La fascination Titaÿna
Auteur : Hélène Legrais
Éditions : Calmann-Lévy (29 Octobre 2025)
ISBN : 978-2702194218
370 pages
Quatrième de couverture
Baptiste Calvet fuit son village natal en Pays catalan et
l’épicerie familiale pour partir à la conquête de Paris. Son sésame : une
lettre de recommandation pour une compatriote de Villeneuve-de-la-Raho vivant
désormais dans la capitale : Élisabeth Sauvy, alias Titaÿna, journaliste,
aviatrice et globe-trotteuse intrépide. Cette rencontre va bouleverser son
destin. Fasciné par cette femme libre et charismatique qui bouscule les codes
d’une société corsetée par les traditions, il entre à son service et découvre
grâce à elle le Tout-Paris des années 20.
Mon avis
Titaÿna, de son vrai nom Élisabeth Sauvy, a toujours fasciné
Hélène Legrais. Après de nombreuses recherches, cette dernière nous livre un
roman très complet, intéressant et prenant sur une femme hors du commun.
1928, Baptiste Calvet habite avec ses parents à Villeneuve de
la Raho dans les Pyrénées orientales. Son père a perdu un bras à la guerre. L’avenir
de Baptiste est déjà tracé : il travaille à l’épicerie familiale et finira
par la reprendre. Il se doit d’être un bon fils donc il n’a pas vraiment le
choix. Sauf que ce futur ne lui fait aucunement envie. Lui, il veut aller à Paris,
découvrir une autre vie, un quotidien différent. Un jour, il ne sait pas trop
pourquoi, son paternel cède. Il pourra « monter » à la capitale. Il va
jusqu’à lui donner une lettre de recommandation pour une femme qui a grandi au
village et qui est installée là-haut et qui, semble-t-il, a réussi.
Il débarque chez elle avec sa valise, un peu perdu. En
échange d’une chambre sous les toits, elle lui propose d’être son coursier. C’est
une « dame » qui n’a pas froid aux yeux. Elle se décrit elle-même
comme une aventurière.
« J’ai pris un pseudonyme par souci d’indépendance.
Et pour m’affirmer en tant qu’individu. Ni la fille de, ni la femme de. Ni
prénom, ni nom. C’est Titaÿna qui voyage, enquête,
photographie, ressent, écrit, et personne d’autre ! »
À son contact, le jeune homme découvre un autre monde, prend
de l’assurance et grandit. Il fait connaissance de Nicolette, une admiratrice
de sa « patronne ». Elle rêve de devenir comme elle, une journaliste qui
« ose », qui déniche des sujets originaux. Grâce à Baptiste, l’élève
rencontre son modèle et écoute ses conseils.
« Ne laisse jamais paraître la moindre faiblesse ou
hésitation. Fais comme moi : moque-toi des jugements. »
Le récit nous entraîne à la suite de ces trois personnages,
et d’autres dans des aventures sans temps mort. Au fil des pages, on cerne la
personnalité atypique de Titaÿna, ses réussites,
ses échecs, ses choix, ses prises de position controversées, notamment par
rapport aux juifs, à Hitler lorsqu’arrive la seconde guerre mondiale …. Les
autres protagonistes ne sont pas oubliés, Nicolette a de l’ambition, elle veut
réussir, Baptiste également … Mais à quel prix ? Comment trouver l’équilibre
entre vie personnelle et professionnelle ? Comment ne pas tout écraser sur
son passage pour parvenir au succès ? Jusqu’où peut aller la quête de reconnaissance,
le besoin d’exister par soi-même ?
Ce récit nous offre de beaux portraits de femme. Elisabeth
Sauvy (1897-1966) était très moderne pour son époque, c’est assez incroyable de
voir tout ce qu’elle a décidé de faire, même si c’était plutôt réservé aux
hommes (je vous laisse découvrir). Son fort tempérament fait que, souvent, les
gens allaient dans son sens, sans la contrarier… Rebelle, indomptable, elle n’a
pas toujours pris les bonnes décisions et a été admirée autant que détestée…
Mêlant habilement personnages réels (je ne connaissais ni Titaÿna,
ni Gerda Taro (évoquée dans le livre et que je verrai bien dans un prochain
titre)) et fictifs, Hélène Legrais a réussi à me scotcher aux pages (avec une
belle bague de lecture en plus !). Son écriture fluide, son style m’ont
captivée. J’ai apprécié le fait qu’elle nous plonge dans le quotidien de ceux
et celles qu’elle présente. Le texte est très « vivant », bien
documenté sans être lourd. J’ai énormément appris et c’est plus qu’une belle
découverte, c’est un coup de cœur !
Dans les dernières pages, dans les remerciements, l’autrice
explique la genèse de ce roman, qui est aussi un rappel à l’ordre sur les
dérives (l’Histoire se répète) et elle nous dit « Nous ne pourrons pas
dire que nous ne savions pas ... »
NB : en début d’ouvrage, une dédicace puissante : « Aux
femmes libres, audacieuses, indomptables … et à leurs erreurs »


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