qu’on lui demande, c’est d’être
professionnelle.
« On doit aux morts de respecter leur corps. Car sur
chaque corps s’imprime un parcours de vie. »
Quand elle dissèque - appelons les choses par leur nom - elle
agit en tant que légiste, elle doit laisser ses émotions de côté pour comprendre
ce qu’il s’est passé. Elle parle du cas d’une petite-fille maltraitée et elle
écrit :
« Je ne lui ai pas redonné vie mais un peu d’existence
passée. »
Ses observations ont permis de condamner la belle-mère tortionnaire.
C’est une forme de réparation. En étant à « l’écoute » de ces corps, n’a-t-elle
pas « réparé » le sien qui avait souffert ? En comprenant l’histoire
des femmes qui lui sont confiées, elle agit pour celles qui pourraient être
confrontées aux mêmes situations. Elle a également mis en place des actions
concrètes pour les aider avec la création d’un protocole innovant. Sa carrière
et ses actions sont exceptionnelles.
Dans les différents « affaires » qu’elle évoque,
ce qui transparaît, au-delà de son analyse des blessures, des traces de coups,
c’est le respect qu’elle a pour la personne qu’on lui confie. Avant d’être un
corps, l’individu a été vivant et elle ne l’oublie pas en voulant cerner son
vécu lors des derniers jours ou des dernières heures. Cette attention prodiguée
à chacun, chacune, la guide et la porte pour avoir un regard juste afin de
découvrir la vérité. 
J’ai lu ce recueil d’une traite. L’écriture est prenante. Certains
passages font froid dans le dos, il est difficile d’imaginer tout ce que
subissent certains souffre-douleurs. Parfois, Karine Dabadie explique ce qui a
provoqué cette barbarie (un enfant issu d’une autre union par exemple), c’est
terrible. C’est un témoignage fort, édifiant et je ne regrette pas ma lecture.

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