"Le fils" de Philipp Meyer (The Son)


Le fils (The Son)
Auteur : Philipp Meyer
Éditions : Albin Michel (Août 2014)
Traduit de l’américain par Sarah Gurcel
ISBN : 9782226259769
688 pages

Quatrième de couverture

Trois personnages, trois générations d’une famille texane, les McCullough, dont les voix successives tissent la trame de ce roman.
Eli, enlevé par les Comanches à l’âge de onze ans, va passer parmi eux trois années qui marqueront sa vie. Revenu parmi les Blancs, il prend part à la conquête de Ouest. Son fils Peter profitera de la révolution mexicaine pour faire un choix qui bouleversera son destin et celui des siens. Ambitieuse et sans scrupules, Jeanne-Anne, petite-fille de Peter, se retrouvera à la tête d’une des plus grosses fortunes du pays, prête à parachever l’œuvre de son arrière-grand-père.

Mon avis

De 1836 à 2012, l’Amérique a bien changé, évolué…C’est par l’intermédiaire de trois générations d’une même famille : le père, le fils, l’arrière petite-fille, que Philipp Meyer nous fait voyager dans le temps, dans les grands espaces  et …. dans la vie. Parfaitement documenté, écrit avec intelligence et force, son récit est porteur de sens, fort, riche et captivant. De plus l’écriture et le style sont « racés », élégants, puissants.

Les trois « voix » sont portées tour à tour.
Eli, le père s’exprime à la première personne. Il a été enlevé par les Comanches, et a finalement fait sa place parmi eux. Lorsqu’il revient parmi les Blancs, quelques années plus tard, la situation est difficile, il n’est bien nulle part. Secondé par un caractère et une volonté de fer, il avance, résistant à tout, ne se laissant jamais abattre, toujours prêt à en découdre.
La deuxième voix, c’est celle de Peter, le fils. Elle est présentée par l’intermédiaire du journal intime tenu de celui-ci. Il est sans cesse  tiraillé entre deux idées : rester fidèle à sa famille, devenue riche grâce à son père, et éprouver de la bienveillance, voire de l’amour envers les mexicains que les siens pensent préférables de chasser. Ce constant dilemme le hante, mobilise son énergie et complique ses relations.
La troisième, c’est Jeanne-Anne. Elle a hérité « d’un empire » qui s’est construit au fil du temps. Mais il faut faire les bons choix face aux changements, au progrès. Elle fait le point, elle s’interroge sur ce qu’ont été les décisions familiales, l’influence qu’elles ont eu sur le cours des événements. Ici, tout  est raconté par un narrateur.

Ce récit se lit comme on regarde un grand film, du style « Autant en emporte le vent ». Des images s’impriment dans notre rétine à la lecture des descriptions, des paysages, des lieux évoqués. D’une plume alerte, vivante, l’auteur retranscrit une fresque, une épopée familiale ancrée dans la réalité : le contexte politique, la perte de liberté pour les indiens, l’arrivée du pétrole, et omniprésente la violence de ces hommes qui n’arrivent pas à s’entendre, se comprendre, se respecter, vivre ensemble…..Certains sont à fleur de peau et ils utiliser la brutalité semble être leur seul mode de communication…… Jamais l’auteur ne juge ou ne prend parti. Il pose des faits avec une fine analyse des ressentis, des émotions mais il nous laisse décider de notre opinion.

Ce livre m’a vraiment plu tant dans la forme que dans le fond. J’y ai retrouvé tout ce que j’apprécie : le dépaysement, la culture (j’ai appris plein de choses), la profondeur des personnages, l’évolution des hommes sur plusieurs décennies ….et une façon d’écrire tout simplement magnifique….

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