"Le cabanon à l'étoile" d'Hélène Legrais

 

Le cabanon à l’étoile
Auteur : Hélène Legrais
Éditions : Calmann-Lévy (3 Novembre 2021)
ISBN : 978-2702182918
310 pages

Quatrième de couverture

L’été est là. Au volant de sa Deudeuche, Estelle, artiste-peintre désargentée et bohème, part rejoindre son cabanon du Bourdigou, un de ces villages de vacances « sauvages » faits de cabanes bricolées qui fleurissent sur le littoral catalan en ce début des années 1960. Elle prend en stop une toute jeune fille partie à l’aventure, qui dit s’appeler Cassiopée. Estelle n’est pas dupe mais elle lui offre son affection et le gîte dans sa paillotte. D’une beauté ravageuse, la nouvelle venue ne tarde pas à provoquer des remous dans le village.

Mon avis

Elle s’appelle Cassiopée, enfin c’est ce qu’elle dit. Sans doute parce que c’est plus facile de se cacher sous un nom de constellation. Elle est tellement belle quand elle brille là-haut. Choisir ce nom, c’est porter une part de rêve, non ? Avec sa robe courte et sa valise cabossée, elle s’est avachie sur le siège de la Deudeuche (on est dans les années soixante) d’Estelle lorsque celle-ci s’est arrêtée et a ouvert sa porte. Pourquoi a-t-elle stoppé devant cette jeune fille ? Pourrait-elle l’expliquer si on lui demandait ? Je ne crois pas. Il y a des rencontres (comme la mienne avec l’auteur) qui n’ont pas besoin de mots. Tout ce qu’Estelle sait de Cassiopée, c’est qu’elle veut voir la mer et le soleil. Ça tombe bien, Estelle a un petit cabanon en bord de plage. Alors elles y vont et les étoiles dans les yeux de « Cass » valent tous les remerciements.

Une étrange relation se noue entre Estelle, artiste peintre, non conformiste, installée au Bourdigou pour s’adonner à son art et Cassiopée, insaisissable, imprévisible mais tellement attachante. Mais le Bourdigou est un endroit calme, avec des paillotes où on partage un repas, un rire, une conversation, en totale liberté sous le soleil de l’été. Tout le monde se connaît, se respecte. L’arrivée de Cassiopée, belle et lumineuse, qui joue avec son corps, déstabilise les habitants de ce coin tranquille. Elle dérange mais elle reste chez Estelle qui l’a prise sous son aile. Cette dernière s’interroge, elle essaie d’avoir des informations mais la gosse ne lâche rien ou des bribes qui n’apportent pas grand-chose. Elle a bien, pourtant, quelque part, des parents inquiets qui l’attendent, ou une mère, ou un père, un frère ? Que cache-telle, de qui se cache-t-elle et pourquoi ?

C’est toute la subtilité des relations humaines que nous présente Hélène Legrais dans ce roman. Sous des dehors légers de sable blond, de mer chaude, elle aborde avec délicatesse des sujets graves. Elle évoque les difficultés dans les couples, la famille, le sens des priorités, la maladie, les choix de chacun face à un aléa de la vie. Quel chemin prendre lorsqu’on est seul à pouvoir décider sans partager, sans discuter ? Y-a-t-il des bons ou des mauvais choix ? L’auteur ne juge pas, ses personnages non plus, ils acceptent et font preuve d’empathie.

Estelle et Cassiopée ne sont pas de la même génération mais elles se comprennent car elles ont, toutes les deux, soif de liberté, envie de vivre sans qu’on leur dicte leur conduite. Ce sont des femmes épanouies, qui dégagent quelque chose.

L’écriture est plaisante, fluide. Les paysages, le contexte, sont bien décrits, on situe facilement les lieux, l’époque. Je visualisais ce petit « paradis » et j’aurais bien voulu y faire un tour (en fin de livre, il y a des explications intéressantes)

 Si, au début, je me suis imaginée une lecture légère, j’ai rapidement compris que c’était plus profond que je le pensais. Les thèmes sont présentés avec doigté et intelligence. Tout cela m’a permis de passer un bon moment et de contempler « ma » constellation avec un autre regard.


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