Le bonheur sur ordonnance
Auteur : Barbara Abel
Éditions : Récamier (3 Avril 2025)
ISBN : 978-2385771867
384 pages
Quatrième de couverture
Méline est une mère de famille sujette aux sautes d'humeur.
Jusque-là, rien d'anormal. Sauf qu'elle explose à la moindre contrariété et
tyrannise son entourage. Ses craquages cachent en vérité une maladie orpheline
qui s'attaque au gène du bonheur. Sans traitement, ce mal la tuera. Et de
traitement, il n'en existe qu'un : recevoir une dose quotidienne de joie. Mais
comment fait-on pour être toujours heureux ?
Mon avis
S’il suffisait d’une ordonnance pour être heureux, ça se
saurait, non ? Car, on le sait bien, les antis dépresseurs, ce sont « des
béquilles », une aide passagère lorsque ça va très mal, mais ça ne soigne
pas le fond…
Méline Valliant est mariée à Vincent, ils ont deux enfants,
Oscar et Agnès. Elle vient d’apprendre qu’elle souffre d’une maladie orpheline,
très rare. Le gêne H, le gêne du bonheur qui régit les émotions, qui équilibre
les sensations face à un émoi très fort, est défaillant chez elle. Elle n’a qu’une
solution pour ne pas se laisser débroder par ses ressentis : être heureuse
en permanence sinon elle va mourir. C’est ce que lui dit le docteur Leroy lors
d’un rendez-vous médical. Assommée par cette information, elle décide de ne
rien dire à sa famille et de gérer seule.
Pas de stress, une vie tranquille et ça devrait le faire non ?
Sauf que ce n’est pas si simple. La pression est permanente, partout. Au boulot
où il faut défendre ses projets, supporter les humeurs des uns et des autres. À
la maison, où il faut être la mère parfaite, qui fait face, anticipe,
accompagne les enfants à l’école…Face à la famille élargie, aux amis qu’il faut
écouter sans se plaindre. Etc. Méline s’est oubliée, elle n’existe plus que
pour les autres, pour leur bonheur à eux mais le sien ? Il est où ?
Sous de dehors légers, ce livre aborde le poids que la
société fait peser, les « il faut, c’est mieux ainsi », il est
important de rester dans la norme, sans faire de vagues. Pour Méline, c’est
impossible, les contrariétés, l’angoisse, tout cela fait monter en elle d’irrépressibles
colères. Elle rentre alors en crise et lâche en hurlant tout ce qu’elle a gardé
en elle. Le problème, c’est que ça la
prend sans prévenir (ou si elle le sent, elle n’arrive pas à se contenir), elle
est alors sans filtre, grossière (c’est amusant ce qu’elle peut crier….) Tout
cela la met dans des situations improbables (dont elle a honte a posteriori) entraînant
des dégâts collatéraux. C’est compliqué pour elle mais aussi pour tous ceux qu’elle
côtoie. Comme elle n’en parle pas, personne ne la comprend…
Elle cherche comment s’en sortir, trouve quelques idées, qui
fonctionnent un temps. Elle doit revoir ses priorités. Son mari prend peur
devant ses comportements imprévisibles. Et elle tout lui échappe. Elle est en
train de se perdre et de perdre ceux qu’elle aime…
Le trait est forcé, caricatural et c’est volontaire. C’est d’ailleurs ce qui rend ce livre drôle. Mais derrière le sourire, on peut se questionner ? C’est quoi être heureux ? Ai-je le temps de profiter de chaque instant de bonheur ? Quelle image je donne de moi ? Celle d’une personne forte, toujours contente ? Ai-je la possibilité de me montrer plus vulnérable, de me poser, d’être soutenue ?
L’écriture est pétillante, les événements donnent du rythme,
permettent à chaque protagoniste de se dévoiler un peu plus. Les passages avec
les enfants sont jubilatoires.
Ce récit est plaisant, bien rédigé, bien ficelé. Il nous permet de réfléchir à nos choix, notre attitude, nos désirs profonds, nos envies. Le bonheur ? Il appartient, sans doute, à chacun de nous, de le construire …
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