Impératrice des airs (Empress of the Air)
Auteur : Pete Fromm
Traduit de l'américain par Juliane Nivelt
Éditions : Gallmeister (2 Mai 2025)
ISBN : 978-2-351-78336-8
432 pages
Quatrième de couverture
Midge et Flea sont comme deux sœurs. Elles ont grandi dans
le Montana, élevées par leurs pères, Taz et Rudy, deux amis. La mère de Midge
est morte en couches. Celle de Flea est partie peu après sa naissance. Alors
que ses études éloignent Midge du cocon familial, Flea ressent de plus en plus
vivement l’absence de sa mère, dont son père refuse de lui parler sérieusement.
Tourmentée par la question de ses origines, elle retrouve sa trace non loin de
là, au Canada. Flea décide de partir à la rencontre de cette femme.
Mon avis
J’ai une tendresse toute particulière pour Pete Fromm et ses
personnages. J’aime la façon dont il présente des vies ordinaires, en donnant
de la place aux émotions, à la nature sans cesse omniprésente et à des parcours
de vie qu’on accompagne sur quelque temps. Avec son dernier opus, on retrouve des
individus croisés dans « La vie en chantier » et « Lucy in the
Sky ». Je pense qu’il est préférable d’avoir lu au moins le premier avant
de se lancer avec ce nouveau titre.
Midge et Flea sont de grandes adolescentes, la mère de la
première est morte en couches et celle de la seconde est partie peu après sa
naissance. Les deux papas sont amis et les deux jeunes filles ont pratiquement
été élevées comme des soeurs. Elles ont toujours beaucoup partagé mais l’âge
adulte se rapproche et chacune cherche sa voie. Flea s’interroge toujours sur
cette maman qui l’a abandonnée, laissant son papa l’élever tout seul. Elle veut
comprendre les raisons de cette fuite, connaître celle qu’elle était, qu’elle
est sans doute encore même si elle a forcément évolué. Les questions posées à
Rudy, son paternel, sont toujours restées sans réponse. Pourquoi ? Il ne
sait pas, ne veut pas dire ? Cherche-t-il à la protéger ? Mais de
quoi ? Ils sont pourtant très proches l’un de l’autre, complices. La relation
qu’ils ont tissée est exceptionnelle, Flea est tout pour lui et réciproquement.
Ils ont des « codes » qui n’appartiennent qu’à eux et qui renforcent
encore le lien.
Mais il faut grandir, s’émanciper. Alors Flea a demandé à
une agence spécialisée dans la recherche de personnes disparues de retrouver la
trace de celle qui l’a mise au monde. Quand elle obtient un résultat, elle est
tiraillée. Franchir le pas d’une rencontre ou pas ? Va-telle combler le
vide, le manque, avoir des réponses (qui peut-être lui feront mal) ou être
déçue et ne rien comprendre ? Peut-elle continuer comme si de rien n’était ?
Est-ce qu’il faut prendre le risque de déstabiliser ce qu’elle vit voire
de faire de la peine à Rudy qui a tout fait pour elle ?
« Et probablement comme Papa à l’époque, je me sens
secouée par ma propre collision tectonique, le fendillement de la roche, la
terre qui tremble le long de mes lignes de faille. »
Si ce roman ne sera pas mon préféré de l’auteur, quel
bonheur de retrouver son écriture et son style. Il est vraiment excellent pour décrire
du vécu, des sentiments qu’on éprouve, des doutes qu’on a face aux décisions à
prendre, le tout baigné dans des paysages et des décors sublimes (ah la cabane ;-
)
Ce très beau récit évoque ce qu’on donne, ce qu’on reçoit, les
peurs et les blessures qui poursuivent toute la vie, le pardon, la résilience, le
chemin que chacun emprunte et du pourquoi celui-là plutôt qu’un autre, du
besoin de racines, de la recherche de ses origines. Mais Pete Fromm n’oublie
pas de parler également d’écologie, de mode de vie sain, de tout ce qui
construit un être humain équilibré. Même s’il n’y a pas énormément d’actions,
il y a une atmosphère très douce.
On pourrait croire que le « rôle principal » est
celui de Flea, mais c’est plus nuancé. On suit sa quête, et en partant à la
recherche de sa génitrice, c’est aussi elle-même qu’elle rencontre. Mais la
thématique la plus importante est, à mon sens, l’amour. Car tous, je dis bien
tous, agissent par amour. On aurait peut-être fait différemment mais eux ont pris
des décisions par amour. Et si Fléa est une belle personne, c’est qu’elle a
baigné dans l’amour, quel que soit sa forme.
Merci à la traductrice qui a su être subtile pour exprimer
les jeux de mots entre le père et la fille. Elle a bien retranscrit le phrasé, teinté
de poésie, délicat et porteur de sens.
Une lecture comme je les aime !
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