Les larmes de l’assassin
Auteur : Laurent Bettoni
Éditions : Marabout (Février 2017)
ISBN : 9782501103893
400 pages
Quatrième de couverture
Trois couples à bout de souffle tentent de surmonter leurs
difficultés. Karine et Olivier s’empêtrent dans une crise conjugale qui les
dévore lentement depuis des années. Patricia et Franck, victimes d’un drame
personnel, voient leur vie basculer du jour au lendemain. Aurélie et Philippe,
tous deux psychiatres, entretiennent une liaison adultère et ont bien du mal à
envisager leur avenir amoureux. Apparemment étrangers les uns aux autres, tous
se croisent pourtant, s’entrechoquent et jouent un rôle crucial dans une
affaire criminelle impliquant l’assassinat sauvage de quatre jeunes filles, en
cinq semaines, dans le nord de Paris.
Mon avis
Rythmée et grave comme une musique d’Erik Satie…..
Erik Satie (il aurait eu 150 ans en 2016) et ses principales
mélodies sont omniprésents dans ce roman. Unissant par la musique les
personnages qui, tous, pour une raison ou une autre, apprécient ses morceaux et
l’écoutent. Alors qu’on pourrait se dire que rien ne relie les différents
protagonistes, l’idée de ce fil ténu musical
m’a beaucoup plu. De ce fait, j’ai souvent écouté ce qui était évoqué et je
n’ai pas pu m’empêcher d’établir des comparaisons (même si je ne suis pas du
tout musicophile).
Gymnopédie ou la Gnosienne sont des airs pour lesquels aucun
code ne peut être prédéfini, ce sera à chaque pianiste d’interpréter les
quelques indications du compositeur et de s’approprier les notes pour un rendu
personnel. Cela donne des effets très différents mais toujours très purs comme
dépouillés du superflu pour ne laisser place qu’aux émotions diverses et
variées en fonction du ressenti de ceux qui écoutent.
Mais pourquoi développer cet aspect en parlant d’un roman me
direz-vous ? Et bien, parce que j’ignore si c’est voulu, mais ce qu’on pourrait
considérer comme la play list de cet opus m’a permis de faire ce parallèle.
Tout est relié par une même thématique grave et douloureuse, le mal-être dans
des couples (mais c’est un raccourci, les situations sont beaucoup plus
complexes que ce seul aperçu) mais tout
est également un peu indépendant, vivant sa propre existence…. Il est très
difficile de définir le contenu tant sur le fond que sur la forme, tout finit
par s’emboîter mais pas vraiment à la manière d’un puzzle. C’est beaucoup plus
composé et c’est en ça que c’est intéressant. De plus, Laurent Bettoni ne
manque pas de nous renvoyer en pleine face des questions dont une des plus
controversées à notre époque : la responsabilité pénale des assassins souffrant
d’une maladie mentale. Si la pathologie alterne leur discernement, doit-on
considérer qu’ils ne sont en rien responsables de leurs actes ? A chacun sa
réponse si toutefois il est possible d’avoir un jugement tranché. Il me semble
que selon notre « position » (victime ou connaissant « le bourreau »),
l’approche peut être différente.
C’est en ça que le rapprochement avec les compositions
d’Erik Satie m’a interpellée. J’ai retrouvé dans le style et l’écriture ce que
j’entendais. Des passages lents et mélancoliques, d’autres remplis de
questionnements, certains plus gais mais quelques uns plus difficiles où l’on
ressent toutes les meurtrissures des individus,
tout ce qui les blesse, les rend tristes et les met mal à l’aise car ils
ne savent plus ce qu’il faut faire… Il est beaucoup questions de choix dans cet
ouvrage et à petites touches, l’auteur aborde de nombreux thèmes. Il le fait
avec infiniment de doigté et de délicatesse, et ce que j’ai apprécié, c’est
qu’il ne juge pas, il ne se pose pas en donneur de leçons, ni en censeur. Il
laisse à chacun la possibilité de penser ce qu’il veut ou de laisser du temps
au temps pour avoir, un jour, peut-être, des éléments de réflexion
supplémentaires….
J’apprécie les lectures qui m’obligent à me dire « Et moi,
comment aurais-je réagi ? »
Cela permet de mieux se connaître, de réfléchir, d’anticiper
de temps à autre un futur événement (même si une fois dedans, il y a de grandes
chances pour que notre réaction soit autre).
J’ai donc pris du plaisir à découvrir ce récit qui montre combien les
êtres humains sont fragiles, torturés pour certains mais qui laisse une petite
place à l’espérance et à la lumière…..
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