"Ombres et espoirs" de Daniel Iagolnitzer

 

Ombres et espoirs
Les cas PPDA, Depardieu, Pelicot et Abbé Pierre       
Auteur : Daniel Iagolnitzer
Éditions : Lazare et Capucine (10 avril 2025)
ISBN : 978-2494773233
144 pages

Quatrième de couverture

L’auteur a été mêlé à l’affaire PPDA à travers sa fondation, devenue mécène en 2020 d’un prix littéraire présidé par PPDA. Il a dénoncé en 2021 ses comportements sans parler cependant, en l’absence de jugement, d’agressions sexuelles ou de viols, qualifications discutables au vu des ambigüités de la loi sur les notions de consentement ou de sidération. Il a alors été accusé par Metoo-media de complicité avec la culture du viol et de mépris des femmes, accusations reprises fin 2023 contre le président Macron dans le cas Depardieu. Le livre analyse la loi et les témoignages dans les cas PPDA et Depardieu (qui avait, lui, un langage et des comportements grossiers y compris en public : « c’était Gérard ») Il apporte ainsi sa contribution aux réflexions nécessaires sur l’évolution souhaitable de la loi, des mentalités et des relations entre hommes et femmes.

Mon avis

Daniel Iagolnitzer est président de la fondation éponyme. Il a créé, en 2020, avec Alessandra Fra un prix littéraire « Le temps retrouvé » en hommage à Marcel Proust. Ce prix récompense une œuvre littéraire qui dépeint, avec style et finesse, la complexité des relations humaines et les évolutions de la société.

Pour sa première édition, le parrain était Patrick Poivre d’Arvor. Il avait alors une émission littéraire où il inviterait, peut-être, le lauréat ou la lauréate. À l’époque c’était une personnalité connue et respectée. Sur ces entrefaites, en 2021, les premières accusations contre lui sont tombées.

L’occasion pour l’auteur de porter une réflexion sur la loi sur le consentement, l’évolution des mentalités et les comportements humains.

Son livre oscille entre enquête, témoignages recueillis et remarques personnelles. Il revient sur la notion d’acceptation, sur le fait que l’acte sexuel doit résulter d’un choix éclairé des deux partenaires et pas d’une envie soudaine et d’un accord presque sous contrainte car l’un des deux a précipité les choses.

Lorsqu’il a découvert les reproches faits à PPDA, il s’est sans doute senti « berné », trahi car il lui avait fait confiance. Il a alors décortiqué les événements, relisant des articles pour comprendre comment un même acte peut donner lieu à différentes interprétations. PPDA disant pour sa défense que les femmes étaient d’accord. Étaient-elles en état de sidération, sous emprise ? Était-ce autre chose ? A-t-il des besoins compulsifs ? Il parle bien, s’intéresse à chacune, il est charmant et charmeur… Lui dire non et ne pas obtenir le stage, l’interview et d’abord qui les croira si elles disent ce qu’elles ont dû faire pour l’obtenir ?

Le plus difficile, comme souvent, dans ces cas, c’est d’être cru, entendu, écouté. Certains interlocuteurs minimisent la situation.

Après avoir creusé « l’affaire PPDA », l’auteur a « étudié » celle de Gérard Depardieu. La différence entre les deux hommes est que ce dernier était bien moins discret, n’hésitant pas à se montrer vulgaire et méprisant en public. Ses gestes sont déplacés mais lui ne les considère pas comme ça… Certaines célébrités le soutiennent … Que penser, que croire ? L’angle de vue peut changer le regard sur les faits. Il parle ensuite de l’Abbé Pierre…

Une des questions qu’il se pose est de savoir si ce qui est reproché à ses hommes leur enlève tout ce qu’ils ont pu faire de bien  … Doit-on jeter aux oubliettes tout ce qu’ils ont réussi ? Faut-il séparer ce qui a été leur « activité professionnelle » de leurs exactions ? Où se situe la frontière ? Quelles attitudes avoir face à ce genre d’hommes ? Dénoncer mais à quel prix ?

Il conclut son livre par un long chapitre sur ses relations, pas toujours fluides et faciles, avec l’association Metoo-media. L’essentiel étant qu’il y ait eu un échange et un dialogue respectueux ce qui est le cas. 

Cette lecture m’a intéressée. J’ai trouvé que l’approche de tout ce qui est rapporté est faite avec doigté, pratiquement sans jugement, en s’interrogeant pour essayer de cerner au plus près ce qu’on a su et ce qui a été tu… L’auteur a réussi a trouvé le ton juste avec une écriture dynamique qui donne envie sans cesse, d’en savoir plus.

NB : Les annexes complètent parfaitement le propos.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire