Quatre jours sans ma mère
Auteur : Ramsès Kefi
Éditions : Philippe Rey (21 Août 2025)
ISBN : 978-2384822492
210 pages
Quatrième de couverture
Un soir, Amani, soixante-sept ans, femme de ménage à la
retraite dans une cité HLM paisible en bordure de forêt, s'en va. Pas de
dispute, pas se cris, pas de valise non plus. Juste une casserole de pâtes
piquantes laissée sur la cuisinière et un mot griffonné à la hâte : " Je
dois partir, vraiment. Mais je reviendrai. " Son mari Hédi, ancien maçon
bougon, chancelle. Son fils Salmane s'effondre. À trente-six ans, il vit encore
chez ses parents, travaille dans un fast-food, fuit l'amour et gaspille ses
nuits sur un parking avec son meilleur ami, Archie, et d'autres copains
cabossés. Père et fils tentent de comprendre ce qui a poussé le pilier de leur
famille à disparaître.
Mon avis
Amani et Hédi étaient jeunes orphelins lorsqu’ils ont fui la
Tunisie. Leur pays maintenant c’est la Caverne, une cité HLM française. Ils ont
trouvé leur place avec Salmane, leur fils presque quadragénaire qui vit encore
avec eux, alors que diplômé il pourrait prétendre à un avenir meilleur.
Leur quotidien est sans relief, banal, presque sans futur
tant il est morose. Et un jour, un tsunami, la mère est partie. Elle a laissé
un mot indiquant qu’elle reviendra. Que s’est-il passé ? Pourquoi cette
fuite ? Où est-elle allée ? Et que signifient son silence et l’absence
d’explications ?
Après quelques hésitations, Salmane décide de suivre sa
trace pour comprendre ce qui n’a sans doute jamais été évoqué, expliqué. L’occasion
pour lui de grandir ? Il prend les choses en main, maladroitement parfois
(il est resté un grand ado) mais avec de plus en plus de volonté, d’amour pour
sa mère.
C’est lui qui raconte, au fil des chapitres. Son ton un brin
railleur s’étoffe au fil des pages comme si la maturité gagnée dans cette quête
ressortait même dans sa façon de s’exprimer. Il est également moins impulsif,
plus réfléchi, il est capable de voir plus loin que le lendemain.
Le père, lui, réagit différemment. Il est en colère. Il ne
veut pas perdre la face auprès des habitants. Dire que sa femme l’a quitté lui
semble inconcevable. Pourtant ….
« Les secrets ont une espérance de vie limitée à La
Caverne. »
Petit à petit, on rentre dans l’intime de cette famille,
dans les non-dits, les tensions, les choix et leurs raisons. L’écriture fouille
les vies, détaille le passé, se fait douce, puis brutale, ou sensible et délicate.
On voit le poids du passé, des regards, des traditions. L’interprétation qui
peut être faite des gestes et des paroles de chacun, ceux qui, entêtés, bloquent
le dialogue et le pardon.
Le récit est parfaitement construit, vivant et bien écrit.
« Quatre jours sans ma mère » est un premier roman
tout en subtilité que j’ai beaucoup aimé.

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