Éteignez mes yeux
Auteur : Claude Soloy
Éditions : Krakoen (1 er Décembre 2011)
ISBN : 978-2916330747
260 pages
Quatrième de couverture :
Contempler son portrait accroché au mur, c’est sympathique, à moins qu’on y
reconnaisse sa propre peau. Un artiste fou, adepte de la peinture au couteau,
est à l’œuvre pour extraire les sucs et la lumière si chère aux
Impressionnistes. Deux étages à gravir et la toile prend vie, le temps que
Karène H, la cinquantaine lumineuse et les yeux joliment bridés, vêtue d’un
kimono rouge fourré d’astrakan, tienne la pose… Au fil des jours s’afficheront
les visages des passants musardant dans le quartier des Brocantueurs où
s’activent Marie-Antoinette, généreusement prostituée, et autres malfrats de
petite envergure. Des têtes fraîchement coupées y trônent aux vitrines, entre
deux chandeliers Napoléon III, tandis que Claude Monet et Marcel Proust
conversent au sujet des saisons qui passent et de la neige qui tombe.
Mon avis :
Sur la corde raide ….
Tout au long de ce roman, l’écriture de Claude Soloy oscille
entre …..
Entre quoi et quoi ?
Oh, non, il n’y a pas que deux choix, ce serait trop peu pour un joueur de
mots, un passionné de la déstabilisation, un remueur de sens, un poète qui
cache son âme sous une «couverture» parfois troublante …
Rien n’est lisse, linéaire, les sauts entre les mots, les mondes (réel,
imaginaire), les sentiments (colère, dégoût; irritation mais aussi attraction,
attendrissement, compassion …) vous bousculent, vous transportent à droite, à
gauche sans que vous puissiez vous poser ….
Chaque fois que vous croyez vous être approprié son style, il vous échappe,
vous ne savez plus ce qu’il en est (fantasme d’écrivain, réalité d’auteur?)….
Parallèlement, sa substance vous attire comme un fruit défendu que l’on
souhaite goûter malgré tout, et alors, vous y revenez, vous replongeant avec un
curieux mélange de sentiments dans cet océan de mots qui vous englobe sans tout
à fait vous noyer …
C’est tour à tour, doux, violent, perturbant, apaisant, dérangeant ….
Chorégraphie des mots, mouvante, émouvante, muante, mutante, émuante (moi aussi
j’aime à jouer avec eux …)
Sans arrêt, l’écriture saute d’une forme à une autre, à tel point que vous ne
savez plus que penser … mais qui vous demande de penser ? Il suffit de ….
Eteindre pour mieux percevoir …
Se taire pour mieux écouter, entendre (même ce qui n’est pas dit …. Lire entre
les lignes, écouter les silences …)
Passer au noir et blanc pour oublier les couleurs qui agressent et revenir à la
pureté (regardez la photo de couverture … qui est de l’auteur et qu’il a, sans
aucun doute, soigneusement choisie …) avant de se laisser embraser ….
Utiliser les mots différemment pour mieux s’exprimer, provoquant ainsi des
émotions nouvelles, des sensations renversantes, des perceptions avec les cinq
sens ….
Comme entre …..
1) Raphaël Dallih (tient quel drôle de nom ;-), l’artiste fou et son idéal
féminin (pour une peinture). Leur relation occupe une grande place dans ce
livre. Rencontre fortuite la première fois puis savamment orchestrée par la
suite. Ambiguïté, quiproquo, tout peut être prétexte à équivoque, modifiant ce
qui se construit entre le peintre et le modèle … ébranlant aussi le lecteur …
Le premier jouant de sa prétendue connaissance, de son supposé talent pour
mieux malaxer la seconde et l’attirer là où il l’a décidé ….
La seconde, flattée, et qui se croit forte, persuadée qu’elle peut mener la
danse, le ballet entre l’artiste et le modèle, souhaitant vivre quelque chose
de fort, de beau, d’unique, ….
2) Peut-être aussi …comme entre …… l’auteur et son lecteur …
Genre : roman policier
Collection : forcément noir
Attention ! Ne vous attendez pas à une intrigue policière classique, un
meurtre, un viol, un vol, une enquête, des prospections, une recherche de
coupables, des indices semés ici ou là …
Non, rien de tout cela ou alors si peu …
L’essence du roman n’est pas là …elle est dans les sens (je n’ai pas fait
exprès, c’est venu tout seul ;-) mais cela, je vous le laisse découvrir ….
Petite précision : même les personnes très rationnelles, (je pense en faire
partie), peuvent apprécier cet auteur et sa façon d’appréhender l’écrit… pour
peu que le jour où l’on ouvre son livre, on soit prêt pour la rencontre ….
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